Informe moi !

Je n'en peux plus de cette chaleur. Inlassablement, je la sens me brûler le cou et impuissant que je suis, je ne peux que souffrir en silence et continuer ce douloureux chemin. Ma gourde étant vide, j'ai aussi la gorge sèche.... Bref la recherche de ce liquide plus communément appelé "eau" est maintenant ma principale quête.

Un paysan bien égoïste m'avait indiqué la direction du village le plus proche. J'aurais pu le tuer et profiter de l'eau de son puits, mais je préférais rester discret en territoire ennemi. En effet, les tensions entre Kiri et Kumo n'avait fait que grandir depuis mon départ et Kaguya que je suis, il est risqué de se promener ici.
C'est ainsi que le chapeau bien rabattu sur ma tête, j'arrive enfin dans un bourg à l'aspect médiocre. Quelques maisons peuplent cette cambrousse, mais c'est tout. C'est donc le visage maussade que je rejoins la place centrale qui en réalité n'est qu'un espace vide avec une fontaine au milieu et quelques bancs autours. Rien de bien folichon donc. Néanmoins, cela me satisfait plus qu'autre chose et d'un soupir de soulagement, je me dirige vers la source d'eau.

Quelques minutes se passent durant lesquelles je me rafraîchis la nuque et régule de nouveau la température de mon corps. Ce soleil m'aura bien fait souffert, mais maintenant, c'est fini. Cependant, bien que cette eau me fasse un bien fou, je ne peux m'attarder plus longtemps ici, il est temps pour moi de repartir.

Rabattant une nouvelle fois mon chapeau sur la tête, je remarque la présence d'une femme sur un banc. Elle me dévisage bizarrement et je lui rend son regard : interrogateur.

D'après les rumeurs qui couraient et sa curiosité de manière générale, Sayuri apprenait il y a quelques temps de cela déjà qu'une bataille s'était produite entre les Kumojins et Kirijins... Elle n'allait pas plaindre son clan d'être aussi têtu et borné, mais parmi eux se trouvaient des personnes auxquels elle tenait énormément. De plus, la guerre faisait de nombreuses victimes et capturés, et pas seulement des Kaguya de ce que la femme savait.

Assise là, sur ce banc à l'ombre dans le plus grand calme après avoir aider les villageois, Sayuri se reposait. Les tâches qui lui avaient été conviées n'étaient pas des plus simples, mais elle réussissait malgré tout. S'en vraiment sans rendre compte et perdue dans ses pensées en plus d'être épuisée, elle s'était endormie là...

Mais un terrible cauchemar la réveillait en sursaut. Pour se détendre un peu en se rendant compte que...


La fumeuse sortait sa Kiseru, préparant son mélange de tabac et y ajoutant une touche de cannelle. Alors qu'elle s'apprêtait à fumer sa pipe, un drôle d'individu au chapeau s'abreuver et se soulageait de la chaleur avec l'eau de la fontaine. Toujours aussi curieuse, elle regardait dans la direction de l'homme... Très vite, elle comprenait qu'il devait s'agir de l'un des membres de son clan portant un chapeau... Un chapeau pour un Kaguya ?

Voulant détourner son regard, la femme se faisait remarquer avant d'avoir pu effectuer son désintéressement... Et merde... Faisant mine de rien, lorsque l'individu lui rétorquait le même regard en balançant un "Quoi ?" la Kaguya se pointait du doigt l'air adoucie. regardant à droite, puis à gauche. Un petit stratagème... Pourvu que ça marche !!!


Sayuri jouait l'idiote pour s'éviter des ennuis. Mais c'était parfois en jouant la stupidité que l'on s'attirer quand même des péripéties...

Cette femme semblait se moquer de moi. Seul sur cette place, je ne pouvais m'adresser qu'à elle sinon à qui d'autres ?
Son comportement était plus que suspect. Cette demoiselle pouvait très bien être un espion à la solde de Kumo mais sa longue chevelure blanche me faisait dire le contraire. Non, j'étais presque sûr que c'était une compatriote. Qu'est-ce que faisaient des gens de mon clan aussi loin de leur région natale ? Peut-être que le tourisme avait fini par se développer à Kiri... Aller savoir, fous que nous sommes cela ne m'étonnerais même pas.


J'ai dit cela dans un murmure à peine audible, ça pouvait être pris comme de la timidité, mais c'était loin de la vérité. Alors que je commençais à tourner les talons, direction ma destinée une odeur vint me chatouiller les narines. Mes jambes se tournant alors naturellement, je marche d'un pas tranquille vers la femme et m'inclinant pour être à la hauteur de sa bouche, là où trônait sa Kiseru, je lui dis enfin :


Je suis un fumeur de longue date, on ne me la fait pas. Il y a autre chose que du tabac dans son truc. Et puis je ne fais pas partie de cette trempe d'idiot à se présenter au premier venu. Non, moi je ne parle que par intérêt ou parce que j'y suis contraint. Et là, pour le coup, elle avait réussi à titiller ma curiosité.

