L'Art de l'épéiste

L’été était arrivé à Konoha, contrairement à d’habitude, celui-ci n’apporta pas le soleil mais une pluie infernale. Toi qui passais la majorité de ton temps à l’extérieur, tu te voyais être cloîtrée chez toi. Tu avais déjà passé plusieurs semaines à te remettre de tes blessures, et en plus tu devais supporter ce temps pourri…
Au moins, pour te remonter un peu le moral, Tetsuko et toi deviez vous retrouver aujourd’hui. Au vu du temps ignoble à l’extérieur, tu lui proposas tout bonnement de te rejoindre au dojo Kitto. Tu étais une habituée des lieux, et à vrai dire aujourd’hui tu avais prévue quelque chose de particulier. Tu ne t’étais jamais entraînée en compagnie de l’Uzumaki, pourtant il était probable que vous refassiez équipe dans les temps à venir. Même si tu avais la tête à autre chose que d’éventuelles missions, il y eut un évènement qui te fit changer d’avis. Avec le départ de Shimazu, Tetsuko se retrouvait sans sensei. Tu connaissais le fait de devoir te débrouiller seule, alors tu décidas simplement d’apporter ton expérience à une personne que tu considérais comme ton amie.

Tu arrivas en avance, le rendez-vous était prévu en début d’après midi, toutefois tu jugeas qu’un échauffement n’était pas de trop. Tu avais beau avoir l’air en pleine forme, en vérité ton épaule était toujours douloureuse. Pourtant, tu n’étais pas du genre douillette, mais ce fut sûrement l’une des blessures les plus profondes que tu ais subis. D’autant que c’était ce même bras qui s’était fait planter par l’arme de Mamoru quelques mois auparavant… Bref, tu devais simplement éviter les mouvements trop brusques. Alors que tu t’échauffais, annulateurs en main, tu vis la tête rousse de Tetsuko dépasser la porte.



Le dojo était complètement vide. À vrai dire, tu n’avais pas choisie cette heure par hasard. Les gens « normaux » étaient supposés travailler, sans compter que les Kitto – à l’exception de quelques uns – n’étaient pas les plus réputés pour leur acharnement à l’entraînement. Tu commenças alors à sourire, le genre de sourire qui laissait clairement comprendre que tu avais quelque chose derrière la tête…

C'est sous une pluie diluvienne que Tetsuko quitta sa maison pour se rendre au lieu de rendez-vous donné par Kyoko. Ce dernier se trouvait dans les quartiers Kitto, qu'elle commençait à bien connaître. Au bout de deux minutes, la jeune fille était déjà trempée, et se mit à accélérer pour ne pas finir malade pour de bon.

Leurs récentes aventures à Kyoko et à elle commençaient à s'atténuer, et on ne leur parlait presque plus de leur dernier fiasco. C'était l'occasion pour elle de se faire oublier, mais sans pour autant négliger l'entraînement. La rousse entra dans la pièce et s'arrêta sur le seuil pour ne pas mouiller tout le dojo. Une petite flaque commença à se former autour de ses pieds.





Tout en écoutant la Kitto, Tetsuko entreprit de se sécher du mieux qu'elle put. Elle laissa son haori - imbibé d'eau - étendu sur un banc, et finalement elle ne fut bientôt qu'humide.

Ce n’était pas très important de toute façon. Peut-être légèrement inconfortable pour la Uzumaki, mais ça finira bien par passer au fil des minutes. Tu faisais tournoyer ton arme dans ta main droite alors qu’elle te demandait si tu étais bien en état de t’entraîner. Ce à quoi tu répondis avec ton sourire habituel.



Tu fis virevolter rapidement ton annulateur avant de le tendre en direction de Tetsuko. Ce n’était pas aussi efficace qu’un katana, mais c’était largement suffisant pour se défendre. Point bonus au fait que ce métal pouvait annuler les capacités claniques, mais c’était un autre sujet que tu n’avais pas besoin d’aborder aujourd’hui. Tu ne comptais pas la blesser de toute façon.

