Midi sous un arbre

La Chikara n'en perdait pas une miette. Son œil dans le petit trou de son mur qu'elle avait fait avec une de ses flèches, elle se régalait du spectacle qui lui faisait face. Elle aurait pu finir ce combat bien plutôt mais elle n'en voyait pas l'intérêt. Elle n'était pas là pour détruire son adversaire (enfin si un peu) mais pour lui faire comprendre son insolence. Elle pouvait être sûre qu'il serait le plus poli des hommes après sa défaite qui serait évidemment suivit de quelques heures dans le rôle de sous-fifre ! Enfin.... pour le moment il valait mieux se concentrer sur l'affrontement qu'il y avait lieu.

À première vue, le Kitto semblait avoir mordu à l'hameçon. Distrait par le clone et pensant sûrement avoir affaire à la véritable personne, il avait dévoilé son affinité qui à priori était du Katon. Bref... Rien de plus commun dans ce village.

Toujours derrière sa barrière de terre, Ishizu décida donc de passer à l'action. Même si elle était sûre que son clone se débrouillerait très bien face aux pétales feus, elle ne voulait pas prendre de risque. Que disait-elle ?! Il n'y avait aucun risque face à un adversaire de cette trempe. La vérité était surtout qu'elle voulait s'amuser un peu. Car même en temps qu'enseignante, se battre était toujours plus existant qu'un cours avec une classe ennuyeuse. Et puis il faut dire que
les missions et l'adrénaline des combats lui manquaient beaucoup.

Décidant donc de se cacher sous terre, elle attendit un instant avant de réapparaître sous la dernière position du Kitto qu'elle avait vu. L'intention étant simple : prendre les chevilles du Kitto et l'enfoncer sous terre. Ensuite, adviendra ce qu'il adviendra, mais cette attaque avait la particularité d'immobiliser sans blesser. Bref... Tout ce qu'aimer la Shinobie pour un tête-à-tête avec un garnement.

Une fois ma salve lancée, je vis cette femme réussir à esquiver sans trop de problème mes flammes.
Cependant, celles-ci m'avaient tout de même permis de gagner un peu de temps et de distance comme je le voulais.
Mais je ne devais pas me contenter de ça, l'adversaire ne s'était pas trop écartée de mes flammes, j'en profita donc pour lui lancer une nouvelle salve de shuriken afin de rendre ses esquives plus difficiles et moins monotones.

La surprise fut totale lorsque je vis l'un de mes shuriken effleurer ma cible.
Je ne comprenais pas comment une kunoichi d'apparence si puissante avait pu être atteinte avec un subterfuge aussi peu élaboré.

Soudain, je la vis s'évaporer.

C'était un clone !

Je m'étais bien fait avoir.
Soudain, ayant relâché totalement ma garde après avoir vu le clone disparaître, je senti un tremblement sous mes pieds.
Je tenta de sauter en arrière par prudence.
Au même moment, je vis des bras sortir du sol. C'était ceux de la kunoichi qui s'était visiblement servi du clone afin de détourner mon attention.
En la laissant se cacher derrière son mur, j'avais commis une grosse erreur et je ne le réalisa que maintenant.
J'avais à peine commencé mon esquive lorsque ses bras ont surgis, j'étais trop peu éloigné pour esquiver et j'étais à court de ressources matérielles comme stratégiques.

Mon adversaire réussit à m'attraper une jambe.

Le plan avait marché. Enfin du moins à moitié... La jambe du jeune garçon dans sa main droite, elle prit le temps de réfléchir une demie seconde avant de se décider. Elle qui voulait l'immobiliser pour lui éviter la moindre blessure, et bien c'était raté. Ainsi, d'un soupir à peine audible, elle prit appui dessus pour s'extirper de la terre puis la jambe du Kitto toujours dans sa main, elle la contorsionna dans une position pour le moins.... inhumaine, pourrait-on dire.

Ensuite, d'une voix calme qui ne laissait place à aucune plaisanterie, elle lui dit :


Pour appuyer ses dires elle tourna encore un peu le membre dans l'intention d'augmenter la douleur. Pas qu'elle aimait faire souffrir un enfant, mais juste pour lui faire comprendre qu'elle avait gagné ce combat.


