La joie dans la mort.

Cette maison me rappelle tant de souvenirs d’enfance. Combien d’heures avais-je passé à gambader à travers les couloirs ? Combien de fois avais-je manquée de dévaler ces grands escaliers de marbres sur le derrière en courant après mon frère ? C’était difficile de voir cette demeure autrefois somptueuse, être devenue aussi décrépite. Elle avait traversée les âges, mes ancêtres se l’étaient légués un à un, et aujourd’hui, alors qu’elle est mienne, je ne me suis jamais sentie aussi peu à ma place. Il y a tant de pièces vide de vie. Des immenses cuisines inutilisées… Et lorsque que j’approche de notre véranda, et que j’observe l’immensité de notre jardin depuis le premier étage, je ne peux qu’avoir envie de pleurer tant ce lieu sent la mort. À la mort de ma mère, il paraît que mon père avait commencé à changé peu à peu. Mon frère et moi ne nous en étions jamais rendu compte, pour moi qu’il avait toujours été ce vieil homme acerbe. Ses yeux perçants suffisaient à m’intimider. En vérité, il n’avait simplement jamais supporté sa perte. Il avait renvoyé les domestiques, seuls ceux s’occupant de mon frère et moi étaient encore présents. Puis le jour où il envoya mon frère loin de chez nous… cela ne fit qu’empirer. Les jardins furent laissés à l’abandon, le ménage cessait d’être fait, la poussière s’entassait dans les pièces inutilisées. Et me voilà aujourd’hui, au beau milieu de cette immense et vide demeure, me demandant si tout cela vaut bien la peine d’être gardé. J’avais toujours pensée que je serais libérée à la mort de mon père, que tout mes problèmes s’en iraient et que je pourrais vivre ma vie comme je l’entendais.

Mais non, mes obligations étaient désormais toute autre. J’étais propriétaire de ce domaine que je ne pouvais pas entretenir, je n’en avais ni l’envie, ni les finances. Mais plus encore, j’allais devoir devenir la diplomate que mon père espérait tant. Ma vie allait être ponctuée par des voyages interminables, bien loin de chez moi. Quel intérêt avais-je à garder ce tas de briques ? Et bien, il me restait simplement un espoir, celui que mon frère ne daigne se montrer un jour ou l’autre. Deux semaines que notre père à été enterré et toujours aucun signe de lui… je commençais à croire que lui aussi avait perdu la vie. Pourtant, j’aurais cru que dès qu’il eut été libre, il serait revenu jusqu’à Kumo en courant, ne serait-ce que pour moi. Peut-être surestimais-je la valeur que j’avais à ses yeux.

Je venais à peine de rentrer à Kumo que déjà de nombreuses connaissances d'antan m'abordaient et me distrayaient de ma trajectoire. Je me souviens de toutes, enfin, seulement de leur visage. Leur nom ? Impossible de m'en souvenir, mais les nuits passé à leur côté... Une tout autre anecdote.




Confirmais-je en caressant la joue de l'une d'entre elles en la dévorant des yeux. Pour une autre de ces charmantes femmes, je me contente simplement de déposer un baiser sur mes doigts avant de les coller sur les lèvres de la plus jolie. Il fallait que je me retires très vite de là, sinon je risquais de la faire encore attendre. Ma précieuse Shina, ma soeur bien aimée à laquelle je donnerais ma vie et tout l'amour du monde.

Je me dirigeais alors, d'un pas pressé vers la demeure familiale. Combien d'années cela faisait-il que je ne l'avais plus vu ? J'aimerais sincèrement rattraper tout ce temps perdu que nous passions loin de l'un et de l'autre. Mais le "destin" au nom de "père" en décidait bien autrement. Si Shina fut "gâtée" par lui, pour moi il me déconsidérait en me rejetant et m'isolant loin, très loin de la plus belle des créatures. Un petit moment de nostalgie s'installait dans mon esprit en scrutant les ruelles que je connaissais depuis gamin. Me rappelant ainsi le bon vieux temps passé avec ma jumelle à faire des farces aux marchands et vendeurs du coin. Je baissais la tête, m'arrêtant un instant sur les quelques fleurs qui poussaient... Ce n'était pas la saison pourtant, peut-être que le soleil brillait un peu plus fort en cette journée si spéciale ? Un symbole de la vie pour un renouveau ? Je l'espérait au plus profond de mon être.

