Entretien sous crépuscule

Jour de week-end, jour de travail, jour au bureau ! Assise derrière ce dernier, je recevais tour à tour les membres du clan qui m’était pour le moins inconnu. Leurs fiches s’alignant comme des cartes en face de moi , nous parlions ensemble d’avenir, de projet et de leur opinion. Un moyen pour moi de mieux connaître ma communauté et de voir leur fidélité aux clans et à ses valeurs. Oh, certains n’hésitaient pas à me balancer des reproches et des petites pics notamment sur mon jeune âge, mais j’y rétorquais avec sourire et gentillesse. Rien ne servait de répondre à la haine par la haine !

La journée allait toucher à sa fin, dehors, à travers la fenêtre, le ciel se teintait d'orange dans un spectacle splendide qui me rappelait avec une once de nostalgie ma promenade forestière avec Kenshin et Eiko il y a des années de cela. Les jambes engourdies à force de rester dans la même position, je m’étirais de tout mon long.



La porte n’avait pas émis le son du toquement, mais parfois les compétences de senseur pouvait se montrer bien utile ! Et puis j’attendais une dernière personne ce ne pouvait qu’être-elle sinon qui ?

J’eus finalement raison. L’homme qui entra dans la pièce devait faire une tête de plus que moi avec un visage plus âgé que le mien. Je m’empressais de sortir sa fiche et d’y jeter un rapide coup d’œil. Durant ces quelques secondes d’observation, un détail ne manqua pas d’attirer mon attention.

Age : 31 ans
Grade : Genin

Ça prend son temps pensais-je avant de me lever et de venir à sa rencontre.



Mettre les gens à l’aise, ignorer cette hiérarchie, j’aimais établir un lien proche avec les conviés autre que celui de dôno – membre. Car avant tout, j'étais une Kitto ! Je l'avais déjà énoncé lors de mon discours, mais certains avaient tendance à l'oublier trop facilement !

Le souvenir de ce ciel orangé et de cette longue journée assise me revenant à la mémoire, je proposais à celui qui avait fait l’effort d’être venu.

Plus tôt cette semaine, j’avais reçu une convocation. Fait plutôt rare pour être souligné. Ayant passé les dernières années à m’occuper de Kohana, je n’étais pas le genre de shinobis que l’on conviait pour les missions. Parfois, je me disais que je ne m’en portais pas plus mal, même si je perdais peu à peu de vue mon objectif principal. Il faut dire, que je ne m’attendais franchement pas à me retrouver en compagnie de la jeune Miwaku. La mort de Wattan y aura été pour quelque chose, indirectement je faisais cela pour elle, car je savais qu’elle n’aurait pas simplement laissé cette gamine souffrir. Nous avions de nombreuses pensées contraires elle et moi, néanmoins nous étions d’accord sur ce point. Je pensais au moins honorer sa mémoire en faisant cela.

Enfin bref, ce n’est pas le moment d’être nostalgique. Le sceau sur la lettre me convoquant attira tout de suite de mon attention. Le blason des Kitto présent sur celui-ci me fit esquisser un léger sourire. J’avais presque oublié que Kazumori avait finit par être remplacé, comme pas mal d’autres dônos finalement, mais dans son cas, cela me faisait particulièrement plaisir. En revanche, je ne savais rien de la nouvelle personne présente à sa place, si ce n’est son jeune âge, qui était le sujet de pas mal de discussions.

Je n’avais pas spécialement envie d’aller à sa rencontre, mais bon, c’était techniquement la cheffe de mon clan qui me convoquait, avais-je d’autre choix que d’obéir ? En vérité oui, j’aurais pu ignorer et prétendre n’avoir jamais vu cette lettre de ma vie, toutefois, c’était l’opportunité d’en savoir plus sur elle. J’arrivais quelques minutes en avance, et quel ne fut pas me surprise lorsque la Kitto-dôno m’invita à entrer avant même que je n’ai toqué à la porte. « Une capacité sensoriel, amusant. » me dis-je alors avant de pénétrer dans son bureau. Je lui fis un salut respectueux alors qu’elle venait jusqu’à moi. Les rumeurs disaient vraies, la nouvelle dôno était vraiment jeune.



