Raconte moi tout

Sa venue était une légère surprise pour moi. Normalement, les gens venaient dans mon bureau parce que je les avais convoqués, jamais par eux même... Toutefois, non loin que ça m'en déplaise ! Au contraire même, j'étais plutôt contente d'avoir de la visite en cette fin de journée, alors que le soleil commençait à s'endormir. Car enfermée depuis l'aube dans la petite pièce, de par mon travail mais aussi à cause du temps pluvieux de dehors, je devais bien admettre qu'un peu d'interaction sociale me faisait des plus grands bien.

Ce fut ainsi donc, que dans ce besoin de parler et d'échanger, que je l'invitais à rentrer dans mon bureau.



Disais-je en effectuant un pas de côté pour laisser le jeune homme passer par la vieille porte en bois qui n'en avait plus pour très longtemps.
Le dévisageant au passage de haut en bas, je le retenais brusquement par le bras.



Pas contre lui, mais le parquet et l'eau ne faisait pas bon ménage ! La dernière chose que je souhaitais c'était de me retrouver avec des collines en guise de sol ! J'avais déjà assez de problème à gérer comme ça...

Ouvrant donc la porte de la grande armoire, je dénichais une petite serviette entre deux piles de dossiers. Pas sûr qu'elle fut propre mais bon... Les hommes étaient parfois si crades que peut-être il ne le remarquerait même pas !

Sans lui laisser alors le temps de répliquer, je venais moi même lui essayer les cheveux. Par la force brute comme on disait !
Entre deux frottements j'ajoutais avec un malin plaisir :



Je lâchais un petit rire avant de jeter l'essuie tout, maintenant imbibé d'eau, dans un coin de la pièce puis d'un geste de main j'invitais (enfin) le membre de mon clan, celui que je connaissais voilà maintenant quelques années, à prendre place à mon bureau.

Reprenant un peu de sérieux, je m'installais jambes croisées en face de lui.



A vrai dire, j'ignorais totalement pourquoi il était ici. Qu'avait-il bien pu se passer entre notre dernière rencontre, il y a deux jours, et maintenant ? La mission s'était plutôt bien passée non ? Du moins, c'était mon avis... Un avis qui n'était peut-être pas partagé de tous.

Enfin... Mettons nos interrogations de côté un instant et écoutons le...

Cela faisait désormais quelques heures que je m'étais réveillé à l'hôpital suite à ma précédente mésaventure avec ce Chikara. Un réveil assez mouvementé puisque celui-ci fut animé par l'intervention du frère de mon agresseur venu me profaner quelques menaces. C'est d'ailleurs cet évènement qui motiva mon entrevue imprévue avec ma Dono : Nami en qui j'avais une confiance assez forte.
La situation m'inquiétais quelque peu et il est après tout de mon devoir de partager ces informations aux bonnes personnes afin d'assurer que le climat de paix entre les clans de Konoha reste intact.

La nuit commençait donc tranquillement à tomber sur le village. Après quelques examen complémentaires et un beau pansement sur l'arrière de mon crâne, les médecins me laissèrent sortir jugeant mon état stable tout en me recommandant quelques semaines de repos loin des missions et autres confrontations.

Une fois sorti de l'hopital, je pris immédiatement la route en directions des quartiers Kitto où j'espérais y trouver Nami. La forte pluie qui s'abattait sur moi durant mon trajet ne me préoccupa pas plus que ça. Après tout, je n'avais pas eu le temps de repasser chez moi depuis cet incident et puis, j'avais plus important à faire.

D'un pas rapide, je traversa le village en quelques dizaines de minutes avant de me retrouver au lieu dit. J'entra donc dans le bâtiment abritant les bureaux de ma Dono, totalement trempé.

En arrivant devant son bureau, je me retrouva nez à nez avec elle, quelle chance !

Celle-ci sembla dans un premier temps assez surprise de me voir, puis, dans un élan plein de bonté la caractérisant, elle me fis entrer dans son bureau.

Avant même que je pu prononcer le moindre mot, la Kitto se saisit d'une serviette présente dans son bureau avant de venir m'essuyer. Lorsque sa serviette vint s'occuper de mes cheveux, je ressenti une nouvelle douleur crânienne. Celles-ci s'étaient un peu calmées depuis quelques heures, cependant, les médecins m'avaient avertis que ce genre de douleur allait probablement ressurgir pendant quelques temps. Je ne broncha donc presque pas, ne voulant pas inquiéter Nami.



Après ce petit instant de légèreté, la kunoichi reprit place à son bureau d'un air un peu plus sérieux comme on pourrait l'attendre d'une cheffe de clan.