Ce n'est que bien plus tard que je parvenais jusqu'à cette demeure. Je ne l'aimais pas sachant à qui elle appartenait. Peut-être que les choses changeront dans le positif maintenant qu'il n'était plus là. D'ailleurs, je ne perdais même pas de temps à me rendre sur sa tombe et si je devais le faire... J'y laisserai la plus belle des marques dorée dessus. Ma manière de lui montrer encore une fois ma désapprobation de sa décision qui me brisait le coeur jadis, et dont il se moquait bien. Sortant de mes pensées qui m'amusait plus que tout autre chose pour le moment, je vins enfin ouvrir la porte. Inutile d'annoncer ma présence, désormais il ne devait rester plus grand monde maintenant.

Je rentrais dans la pièce principale, tout est si vide, si calme, si... depuis combien de temps le ménage n'avait-il pas été fait ? Je m'avance encore d'avantage avant de voir cette sublime femme, assise au milieu de tout. Son air mélancolique me faisait toujours le même effet... Je suis si heureux de la revoir et pourtant la peur me tordait le ventre. Si elle n'était pas contente de me voir ? Peut-être me berçais-je dans de nombreuses illusions en pensant qu'elle m'attendait, elle aussi ? Alors, un peu hésitant, j'avance encore pour qu'elle puisse entendre le bruit de mes pas.


M'annonçais-je d'une voix bien plus grave que lorsque nous nous étions quittés, les bras ouvert pour l'accueillir si elle le souhaitait. Je ne souhaitais plus qu'une seule chose à cet instant... Ne plus être séparé d'elle.

Alors que j’étais encore perdu dans mes songes, j’en fus sortis par une voix grave. Une voix que je ne reconnaissais pas. Je me retournais très vite vers mon « visiteur », et en un regard, je le reconnu tout de suite. Ce visage, ces cheveux, ça ne pouvait qu’être que toi pas vrai ?



Je ne perdis pas plus de temps pour me rapprocher de lui. À quelques centimètres alors, je pose ma main sur son visage qui est désormais orné d’une magnifique barbe. Il avait tellement changé, j’avais du mal à croire que c’était lui. Tant d’années après, il remet enfin les pieds dans cette demeure qui devrait être sienne. Mais l’inattendu allait se produire pour lui, je me reculais d’un pas, mon bras prit son élan et le bruit de la gifle qu’il reçut sur le visage résonna à travers toute la demeure.



J’étais folle de rage envers lui, si bien que je me m’y enchaîner mes coups de poing sur son torse. Je lui en voulais de ne pas m’avoir donné de nouvelles ne serait-ce qu’une seule fois. Mais en même temps, j’étais si heureuse de le retrouver. Je cessa de frapper, puis je le forçais à me prendre dans ses bras avant de fondre en larme. Je n’en croyais toujours pas mes yeux, après tout ce temps… J’aurais souhaité que cet instant de retrouvaille ne dure éternellement, je n’avais pas été si heureuse depuis bien longtemps. Mon frère, le seul et l’unique, était enfin rentré chez lui.

Ma délicieuse soeur se levait sans vraiment attendre... Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que la claque ne va pas tarder en la connaissant. Je pouvais sentir sa douce main caresser mon visage, mais surtout ma barbe avant de la voir reculer et de me prendre ma main en pleine face ! C'était prévisible, si prévisible venant de sa part. Je n'eus pas le temps de m'excuser auprès d'elle qu'elle me hurlait déjà dessus. Ah la la... Les femmes toujours aussi ardente sur leur manière d'être que dans leur parole.

Etrangement, je peux ressentir toute sa rage et toute sa haine envers ma personne. Elle me frappait encore et encore de ses poings serrés faiblement pour me prouver à quel point je lui ai manqué. Je ne pouvais m'empêcher de sourire le regard tendre le temps qu'elle se calme un peu et passe ses nerfs sur ma personne. Une fois chose faite, elle finissait par se blottir dans mes bras les yeux larmoyants de plus belle et ses léger gémissements de souffrance... Je resserrais l'étreinte, l'enveloppement entièrement à l'aide de mes bras. Je lui chuchotais alors mes quelques mots, lui exprimant à mon tour ma joie de la revoir.