Au moins elle n’avait pas cette attitude de péteux que pouvait avoir l’ancien dôno, c’était déjà un bon point. M’enfin, je pouvais difficilement moins l’apprécier de toute façon. C’est alors qu’elle m’invita à poursuivre notre discussion à l’extérieur, je n’avais rien contre alors j’acquiesçais simplement avant de répondre avec un sourire :



Nous rejoignions alors l’extérieur de son bureau. Je commençais à marcher à côté d’elle à travers les rues, puis après quelques secondes j’engageais à nouveau la conversation.

Ravie, que nous soyons sur la même longueur d'onde, je m'exclame d'un petit pouffement. La pensée de me faire vouvoyer par un homme bien plus âgé que moi est bien rigolote !



Puis à mon plus grand bonheur, il accepta ma proposition. Enfin, j'allais pouvoir goûter à l'air de dehors ! Ne prenant guère le temps pour m'habiller plus chaudement, je sors après lui, refermant la porte dans un claquement derrière moi. Dehors, le vent est froid. On vient de sortir de l'hiver en même temps. Mais malgré le risque d'en réchapper avec un gros rhume, j'inspire tout de même une grande bouffée d'air.

Le sourire sur le visage, requinquée, je trottine comme une petite fillette à côté du prénommé Uzume. Préoccupée à me dégourdir les jambes et à saluer les membres du clan dans le quartier, aucune parole n'est échangée. Cela ne me déplaît pas. Le bruit du silence est parfois reposant après une bonne journée de travail.

Enfin... je parlais un peu trop vite... Cette journée n'était pas finie ! Il me restait encore une dernière tâche comme me le rappelait si bien Uzume ! C'est donc d'une humeur joyeuse que je rétorque avec malice.



N'attendant pas spécialement de réponse, je lâche un éclat de rire enfantin avant de reprendre un peu de sérieux (dur, dur, dur, en fin de journée !).



Je le dévisageais sans once de jugement. La volonté d'en savoir plus sur cet homme de 31 ans que je considérais de ma famille : celle des Kitto.

Amusante cette jeune Kitto. Je n’arrivais pas à définir si elle était sérieuse ou non. Elle était bien moins formelle que les autres dôno, mais pourtant elle semblait tout de même avoir la tête sur les épaules. Rares sont les personnes de son âge avec un tel degré de maturité, et surtout cette confiance en soi. Suite à sa question, je me mis à rire légèrement avant de répondre avec un sourire sur les lèvres.



Désaccord était un mot plutôt faible, mais en plus de sa nomination pour le moins… discutable, celui-ci avait cru bon de juger la Prêtresse comme une « félonne » en reprenant ses mots. Néanmoins, ce n’était pas faute de lui avoir proposé mon aide, mais il avait préféré rester sourd devant mes propositions. Enfin, ce n’est pas comme si j’accordais une grande importances à cet homme de toute façon.



Étais-je en train de dire indirectement que partir en mission était un certain poids dont je me passais bien ? Nul besoin d’être plus explicite, mais je pense qu’elle l’avait très bien compris. Depuis la sortie de mon coma, je n’avais qu’un souhait, retrouver la Prêtresse. Cependant, ces dernières années m’avaient un peu déviées de mon chemin. Cette curiosité à propos de mon rang me fit lui retourner la question, je n’avais pas suivi les évènements politiques de ces dernières années, et je n’avais pas même assisté à son discours.

J’affichais un sourire compréhensif lorsqu’il me parla de sa mésentente avec notre ancien dôno. Bizarrement, je n’en avais jamais entendu parlé. Sûrement trop jeune à l’époque pour m’y intéresser et bien trop occupée maintenant pour lire toute la paperasse sur mon bureau !

Toutefois, je m’interrogeais sur ce fameux désaccord. Qu’entendait-il par là ? Uzume avait l’air d’être une personne douce, pacifique au visage bienveillant. Il était difficile de l’imaginer se disputer sur divers sujets au point de se faire rétrograder.

Le mieux était de lui demander directement ! Je n’étais pas le genre de femme à garder mes questions pour moi !



Je plissais légèrement les yeux, intriguée d’en savoir un peu plus sur les différents de mon prédécesseur avec les membres de mon clan. Cela allait être davantage compliqué de gagner la confiance des uns et des autres si j’apprenais que Kazumori-san s’était embrouillé avec nombreux d’entre eux !

