Tes yeux étaient embués. Embuéx par la colère, par la haine, mais aussi par la tristesse. Ta voix transperçait tous les murs d'Ahen, tu hurlais de rage. À crier de la sorte, tu allais inévitablement abîmer ta douce voix. Tu ne pourrais plus chanter pendant quelques jours. Bien qu'habituellement, c'était le genre de chose auquel tu faisais attention, aujourd'hui, cela te passais bien au-dessus. Tu te tenais droite, le regard fixé sur l'estrade de la pièce principale de l'établissement. Des bruits de pas qui accourait en ta direction tentait péniblement de s'imposer face à tes cris... En vain... Tu ne pouvais détacher tes yeux de cette scène... Une voix tremblante prit le risque d’interrompre tes hurlements. Une Miwaku qui travaillait pour toi inquiétait et te demanda l'origine de ta détresse. Tes yeux, rougis par les larmes se posa sur elle, la haine t'habitait, et tu lui hurlas dessus, bien que celle-ci soit innocente.
« VAS ME CHERCHER IMMÉDIATEMENT FUSAMUNE ET MIYU ! »
Tu cessas tes cries alors que la servante s’exécuta sans demander son reste. Il était fort probable que celle-ci n'a nullement besoin de chercher bien loin pour trouver tes deux cousines. Probablement, se dirigeaient-ils déjà vers toi, alerté eux aussi par tes hurlements incessant ? Tes yeux se rivèrent à nouveau vers l'estrade, et tu constatais à nouveau le vide qui l'habitait. Le vide... Avec désespoirs, tes yeux firent pour une énième fois le tour de la salle. Tu avais tout mit sans dessus dessous. Les coussins étaient éparpillés aux quatre coins de la pièce. Les servantes d'alcool étaient renversées, les bouteilles cassées à même le sol, les fauteuils retournés. Tu avais tout détruit... Sans exception. Fort heureusement, l'établissement n'avait pas encore ouvert ses portes au public... Tu avais cherché dans chaque recoin, sans pour autant les trouver...
Tu te retournas alors que la porte coulissa à nouveau. Cette fois-ci, c'est la silhouette des deux personnes qui t'était le plus proche qui apparut. Fusamune et Miyu. Tu perçus dans leurs regards l'étonnement. Que s’imaginaient-ils à cet instant en voyant le baisodrome dans un tel état ? Peut-être penseraient-ils qu'il serait temps pour toi de diminuer ta consommation d'alcool et de narcoleptique ? Mais, ils étaient bien loin de s'imaginer ce qui était arrivé ici... Tu tombas les genoux au sol, t’égratignant la peau sur des morceaux de verre. Mais cela, tu t'en fichais royalement...
« On nous a volés... On nous a volé tous nos instruments... »
Les instruments avaient disparu durant la nuit. Tous. Bien évidemment, vous possédiez suffisamment d'argent pour racheter l'intégralité de ceux-là. Mais la qualité de vos instruments était-elle que chacun d'entre eux était unique. Et la rareté de ceux là faisait que les délais pour en posséder de nouveau étaient extrêmement long. Il te semblait inconcevable de passer plusieurs mois sans pouvoir toucher la finesse d'instrument de qualité, sans pouvoir offrir une mélodie harmonieuse, douce et extraordinaire... Tu avais vécu dix longues années dans une grotte, loin de tout instrument digne de ce nom. Et alors, vous étiez revenu à Kumo, la joie que tu avais ressentie lorsque tes mains avaient retouché un véritable violon, tu ne pouvais l'oublier de ci-tôt... Non... Tu refusais d'être séparé à nouveau de tes instruments...