La Okasan déposée, je reprenais tranquillement ma petite vie. Paperasses, entretiens puis direction l'hôpital ! Une routine qui me ferait très certainement oublié l'attitude sauvage et puéril de nos visiteurs de ce matin. Désagréable qu'ils furent, j'étais bien contente de ne plus avoir à subir leur compagnie ! Quoique... la Okasan semblait bien faire exception à la règle. Somptueuse de par sa parure et de par l'aura qu'elle dégageait, elle était restée polie et courtoise tout le long du trajet. Si tous les haut placés de Kumo étaient comme elles, les futiles querelles n'auraient point vu jour, pensais-je un peu naïvement.
La nuit commençait à tomber quand j'ouvrais les portes arrière du grand bâtiment de soin. Le temps d'enfiler une blouse blanche et hop, j'étais partie pour mon service de nuit ! Parcourant les couloirs de l'hôpital, en direction de la salle de pause, là où se trouvait le cahier de charge, je fus surprise de ne voir que trop peu de médecin. Un, deux, trois... Bizarre...
Curieuse et avide de connaître la réponse à cette absence, je bifurquais vers la salle d'attente. Homa-san qui, fidèle à son poste, saurait sans aucun doute lever toutes ces interrogations. La vieille femme avait pour oreilles les murs de l'hôpital, il ne pouvait y avoir plus informée qu'elle. J'en étais certaine !
M'exclamais-je en entrant, sourire en bouche, dans la salle. Derrière son bureau, prête à accueillir les nouveaux patients, la femme aux lunettes prit quelque temps avant de répondre.
« Oh... bonsoir Nami ! Je peux faire quelque chose pour toi ? »
Toujours aussi serviable, pensais-je en hochant la tête prestement.
« Non pas spécialement… Je suis juste très étonnée de croiser si peu de médecins. J'ai l'impression qu'il manque énormément de monde ce soir. Mais peut-être que je fais fausse route... »
« Tu n'es donc pas au courant ? La Okasan a fait un malaise, une équipe médicale a été chargée de l'emmener ici. »
Elle marqua une petite pause avant de lâcher un souffle rauque. L'inquiétude pouvait s'entendre à sa voix.
« Je crains qu'il ne se passe quelque chose de grave ma petite Nami... Quelque chose de très grave... »
1h et 45 minutes plus tard...
La Okasan avait été déposé dans la chambre 26, celle préparée par mes soins. Transportée par l'équipe médicale, j'avais pu voir vaguement son visage endormi, emplie de crainte et d'appréhension, ce même visage qui me rappelait Homa-san. J'en avais presque eu des frissons à tous les voir ainsi !
Je me pinçais les joues. Il n'était pas l'heure de rêvasser et de craindre quelque chose que j'ignorais. On m'avait demandé de veillez sur la Okasan et de m'assurer qu'elle ne manque de rien. Une tâche qu'on donne normalement aux simple infirmier ou stagiaire mais en service de nuit, il était rare d'en trouver sous la main. Et puis, on parle de la Okasan en plus ! Pas d'un simple troubadour !
Un verre d'eau à la main et quelques biscuits sur un plateau, je me pointais donc devant la porte de la chambre 26. Guère stressée, je n'attendis pas longtemps pour toquer à la porte et entrer grand sourire dans la pièce. Seule source de lumière, une lampe de chevet éclairée faiblement la silhouette gracieuse de la Okasan. Je me raclais légèrement la gorge :
« Bonsoir Okasan. Allez-vous mieux ? »
Plateau en main, je m’approche d’elle. Un pas devant l’autre, veillant à ne pas tomber malgré la faible luminosité de la pièce.
« Une petite soif ? Une petite faim ? »
La main jouant nerveusement avec mes cheveux, les joues se teintant de rouge, je marque une petite pause avant d’essayer de détendre l’atmosphère bien trop lourde à mon goût.
« Si vous pensez que les gâteaux sont empoisonnés, ça ne me dérange vraiment pas de vérifier pour vous ! A vrai dire tout ce travail me donne une faim de loup ! »