Durant plusieurs kilomètres, je continua de traîner le corps déboîté et brûlé de l’Hattori. Ce dernier était en mauvais état et avait passé la plus grande partie du chemin inconscient. Je notais à la couleur de sa peau qu’il avait déjà perdu beaucoup de sang, sans doute dû aux kunaïs que j’avais planté dans chacune de ses paumes. Préférant le ramener à Kumo en vie, je finis par demander de l’aide aux quelques civils que j’eus rencontrée sur mon chemin. Ces derniers, après un petit moment d’incertitude en me voyant trimballer cet homme, m’indiquèrent le lieu de résidence d’un médecin non loin.
Je finis par rejoindre cette propriété légèrement isolée, j’entrais alors chez cet homme, sans y être nullement invitée. Et alors que je balançais le corps d’Atsuro, à l’article de la mort, sur le sol, je lui dis :
« Il paraît qu’il y a un médecin ici… Ce type aurait bien besoin d’aide. »
Constatant l’état dramatique de cette ordure, il passa rapidement outre le fait que je venais de débarquer chez lui à l’improviste et s’écria :
« Madame, je vous prierai de… Grand dieu, qu’est-il arrivé à cet homme ? »
Il se précipita aussitôt près de lui, et constata avec effroi les quelques brûlures qui parsemaient son corps, ses épaules déboîtées et surtout ses mains ensanglantées. Je n’étais pas belle à voir non plus, mais mes blessures demeuraient largement superficielles en comparaison. Poussant un léger soupir, je lui répondis calmement :
« Ne le prenez pas trop en pitié. Cet homme est un déserteur, contentez vous de lui prodiguer le nécessaire pour notre voyage jusqu’à Kumo. »
« Deux morts en sursis à quelques jours d’intervalle, c’est bien ma veine… »
« Deux » ? Notifiais-je tout de suite. J’étais curieuse de savoir quel genre de blessé cet homme pouvait recevoir ici. Un autre cas urgent comme celui-ci visiblement. Quoiqu’il en soit, mes questions ne tarderaient pas à obtenir des réponses, un seul pas me suffit pour arriver à côté de la porte entre-ouverte, et aussitôt je constate la présence d’une autre personne. Difficile de dire s’il s’agissait d’un kumojin ou non, mais au vu de son allure, il était au moins mercenaire. Parfait, je venais de trouver quelqu’un pour transporter Atsuro jusqu’à Kumo.
« Tiens donc… vous tombez rudement bien. »
Dis-je en faisant quelques pas, je finis par apercevoir également un jeune homme à la tignasse blonde alité juste à côté de la montagne de muscle. Ma curiosité prit le dessus sur ma politesse, je lui demanda immédiatement ce qui avait bien pu le mettre dans un état pareil.
« Hmm ? Que t’est-il arrivé jeune homme ? »
Demandais-je naturellement. Ma présence était aussi étrange que la leur, et ils le savaient sûrement. J’étais une Kumojin en solitaire et ils avaient probablement entendu ma conversation à mon arrivée, tandis qu’eux se reposaient chez un médecin civil depuis plusieurs jours. Deux situations peu orthodoxes pour des Kumojins… Mais j’étais bien loin d’imaginer que ces deux-là avaient en réalité eus quelques déboires avec mon très cher frère…