Informe moi !

Enfin je vois sa vraie nature. On va pouvoir parler sérieusement et arrêter ce petit jeu qui tout comme elle le dit si bien, ne mène à rien.
Tirant donc une dernière fois sur ma cigarette, je viens l'écraser par terre du talon puis d'un coup d'œil vers la femme, je remarque qu'elle scrute le moindre de mes gestes.
Cela me fait rire.


Je me ressaisis avec difficulté et après quelques secondes, je dis, le sourire en coin :


Sans lui demander son autorisation, qu'y d'ailleurs m'importe guère, je viens m'installer à côté d'elle sur le banc. M'étirant comme si ce banc m'appartient, je me penche vers elle et lui dit l'air un peu plus sérieux.


Mon regard se plante dans le sien. Vais-je devoir utiliser mes yeux pour lui soustraire la vérité ou va-t-elle accepter cet accord qui à vrai dire lui est plus qu'avantageux ?

Dans les deux cas, j'aurais ce que je veux.

Rétorquait la Kaguya. Il avait un truc différent des Kaguyas celui-là, mais Sayuri n'était pas capable de vraiment savoir quoi. Du moins, malgré son calme apparent la jeune femme ne se sentait absolument pas en sécurité à ses côtés... Il n'était pas vraiment net. De plus, il ajoutait que ce n'était pas son genre de frapper les impures ou les gens tout court. Qu'est-ce qu'il voulait...


Sans gêne, il s'asseyait à côté de la jeune femme s'étirant de tout son long pour montrer probablement sa supériorité ? Sayuri se méfiait encore plus de ce drôle de type portant son chapeau. Qu'est-ce qu'il lui vouait à la fin ?


La femme à la longue chevelure blanche commençait à s'impatienter, elle qui pensait être tranquille à pouvoir se détendre avec son Kiseru, la voilà enquiquiner par un pur race alors qu'elle était à des kilomètres d'eux ! Il ne tardait pas à lui annoncer la couleur en lui proposant un deal.


Ne le regardant plus, elle fixait tout bonnement la fontaine l'air songeuse, elle se demandait bien ce qu'il souhaitait tant savoir.

Même si je pense personnellement que cette femme ne m'apportera rien pourquoi pas n'essayer. Ainsi, le marché conclu, je souris malicieusement. Deux questions donc. Pas besoin de réfléchir plus longtemps, je sais ce que j'ai à dire. Seulement : j'ai besoin de mes yeux.


N'ayant pas la patience d'attendre qu'elle daigne tourner sa tête, je la prends avec ma main et je plante mon regard dans le sien. Injectant du chakra dans mes pupilles marron, je lui envoie quelques images de ma sœur. Puis relâchant mon emprise, je me pose ma fameuse question :


J'écoute attentivement sa réponse puis machinalement, je sors une deuxième cigarette. Un joint par question, c'est très bien non ?
La tige meurtrière donc dans mes mains, je regarde cette place déserte, inhabitée. Je me dis que la vie doit être bien plus tranquille qu'à Kiri et l'idée de m'y installer occupe une demi seconde mon esprit avant que je la chasse d'un mouvement de main.

Après quelques dizaines de secondes, je dis toujours pensif :

Alors que Sayuri s'apprêtait à exécuter sa demande, l'impatient de service n'attendait même son action prenant le soin de lui tourner la tête avec sa main. Un geste de plus qui commençait à agacer la Kaguya... Très vite, les deux regards se croisant une image apparaissait dans l'esprit de la jeune femme.


S'étonnait-elle. C'était bien l'une des dernières Kaguya qu'elle ne voulait plus rien savoir pour le moment !






Son cousin Kyota en faisait parti malheureusement. Une profonde tristesse que la jeune dissimulait à l'homme au chapeau.


Répondait-elle l'air songeuse, arrêtant de fumer sa Kiseru et fixant une nouvelle la fontaine, le regard presque vide.

J'ai le sentiment qu'elle sait quelque chose à son sujet, mais une fois de plus, j'ai tort. Cette femme me semble bien inutile. Mais en même temps qu'attendre de plus d'une batârde qui vit dans un village paumé ? Une grimace d'agacement s'affiche donc quelques secondes sur mon visage avant de laisser place à un visage figé.


Je reste un instant abasourdi, ne prenant même pas la peine d'écouter le reste de ce qu'elle a à me dire. Comment pourrais-je d'ailleurs ? Mon village détruit, j'ai du mal à le croire, mais pourquoi me mentirait-elle ?
Mes idées ne sont plus très claires à ce moment, j'ai encore tant de questions, mais c'est trop tard. Cette Sayuri ne me répondra plus. Tel était le pacte que nous avions conclu.



À quoi se résume ma vie maintenant ? Putain... Je me sens impuissant... Je suis perdu...

