C’était à mon tour, celui d’affronter la foule ambiante : mes mots contre leurs opinions. Je lâchais un long soupire qui eut vent de s’éteindre très vite face aux marmonnements du public. Étais-je anxieuse ? Un peu.
Ce n’était pourtant pas mon premier discours puisqu’il avait fallu que je convainque la majorité du clan à la passation du pouvoir en ma faveur. Un long processus dont les cours et l’influence d’Hegi m’avaient beaucoup aidé. Je pense bien que sans elle, je ne serais pas arrivé si loin. Je ne serais même pas partie tout compte fait. Mais voilà, j’avais été élu, et le discours que j’allais entreprendre allait être mon premier en tant qu’officielle Kittodôno. Un titre lourd de sens et de responsabilité pour une femme aussi jeune que je l’étais-je. Je comptais bien sur les 10 minutes accordées par toute ma communauté pour rallier à ma cause toutes les personnes encore réticentes à ma nomination.
Après quelques secondes, angoissantes, je fus appelée à monter sur l'estrade. C'était enfin mon moment. Trottinant, je montai les marches une à une et me retrouvais enfin sous le feu des projecteurs. Mon regard se jeta sur toute la grande salle. Elle était pleine à craquer. Je me retenais de jouer avec mes cheveux pour lever ma main et saluer tout sourire au public.
Cela fait, je me plaçais derrière le petit meuble en bois et y posais mes notes. Des notes qui à vrai dire ne me seraient guère utiles étant donné que je connaissais mon texte par cœur. Mais bon, mieux valait être prévenante. Le stress pouvait parfois mener à l'oublie.
Dans un silence pesant, je commençais donc ce fameux discours.
« Bonjour !
Certains seront choqués par ma familiarité, mais je préfère être la plus transparente en votre présence. Car bien que je suis votre Kittodôno, je n’en reste pas moins une membre du village ! Aucune hiérarchie donc, nous nous traiterons d’égal à égal. »
Cela ne faisait pas vraiment partie du texte, mais mieux valait en informer l'audience. J'avais vite appris qu'il ne servait à rien de jouer la femme autoritaire, répressive et froide. Les gens avaient voté pour la personne que j'étais alors autant restée la plus naturelle !
« Bon ! Je ne parlerais pas durant mon discours des erreurs commises par notre ancien Kittodôno et de celle de notre clan. Rien ne sert à ressasser des événements qui ne peuvent être changés et de faire polémique dessus. Non, c’est une page qui se tourne pour nous. Une page vierge qu' ensemble nous nous devons de remplir. Remplir de quoi me demanderiez vous ? Et bien, j'ai nommé notre premier chapitre : reconstruction.
Civil, shinobis, vous-même savez ! Il suffit d’ouvrir les yeux pour voir dans quel état notre quartier se trouve. Des bâtiments vieillot, des rues sales, une architecture d’antan… Bref, vous l’aurez compris, nous ne pouvons continuer à vivre indéfiniment dans ces conditions que ce soit pour vous ou vos futurs enfants. Nous nous devons de remédier à ce problème et au plus vite. Cela nous prendra certes du temps, mais je vous assure que le résultat sera à la hauteur de vos attentes.
Maintenant, il est question de la main d’œuvre et du financement. Nous avons la chance d’être un clan très ouvert dans lequel nous pouvons compter multiples ouvriers et ceux dans différents secteurs. Architecte, charpentier, maçon… Inutile de chercher plus loin pour s’apercevoir que nous avons les plus compétents parmi nous.
Ainsi, dès les prochains mois, je compte instaurer un quota d’heure bénévole mensuelle pour les ouvriers du bâtiment. Avec pour but commun d’améliorer nos infrastructures. Vous trouvez cela peut-être dur, mais au-delà de la contrainte comprenez qu'à travers ces gestes, c’est tout le clan que vous aidez. Chaque pierre posée sera une trace de votre passage et je vous assure que les générations futures vous le seront entièrement reconnaissantes !