Puis tout en exprimant son avis sur la futilité des grades, nous bifurquâmes sur une ruelle moins fréquentée. Quelques vieille bâtisses Kitto longeaient les trottoirs aux murs blancs dont la lueur orangée du soleil couchant colorée les façades. Quelques enfants nous dépassèrent, un ballon dans les mains, le visage joyeux. Fut un temps où j’aurais couru jouer avec eux, mais pensive, ce fut à peine si je les remarquai.



C'était l'histoire de deux, trois papiers et une requête au Hokage avec un petit mot. Je ne voyais d'ailleurs pas pourquoi ce dernier refuserait.

Mais bon... cela ne se ferait qu'avec l'accord du concerné ! Une réponse positive et c'était parti ! Une réponse négative et voilà que nous allions devoir parler d'avenir ! Une situation qui allait très vite me rappeler mon petit entretien avec Hegi il y a quatre de cela. D'ailleurs...En parlant de cette merveilleuse femme qu'était la mère d'Eiko...



De la franchise. Inutile de déballer mille mensonges, je restais franche quant au succès de ma réussite. Une manière pour moi de ne pas prendre la grosse tête et de remercier chaque jour ce qu'Hegi avait entrepris pour moi.

C’était la un premier sujet de discorde avec l’ancien dôno. Je n’étais pas du genre à mâcher mes mots, et encore moins à courber l’échine devant le premier idiot prenant ce poste. Mais il y avait autre chose, ce qui était pour moi un sujet bien plus important qu’un simple titre honorifique…



Je n’allais pas lui faire un cour d’histoire, mais il était toujours bon de rappeler que la Prêtresse était celle qui permit à Konoha d’exister. Sans son opposition entre les Uzumaki et les Chikara, ces derniers se feraient sûrement encore la guerre aujourd’hui. Ainsi, je ne pouvais accepter que l’on crache sur son nom de cette manière. Mais j’étais bien isolé, même dans mon propre clan. Plus personne ou presque ne croyait en elle. Restait à savoir si la jeune Nami suivait la même voie que Kazumori, pour le moment, elle m’avait l’air bien plus conciliante que lui. La Kitto souhaitait même me faire retrouver mon grade, je n’émis qu’un léger rire avant d’hausser les épaules.



Elle me raconta alors comment elle était arrivée à ce poste. Mentionnant une « certaine femme ». Pas besoin d’être devin pour deviner de qui il s’agissait, tout simplement car peu de Kitto s’intéressaient à la politique, et il y en avait encore moins capable de pousser un candidat jusqu’à son élection. Cela expliquait beaucoup de chose, notamment son comportement sérieux et impliqué. Toutefois, je ne pouvais m’empêcher d’émettre des doutes.

Sans émettre d'avis, j'écoutais une à une les raisons qui avaient conduit à un désaccord entre Uzume et l'ancien Kittodôno. Silencieuse durant ses explications, j'acquiesçais à la fin.



Bien que je trouvais la rétrogradation de grade sévère et un certain abus de pouvoir, je décidais de ne prendre le parti de personne. C'était une histoire révolue qui ne me concernait pas. Une mésentente sur laquelle on avait tiré un trait dessus lors de mon élection. Prêtresse, pas prêtresse, je ne croyais qu'en mon clan et je ne souhaitais que son bonheur. Un bonheur qui commençait d'ailleurs par de petits gestes comme ma proposition à Uzume de reprendre son grade de Chûnin.

Sa réponse à ce propos ne me plut guère !



Contrairement à ce qu'il disait, ce n'était nullement une question de nécessité. Le village et le clan avait assez de Genins et de chûnin à sa disposition. Un de moins, un de plus, cela ne changerait pas l'équation. Ce n'était donc pas à moi de choisir pour lui, mais à lui de choisir comme un grand !

Puis bien malgré moi, la discussion bifurqua sur Hegi. Les doutes qu'émit Uzume à son sujet eu don de me faire lâcher un rire. Cet homme au profil déjà bien étrange, était-il aussi complotiste ? Je pouffais une nouvelle fois avant de lui répondre.



Je claquais des mains signe qu'il était inutile de continuer ce débat. Je ne l'avais pas convoqué pour entendre ses soupçons infondés, mais pour parler de son avenir au sein du clan.