Non, je ne peux accepter les mots qui viennent d'être prononcés. Cette femme me ment. Cette peste mérite de mourir !
D'un cri de rage, je me jette au cou de cette femme faisant au passage tomber mon chapeau par terre.
D'une voix des plus ténébreuse, absente de toutes émotions si ce n'est que la furie j'hurle :

L'homme fou de rage perdait son contrôle... Que disait-il plutôt, ce n'était pas son style ? Pour le moment, Sayuri devait tenter de se dégager de cet abruti qui agissait sous la colère ! Elle n'avait d'autre choix que d'essayer de le repousser, mais l'individu semblait posséder beaucoup plus de force qu'elle ne l'imaginait.


Alors, elle usait de son chakra pour se décomposer en feuille et essayer de se défaire des prises du Kaguya ! La jeune femme ne se gênerait pas pour "bousculer" l'homme au passage. Alors, se transformant en une multitude de papiers, elle s'échappaient en se plaçant au dessus de la fontaine.

Le cou de la femme dans mes mains, je ne lâche pas prise malgré ses supplications. J'en suis décidé à mettre ma colère sur sa mort. C'est comme ça et je pense qu'elle l'a compris. Seulement, ne relâchant pas mon étreinte sur elle, je la vois se décomposer en petit bout de papier pour au final me pousser et s'éloigner de ma personne.


Je ne sais plus trop comment réagir. Les paroles de cette prénommée Sayuri m'ont bien l'air sincère et impuissant, je reçois ses paroles en pleine face. Il faut que je parte, que je réfléchis à tout cela.

Ainsi, d'un crachat par terre, j'essuie mes mains sur mon manteau et remettant mon chapeau sur la tête, je tourne les talons et pars sans un seul au revoir.

La réaction de l'homme surprenait Sayuri. Il ne tentait aucune autre offense, rongé de l'intérieur il n'effectuait que des actions grossières avant de tenter de mettre les voiles.


La jeune femme n'était pas prête de laisser s'en aller ce gugus sans connaître son nom.


Malgré son action fâcheuse plus tôt, malgré qu'elle pouvait être très rancunière, Sayuri savait mieux réfléchir dans ce genre de situation que la plupart des Kaguya.


Elle s'asseyait sur le haut de la fontaine, incertaine de savoir si son discours se faisait entendre...

J'ai la tête qui tourne, je suis tremblant, je dois partir d'ici, mais cette femme n'en a pas fini avec moi. Elle me demande une nouvelle fois mon nom sous peine de me l'arracher. J'aimerai lui dire d'aller se faire voir, mais suis-je réellement en position de force ? Non, je suis bien trop choqué et perdu pour me battre correctement. Pas le choix, je marmotte mon prénom :


Je ferme un instant les yeux pour écouter une nouvelle question venue de la semi-Kaguya. En quête d'inspiration, j'inspire une longue bouffée d'air, mais seul le vide me parvient. De toute façon, que dire à mes compatriotes ? Je n'ai aucun projet pour mon futur et puis les Kaguyas ne sont pas connu pour être des gens à l'écoute.


C'est drôle, mais j'ai l'impression que les rôles ont été inversée. Elle qui essayait de fuir ma compagnie voilà que c'est moi maintenant qui essaie de m'en éloigner. Assise sur sa fontaine, je la regarde, perplexe, me dire que "nous" sommes dans la même merde.

En fait, je crois qu'elle n'a pas compris. Je ne me mélange pas avec elle, le nous entre nos deux personnes n'existe pas. Cette Sayuri n'a jamais connu notre vrai clan et ses traditions, ce n'est pas une Kaguya après tout. M'enfin cela m'importe peu, je dois m'en aller d'ici pour trouver un but à ma nouvelle vie d'errant........

Sans dire un mot de plus, sans un regard supplémentaire, Sayuri accédait à sa requête en le laissant partir dans un état lamentable. Un Kaguya abattu, qui l'aurait cru ? Comme quoi, ces types pouvaient eux aussi avoir un minimum de sentiments au fond d'eux. La jeune femme en était persuadée. Pour le moment, elle pouvait relâcher la pression et la tension qui montait en présence de Sakkaku. Un prénom qu'elle retiendrait à vie après "l'incident". De nature rancunière, Sayuri savourait déjà sa vengeance en se remémorant dans quel état d'esprit... vide ou perdu semblait partir l'homme au chapeau.


Pouvait-elle penser à un instant karma ? Bien sûr que oui, car d'après elle la méchanceté, même s'il fallait des années entières, finissait par se faire payer tôt ou tard.

Il était tend pour elle de s'occuper l'esprit autrement, descendant d'abord de son perchoir avant de rejoindre les paysans du coin. Sa longue chevelure trainant presqu'à même le sol, flottait dans le vent, signifiant un nouveau départ vers l'horizon.