Tetsuko n'était pas très convaincu par la justification que lui servit Kyoko sur son bras. Mais peu importe, puisque de toute manière la Kitto ne voudra jamais en démordre et accepter de se reposer. Elle ne pouvait pas lui en vouloir, elle-même avait ressenti le besoin d'être active après leur retour.

Kyoko joua avec son annulateur et le tendit vers elle, comme pour la mettre en garde avec un sabre. Sabre qu'elle n'avait plus, et qu'elle tentait de remplacer par d'autres de ses compétences en les renforçant. Tetsuko soupira discrètement et sortit elle-même son arme. En espérant que cette fois, personne ne se blesse involontairement...



Tetsuko frappa de son arme contre l'annulateur avec un bruit métallique, pour ouvrir le combat. Elle ne savait pas si elle avait une chance de battre son amie, mais cela ne pouvait que la faire progresser.

La rouquine ne perdit pas plus de temps et t’attaqua rapidement. Son arme vint frapper la tienne plusieurs fois, il s’agissait l’un de simples passes d’échauffement. Pourtant déjà, tu voyais les limites de ton arme. Ne possédant pas de réelle poignée, les vibrations créées chaque fois que vos armes s’entrechoquent parcourent tout ton corps, jusque dans ton épaule encore parfois douloureuse. Mais tu ne montres pas de signe de douleur, tu continues d’échanger des coups le sourire aux lèvres.



Alors que tu n’usais uniquement que de ton kyanseru jusqu’ici, tu envoyas soudainement ta jambe gauche en direction de celle de Tetsuko. Le coup n’était pas spécialement puissant ni rapide, un coup basique d’entraînement en somme. Tu voulais simplement vérifier les réflexes de la Uzumaki. Kyoko jugeait qu’il était difficile d’être une bonne épéiste sans pour autant être capable de connaître les bases du combat au corps à corps.

Les quelques coups échangés pour l'instant n'étaient rien de plus qu'un échauffement, histoire de voir comment était la dynamique du combat. Kyoko, qui devait se débrouiller avec un annulateur contre un sabre, se débrouillait quand même très bien. La Kitto proposa alors de compliquer un peu les choses. Tetsuko reconnaissait là bien son amie, toujours avide de défi. Cependant, elle fut presque surprise quand elle leva la jambe pour lui envoyer un coup de pied. L'Uzumaki connaissait l'aisance de sa camarade en Taijutsu, et savait qu'elle était loin d'être à son maximum. Elle-même n'était pas très forte dans le domaine, mais elle savait du moins esquiver un coup comme celui-là.

Elle prit appui sur son sabre contre l'annulateur de Kyoko pour faire un bond en arrière et éviter sa jambe, retombant sur ses pieds un peu plus loin. Malheureusement, si Kyoko décidait de vraiment augmenter la cadence, elle ne pourrait pas toujours esquiver. Bien que prévenu de ce pouvoir, il était possible de la mettre sous Genjutsu. Mais cela ne lui ferait gagner que peu de temps, car elle s'en rendrait vite compte, et connaissait les manières de se sortir d'une illusion… Ça valait quand même la peine d'essayer.

Tetsuko croisa le regard de Kyoko pendant une fraction de secondes seulement. Il ne fallait pas que ça ait l'air suspect, alors elle fit comme si de rien n'était et remit son sabre en garde. Maintenant, il fallait mentir. Elle repartit à l'assaut avec son sabre et donna un nouveau coup dans son annulateur. Elle fronça les sourcils.



Elle profita de ce petit temps pour tenter de l'immobiliser définitivement en lui glissant son sabre - à une distance respectable - sous la gorge.

