Une rencontre entre dôno

Trois jours s'étaient passés depuis l'incident à l'hôpital. Trois jours qui m'avaient apporté plus de questions que de réponses finalement. Je ne pouvais, toutefois, rester à ruminer des idées noires chez moi. J'avais un clan à gérer tout de même, je me devais d'être présente pour lui et ceux peu importe mes soucis personnels ! Alors naturellement, le devoir m'avait fait sortir de ma petite maison et mes pas m'avaient conduit à mon bureau. Arrivée devant ce dernier, j’avais finalement rebroussé le chemin. Je ne pouvais me résigner à remettre le nez dans les papiers dans cet état. Non… Cela serait sans aucun doute du travail bâclé et c’était bien la dernière chose que mon clan avait besoin… Mais loin de rester sans rien faire, je décidais de prendre la direction du quartier Chikara. L’affaire de Jiken, bien que remontant il y a une semaine, était resté gravé dans ma mémoire et il était temps pour moi d’agir. Ce qui s’était passé était très grave et je comptais bien rapporter tout cela au chef des concernés, alors en route !

Le quartier chikara, à l’inverse du quartier Kitto, semblait récent, propre. Je n’avais pas eu souvent l’occasion de mettre les pieds ici, mais je devais reconnaître qu’il était fort plaisant de s’y promener. J’espérais bien un jour tendre vers cela et je savais que c’était un objectif atteignable pour notre clan !

Arrêtant finalement de faire la Nami-touriste un instant, je m’arrêtais en face d’une épicerie. Pas que les produits alignés sur la vitrine ne furent guère appétissants, mais je ne leur accordèrent pas la moindre once d’attention, le regard bien trop focalisé sur l’homme qui sortait du magasin.
Ne m’ayant sûrement pas aperçu, il commença à s’en aller avant que je ne le rattrape d’un grand sourire. Un sourire que je devais admettre être très factice vis-à-vis des récents évènements…



Je ne l’avais croisé que trop peu de fois pour l’appeler par son prénom. À vrai dire, il se put bien que je ne connaisse même pas ce dernier… Nous ne nous croisions qu’aux simples conseils entre clans, les discussions ne tournaient que rarement sur nous-même. Enfin… Cela ne changeait rien à la raison de ma venue.

La femme n'était pas réellement surprise de cette interlocution, elle était habituée à ce qu'on vienne lui parler de tout et de rien en ce moment... La belle Chikara Tamara portait un long manteau noirâtre, lui offrant une allure relativement masculine... Bien qu'elle prenait particulièrement soin d'elle, la cheffe du clan Chikara devait dorénavant se comporter comme une dirigeante sévère et juste. Une boîte portée par ses deux mains, la trentenaire se mit à déglutir en imaginant que la gamine face à elle puisse découvrir le contenu de ce carton blanchâtre.

Effectivement, la blonde disposait d'une fâcheuse manie ; celle de consommer énormément de sucre... Et en cette belle journée, elle était clairement en manque et elle venait de discrètement faire ses provisions dans une épicerie peu fréquentée à cette heure. Dernièrement, les événements étaient plus que funestes au sein du village et de nombreux rapports semblaient indiquer que Konoha était en phase de devenir une force militaire ridicule...


La femme prit la première à droite et reprit alors la parole :


Les rues étaient relativement vides en ce moment... Rien de bien anormal depuis la visite de la représentante Kumojin... Sa boîte toujours en main, Tamara se remémora de l'ancien chef du clan Chikara... Qu'aurait-il fait ..?

Quel soulagement que de voir la Chikara dôno aussi ouverte à la discussion ! Bon certes, j'aurais aimé ne pas la déranger pendant ses courses, mais cela avait l'air de ne pas la déranger outre mesure. Alors d'un grand sourire, cette fois un peu plus "vrai", je lui répondis :



Mes joues se teintèrent de rouge. Écorcher le nom de la Chikara dôno n'était peut-être pas la meilleure des manières pour aborder une discussion. Heureusement, elle ne sembla pas y prêter plus d'attention que ça et c'est sa boite dans les mains que nous prîmes la direction du parc. Bifurquant à droite à la première rue, la Chikara dôno rompit le silence. Elle vit juste. La situation politique de Konoha et l'affaiblissement militaire du village, ne me regardait pas pour le moment. Chaque chose en son temps, j'avais d'autres priorités et les intérêts de mon clan en faisait, au plus grand détriment de certains, partie.



Je laissais un long silence planait alors que nous nous engagions dans petit parc bien entretenu. Le glougloutement d'une fontaine se faisait entendre à mesure que nous nous rapprochions du centre. Accompagné des chants des oiseaux, je repris la parole.



Bon... J'exagérais un peu. Les seuls témoins étaient les Kumojin et un médecin qui n'avait pas donné signe de vie depuis l'incident. Bref... Rien de bien concret pour porter la moindre accusation.



