L’escorte

Alors que le dernier loup tombait, Kenshin ne se retournait pas. Confiant dans les capacités de son compagnon d’armes à protéger Tetsuko. Il fit tourner sur lui même son Yari dans sa main avant d’y apposer un coup de paume sur le manche pour chasser le sang sur la lame avant de tout simplement le remettre sur son épaule prêt à repartir, quand Kitsune l’interpella. Lentement il se retourna le regardant derrière son masque. Sans ce fameux masque, elle aurait pu y voir l’incompréhension la plus totale.



Demanda t’il avant que finalement Tetsuko n’intervienne lui mettant la puce à l’oreille. Cette technique. Il l’utilisait très rarement. Il planta son Yari dans le sable avant de faire de même avec la dague à sa ceinture. Il écarta ensuite les bras doucement faisant un pas vers Kitsune.



Il s’approche doucement encore jusqu’à appuyer son ventre sur la pointe du katana de son compagnon d’arme.



Explique t’il en restant dans sa position le ventre offert à Kitsune.

Nous restâmes silencieuse, attendant la réponse de notre camarade. Ce fut tout d'abord l'adolescente qui rétorqua que cette technique lui était familière. Puis, l'attitude de Ryû qui appuyait les dire de la jeune Tetsuko en offrant ses points vitaux nous convainquait de nous remettre en question sur nous-même.


Nous rengainâmes notre lame dans un style qui nous appartenait. Ce combat avait sans doute user des forces nécessaires de nos camarades, il était en notre devoir de leur offrir leur du.

Nous effectuions quelques mudras, puis dans une gestuelle proche du respect de la nature nous vîmes poser notre main au sol. Des plantes en forme de bulle poussaient petit à petit. Ce n'était pas grand chose, mais cela pouvait aider la troupe à se requinquer et poursuivre sa route.


Nous les laissions s'abreuver en premier et passerons en dernier.

Ryu s'était avancé, désarmé devant Kitsune, pour lui montrer qu'il n'avait aucune mauvaise intention. Finalement, l'Anbu avait reconnu son erreur, et tous étaient prêts à reprendre la route. Tetsuko espérait en tout cas qu'il n'était pas vraiment un traître, qu'elle venait d'aider à ne pas ruiner sa couverture.
Mais son attention se reporta sur Kitsune, qui d'une main experte venait de faire pousser de drôles de plantes dans le sable pourtant stérile du désert.



Tetsuko se saisit d'une des bulles qui venaient de surgir du sol. Elle la porta à ses lèvres, guettant la réaction des autres, qui semblaient en faire de même. Finalement elle la but, et découvrit en une agréable surprise qu'elle avait un goût légèrement mentholé. Elle n'aurait rien pu espérer de plus rafraîchissant dans un tel contexte.



Non pas qu'elle s'ennuyait ici, mais ce désert n'était, en plus de ne pas être très agréable à vivre, pas très accueillant non plus, visiblement. Elle jeta un coup d'œil aux loups, et se dit tristement qu'au moins, ils serviraient de repas à un quelconque charognard.

Kenshin baissa lentement les bras qu’il avait écarté avant de faire un signe de tête à Kitsune. Il acceptait ses excuses se retournant à nouveau pour aller récupérer ses armes plantées plus loin dans le sable. Remettant d’abord sa dague au fourreau à sa ceinture, il récupéra ensuite sa lance pendant que son compagnon d’arme effectuait quelques mudras. Il laissa Tetsuko boire à sa soif avant de se pencher à son tour pour en récupérer une .



Il se retourna pour relever très légèrement son masque ne laissant entrevoir que sa bouche si jamais l’un d’eux passait devant lui, se délectant de ce rafraîchissement au goût mentholé. Il rationnait pour en laisser suffisamment à Kitsune. Cela lui suffirait pour la suite du chemin. A la question de la jeune Kunoïchi et après avoir replacé son masque correctement, il se retourna à nouveau vers eux regardant l’horizon.



