Il ne connaissait pas cette sensation. Voilà sûrement donc d'où venait leurs différences de point de vue à propos du monde. La Chikara ne pouvait pas partager ce que pensait Kano justement à cause de ça. D'un sourire plus ou moins satisfait de la réponse de l'homme, elle acquiesça.
La soirée avançait et même si elle fatiguait, la Chikara ne savait pas si elle voulait dormir ou non. Elle ne lui faisait sans doute pas assez confiance pour fermer l'œil. Elle ne voulait pas vraiment risquer sa vie pour une nuit de sommeil. La fille aux cheveux noirs espérait que son instinct de survie la maintiendrait éveillée.
Kano avait soudain mis les rires de côté et pris un ton beaucoup plus sérieux. Elle était sûre et certaine que cet art lui importait beaucoup étant donné le soliloque qu'il était en train de faire. Encore une fois elle trouva sa vision du monde infiniment simpliste et enfantine, alors qu'il avait probablement plus de 3 fois son âge. D'après l'expérience de la jeune fille, ce n'était pas se protéger qui allait lui offrir la survie. Certes il fallait se protéger, mais il fallait aussi savoir prendre les devants parfois, si elle n'avait fait que se protéger elle ne serait pas là aujourd'hui.
« Oui je comprends, c'est un art noble après tout. »
Elle n'avait pas envie de rentrer dans une sorte de relation père et fille. Elle voulait être comme son égale, faire chemin avec lui et non pas qu'il la traîne comme un boulet. Alors sa réponse, bien que ce n'était pas ce qu'elle voulait entendre, ça lui convenait parfaitement.
Enfin bon, plus la nuit avançait plus le moment de se coucher avançait également. D'ailleurs c'est Kano qui sonna à ce moment là. Alors elle se posa sur un arbre, dos à lui.
Elle le dit d'une voix calme et apaisée mais elle n'était pas du tout sereine, elle passa une bonne partie de la nuit en ne dormant que d'un oeil. Les heures passaient et la Chikara ne se reposait qu'à moitié. Jusqu'au lever du jour où elle finit par ouvrir les deux yeux, elle n'était pas extrêmement fatiguée mais elle devait reconnaître qu'elle aurait aimé plus dormir. Les deux comparses se mirent rapidement en marche pour continuer leur journée... et leur périple.