Alors que je finissais, nous arrivâmes à la fontaine. L'eau s'écoulait sur la pierre puis retombée sur un petit bassin habité par des poissons. Je me penchais au-dessus de ce dernier tout en demandant :

Bien que vaguement au courant de cette histoire, Tamara s'était décidée à ne pas réagir sans connaître les tenants et les aboutissants. Depuis la démission forcée de Chikara Takumi, les choses étaient relativement instables au sein du clan et de nombreuses voix extrémistes semblaient ressortir du néant. Bien sûr, la femme ne craignait guère un quelconque revirement, les Chikara n'étaient plus de stupides racistes et la nouvelle génération permettrait de renouveler ce clan trop ancré dans d'anciennes coutumes. Face à l'écoulement d'eau, la responsable du clan au Chakra pur prit la parole :


Elle soupira.


Tamara connaissait parfaitement l'identité de ce gosse... Le rapport était clair et le dernier rempart de l'opposition extrémiste était lié à tout cela. Elle détacha alors son regard de cet havre de paix pour sourire à la femme du clan Kitto.


Chikara Tensai.... Il avait su faire étouffer cette affaire... Une fois de plus, il tentait de protéger les siens. Tamara le connaissait très bien, cet homme était son ancien senseï.

Silencieuse, je l'écoute. Les doigts parcourant l'eau froide du bassin, je reste pensive. Tamara fut donc ce genre de personne... celle qui désirait la puissance, le pouvoir. Elle disait avoir changé et je n'en doutais pas un instant. Toutefois... Qu'est-ce qu'il me prouvait qu'elle ne réemprunterait pas ce chemin de haine et de violence ? Comme elle le faisait si bien remarqué : nous pouvions tous changer ! Mes doigts quittèrent le bassin pour jouer nerveusement avec mes cheveux.
J'étais bien pessimiste, ça ne me ressemblait pas. Ce pouvait-il que mon échec de ces derniers jours m'aient autant affecté que ça ?







Je marquais un petit temps d'arrêt avant d'en retourner la question.



Je ne voyais en cet homme qu'un vieillard, plutôt froid il est vrai, mais pour le moins inoffensif. Mais naïve et aveugle que j'étais, cela ne m'aurait point étonné qu'il fut tout autre. Enfin... pour l'instant faute de preuves je ne pouvais rien affirmer sur ce dernier et il aurait d'ailleurs été bien médisant de ma part de le faire ! Je reportais donc mon attention sur "le gosse en question" que semblait à ma plus grande surprise connaitre Tamara.



Mon cerveau cogita. Allais-je lui demander de me donner son nom ? De le punir sévèrement ? Non, comme je l'avais dit plus tôt, cela ne servait à rien. Je ne voulais pas d'une solution temporaire, mais définitive. La haine quel l'enfant devait éprouver pour les miens devaient disparaitre !

Pour la belle Tamara, il n'était guère difficile de mettre un visage à cet accident... Seul une fratrie bien connue au sein du clan Chikara pouvait être la cause de ce majestueux problème. Effectivement, il n'était pas possible que Chikara Kano soit le fautif, ce garçon était bien trop doux et silencieux... Les autres gosses étaient généralement de pieux sympathisants d'une Paix au sein de ce village Shinobi. Mais... Pas lui... Non... Chikara Manjiro était le fils spirituel de Chikara Tensaï et il était connu comme étant particulièrement inconscient et victime de ses émotions trop fortes... L'actuelle cheffe du clan était bien au courant pour la simple et bonne raison qu'elle fut celle qui l'aida à se sortir de nombreux déboires avec la Justice Konohajin.

Dorénavant, les choses étaient différentes. Tamara prônait la Paix et le maintien des bonnes valeurs, elle n'était plus intéressée pas un Konoha sous la gouverne rudimentaire d'un Hokage Chikara victime de ses ambitions démesurées... Chikara Heiwa avait su trouver les mots et montrer la voie et aujourd'hui, c'était à elle de continuer à faire prospérer les siens. Elle déglutit pour ensuite reprendre la parole :


Elle soupira en repensant aux nombreuses heures de lavage de cerveau et à la victimisation d'un jeune Uzumaki durant de nombreuses missions... Aujourd'hui, ce gosse était mort... Elle ajouta alors :


Bien qu'elle en doutait, la belle Chikaradôno craignait même que cet accident soit organisée par l'homme en question... Ceci n'était point de son genre, mais il avait ce don d'être bien souvent insondable. Un peu plus loin, des énormes carpes koi se prélassaient dans la mare, la Chikara observait les différents poissons avec une certaine nostalgie... Elle se remémora les longs entraînements avec l'individu à la chevelure d'or alors que la belle blonde n'avait que 7 ans. Bien que dur, elle le savait, Tensaï cachait des sentiments et une forte inquiétude. Malheureusement, il était dorénavant guidé par la haine et le désespoir.


Elle soupira de nouveau en fermant les yeux... Elle le savait, tout n'était pas perdu.