Dit il en posant son regard sur le renard cherchant son approbation. Entre la chaleur et les mauvaises rencontres possibles, c’était extrêmement difficile à estimer…

Nous finissions par faire de même que nos compagnons de route et nous nous abreuvions à faire en sorte de ne pas être vu. Alors que nous nous délections des merveilles de "Mère", la jeune fille demandait pour combien de temps de marche nous avions. Nous écoutions la réponse de Ryû qui nous regardait comme s'il attendait quelque chose de nous. Nous restions dans un premier temps silencieuses et comprenions au final qu'il attendait que nous confirmions ses dires.


Ajoutons-nous d'une voix vide de vie.


C'était sans état d'âme que nous rétorquions notre petites expériences passées.


Comme pour avant que nous nous faisions attaquer, nous restions à l'arrière de la troupe avec notre œil florale qui surveillait si aucun danger ne provenait de dos.

Kitsune avait l'air moins optimiste que Ryu quant à leur progression. Il fallait dire qu'il y avait quelque chose dans sa voix de sinistre. Pas vraiment d'effrayant, mais ses paroles et son ton ne trahissaient rien de ses émotions ou de sa personne. Et le masque n'arrangeait rien. Tetsuko en fut quelque peu perturbée, mais ce devait être normal après tout. Ils étaient de l'Anbu, l'anonymat totale devait être le but.

Elle acquiesça à la proposition de Kitsune. Oui, ils feraient mieux de repartir pour ne pas perdre plus de temps que nécessaire. Ils reprirent l'exact position qu'ils avaient quittée lorsque les loups avaient attaqué. L'Uzumaki jeta un tout dernier regard aux cadavres avant de détourner la tête pour de bon. Dans sa vie de kunoichi, elle allait sûrement être témoin de choses bien pires, alors autant s'habituer dès maintenant.

Leur marche reprit. Le paysage ne changeait pas, le ciel était toujours aussi bleu, sans aucun nuage pour venir ombrager le soleil tapant à cette heure du jour. Chaque dune ressemblait à la précédente, si bien que Tetsuko se demanda plusieurs fois s' ils n'étaient pas pris dans une sorte de Genjutsu qui les faisait revivre le même moment en boucle. Du sable à perte de vue, ça paraissait sans fin.

Avec pour seule compagnie le tourbillon de ses pensées, Tetsuko continua de marcher, laissant derrière eux les tracés de leurs pas.

Les deux ANBU et Tetsuko reprirent donc leur chemin, sous une chaleur harassante ou le vent balayait le sable, fouettant vêtements et sans doute visage de la Uzumaki. Pour les ANBU, leurs masques les protégeaient un peu. La chaleur faisait danser comme des images floues sur le sable brûlant, alors que le soleil était au plus haut dans le ciel. Ryu avançait sans se plaindre à l’affût du moindre mouvement suspect, malgré les jambes lourdes et la sueur qui lui brûlait le visage… de temps à autre, il tournait la tête pour s’assurer que ça suivait. Ce devait être une sacrée épreuve pour la jeune fille pensait il. Même pour des shinobis très entraînés comme eux ce n’était déjà pas simple. Alors pour elle… plusieurs heures passèrent dans le silence le plus total. Difficile à estimer, si ce n’est par rapport à la position du soleil qui commençait légèrement à décliner. Finalement le silence fût rompu par le Uzumaki.



Dit il de façon totalement inexpressive.



Par quelques signes il proposa à Kitsune de s’organiser des tours de garde. Des tranches de deux heures en alternance permettraient aux deux de se reposer correctement par intermittence. Que l’un d’eux se repose pendant que l’autre montait la garde et vice versa. La Uzumaki pourrait prendre un repos qu’elle n’aurait pas volé. Bien sûr même un ANBU au repos en mission ne dormait que d’un œil. Ce n’était pas un manque de confiance envers ses coéquipiers, plus une habitude. Quant au pourquoi il utilisait les signes au lieu de parler à ce moment là, et bien personne ne devait connaître les stratégies des ANBU hormis les ANBU eux mêmes…