Les deux hommes avaient marché pendant des heures, leurs pas résonnant dans le silence oppressant de la nature sauvage. Emmaiko avait perdu toute notion du temps et de la distance parcourue. Cependant, voyant que son compagnon ne semblait pas demander de pause, il décida qu'il était temps de faire une halte.
« On s'arrête. J'en ai assez de marcher. En plus, j'ai faim. »
déclara-t-il, ne pouvant plus avancer sans avoir le ventre rempli. Le silence de la route n'avait pas dérangé Emmaiko, car cela lui permettait de se concentrer sur son état psychologique et de se recentrer. Cependant, sans nourriture, il savait que son état se détériorerait, risquant de raviver la folie du Minashigo et de le faire perdre le contrôle.
« Toi, prépare le campement et allume le feu. Je vais chasser ce que je peux trouver, et nous mangerons ça. »
ordonna-t-il à son compagnon sans attendre sa réponse. Puis, sans plus tarder, il se détourna de la route et se lança à la recherche de proies malheureuses qui croiseraient son chemin.
Une fois dans la forêt, le Minashigo repéra facilement de petites créatures comme des lapins et des écureuils, qu'il tua sans la moindre hésitation. Il laissa sa folie prendre le dessus, mais réussit à la maîtriser suffisamment pour le retour au campement. Soudain, il entendit un bruit de pas derrière lui, celui d'un être humain. Était-ce Genji, son compagnon de route ? Si c'était le cas, un combat à mort était sur le point de commencer.
Se retournant brusquement, Emmaiko allongea son bras jusque dans les feuillages pour attraper l'individu à la gorge, le ramenant à une distance qui lui permettrait de le reconnaître. À sa surprise, c'était un vieillard qui semblait inoffensif. Ridé et dégarni, il portait des vêtements sales. L'homme essaya tant bien que de mal de supplier Emmaiko de le lâcher, mais il était trop tard. Le Minashigo avait été emporté par sa frénésie meurtrière. Sa main resserra son étreinte, étouffant l'homme qui agonisait lentement.
Une fois le corps sans vie, Emmaiko décida de le mutiler au niveau de la gorge et de l'abdomen, afin de faire croire à une attaque animale. Il espérait ainsi que les charognards viendraient rapidement dévorer le cadavre, effaçant les preuves de son crime. Cependant, il n'avait aucune intention de se nourrir de la chair de qui que ce soit. Il devait retourner au campement au plus vite, car Genji risquait de s'inquiéter et de se diriger vers sa direction.
Portant avec lui les animaux qu'il avait tués, ainsi qu'un morceau de chair du vieillard, Emmaiko se hâta de revenir vers le camp. À son arrivée, il remarqua immédiatement le feu crépitant et les rondins de bois disposés pour s'asseoir. Mais Genji était introuvable. Une légère angoisse s'empara d'Emmaiko, mais il tenta de se rassurer. Après tout, le vieillard n'avait pas eu le temps de crier, donc il n'y avait aucune raison que Genji se soit approché.
S'installant sur l'un des rondins de bois, Emmaiko attendit son collègue. Les animaux fraîchement chassés ainsi que le morceau de chair du vieillard reposaient à ses pieds. Le Minashigo restait vigilant, mais surtout impatient de revoir Genji pour partager leur sinistre festin.