Chikara Tensai. Cet homme était donc si fourbe que ça ? L'ancienne élève qu'était la Chikaradôno l'affirmait. J'en eu la chaire de poule. La puissance, le pouvoir, la domination étaient bien des choses que je réfutais. Pas seulement moi, mais tout le clan Kitto. Unis sous un même emblème, de mêmes valeurs, nous semblions bien loin de ces différents qui habitaient le clan Chikara. J'osais espérer que ces derniers retrouvent le droit chemin et ceux sans incidents similaires...
Avec Tamara comme guide, cela ne devrait pas être compliqué, pensais-je, la main triturant mes cheveux. Elle me paraissait juste et sage. Des qualités, qui, je l'espérais, surpasseraient la fourberie de son maître...

Toutefois, là où j'aurais pensé la laisser agir seule, en tête-à-tête avec son clan, voilà qu'elle me proposait de jouer le rôle du flambeau ! Les joues se teintant de rouges, les yeux s'écarquillant légèrement de surprise, j'agitais les mains dans tous les sens.



Que voulait-elle bien entendre par là ? Je n'étais qu'un flambeau pour mon clan et encore... Il m'arrivait de me demander ces temps-ci si je servais réellement à quelque chose. Mon opération à l'hôpital avait été un échec, Ekko faisait sa vie de son côté et avec la situation que traversait actuellement le village, voilà que la reconstruction du quartier Kitto ralentissait. Ma confiance en moi était au plus bas, chose que j'essayais bien de cacher sous mon visage souriant et égayant. Tout ceci, j'allais dire à Tamara. Lui faire comprendre que je n'étais pas la personne qu'elle pensait. Que je n'étais qu'une fille un peu paumée qui s'était retrouvée par le plus grand des hasards à la tête d'un clan. Non, il y avait des gens bien plus compétents que moi qui saurait remettre sur le bon chemin toutes ces âmes égarées !

Je levais les yeux vers ceux de la Chikaradôno, prête à lui balancer les quatre vérités avant de me raviser. La belle Tamara, le soupire entre les lèvres, les pupilles closes affichait un spectacle qui... je ne sais pas… m'inspirais un certain désespoir. Un désespoir qui, je ne sus pourquoi, me fit dire quelque chose que je regretterai pour sûr.

En jetant un coup d'œil à la cheffe du clan la plus jeune, la belle blonde se mit à sourire. Nami ne se doutait guère de son important au sein du village de la feuille et des nombreux bienfaits de cette nouvelle génération pacifiste et proactive. D'un ton enjoué, elle se mit à regarder sa comparse avec une certaine compassion.


La femme ne pouvait guère s'étendre davantage sur le sujet, celui-ci hantait suffisamment ses nuits... Malgré tout, elle croyait une nouvelle génération et en un renouvellement ultime de la jeunesse Konohajin. Elle était certaine qu'une stabilité était en approche et qu'il était plus que temps d'y veiller. Elle se mit à rire et ajouta :


Soudainement, la jeune médecin décida de revenir sur le sujet initial. La cheffe du clan Chikara fut incapable de masquer la surprise apparente sur son visage. Pourquoi souhaitait-elle le savoir ? Dans un sens, Tamara n'avait nullement le droit de lui en vouloir...


Bien que le corps à corps n'était nullement la spécialité d'origine de la Chikara, il était tout de même étonnant qu'un gosse puisse si aisément surpasser une cheffe de clan.

Tamara me rassure. Ce n'est pas une mission qu'elle me donne. Heureusement, dans mon état, nul doute qu'il m'aurait été bien compliqué de la menée à bien. Un petit soupire s'extirpe de ma bouche puis un petit sourire en coin, emprunt de fierté, apparaît sur mon visage. Moi, un exemple ? Si nous mettions ma joie et mon côté hypersociable, il n'y avait pas grand-chose à s'inspirer de moi. Je n'étais même pas capable de sauver la vie d'un simple shinobi...



Murmure-je guère très convaincu. Si seulement elle savait...

Chassant les quelques pensées noires qui refont surface, je me concentre de nouveau sur les paroles de la Chikara dôno. Moi qui ne voulais pas connaître le nom des fautifs au début de cet entretien, voilà que j'allais finalement devoir mettre la main à la pâte ! Néanmoins, le problème était bien plus grave que je ne l'avais pensé. Une simple réprimande ne suffirait pas, Tamara devait le savoir. D'où la raison de toutes ses explications et réponses.

La main rejoignant mon menton pour le frotter pensivement, je prends quelque secondes de réflexion à l'écoute de ce nom qui m'est inconnu : Manjiro.
Puis je ressasse la dernière phrase de la cheffe de clan : devenir fort autrement...
Des paroles vagues qui, sous la sagesse de la belle femme, cachaient la solution de mon problème.



J'affiche un grand sourire sincère. La femme à la tête du clan Chikara ne m'avaient apporté aucune solution, mais à l'inverse m'avaient donné des réponses.
Comme disait si bien mon père : "Si un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson" !

Après m'être inclinée, je quittais donc le parc, à moitié satisfaite.