La vie active ?! Si cela se résumait à mettre des coups de pieds aux Kitto, il allait falloir revoir quelques notions... Enfin, je me doutais bien à son sourire narquois, provocateur, qu'il n'était pas dupe. Il savait que j'étais au courant. Et comme au Shōgi, chacun de nous deux essayait de berner l'autre. Ou plutôt
il essayait de me berner ! Je lâchais un petit soupire. Avais-je vraiment le temps pour ces boniments ? N'était-il pas judicieux de lui cracher au visage toute la vérité ?
Non pas encore. Alors gardant ce grand sourire, j'acquiesce, je complimente.
« Tu aides ton beau-père ? C'est super ça ! »
Quelle hypocrisie de ma part. Ça ne me ressemblait absolument pas et cela me frustrait presque d'agir ainsi. Manjiro de même, si j'en croyais son poing fermé... Ce dernier semblait difficilement maitriser la rage qui bouillonnait en lui. Encore un peu et il ne tarderait pas à se jeter sur moi pour m'envoyer à la case hôpital. Et il ne fut nul doute, que je ne pourrais rien faire contre lui...
Heureusement, il garda un semblant de calme, lâcha un soupir puis… me provoqua de nouveau. Était-ce un moyen d'évacuer sa colère ?
Je ne le savais guère, mais une chose était sûre : il avait dépassé les bornes. D'une voix glaciale et d'un regard perçant, je ne me fis alors pas prier pour le traiter de nom d'oiseau.
« Tu es vraiment un idiot Manjiro. Un idiot blond. »
Je croisais les bras, fermais les yeux et laissais un flux de parole sortir de ma bouche :
« Tu te proclames comme supérieur aux autres, mais laisse-moi te demander en quoi ? Tu n’es même pas capable de protéger les membres de ton village. Pire, tu les frappes. La vérité Manjiro c’est que tu es tellement faible qu’au lieu d’aider ton village, tu te retournes contre lui. Facile hein quand on a papa derrière pour nous couvrir ? »
J’ouvrais les yeux. À ce moment, je n’en avais plus rien à faire de cet entretien, d’avoir une pédagogie, un plan pour lui faire avouer… Non Nami, avait renversé le plateau de Shogi et n’avait sûrement pas fini ses explications :
« Être aimé par tes ancêtres ? Pfff… Et par les gens de notre époque ? Ce ne sont sûrement pas les morts qui viendront t’aider Manjiro. Il est temps de se réveiller et de vivre dans le présent maintenant... Les Chikara ont maintes fois tenter de prouver leur supériorité par le sang et la guerre. Résultat : rien n'a changer si ce n'est que de nouvelles tombes ont été creusés. »
Je lâchais un long soupire, reprenais mon souffle et disais plus calmement. Presque comme un conseil, si ce n'en fut d'ailleurs pas un :
« Manjiro... Si tu veux montrer la supériorité des Chikara, alors montre que ton clan est le plus utile du village. Que vous êtes nos sauveurs, que vous nous protégez, qu'en vivant avec vous, nous Kitto, Uzumaki, Kirishitan se sentons en sécurité. Seulement après, je serais ravie de reconnaître la supériorité des tiens. Ta supériorité même...
Mais pour l'instant, désolé de t'apprendre que je ne vois qu'un clan remplie de délinquants qui n'apprend pas de ses erreurs passées. »
J'avais été cru, mais n'était-ce pas ça au fond ce qu'il cherchait ? La vérité, rien que la vérité ? Je repensais alors aux paroles de Tamara :
" il a simplement besoin qu'on lui prouve qu'on peut devenir fort autrement . ". Avais-je réussi à le lui faire comprendre cela ?
Je l'ignorais...