Une enveloppe se trouvait posée juste devant toi. De tes doigts graciles, tu vins la récupérer, curieux de savoir ce que celle-ci pouvait contenir. Minutieusement, tu l'ouvras et en extrait deux choses. Premièrement, une lettre pliée et secondement, une carte que tu reconnaissais entre mille, puisque c'étaient les modèles que tu utilisais pour stocker des informations ou afin de conclure des contrats avec certain client. Tu te souvenais encore du jour où tu en avais donné une à Emi. Ce jour-là, elle t'avait sauvé la vie in extremis et puisque ton sauvetage avait inclus la destruction de toutes tes marchandises, tu t'étais retrouvé dans l'incapacité à lui offrir le salaire pour lequel elle travaillait. C'était ainsi que tu avais contracté une dette d'une valeur inconnue auprès de cette Kaguya. Aujourd'hui, il semblait être l'heure de t'acquitter de celle-ci.
Tu pris la carte entre tes doigts et laissas ton chakra parcourir le papier. Rapidement, une simple phrase fit son apparition. Tu n'avais nullement besoin de cela pour savoir ce qu'il serait inscrit, cependant, c'était une manière pour toi de t'assurer de l'authenticité de la requête. La seconde qui s'ensuivit, la carte prit feu entre tes doigts, chose bien aisée pour utilisateur du katon. Elle n'était plus d'aucune utilité, puisqu'en ce jour, tu allais t'acquitter de ta dette. Tu étais un homme de parole.
Alors que quelques voluptés de fumé parcouraient la salle, ton regard se fit plus sérieux. Tu dépliais la lettre et commençais la lecture. Ton visage n'exprimait rien d'autre que l'attention que tu offrais à ce courrier. Tu lus rapidement les banalités du premier paragraphe. Non pas que ceux-là ne t'intéressais guère, mais simplement, que tu ne souhaitais pas t'évader trop longuement dans ta lecture, après tout, tu avais deux invités face à toi. Tu osas un sourcil à la première demande d'Emi. Un accord commercial. Tu aurais pu laisser échapper un rire si cela était de mise, tant cela te paraissait incongru. Visiblement, il y avait eu de l'évolution dans la vie de cette jeune femme. Toujours était-il que tu ne refusais que rarement de discuter d'un accord commercial. Alors, il te semblait évident que tu évoquerais ce sujet avec la femme qui se trouvait face à toi afin d'organiser cela.
Arriva enfin l'instant que tu attendais. Qu'elle allait être le prix de ta parole. Tu devais admettre que ton cœur battait quelque peu plus vite qu'à son habitude. Tu craignais les attendes d'Emi. Cependant, dès l'instant où tu finis la lettre, tu rigolas. Tu rigolas d'un rire cristallin alors que tu repliais avec élégance le courrier que tu vins glisser dans ta poche intérieure. Il te fallut quelques secondes supplémentaire pour cesser de ricaner et de retrouver ton souffle.
« Sacrée Emi ! Je le savais ! J'en étais certain ! »
Tu ne précisais pas l'objet de ta certitude, préférant la garder pour toi. Mais tu savais au plus profond de toi, que malgré la froideur de cette jeune femme qui avait partagé ta route dès années auparavant, se cachait de la bonté. Elle qui ne disait agir que pour l'argent, voilà que sa demande prouvait le contraire. Tu avais conscience que chaque homme possédait une part d'humanité pure en lui, une humanité qui poussait à penser à autrui avant soit. Et aujourd'hui, Emi venait de confirmer une nouvelle fois ta théorie.
« Difficile... Très difficile... Mais cependant, pas impossible... »
Tu parlais à voix basse. En réalité, tu te parlais à toi-même, oubliant durant quelques instants la présence de Sayuri et de Yû face à toi. Alors, tu te repris.
« Vous avez donc aucune idée de ce qui se trouve dans cette lettre, Sayuri-san ? »
Le serveur qui nous avait accueilli et installé dans cette salle fit une nouvelle irruption, les bras chargés de différent plat qu'il vint entreposer sur la table avant de quitter la pièce.
« Je vous en prie. Mangez à votre faim et racontez moi comment vous avez rencontré Emi. »
Tu ne pouvais aborder le sujet de vivre à Konoha, tout du moins, pas dès à présent. Tu te devais avant cela, de gagner davantage la confiance de cette femme. Visiblement, Emi te pensais capable de la convaincre de rester. C'était à toi d'agir désormais afin de t'acquitter pleinement de ta dette... Sacré dette... Mais finalement, n'était-ce pas là, le fondement même de la bonté. Ta vie avait été sauvé, il était désormais à ton tour de sauver celle d'autre personne...