« Vous êtes garde ? Vous ne savez rien ? Votre minuscule cervelle ne s'est jamais demandé ce qui se tramait ici ? J'espère qu'on vous paye bien. »
Ses yeux commençaient à s'habituer à l'obscurité. La pièce était sans fenêtres, bien sûr il ne fallait pas prendre le risque que ces prisonniers puissent s'enfuir. Même si honnêtement, dans leur état, elle ne savait pas si ils couraient très loin. Miyu ne défendait aucune cause autre que la sienne, et le sort des pauvres gens lui importait peu. Mais élevée par des servantes Miwaku, elle se sentait obligée envers le clan qui avait fait d'elle une artiste et une femme accomplie. Sans compter que ce genre d'horreurs salissait un peu plus la réputation du quartier des plaisirs, où elle avait grandi.
Elle vit le regard de Rima s'assombrir. Elle lui demanda ce qu'il fallait faire d'eux, et du "garde". Miyu n'en avait pas la moindre idée. Ce n'est pas comme si ces gens avaient une maison où rentrer. La Hattori se tourna vers l'homme qui les regardait, à la limite du claquement de dents.
« Vous. Qui vous embauche ? »
Elles les fusillèrent du regard. Devant ça, il ajouta précipitamment :
« Je cherchais du travail et… et un type m'a abordé et m'a dit de venir ici… l'argent est déposé ici… Je vous le jure, ne me tuez pas ! »
Le tuer ? Pourquoi ? Éclabousser de son sang de porc les murs de cet endroit ? Inutile, il était déjà bien assez crasseux. Elles pourraient suivre cette piste - assez maigre - plus tard. L'urgence était de trouver un abri correct pour les captifs. Elle ne pouvait décemment pas les ramener à Ahen, ça ferait fuir les clients. Elle soupira. Qu'est-ce qu'elles allaient bien pouvoir faire d'eux ?
« Je n'en sais rien. Lui, on peut toujours le livrer à l'empire, mais je ne sais pas si il les intéresserait beaucoup, là-haut. »
Puis, vers les concernés :
« Je suppose que vous n'avez nulle part où aller ? De la famille, des amis ? »
Silence générale. Si c'était par négation ou peur, elle n'en savait rien. Ces gens venaient bien de quelque part, non ? Et si certains n'étaient ici que depuis quelques jours comme l'avait dit l'autre ahuri, revenir d'où ils venaient n'étaient pas une option inenvisageable. Si ils venaient de quelque part de moins pire qu'ici, bien sûr…
« On peut toujours les relâcher dehors comme bon leur semble. Ce n'est pas très charitable, mais je ne connais aucun endroit à même de s'occuper d'eux. »