Je pouvais constater là les effets de l’éducation qu’elle avait reçu. Ainsi elle savait être ferme… je ne l’aurais pas cru, d’apparence. Celui eu l’effet de me faire esquisser un sourire. Jusqu’à quel point Hegi avait-elle eu une influence sur la jeune Kitto ? La suite me répondit bien vite, puisqu’elle était même prête à être manipulée, tant que c’était pour le bien du clan. Je ne savais pas comment prendre cette affirmation. Le pensait-elle vraiment ou était-ce seulement un moyen de dévier la conversation ? Cette envie d’unité dans le clan était noble, et elle semblait prête à se sacrifier elle même pour la cause… Je me contentas de ne pas en ajouter, elle aura tout le temps de se poser des questions par elle même un jour. Je répondis alors simplement à sa question suivante :





De toute façon, je me contentais de m’occuper de Kohana pour le moment. Avec le temps passé en sa compagnie, j’avais appris à la connaître un peu mieux. Son caractère était ce qu’il était certes, mais j’arrivais malgré tout à l’apprécier énormément, comme une personne de ma famille finalement.

Il avait fait le choix de récupérer son ancien grade, maintenant, c'était à moi de m'occuper des papiers ! Notant cela dans un petit coin de ma tête, j'écoutais en même temps son occupation de ces dernières années. J'avais effectivement entendu parler de la petite sœur de l'Okasan retenue au village. En revanche, j'ignorais qu'on avait confié la garde de la petite à Uzume. Beaucoup de discussions autour du conseil portaient sur l'avenir de cette fille. Devions-nous la garder ? L'exclure ? Les avis divergeaient et moi ne l'ayant encore jamais rencontrée, préférais écouter dans le silence. Mais là, ayant l'occasion d'en connaître un peu plus sur elle, je ne me privais pas pour poser mes questions !



J'étais curieuse. Cette convocation, visant à mieux connaître l'homme de mon clan, tournait à la récolte d'informations. Mais pour cause : ses arguments pourraient bien faire pencher la balance !

Pensive, les doigts dans les cheveux, je demandais une fois son avis récolté :

Répondais-je un peu froidement à la jeune Kitto. Non pas qu’elle était concernée par cette situation, mais je tenais certains Konohajins pour responsable de la situation. Si les choses s’étaient passées dans le sens inverse, Konoha n’aurait pas hésité une seule seconde à envoyer l’anbu pour récupérer ses déserteurs. Bien sûr, le fait qu’elle soit la jeune sœur de la Okasan jouait, mais justement, Konoha ne comprenait pas le danger que cela représentait.



Pour beaucoup, même si je faisais partis des rares exceptions avec qui elle changeait de comportement, Kohana était une petite peste, ni plus, ni moins. Et même après avoir passé plusieurs années au sein des forestiers… je conseillerais aux gens de ne pas lui tourner le dos, enfin c’est ce que je ferais si jamais un minimum de considération pour les miens.



Évidemment, elle pouvait faire comme son précédent homologue à son poste, et tout simplement refuser toute aide venant de ma part. Libre à elle de prendre cette décision.

Il avait dit cela froidement, comme s'il m'en tenait responsable. La situation de cette fille semblait lui tenir à cœur et cela ne pouvait qu'émouvoir la jeune femme qui était en moi. Mais que pouvais-je bien faire ? Je venais de rentrer en fonction, mon opinion comptait bien peu à l'heure actuelle. La seule chose que je pouvais faire était d'en toucher un mot au Hokage mais bon... pas sûr qu'il allait m'écouter !



Car j'avais beau être naïve et croire sur paroles les dires des uns et d'autres, je n'en restais pas moins curieuse d'en apprendre plus sur la petite fille. Était-ce vraiment d'un simple caprice qu'elle avait quitté son village ou cachait elle un lourd secret inavoué ? Je n'attendais pas d'elle des confessions, mais je voulais juste en avoir le cœur net !

Nous rejoignîmes de nouveau le centre du quartier, le soleil commençait à se coucher et les lumières s'allumaient une à une dans les habitations. Au final, cet entretien avait tourné autour du grade, de moi et de Kohana. Rien donc de ce que j'avais prévu.



Sur ces propos durs mais véridiques, je m'arrêtais à un restaurant de nouille à emporter. D'un signe de main à Uzume, pour qu'il m'attende un instant, je désignais sur l'étalage deux bols d'udon au profil bien appétissant. Puis réglant la somme due, les deux repas chauds dans la main, j'en tendais un au Kitto. De quoi se remplir le ventre avant de parler de choses importantes !



Entre deux bouchés, le nez plongé dans le bol (qu'est ce que j'avais faim en même temps !), je levais les yeux vers lui.