Le visage sérieux, elle attendit la réponse du Genin. Elle l'avait prévenu. S'il voulait jouer les héros, c'était à ses risques et périls mais il ne fallait sutour pas qu'il compte sur elle pour l'emmener à l'hôpital. En effet, la Chikara avait fort à faire et son envie de faire la nounou était au plus bas.

Une fois ma jambe entre ses mains, elle se servit de celle-ci afin de se hisser hors de son trou.
Tout en maintenant une pression sur ma jambe, elle m'averti : Le duel est terminé.
Elle me laissait un choix très discutable : l'abandon ou ma jambe brisée.

Tout en m'énonçant ceci, la pression ainsi que la torsion qu'elle exerçait sur ma jambe s'intensifia.
La douleur était très forte mais je tentais de serrer les dents un maximum afin de ne lui montrer qu'un minimum de signe de faiblesse.

Sans une seule seconde de réflexion, je lui répondis.



Bien que cette défaite était déjà certaine avant cet affrontement, je ne pu m'empêcher de penser que j'avais laissé trop de failles grotesque et d'occasions idéales pour mon adversaire afin de s'amuser avec moi.
Elle n'a pas pris ce combat au sérieux une seule seconde, cependant, les valeurs qu'elle m'a exposé avant cet affrontement plus la façon dont je me suis fait battre me poussais à fortement respecter cette femme.

Il était peut-être nul pour ce qui était des arts martiaux, mais au moins, il avait la qualité de ne pas être inconscient ou stupide. Une qualité qui lui sauva d'ailleurs une jambe puisque la Chikara lâcha sa prise. Dépoussiérant ses vêtements comme après chaque combat, elle lui dit en se grattant la tête :


Elle lâcha, un soupire avant de se rappeler que ce Kitto était maintenant à sa merci. Cette pensée lui fit afficher un sourire en coin sur le visage et claquant ses mains elle annonça :


Elle se dirigea vers l'arbre qui était maintenant le sien récupérant au passage son bol de nouille. Ensuite, s'agenouillant au pied de l'immense source d'oxygène, elle invita d'un mouvement de main le fameux vaincu.


Cela une fois fait, la Jônin posa sur le dos du genin son bol encore chaud et son petit calepin. Enfin bien installé, du moins pour elle évidemment, elle écrivit sur la première page du cahier l'heure :

14h00

Le bol de nouille finit, la Shinobie l'enleva pour le déposer par terre. Pensait-il vraiment se soulager d'un poids ? Pour répondre à cette question, elle posa sa gourde d'eau sur le dos du Kitto en guise de réponse puis sortant un stylo, elle commença à rédiger le rapport d'entraînement de ses élèves de ce matin. Cela fait, elle pencha la tête vers Jiken et lui demanda ironiquement :

Après mon abandon, celle-ci me lâcha enfin la jambe, me libérant de cette étreinte très désagréable.
Après ça, d'un ton assez direct, elle m'indiqua que mon niveau de combat est inférieur à celui d'un enfant de 11 ans.. Rien de tel pour remonter le moral d'un vaincu. Cependant, force est de constater que je ne suis effectivement pas au niveau. C'est simplement plus affligeant de l'entendre de la bouche d'une inconnue.

Suite à cette remarque, celle-ci me rappela mon engagement d'être à sa merci durant les prochaines heures.
La désillusion et le sentiment d'humiliation se firent grandement ressentir lorsque j'appris ce qu'elle m'avais réservé.

Je me mis en position gainage comme ordonné et l'observa poser son repas ainsi qu'un carnet sur mon dos..

J'allais donc servir de table à cette femme pendant plusieurs heures !? Sérieusement ?
S'en suivant une remarque assez désobligeante afin de pousser le fait que j'étais actuellement bien humilié.

Je n'avais aucune envie de la défier à nouveau étant actuellement à court d'absolument tout et de toute façon, à court ou pas le résultat serait le même.

Je m'exécuta donc et durant la demi heure qui suivait, je ne dis pas un mot et me contentais seulement de me concentrer et de ressasser cette défaite cuisante.