Mais sachez ouvrier, que vous ne serez pas seul ! Le clan Kitto sera avec vous ! Avec votre accord à tous, je compte mettre en place une cagnotte communautaire qui retiendra un petit pourcentage des salaires militaires de nos shinobis kunoichis. Comprenez que cela nous permettra de financer le coût des matériaux, des outils…. Bref, tout ce qu’un ouvrier aura besoin pour faire de notre quartier un des plus beaux et prestigieux de Konoha ! »
Je marquais une pause. Sortais une petite bouteille d'eau et en buvais une gorgée. À force de gesticuler avec mes mains, ça en devenait presque épuisant ! Et puis rien ne servait de tout déballer d'un coup. Mieux valait donner information petit à petit pour laisser le temps à l'auditoire de tout assimiler !
Je reprenais donc :
« Voilà notre premier chapitre. Attaquons-nous au second : l' intégration !
Il suffit de regarder autour de sois pour comprendre la multi diversité que notre clan subit ! Kirishitan, Sekken, famille des plaines de Kusa et j’en passe… Tant d’horizons différents rassemblés sous le même toit ! Autrefois et toujours de nos jours cette pluriculture a fait notre force. Car oui ! Le savoir, la connaissance, la gentillesse… Toutes ces valeurs que nous, Kitto, prônons ne s’arrêtent pas qu’à Konoha et depuis le début de son existence notre clan l'a très bien compris !
Hélas, depuis quelques années fort et de constater que les nouvelles têtes se font de plus en plus rares parmi nous. Oui vous-même le savez, la fleur multiculturelle que les générations d’antan prenait soins d’entretenir est en train de faner ! En tant que Kittodôno, je me dois donc de reprendre l’arrosoir et d’accentuer l’intégration de nouvelles personnes partageant notre idéologie et nos valeurs. Ainsi, j'espère programmer au cours de mon mandat de nombreuses campagnes d’enrôlement à travers le pays ! Ces campagnes auront pour but de tendre la main aux gens qui recherchent une communauté et qui partagent le même état d'esprit que nous. Je compte ainsi sur chacun d'entre vous pour les accueillir avec le plus grand des sourire ! En d'autre mots, soyez Kitto ! »
Une deuxième pause durant laquelle j'avaler goulument une deuxième gorgée d'eau. Il faut dire que j'étais en nage ! Je me donnais à fond, je ne voulais pas décevoir toutes les personnes présentes ici !
Déposant la gourde par terre j'abordais la dernière partie de mon discours.
« Nous arrivons à notre dernier chapitre. Je l'ai nommé liberté !
Je sais que parmi vous certains vouent toujours une admiration pour la prêtresse de Konoha . Notre ancien dôno avait d’ailleurs déclaré cette dernière, comme je cite : de némésis et vous avais forcé à tous de la voir telle quelle. Cette loi sera dorénavant abolie ! Chacun aura le droit d’avoir sa propre opinion sur elle. Cela a créé bien trop de division dans notre clan et c’est la dernière chose que nous avons besoin en cette période ! Nous devons rester unis et ceux malgré les avis divergeant de chacun ! Soyons soudé, compréhensif, écoutons nous les uns et les autres. Car oui, l’esprit Kitto ne se résume pas un seul mode de pensée, mais à un ensemble. Pas d’auto censure chez nous ! Je veux une communauté libre ! Libre de penser ce qu’elle veut, libre de donner son opinion, libre de se faire entendre !
Ces trois chapitres permettront au clan Kitto de retrouver sa lumière d’autrefois. Mesdames Monsieur, je vous l’assure ici, auprès de vous tous. Mon but est de faire de chacun de vous des membres fier, des membres heureux. Je veux que chacun ici dans cette salle se sentent bien et trouvent sa place dans notre communauté !
Kazumori parlait de dignité en vous accusant de ne pas être de vraies ninjas. Et alors ? Peut-être que tout le monde n’est pas fait pour être ninja, peut-être que certains n’ont pas la chance de manipuler leur chakra ! Non, la vraie dignité, c’est de consacrer son cœur à la famille que nous sommes. Voilà ce que c’est !
»
J'avais dit ces dernières phrases avec un tel enthousiasme et de tel conviction que ma voix en était presque cassée ! Mon dos dégoulinait de sueur, tout comme mes cheveux et le pire dans tout ça, c'est que j'ignorais toujours si j'avais convaincu mon public ! Qu'en avait-il pensé ? Je doutais que mes ambitions eussent pu en énerver certains, mais qu'en était il de la majorité ?
Prenant mes notes, que je n'avais au passage même pas regardé, je levais ma main en guise de salutation.
« Merci de votre attention. »
Et je sortais.