L'argent, l'argent, l'argent. Miyu mentirait si elle disait que ça ne l'intéressait pas. Mais donner une liasse de billets était tellement insignifiant. Elle en avait bien assez pour elle-même. Et puis elle avait une sorte de dettes envers le clan Miwaku, même si ils ne le savaient pas. Élevée par des servantes de ce clan, sûrement plus proche d'elle qu'elle ne l'avait jamais été de sa propre mère. Ce n'était pas de l'amour loin de là, seulement de la reconnaissance.
« Il y a peu de gens que je considère comme mes égaux. Et ces gens n'en faisaient pas partie. Si tu t'y tiens à le savoir, c'est moi qui rembourse ma dette envers eux, pas l'inverse. »
En réalité, elle ne considérera jamais la dette remboursée. Et puis franchement, si quelques bouts de papiers pouvaient leur permettre de vivre mieux que dans une flaque de saletés jusqu'à la fin de leurs jours… Oh et puis Rima n'avait pas tout à fait tort. Les Miwaku ne se rendaient pas compte que la Hattori les remerciait à sa manière, alors si ils pouvaient s'imaginer qu'ils lui devait une faveur, disons que ça pouvait toujours être utile.
Miyu eut encore un rire aux mots de sa camarade. Elle était très amusante, cette petite. Non, elle n'était pas bâtarde. Elle n'avait aperçu sa mère qu'une fois ou deux, il y a longtemps, et son père avait toujours été aux abonnés absents. Mais jamais personne à Ahen n'aurait permis à autre chose que des Hattori de venir se détendre de la manière dont ses géniteurs l'ont fait. Toutefois elle ne dit rien, et se contenta de garder une expression amusée. Son sourire moqueur s'accentua encore à la suite. Rima s'imaginait qu'elle allait la rabaisser et l'insulter, ou quelque chose dans ce goût là. Quelle ironie, vraiment…
« Oh, les autres, parce qu'il y en a eu d'autres ? Que leur est-il arrivé, tu les as mis dans une cage, eux aussi ? »
Elle gardait le suspense encore un peu. Elle s'amusait beaucoup, aujourd'hui. Son expression méprisante fendue d'un rictus cruel ne devait pas jouer en sa faveur. Rima devait croire qu'elle était une Hattori des plus écœurantes, avec un sacré complexe de supériorité dû à sa précieuse poche poison. Mis à part le pouvoir clanique, c'était peut-être le cas, après tout.
« Cette conversation est très divertissante. Quelque chose en particulier t'as fait croire que j'en possédais une moi-même ? On m'a déjà dit que j'étais naturellement antipathique, ça a dû t'induire en erreur. »