Soudain, elle se mit à écrire sur mon dos, je pouvais le sentir distinctement.
Elle se pencha vers moi en me faisant remarquer mon silence qui durait depuis une bonne demi heure déjà.
Je n'avais pas très envie d'engager une quelconque discussion dans cette position là, mais, je me disais qu'un petit dialogue aiderait à passer le temps plus rapidement.



J'aimais beaucoup faire ce genre de phrases philosophiques et je voulais à tout prix lui montrer qu'elle ne pourrait pas jouir du plaisir d'avoir brisé ma détermination.

Afin d'en rajouter je lui proposa.


Cette demande de match retour pouvais me faire passer pour un fou, cependant, cette proposition, si elle est accepté, sera une motivation supplémentaire pour m'améliorer encore et encore afin de faire taire ses critiques.

Et bien ce Kitto avait la langue pendue. Pas le genre de réponse que la Chikara appréciait.


Et puis ce type de monologue elle l'avait entendu plus d'une fois. Combien d'enfant avait espérer par de belles paroles toucher le haut du monde shinobi pour au final rester coincé dans des missions de rang C ? Trop. Dorénavant, elle privilégiait l'acte à la parole et ce Kitto semblait bien prétentieux de vouloir la réaffronter. Néanmoins, voyant cela comme une possible source de motivation elle lui répondit un sourire en coin :

14h45

La Jônin avait presque fini de rédiger l'entraînement de demain. Il ne lui restait que quelques détails à peaufiner et tout était bon. Durant sa rédaction, elle n'avait pas vraiment fait attention au Kitto préférant le laisser seul tête-à-tête avec la douleur. Mais là elle décida de s'accorder une pause. Elle finirait en rentrant chez elle. Il lui restait donc 15 min à tuer en compagnie du genin.

La Konohajin n'étant pas la meilleure pour la discussion prit quelques secondes de réflexion avant d'engager une possible dialogue.


À défaut de ne pouvoir avancer le temps, elle espérait le tuer en écoutant le Kitto parler. Peut-être pourrait-il se montrer intéressant...

Une fois mon monologue terminé, cette femme me fournit une réponse aussi amicale que les précédentes. Ca semblait devenir une sorte d'habitude.

Cependant, ma proposition d'un match retour ne fut pas vaine, celle-ci accepta tout en me mettant en garde.
Sur ses paroles, je décida de ne pas surenchérir et le silence se fit à nouveau ressentir sur le terrain d'entraînement.

Presque une heure se déroula, je ne sentais plus mon corps et la douleur se ressentait de plus en plus. Pour ne rien arranger, mon bleu à l'épaule, provoqué par la flèche tirée pendant notre combat était là pour rendre ce moment plus désagréable qu'il ne l'était déjà.

Soudain, celle-ci se décida une nouvelle fois à briser ce long silence. Après ses paroles désintéressées, elle se permit de m'interroger à propos d'Okawa. Elle espérait peut-être en tirer quelque chose, qui sait ? En tout cas, je n'étais pas contre un nouveau dialogue afin de passer ces interminables minutes le plus rapidement possible.



J'enchaîna en rajoutant.


Ces paroles passionnées venaient traduire la profonde admiration, presque démesurée que je vouais à Okawa. Je ne voyais pas en quoi ces informations allaient changer quoi que ce soit pour cette femme, mais pour moi, elles me me permettent de passer ces interminables minutes.

Je me serais bien arrêté là, mais ma curiosité pris le dessus et je me permis de l'interroger d'un ton plus cordial afin d'éviter d'aggraver mon cas, j'avais eu ma dose pour la semaine.

La Chikara avait écouté silencieusement les multiples informations données par le Kitto. Elle n'en avait retenu qu'une chose, Jiken avait énormément d'estime pour son frère. Cependant, le fameux prénommé Okawa avait attisé sa curiosité et elle aurait bien voulu l'affronter pour tester son fameux "talent". Mais cela attendrait, car pour l'instant elle avait encore quelques questions :


Ishizu avait cet esprit Konohanien dans lequel tout le monde vivait en famille dans la joie et dans la bonne humeur. Savoir que quelqu'un décidait volontairement de s'exclure de cette fratrie lui semblait inimaginable. Toujours intriguée, elle lui demanda :


Bien au contraire, ce clan était remplie de gens adorables. Du moins celle que côtoyer Ishizu.... Mais peut-être que son frère avait eu quelques différents au sein d'eux.... Qui sait ?