Sayuri voyant l'homme marmonner dans sa barbe n'y prêtait donc pas plus attention que ça en sachant qu'il partait dans la direction opposée. Mais au moment d'allumer sa pipe, le drôle d'individu se stoppait avant de changer de trajectoire et le plus troublant sans dire un mot... La femme restait calme, mais méfiante. Elle tirait sa première bouffée avec élégance avant de laisser la fumée s'échapper par sa bouche.

Bientôt arrivé jusqu'à elle, l'homme au chapeau s'abaissait jusqu'à son Kiseru avant de déclarer qu'il sentait bien une odeur différente. "J'aurais peut-être du attendre avant de commencer à fumée..." se disait-elle.


Rétorquait-elle un peu perplexe de sa question. La présence du type la mettait particulièrement mal à l'aise, elle se demandait si c'était uniquement par rapport à l'odeur que dégageait la fumée ou s'il avait autre chose en tête ? S'il était bien un Kaguya clanique... la jeune femme ne donnait pas chère de sa peau.


Lui proposait-elle accompagnée de son joli sourire. Peut-être qu'il n'était pas fumeur, et peut-être que ta fausse sympathie l'irriterait à un point qu'il s'en ira plus vite ?

De la cannelle ? C'est quoi encore cette créativité culinaire ? Pourquoi pas un peu de viande tant qu'on y est... Mais je dois cependant reconnaître que l'odeur qui s'y dégage est fort alléchante.

Un sourire parsème mon visage puis s'efface pour laisser place à une question :


Je me demande quel goût cela peut il bien avoir. La cannelle ne prend-il pas l'ascendant sur le cannabis ? Je n'eut pas à le deviner plus longtemps puisque cette ravissante jeune femme me propose d'y goûter. Voilà en une qui sait me parler... Peut-être caché ce sourire qui me semble hypocrite et cela est parfait.

D'une main ferme sans un remerciement, je m'empare de l'objet et reniflant encore une dernière fois ce doux parfum, j'en inspire une bouffée.
Le goût y est plutôt plaisant en bouche, bizarrement, je ne sens pas la cannelle, mais après l'expiration de la fumée, je reconnais enfin ce savoureux arôme me caresser la langue. Très plaisant tout ça pense-je.

Pour qu'elle voit un peu plus a qu'il est à affaire, je relève un peu mon chapeau dans l'intention de paraître un peu moins sinistre. Puis c'est d'une voix enjouée (enfin de mon point de vu) que je lui dis :


Ma voix est posée, sans trace de mépris. Je ne dévoilais ici que le petit peu de savoir que j'ai acquérir durant ces années à Kiri. Car à force d'en vendre, on en consomme et à force d'en consommer, on apprend rapidement à différencier les goûts des différentes herbes.
Bref... cette jeune femme tenait un truc intéressant, le commercialiser pourrait être une source de revenu important qui sait ?

Le Kiseru toujours dans la main, je le rends avec une once de regret à la propriétaire puis me rappelant de ce qui a retenu mon attention à la vue de cette femme je pointe du doigt ses cheveux.

Ce type ne devait pas connaître la douceur et saisissait brutalement la pipe de Sayuri. Ca ne l'étonnait pas connaissant la mentalité des Kaguya mâle pour la majorité d'entre eux. Pour le moment, elle attendait curieusement le verdict de l'homme au chapeau concernant son petit mélange.


Toujours calme, elle répondait toujours d'une intonation chaleureuse, malgré la froideur qu'elle ressentait en provenance de son interlocuteur. Quoi que... Une petite impression d'effort, sans plus. Après quelques instants de réflexion pour l'homme, il finissait par lui rendre son Kiseru.


Alors que la Kaguya s'apprêtait à prendre sa seconde bouffée, l'homme pointait du doigt sa longue chevelure... AÏe, aïe, aïe...




Allait-il vraiment gober ton bobard ? SAchant que tes yeux sont roses et non rouge...

Je n'ai pas envie de jouer aux devinettes, du moins, je n'ai pas le temps pour ça.


Dois-je donc toujours utiliser mes yeux pour soutirer des informations ? Ça en devient lassant à force... Merde quoi, les gens ne savent-ils donc pas répondre à une simple question ? Et puis que me dit-elle.... Gaikotsu vraiment ? Ce fichu soleil m'empêche d'y voir plus clair, notamment sur ses prétendus pupilles. Pas le choix, je vais devoir vérifier de moi-même. D'un geste plutôt délicat, je prends son menton entre mes mains puis rapprochant ma tête de la sienne, je plonge mon regard froid dans le siens.


Pourquoi me mentir ? Surtout que son motif la faisait avancer d'un pas vers une mort certaine...
Cette fille était définitivement stupide, comme toutes les femmes d'ailleurs.
Je lâche donc un long soupire :


Fini le vouvoiement, je ne rigole plus.