Je resta donc debout face à elle, affichant une expression plus sérieuse.







En venant la voir, je ne souhaitais pas ébruiter cette affaire sous peine de voir les choses potentiellement dégénérer. Je souhaitais pour l'instant seulement mettre en garde ma Dono face à une potentielle menace.

Mes sourcils se froncèrent dans un mouvement d'incompréhension. Sa venue de l'hôpital est-elle en rapport avec le gros pansement à l'arrière de son crâne ?
Moi qui pensais que ce n'était qu'une simple bosse...
Enfin... Nous en saurons bientôt plus pensais-je en m'asseyant dans mon siège en cuir.



Toujours dans cette incompréhension et dans l'ignorance la plus totale, je ne pus me résoudre qu'à accepter sa demande. Il me donnait sa confiance, à moi de ne pas en faire n'importe quoi ! Et puis cela me faisait plaisir après tout.

Alors l'écoutant toute ouïe, le froncement de sourcil présent sur mon visage se transforma très vite en une grimace de déplaisir et de dégout pour cette violence gratuite. Cette violence qui d'après les dires du Chunin avait, pour son plus grand malheur, eu don de l'emmener dans le coma.
Lorsqu'il eut fini, je restais quelques secondes, silencieuse, perplexe, jouant avec mes cheveux avec une certaine anxiété.

Un peu désorienté je décidais de faire un résumé de la situation. Mieux valait clarifier certains points.



Je me grattais le menton. Étais-je en colère ? Non. Juste très triste. Moi qui pensais que le village avait tourné la page, je tombais de haut. Cette page de violence interclanique, de violence gratuite se répetait-elle donc ? Hum... Savoir qu'il restait encore des sauvages qui frappaient les membres de mon clan me chagrinait.

Toutefois, mettant un instant de côté son histoire et mon chagrin, je m'attardais sur lui, mon ancien compagnon de mission.



Je lâchais un petit soupir avant de lui demander, cette fois à l'intention de son histoire :

Mon histoire semblait troubler Nami, après tout ce ne sont pas de bonnes nouvelles que je lui apporte. Elle n'était donc pas au courant de cet évènement. Ca ne me surprenais pas tant que ça vu que les seuls présents n'avaient pour la plupart aucun intérêt à ébruiter cet acte.
En premier lieu, la Kitto se permit de reformuler mon discours afin de s'assurer de sa bonne compréhension. Bien entendu, son résumé était bon et je me contenta d'une courte réponse afin d'appuyer ces propos.



Par la suite, ma Dôno s'inquiéta pour mon état. Au point où j'en suis, je n'avais aucun intérêt à lui cacher tous les détails.



Ensuite venait une question bien plus fatidique. Dans un premier temps, je ne savais pas trop quoi lui répondre. Après tout, je n'ai que peu de souvenirs de ces évènements et son frère ne m'a pas aidé à y voir plus clair quant à ses réelles intentions.





Je laissa planer un court silence avant de l'inciter à prendre la parole à nouveau.

Mon petit résumé exact je me pinçais le menton. Peut-être espérais je me réveiller de ce début de cauchemar ? Un cauchemar qui prenait d'ailleurs légèrement forme lorsque de la bouche de Jiken, j'appris qu'il ne pourrait pas reprendre du service avant un petit bout de temps. Le pauvre... Je serrais le poing très fort sous la table, le Chûnin n'aurait pas été dans la même pièce que moi j'aurais bien insulté de divers noms d'oiseaux ses agresseurs... Mais hélas, en tant que Kittodôno, je me devais de garder mon calme et d'agir avec sagesse. Pense avec ton cerveau pas avec ton cœur m'aurait dit Hegi !



J'aurais voulu lui rajouter les prescriptions habituelles du genre "pas d'entraînement", "une tisane le soir" et "beaucoup de repos" mais je pense que les médecins de l'hôpital s'étaient déjà fait plaisir de le lui rappeler. Alors, me mordant la lèvre, j'écoutais sa réponse. Celle qui pourrait bien m'en dire plus sur les réelles intentions du Chikara.



Trois théories énoncées par le membre de mon clan. Trois théories toutes plus plausibles les unes que les autres... Toutefois, nous aurions beau émettre des hypothèses, sans preuves nous ne pourrions rien avancer. Ce fut justement sur ce point que Jiken rebondit. Proposant d'enquêter sur place, il laissa quelques secondes s'écouler avant de recueillir mon avis, ou plutôt mon accord.



Ma voix était ferme, ne laissant pas place à de répliques. Pour des raisons qui me paraissaient bien évidentes, il m'était inconcevable de laisser mon coéquipier d'enfance partir droit vers le danger.