Elle portait toujours un parfum des plus enivrants, la douceur de ses cheveux dont je passais mon temps à les brosser autrefois. Aujourd'hui, j'étais certain d'une chose, je ne voulais plus la voir ou l'entendre pleurer, cela me déchirait le cœur. M'écartant légèrement, je saisis son visage tendrement avec l'une de mes mains, gardant mon autre bras autour de sa taille. La regardant droit dans les yeux en lui essuyant les larmes encore chaudes sur ses joues, je lui expliquais indirectement le pourquoi elle n'a jamais eu de mes nouvelles...


Je vins alors déposer un baiser sur son front, signe que je lui donnais tout mon amour et ma protection par la même occasion. J'y tenais bien plus que ma propre vie. Elle était la lune qui éclairait mes nuits de solitude lorsque j'étais seul, le soleil qui réchauffait ma peau en été quand ca ne finissait pas en partie de jambe en l'air avec une donzelle égarée ou encore la flamme qui réchauffait mon cœur provoquant en moi ce fort désire de la butiner... Mais qu'est-ce que je raconte ? Elle était tellement magnifique et devenue femme qu'elle me donnait envie de l'embrasser maintenant. N'étant pas ce genre d'homme, je me contente de la dévorer du regard simplement.


Je tentais clairement de passer mon envie de vouloir me fondre en elle surtout dès la première journée de nos retrouvailles. Mais nos corps aussi près cela deviendrait très difficile de se contenir aussi longtemps et il n'y a pas que ça qui risquerait de devenir dur...

Ces mots, ces quelques mots qui suffisent à me faire me sentir mieux que jamais. Je ne voulais plus quitter ses bras, plus un seul instant je ne souhaitais être séparé de lui. Nous avions dix années de notre vie à rattraper et je ne comptais pas perdre une seule occasion d’être avec lui. Il n’y avait plus personne pour nous en empêcher désormais, j’avais la sensation de revivre, mais j’avais aussi peur que tout cela ne soit qu’un rêve. Mes bras passant autour de son corps, je me fais une joie de me blottir contre lui et sa carrure si agréable. Il était un homme désormais, et pas désagréable à regarder du tout… ce n’était pas mon genre d’avoir ce type de pensées, mais il faut bien avouer qu’en sa compagnie, je commençais à avoir certaines pulsions qui montaient en moi. Rien ne s’arrangea alors qu’il saisissait mon visage avec sa main tout en essuyant mes larmes.



Alors qu’il déposa un baiser sur mon front, je me blottis à nouveau contre lui, je ne pouvais plus m’en passer. La chaleur de son corps, sa proximité. J’étais pourtant tous sauf très tactile d’habitude. Aïko et lui étaient les seuls autorisés à poser ne serait-ce qu’un doigt sur moi. C’est alors qu’il me demandait à demi-mot comment s’est passé ma vie depuis son départ… Qu’est-qu’il croyait ? Cela avait été horrible sans lui. J’étais déboussolée après son départ, puis les règles étaient devenues encore plus strictes. Je restais au bord de ma fenêtre chaque soir, les larmes aux yeux, espérant qu’il franchisse à nouveau le portail de cette demeure. Je reculais alors quelque peu mon visage de son torse, plongeant à nouveau mon regard dans le sien.



Il devait probablement se souvenir de lui. Cet homme avait fait une grande partie de mon éducation. C’était ce pour quoi il avait toujours été payé par la famille, mais au fil des années j’avais lié une véritable relation de confiance avec lui. Même s’il remettait souvent mes choix en cause, je pouvais toujours compter sur sa loyauté.



Dis-je en levant un sourcil. Je venais de lui demander indirectement s’il avait eu le temps de s’amuser avec les gourdasses du coin pendant que moi j’attendais désespérément son retour ici, jour après jour.

Le vieil Hattori n'était pas un imbécile, si Shina ma sœur pouvait vivre comme une princesse enfermée ici à attendre mon retour dans la plus grande souffrance, dans le plus grand silence... Pour ma part je vivais comme un reclus, un paysan qui se faisait battre à la moindre occasion. Mais avec le temps, j'eus de la chance de pouvoir développer les facultés de notre clan et d'enfin réussir à fuir cet endroit maudit et de pouvoir au moins rejoindre les terres kumojins.

En revanche, je comprenais très bien la jalousie que ma sœur porte aux nombreuses femmes qui m'abordaient. Ce n'est pas pour autant que je les emmenais toutes dans mon lit, je choisissais seulement les plus belles. Surtout celles qui me faisaient penser à toi, ma très cher sœur...