Sayuri n'était pas des plus rassurée, si elle tombait bel et bien sur un Kaguya pur et dur... Elle ne donnerait pas cher de sa peau en tant que batârde du clan... Ne donnant pas de réponse immédiate, l'homme au chapeau s'approchait d'elle en lui relevant le menton. Son regard glacial lui donnait la chaire de poule, quel drôle de personnage. A sa réflexion, la Kaguya ne pouvait s'empêcher de laisser échapper une petite grimace en serrant les dents. Une goutte de sueur commençait à perler sur son front et ce n'était pas la chaleur du soleil qui lui faisait cette effet. Être en présence d'un membre de son clan, voilà ce qui la stressait.




Un petit trait d'hésitation tout de même... La jeune femme restait sur ses gardes toujours la entre la main de l'individu. Valait mieux éviter de tenter de la retirer violemment ou de faire le moindre mouvement brusque.


Répondait-elle toujours dans une intonation des plus calmes, son poux s'accélérant légèrement.

Une kaguya, me voilà rassuré maintenant. Je relâche son menton et de mon air interrogateur, je lui demande :


La discussion tourne à un interrogatoire, mais je ne peux qu'être surpris de voir un compatriote aussi loin de Kiri. Surtout quand les tensions avec Kumo sont au point culminant. Enfin peut-être est-elle tout comme moi en mission et cela expliquerait donc tout. Oh et puis qu'est ce j'en ai à faire après tout ? Les histoires de mon village et leur politique ne m'intéresse que très peu alors pourquoi faire le parfait petit Kaguya à l'étranger ? Je ne joue ce rôle que pour survivre, mais ici, je n'ai aucune raison de continuer ce petit jeu.

D'un soupir d'exaspération, je réponds donc à l'idiote question de la demoiselle :


Je la fixe encore quelques secondes avant de lâcher :


Et je n'ai pas tort. Un ou une Kaguya ne se serait jamais fait prendre le menton comme je l'avais fait. Et puis pourquoi autant de réticence de sa part à me parler ? En temps normal, j'aurais passé outre cela mais cette femme m'intrigué de plus en plus....

Inutile de jouer l'idiote d'avantage Sayrui, il se doutera très bien que quelque chose ne concorde pas... Soupirante, la jeune allait répondre à la question embarrassante que ce dernier lui posait. La Kaguya prenait tout de même le soin de tirer une bouffée de son petit mélange avant de commencer à parler.


Fuyant un peu le regard de l'homme qui se tenait debout devant elle, elle continuait.




Son regard se posait à nouveau dans les yeux de son interlocuteur, cela ne lui déplaisait pas de refaire sa vie autrement. Bien au contraire, c'était un grand avantage de mener une vie "paisible", loin de ceux qui voulaient la tuer.


Rétorquait-elle, légèrement rancunière de se faire prendre pour une imbécile.


Se permettait de redemander Sayuri d'une intonation taquine le sourire aux lèvres.

Par "politesse", voilà un mot qu'à Kiri on ne connaît pas. Je ne rêve donc pas cette femme a bien un comportement étrange. Mais cela trouve une explication avec les paroles qui suivent. Fronçant les sourcils, je la questionne froidement :


Parle moins, mais juste disait mon père entre deux claques. Certaines personnes devraient s'en inspirer un peu plus pense-je d'un soupir.
Puis je comprends de moi-même où elle veut en venir. Bizarrement, ça me fait lâcher un soufflement du nez.


En temps normal, j'aurais fui ce genre de personne, car il est mal vu à Kiri de traîner avec ces bâtards. Outrepasser cette mentalité, c'est s'attirer les foudres des purs Kaguyas et déshonorer le nom de sa famille. Bref... Mieux valait rester à l'écart de ces gens et des ennui. Mais une fois de plus, nous ne sommes que tous les deux et cette situation ne me pousse qu'à continuer la conversation. Enfin... Plutôt à répondre à sa question.


Il y a des limites tout de même.



Et puis merde, on est où là ? Dans un salon de thé ?
Pour me détendre, je sors une cigarette et je la pose délicatement entre mes lèvres. Tout en l'allumant, je continue mon interrogatoire.

Cette froideur... Cette méchanceté gratuite, Sayuri avait tellement l'habitude de rencontrer ce genre de personnes. Ca ne lui faisait ni chaud, ni froid. Voyant que de rester courtois et de répondre aux questions de ce sale Kaguya ne menait à rien, la jeune femme n'allait certainement pas continuer ce petit "jeu" encore bien longtemps.


Rétorquait-elle d'un ton calme où l'homme au chapeau pouvait y déceler un peu de sarcasme. Tirant une énième bouffée de sa pipe, elle souriait de manière beaucoup plus malicieusement.


La jeune Kaguya ne se laissera pas intimider quoi qu'il arrive. Des représailles, des menaces de morts, de multiples coups physiques, cela faisait partie de son quotidien, du moins à Kiri. Ici, la vie était plutôt paisible jusqu'à cette rencontre...


Sayuri expirait la fumée de sa bouche, ne bougeant pas d'un poil du banc, l'air toujours serein. Au fond d'elle-même, elle savait très bien que le Kaguya ne serait pas aussi docile qu'elle l'a été. Mieux vaut se préparer à esquiver le premier coup venu...