« Shina-san ! Vous ne pouvez pas, je le répète, descendez de cette toiture ! Si votre père apprend ça, nous sommes tout les deux finis ! »
« Pourquoi ? Il va me bannir de la maison moi aussi ? Tout ira bien, vous n’aurez qu’à prétendre que vous étiez en train de dormir, à tout à l’heure ! »
« N-Non ! Attendez, revenez ! Raaaah, j’en ai ma claque de cette gamine ! »
Il pouvait s’émoustiller autant qu’il le souhaitait, j’étais bien déterminée à sortir de chez moi ce soir. Mon père absent ? Une opportunité que je ne pouvais pas gâcher. J’étais lasse de cette vie qu’était la mienne. Tantôt enfermée chez moi, tantôt obligée d’avoir l’air de mademoiselle parfaite auprès des autres Hattori, ne pouvais-je pas avoir un semblant de liberté ? Non bien sûr, mon père ne me l’autoriserait pas. Encore moins maintenant que mon frère à réussit à suffisamment lui faire perdre patience pour te faire envoyer loin de Kumo. À cause de lui, je me retrouvais encore plus restreinte dans mes mouvements. Mon frère était mon seul ami, maintenant qu’il n’était plus là, je n’avais plus personne vers qui me tourner. Alors pour une rare fois, j’ai décidée de désobéir. Je me suis enfuie par la fenêtre de ma chambre sous le regard impuissant de l’homme qui était supposé veiller sur moi. Je savais qu’il n’en dirait rien, il m’appréciait bien trop, je profitais un peu de la situation, je dois bien l’admettre.
Mes pas se perdent dans les ruelles de Kumo. Rares étaient les fois où je m’étais retrouvée là à la nuit tombée. Dans l’ombre, ce village semblait totalement différent, j’avais l’impression de me perdre dans un village que j’étais pourtant censée connaître. Le hasard me mena jusqu’au quartier du plaisir. Bon d’accord, ce n’était pas tout à fait le hasard. Mais le bar sur lequel je tombe après quelques minutes lui n’était pas de mon choix. Je pénètre à l’intérieur de celui-ci et tout de suite j’ai la sensation d’avoir atterrie dans un autre monde. L’odeur de tabac et d’autres étrangetés que ces gens inhalent parviennent jusqu’à mes narines, cette odeur est franchement désagréable mais je tente de rester « normale » au milieu de toutes ces personnes. Je remarque aussi ces femmes qui ont visiblement perdu toute pudeur et dignité, nous étions apparemment très loin d’avoir reçu la même éducation elles et moi…
« Tant de décadence réunie en un seul endroit… »
Chuchotais-je alors que je commence à m’avancer vers le bar. Je prends place autour de celui-ci, à côté d’une femme et d’un homme qui apprécient un peu trop d’échanger leur salive. J’étais pourtant certain d’avoir vu cette femme en compagnie des trois autres types là-bas un peu plus tôt… mais bref, je me contente d’ignorer, je ne vais pas commencer à juger.
« Un verre de euh… Peu importe, ce que vous avez. »
Demandais-je discrètement au barman. J’avais beau essayer de faire semblant, je ne connaissais rien à ce monde dans lequel je venais d’entrer. C’était à l’encontre de tout ce que l’on m’avait enseigné jusqu’à aujourd’hui. J’avais été éduquée pour être la bonne fille après tout. Mais finalement, qui étaient les plus heureux aujourd’hui entre eux et moi ?