La Uzumaki se défendait bien, mieux que ce à quoi tu t’attendais. À vrai dire tu n’avais pas eu une réelle occasion de la voir en action. Vous aviez certes combattu ensemble, mais la première fois n’était guère concluante, tandis que la seconde tu étais bien trop concentré sur ta propre cible. Elle esquiva aisément ton coup de pied, c’était le minimum. Peut-être sous estimais-tu trop les autres Konohajin.

Ce qui fut moins attendu néanmoins fut l’usage de son genjutsu. Tu ne te rendis compte de rien, bien trop concentrée sur le combat en lui même. Et pourtant, elle avait réussie, profitant de l’échange de coup, elle avait eu ton regard, n’était-ce qu’un instant. Soudainement elle se mit à te parler, tu pensais d’abord que c’était par réelle attention, mais finalement tu te rendis compte qu’elle pensait avoir déjà gagné ce combat. Tu avais un mal fou à mouvoir ton corps, comme si quelque chose te retenait. Ce n’est qu’après avoir vu son visage que tu compris ce qui venait de se passer.



Ce n’était pas faute de savoir qu’elle était une utilisatrice du genjutsu, pourtant tu n’y avais pas songé, du moins tu pensais qu’elle n’oserait pas l’utiliser. Alors qu’elle avait probablement son regard fixé sur tes yeux ou ton arme, tu fis discrètement quelques mudras de ta main gauche. Puis, alors que tu affichais un sourire sur ton visage, consciente que son genjutsu ne ferait plus effet très longtemps désormais, tu lui dis calmement :



Tu effectuas ton dernier mudras et lâcha alors l’annulateur que tu tenais jusque là, lorsque tes mains se recouvrirent de chakra, tu vins abattre celles-ci sur l’arme de Tetsuko. Ce jutsu était utile, surtout dans le cas présent où tu ne possédais plus ton arme, tu avais eu besoin d’une solution de secours. Alors que tu déviais son arme avec tes mains, tu envoyas un coup de pied dans l’épaule de Tetsuko. Un peu plus fort que le précédent, assez pour lui faire lâcher son arme mais pas assez pour réellement la blesser. Il était cependant possible qu’elle ait remarqué ta manigance, lui laissant assez de temps pour esquiver ta jambe.

Kyoko comprit rapidement, comme elle s'en doutait. Peu importe, ça pourrait lui faire gagner un peu de temps. Elle était presque étonnée qu'elle en ait fait usage, mais Tetsuko ne pouvait se permettre de ne pas exploiter l'avantage que lui conférait ce pouvoir. Certes, il n'était utilisable qu'une fois, à moins de chance, avec un même adversaire.
Mais quelque part, l'Uzumaki avait peut-être envie de voir à quoi ressemblait un combat avec Kyoko à son maximum... son maximum sans risques d'être hospitalisée ; elle n'oubliait pas ce pauvre Kitto Mamoru qu'elle avait à moitié dû porter jusqu'au centre de soins.



A présent, le Genjutsu n'allait plus tarder à se dissiper, faisant passer son amie d'état de lourde statue à arme dangereuse et rapide. Et malheureusement, ce moment arriva plus vite qu'elle ne l'espérait : les mains de Kyoko se recouvrirent de chakra - électrique, jugea-t-elle - et vinrent s'abattre sur le sabre de Tetsuko. Déjà déstabilisée, le coup de pied de la Kitto lui fit lâcher son arme. En mauvaise posture, il fallait qu'elle trouve un rapide moyen d'éloigner son adversaire. A distance, elle serait avantagée.

Elle n'avait appris que les bases de son pouvoir clanique, mais ce qu'elle en savait devrait bien suffire. Tetsuko invoqua des kunai rapidement dans ses mains, elle les lança en direction de Kyoko. Ce n'était que des armes d'entraînement, complètement inoffensives, mais suffisantes pour faire reculer l'adversaire.
L'Uzumaki en profita pour ramasser son sabre, même si elle devait avoir un léger bleu à l'épaule.