Néanmoins, elle mit ses pensées de côté pour répondre à la question de l'enfant.


Elle préférait se présenter complétement à lui pour éviter d'autre interrogation. De toute manière, il n'avait pas besoin d'en savoir plus pour l'instant. Par contre elle, elle avait encore une question. Une question qu'elle posait généralement à chaque enfant qu'elle croisait. Pas que leur réponse l'intéressait, mais cela lui permettait de les mettre dans des cases.

Etonnement, mon discours semblait intéresser un minimum cette femme.
Sa première question, plutôt légitime était à propos de mes parents.



Je dis l'essentiel sans trop vouloir m'étaler sur mon passé, j'ai fais le deuil de mes parents depuis un moment de toute façon. Dans la vie il faut savoir avancer coûte que coûte. Enfin, c'est en tout cas comme ça que je résonne.

Elle s'interrogea logiquement sur notre éloignement du clan avec Okawa. Honnêtement, je ne savais pas quoi répondre dans un premier temps, cette décision était celle d'Okawa et je n'avais fait que le suivre sans poser de questions. Cependant, j'ai personnellement de l'affection pour ce clan qui est plutôt bienveillant.



Suite à cette intérrogation, celle-ci me donna enfin son nom, son âge ainsi que son rang.
Chikara Ishizu, Jonin de Konoha donc..
Je comprend tout de suite mieux son attitude et son niveau de combat d'un tout autre niveau du mien.
Elle est donc aussi une sensei. La vie ne doit pas être de tout repos pour ses élèves. Enfin bon, ceci ne me regarde pas.

Pour finir, elle me posa une question simple mais pourtant essentielle. Beaucoup ne sauraient pas vraiment quoi répondre.
Heureusement pour elle, ce n'étais pas mon cas et elle devait s'en douter vu mes réactions précédemment.

La classique : un enfant sans parents élevé seul par son frère. Bref, un scénario qui en aurait ému plus d'un, mais pas plus que ça la Chikara. Avec toutes les guerres précédentes, il était maintenant rare de voir un bambin muni de ses deux parents...

Néanmoins, elle vouait toujours un profond respect aux ninjas mort pour Konoha alors joignant ses deux mains elle dit à voix basse :


Puis elle tendit l'oreille et le visage sérieux, elle écouta attentivement les réponses du Kitto. Hochant parfois la tête en signe d'acquiescement, elle en conclus :




Elle parlait avec sincérité et cœur. La cause de Jiken lui touchait particulièrement car c'était la même que la sienne : préserver la paix à Konoha. Ainsi, un sourire se dessina sur son visage et délicatement, elle enleva les affaires sur le dos du Kitto.


Accompagnant sa phrase d'une main pour l'aider à se remettre debout, elle ajouta :


N'ayant rien d'autre rajouter, elle se rassit contre son arbre et déclara en tapant contre ses mains :

Ishizu semblait avoir été touchée par mes paroles.
Elle semblait afficher une attitude bien différente que précédemment.

Celà ne s'arrêta pas là, elle enchaîna en m'encourageant dans mon rêve et en me conseillant. Je pris à cœur ses paroles qui me donnèrent un élan supplémentaire à ma motivation.
Je pouvais facilement supposer que si mes motivation lui avaient fait un tel effet, c'est qu'elle les partagent également.

Soudain, je senti les affaires posées sur mon dos s'enlever. Mon gainage arrivait probablement à son terme.

Ma supposition était juste car juste après, elle m'indiqua que je pouvais me relever.
C'est avec un grand soulagement et une certaine difficulté que je quitta la position que je tenais depuis un bon moment déjà.
Elle me tendit la main tout en me faisant une proposition que j'étais loin d'imaginer. Cette proposition de devenir mon sensei, comment pourrais-je la refuser moi qui cherchais tant à progresser.

Cependant, je ne lui fournit pas de réponse immédiatement. En effet car celle-ci se dirigea vers cet arbre tant convoité afin de se reposer comme elle souhaitait le faire en premier lieu.
Je n'allais pas la déranger plus longtemps.
Cependant, avant de m'éloigner je lui dit en affichant un grand sourire.