Je lâchais donc dans un petit soupir.



J'ajoutais avec l'intention de le décourager de suivre cette idée bien trop folle à mon goût.



Je fronçais les sourcils. L'homme serait peut-être triste d'apprendre mon désaccord mais ce n'était pas par plaisir que j'agissais ainsi. Non. Je ne voulais que son bien et c'était justement la raison de mon refus catégorique. Je ne changerais pas d'avis là dessus !

L'attitude concernée de Nami quant à mes propos se faisait de plus en plus grande. En réponse à mes précédentes paroles, celle-ci m'assura donc mon indisponibilité pour les prochaines missions. Cet acte, bien que naturel ne me plaisais pas bien entendu, mais je n'avais pas le choix après tout, je ne serais qu'un poids pour mon équipe.
Mais bon, voyons le bon côté des choses, ce temps libre me permettra de revenir plus fort et d'élucider ce mystère me disais-je peut-être naïvement.



Comme je le redoutais, ma Dono, d'un ton sec et autoritaire déclina ma proposition la jugeant trop risquée pour moi et même pour le clan. J'étais un peu déçu par cette réponse et je comptais bien défendre ma position.



Il est clair que cette affaire ne doit pas rester en suspend, ne pas agir montrerait notre laxisme face à de tels actes. Toutefois, ma position et celle de Nami restait assez délicate et la solution est assez difficile à trouver sans prendre des risques.



Mes dernières paroles, bien que dures envers moi même étaient selon moi pleines de sens. Je ne voulais pas salir l'image des Kitto et encore moins celle de Nami. Mais je ne voulais pas ternir notre réputation non plus en n'agissant pas.

Une autre alternative ? A part en toucher quelques mots au Chikara dôno je ne voyais pas d'autres solutions envisageables. Toutefois...



Un coup de pied dans le crâne ne passait pas inaperçu. Si nous pouvions ne serait-ce que récolter quelques témoignages en notre faveur cela pourrait bien nous éclairer un peu sur l'identité de ces deux énergumènes. Et même pourquoi pas, les porter au tribunal de guerre. De tels agissements ne devaient pas rester impunis et j'étais presque sûr que le Hokage et les autres dirigeants nous soutiendraient dans notre démarche. Mais bon, cela viendrait en heure et en jour, pour l'instant je me devais de raisonner l'imprudent au bandage à la tête.



Le visage sérieux, le ton autoritaire. La Nami souriante avait laissé place à la Kitto dôno intransigeante. Un profil que l'on ne voyait pas souvent mais que je n'affichais pas par plaisir. Il était pourtant clair pour moi que nous ne devions pas rester passifs face à ses violences, mais sûrement l'espionnage et les coups bas ne seraient pas la clé à nos problèmes.

J'ouvrais un petit casier, sortais une feuille, une plume, que je tendais à mon invité.





Ce n'était pas une question, notre rencontre touchait à sa fin sans que le problème n'ais trouvé de solution. Une chose était pourtant sûr, je serais la seule dans cette affaire et la seule à la résoudre.

Malgré ma grande détermination exprimée lors de cet entretien, Nami s'obstina à me refuser toute implication dans la suite de cette affaire.
Je sentais que désormais, pas le moindre argument ne pourrais la convaincre. Je décida donc le lâcher l'affaire en face d'elle sans pour autant passer à autre chose dans ma tête.

Tout en me frottant le haut du crâne comme pour me forcer à me remémorer cet évènement assez flou dans ma tête, je m'efforça de lui répondre le plus honnêtement possible.



Bien entendu, je n'étais pas venu pour me disputer avec ma Dono sur ce sujet mais pour y trouver une solution. Je me plia donc à son injonction.



Puis, rapidement, ma Dono me tendit une feuille ainsi qu'un crayon tout en m'ordonnant d'y indiquer toute les informations en ma possession afin de lui donner un vrai point de départ dans cette enquête.

Je m'exécuta sans répondre et m'appliqua à retranscrire tout ce que je lui avais indiqué précédemment : L'agression, les deux frères Chikara aux cheveux blonds, les menaces à l'hôpital. J'espérais ne pas commettre une erreur en laissant une trace écrite de tous ces agissements. Mais bon, il n'y a plus de retour en arrière possible pour moi.
Désormais, je devais me tenir prêt à toute représailles ou convocation.

Une fois ma déposition faite, je déposa la feuille sur son bureau avant de quitter la pièce d'abord sans un bruit.

Une fois la porte de son bureau ouverte, je m'arrêta avant de prononcer quelques dernières paroles avant de quitter définitivement cet entretien.



Je m'en voulais réellement et ces regrets se ressentaient dans ma voix.