Bon, peut-être en avait-il eu au moins trois ou quatre entre la route de Tekunoroji jusqu'à ici... D'accord. Je ne sais pas mentir et je sens que bientôt la deuxième claque va venir égaliser la première. Enfin, tant que c'était elle qui me frappait, ca ne me posait aucun problème, bien au contraire, ca ne fait qu'accroitre mon envie d'elle.


Mes paroles étaient sincères, mais si Shina voulait me garder uniquement pour elle, elle allait devoir me dompter et "m'attacher en laisse". Pour le moment, je jouais encore un peu avec sa chevelure, si douce...

Il prétendait pourtant le contraire. Devais-je le croire ? J’aurais été très vexée que ce soit le cas, et il l’avait sans doute bien compris. Toutefois pouvais-je lui reprocher après tout ? Il restait le seul homme pour qui mon regard était… différent, mais le contraire n’était peut-être pas tout aussi vrai. Je sens dans le timbre de sa voix que ce n’est qu’un vilain mensonge, puis au fond de moi, je le lis dans ses yeux aussi.



Demandais-je avec une petite voix. Quoiqu’il en soit, qu’il eut d’autres femmes dans sa couche ou non, aujourd’hui il semblait enclin à vouloir rattraper le temps perdu avec moi et surtout, pour que je lui pardonne. Mon cher frère… tu as été pardonné dès l’instant où tu m’as prise dans tes bras, mais très bien, je vais en profiter un peu. Je recules alors de quelques pas, et un sourire malicieux sur les lèvres je lui demande alors :



Mes joues prirent alors une teinte bien plus rosée, je me saisis alors de sa main que je fais passer autour de ma hanche, je m’approche ensuite de lui et poursuis d’une voix plus basse et douce :

Je savais à quel point Shina, ma sublime Hattori, pouvait être une chipie... Mais ce n'était pas pour me déplaire. Son comportement de petite princesse gâtée m'amusait tellement que je ne pouvais m'empêcher de lui sourire et de la dévorer du regard pour la énième fois.


Ses joues si douces, si chaudes prenaient une teinte bien rouge, alors qu'elle tenait ma main pour la déposer sur les parfaites courbes de sa hanche. Cela ne me laissait pas du tout indifférent et encore moins lorsqu'elle me chuchotait de sa petite voix dans le creux de mon oreille. Je commençais à transpirer tant il était difficile pour moi de garder le contrôle de mes pulsions sexuels.


ajoutais-je de ma voix grave et suave. Je l'attirais contre moi un peu plus brutalement en déposant ma tête sur son épaule et humant d'avantage son parfum qui commençait à me faire perdre les pédales. Mon étreinte se resserrait d'avantage sur elle, mais je ne voulais pas la forcer à quoi que ce soit.

Je l'éloignais alors un peu de moi, la regardant droit dans les yeux en lui relevant le menton. Nous étions qu'en début de journée, que souhaitait mademoiselle en cet instant ?


Au vu de sa beauté parfaite, cela ne m'étonnerait guère que cet infâme homme la gardait pour lui. Il devait patiemment attendre de la voir encore mûrir un peu avant de cueillir la fleur du jardin secret de sa propre fille. Une chose à laquelle je m'étais opposé et battu, car une belle dame comme elle ne méritait pas de finir dans le lit d'un vieux type immonde. Rien que d'y penser cela suffisait à me mentir encore pour le moment.

Qu’il s’amuse donc avec son imagination en attendant. Mon frère n’avait jamais su cacher son attirance envers la gente féminine, et j’aimais à croire que je ne le laissais pas indifférent non plus… Pourtant, nombreuses furent les occasions pour lui et moi de nous rapprocher encore plus, mais cela n’était jamais arrivé. Mais ce regard qu’il me portait, la tendresse dont il faisait preuve avec moi… tout cela me rendait si différente. La jeune femme que j’étais, enfermée dans sa petite routine de princesse au cœur froid, était prête à réaliser l’impossible pour lui.



Il avait tant enduré pour moi, quand je n’étais qu’une gamine je ne m’en rendais pas réellement compte. Je pensais que tout cela ne lui faisait rien, qu’il était plus fort que tout. Mais il avait souffert, peut-être même bien plus que moi. Je tendis alors ma main vers lui, nous avions grandis, mais j’apprécierai éternellement les plaisirs simple de la vie en sa compagnie.

Shina ne changeait vraiment pas depuis les dernières fois. Fidèle à elle-même. Alors si tel était son souhait que je l'emmène à l'extérieur de ce fichu endroit, je n'y voyais aucun inconvénient.