Visiblement la Uzumaki était pleine de ressource. Rien d’étonnant finalement lorsque l’on connaît la réputation du clan. Il aurait été utopiste que de penser que la séparer de son arme serait suffisant. Pour la seconde fois de ta vie, tu voyais le Fuinjutsu à l’œuvre. Cette capacité clanique était pour le moins fascinante. Le fait que celui-ci soit lié de loin au dôjutsu Kitto l’était d’autant plus. Fort heureusement pour toi, il ne s’agissait là que d’armes d’entraînement. Tu paras les kunai t’arrivant niveau du visage et du torse, mais fut incapable d’anticiper également celui qui vint percuter ta jambe. Certes ils n’étaient fait pour percer la peau humaine, mais les murs en toiles du dôjo en revanche… En te retournant, tu t’aperçus que l’un des kunaïs avait légèrement déchiré la toile. Peut-être aurais-tu dû préciser que les armes de lancer n’étaient pas autorisées ici… Le chakra qui parcourait tes mains disparut soudainement, et ton visage affiche un air légèrement gêné.



Tu remarquas alors que la Uzumaki en avait profité pour ramasser son arme. Tu ne peux t’empêcher d’afficher un sourire satisfait, au moins elle était venu ici avec un état d’esprit sérieux, tu redoutais un peu que cela ne soit pas le cas.



Tu allas ramasser ton arme que tu avais lâchée précédemment et la plaça à nouveau dans ton dos. Puis, tu te dirigeas vers un banc, saisissant l’une des gourdes remplies d’eau présente sur celui-ci, tu la balance en direction de Tetsuko.



En y réfléchissant bien, il y avait peut-être une chose que tu pouvais l’aider à apprendre. Un atout que tu tenais de la Hokage, ce fut l’une des premières choses qu’elle t’enseigna. Toutefois cela demandrait un certain investissement de sa part.

Oups... Un des kunai d'entraînement avait abîmé le mur derrière Kyoko.



Sa camarade alla ramasser son arme, lâché un peu plus tôt, et la rangea dans son dos. Se dirigeant vers un des bancs, Tetsuko comprit le message et remit son sabre dans son fourreau aussi. La Kitto lui lança une gourde d'eau, qu'elle attrapa au vol avec un petit saut. Elle but une gorgée, attentive à ce que lui dit son amie. La cadette ouvrit de grands yeux avant de répondre.





Rien à lui enseigner, vraiment ? Kyoko était si forte, toujours sûre d'elle ; elle était un peu la personnification d'un sabre, tranchant, puissant, fin, donnant des coups sans hésitation. Peut-être n'était-ce qu'une question d'état d'esprit.

Tu marquas une courte pause. De toute façon, Tetsuko et toi n’étiez pas supposées vous affronter, bien au contraire. Et ses aptitudes étaient intéressantes, l’avoir à tes côtés n’était pas une mauvaise chose.



Contrairement à ce que tu pensais en la rencontrant, la Uzumaki était d’avide d’apprentissage, mais aussi de combler ses éventuels défauts. Elle aura été plus lucide que toi sur ce point, tu avais mis longtemps avant de commencer à travailler autre chose que les combats au corps à corps. Un professeur spécialisé pourrait lui enseigner des choses… toi non.

Même si, après leurs derniers exploits, elles n'allaient pas être convoquées ensemble avant un moment. Mais travailler ensemble ne pouvait pas faire de mal, après tout.



Pour l'instant, elle n'avait rien de mieux à faire. Depuis leur retour de mission... c'était le calme plat pour ne pas dire l'ennui mortel. Tetsuko n'avait pas eu de nette progression depuis plusieurs mois déjà. Pour ainsi dire, elle stagnait. Kyoko était certes aussi Genin, et n'était pas beaucoup plus âgée qu'elle, mais elle en savait au moins un peu plus qu'elle, du moins c'était son sentiment.