Sans crier gare, je me saisissais de sa douce main et l'embarquait vers l'extérieur en courant l'obligeant à me suivre. Cela me rappelait tout les bons souvenirs de ces moments que nous partagions étant gamin jusqu'à ce que nous nous perdîmes de vue...


Nous passions à peine le pas de le porte, qu'une fois à l'extérieur je ne pouvais m'empêcher de l'attirer à moi et de la porter dans mes bras. Je voulais lui faire découvrir une petite nouveauté, quelque chose à laquelle elle ne s'attendait pas. Si autrefois je lui tenais la main pour que nous nous échappions, aujourd'hui je la porterai pour m'enfuir avec elle.


De ma nature à aimer les femmes, s'il y en avait une qui surpassait toutes les autres c'était bien elle. Elle représentait tout pour moi et à ses côtés j'ai ce sentiment de ne faire qu'un avec elle... Je la maintiens dans mes bras ne voulant pas qu'elle tombe en profitant de sa chaleur contre mon torse. Cette chaleur, cette douce sensation... Je m'interdisais de la perdre à nouveau et serait prêt à me salir mes mains pour son bien-être.

Mon cher frère… Comment ai-je réussie à vivre sans toi durant toutes ces années ? Loin de tes mains d’une tendresse incroyable, loin de ce regard que tu me portes qui me fait me sentir si unique. Je peine toujours à croire que tu es réellement là, que tu enfin revenue chez toi, là où tu te dois d’être. Tu sembles si différent mais pourtant inchangé à la fois, la personne que tu étais à l’intérieur elle est toujours là. J’avais peur que tu ne reviennes jamais, mais j’avais aussi peur que tu sois… une autre personne. Aurais-je pu t’en vouloir ? Exilé loin de chez toi, dans un lieu où l’on te détestait sûrement pour ce que tu étais.



Lui dis-je alors qu’il m’emmenait comme lorsque nous étions enfant. Nous étions né qu’à quelques minutes d’intervalle, mais tu portais très bien le rôle du grand frère. J’avais hâte, peu importe où tu pouvais m’emmener, je serais ravie. Même au fond d’un ravin, démuni, du moment que tu te trouves ici, à mes côtés, tout m’ira. Peut-être un jour oserais-je t’avouer tout cela de vive voix ? Mais tu étais doué avec les femmes, tu devais déjà t’en être aperçu pourtant… Lorsqu’il se mit à me porter dans ses bras, je mis immédiatement les miens autour de son cou. Mon visage était si proche du sien, je pouvais me perdre dans ses yeux. J’étais tellement absorbée par son regard, que je n’arrive qu’à peine à répondre :



Où étais donc passée la jeune femme pleine de confiance en elle ? Disparue, tout comme le reste de mes problèmes. À cet instant, je n’avais plus qu’une chose en tête, et plus rien ne pouvait m’empêcher d’être avec lui. Je collais alors ma tête sur son torse, et j’ajoutais faiblement :

Plaisant de savoir que ma très chère sœur jouait à ce petit jeu avec moi. C'était une chose que j'aimais chez elle, elle était très entreprenante sur pas mal de choses et je n'ai pas, à ce jour, goûté au plaisir charnel à ses côtés pour le savoir. Lorsqu'elle se tenait là, dans mes bras je pouvais sentir la frêle femme à protéger, la douce biche qui n'osait plus vraiment me regarder et profiter de mon enveloppe corporel pour se sentir à l'abri. Je pouvais l'entendre respirer et murmurer par la même occasion les milles merci qu'elle m'offrait gracieusement. Je ne pouvais que resserrer mon étreinte en déposant un baiser sur sa joue pour la rassurer.




Pour écourter un peu ce moment émotionnel et ne voulant pas montrer ma faiblesse devant elle, je commençais ma course tel le preux chevalier servant voulant sauver sa dame des griffes d'un adversaire. Si je ne la connaissais pas, au vu de ses conditions bien trop bourgeoises pour elle et de l'ennui que cela lui procurait, je l'emmènerais au point le plus haut du village pour qu'elle puisse s'y émanciper en regardant l'horizon. Cette fois-ci elle ne sera plus seule... Ô ma sublime sœur, plus jamais je n'oses imaginer être encore loin de toi ou ne serait-ce que de passer une journée sans te voir... Ne t'inquiètes plus, ton frère est prêt de toi et je ne laisserais plus seule désormais !