Le temps de se poser

Enfin, après des heures de travail dans sa petite pièce, sa dernière patiente venait de partir. Ça faisait quelques mois qu'il n'avait pas vraiment pris le temps de se poser à vrai dire. Tellement de choses s'étaient passées que pour être honnête, il avait perdu le contrôle des événements de sa vie.



Il venait de donner un coup à son bureau rien qu'à cette idée. Il n'avait pas à s'en vouloir, les choses ont été vites pour lui. La mission avec Akiko, sa promotion en tant que Chûnin, et le fait qu'il ait continué tous les entraînements intensifs. Bref, tout ça l'a un peu dépassé si il ne voulait pas se mentir. Mais il y'avait quand même des raisons d'y voir du bon. Au moins, il perdait de moins en moins souvent ses nerfs et il était de plus en plus stable mentalement. Par rapport à il y'a quelques années, il en avait fait du chemin, et c'était tout à son honneur.

Et puis au final, il n'avait pas vu Akiko à l'hôpital, ça l'a beaucoup soulagé. Il avait tellement peur qu'elle soit complètement meurtrie après ce qu'elle avait vécu. Il n'avait pas cessé de penser à ce qui se serait passé s'il s'était encore mieux battu. Pas qu'il n'avait rien fait, mais il aurait pu faire plus. Mais enfin, elle n'avait pas atterri à l'hôpital psychiatrique et c'était tout ce qui comptait. Il en avait vu bien trop y finir, pour les mêmes raisons, et cette gamine ne méritait pas de finir comme eux, personne ne le méritait en fait.

Ca faisait du bien de prendre des pauses des fois, il était simplement assis sur sa chaise et il regardait le soleil couchant, les saisons passées il n'avait pas cette chance à la fin de son service, il se couchait beaucoup plus tôt.

Il y'a aussi cette promotion en tant que Chûnin. S'il était honnête avec lui-même, peut-être qu'il ne la méritait pas, en fait il n'en savait rien. Mais ce qui était sûr, c'est qu'il n'avait pas vraiment été proactif en termes de missions ces derniers mois. C'est ce qu'il devrait faire. Il s'était donné du temps, maintenant il devrait être exemplaire, il devait s'approcher de plus en plus de l'idéal qu'il aimerait être. Sur ces pensées il ferma son bureau et sortit de l'hôpital.



Il aimait beaucoup la transition entre le printemps et l'été, c'était agréable de sortir dehors. Les affaires reprenaient.

Dans les moments calmes de la nuit, Gaikotsu Akiko se retrouvait souvent plongée dans ses pensées tourmentées. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander si cet esprit dont elle sentait la présence était réel ou simplement le fruit de son imagination défaillante. Malgré ses efforts pour rejeter cette idée comme absurde, une partie d'elle-même restait intriguée, voire terrifiée, à l'idée qu'il puisse exister quelque chose au-delà de ce qu'elle pouvait percevoir.

"Peut-être suis-je tout simplement en train de perdre la tête", pensait-elle avec un soupir de frustration. Mais alors, pourquoi cette sensation persistante de ne pas être seule ? Pourquoi cette voix intérieure qui la poussait à considérer sérieusement l'existence de cet être invisible ?

Gaikotsu Akiko se sentait prise au piège entre le rationnel et le mystique, incapable de trouver un terrain solide sur lequel reposer ses convictions. Soudainement, les bruits de pas d'un homme androgyne vinrent perturber sa profonde réflexion, ce dernier marchait à une vitesse lente, comme s'il était lui-même en train de penser à sa vie. Elle ne tarda pas à le reconnaître. Elle murmura :


Au fond, Akiko ne connaissait pas assez Daiki pour le décrire comme un ami, mais ce dernier semblait trop bien la connaître pour la considérer comme une inconnue. Une fois de plus, la jeune femme était incapable de mettre un mot sur cette relation. Ce qu'elle savait, c'est qu'elle ressentait une sorte de bienveillance en voyant ce visage... Ce visage qui avait longtemps pu lui rappeler la mort... Toujours assise sur son banc, la femme était constamment surveillée par un ninja senseur expérimenté. Ce petit moment en solitaire était le seul accordé depuis plusieurs jours. Elle n'osa pas parler, mais personne ne semblait l'empêcher de le faire... Était-ce autorisé ? Elle murmura de nouveau d'une manière incertaine :


Était-elle vraiment autorisée à lui parler ? Comment se faisait-il qu'il n'ait pas été détourné auparavant ? Daiki était médecin, était-il sur son dossier ? N'était-il ici que dans le seul but de tenter de comprendre la femme ? Elle ne le savait guère mais malgré ses nombreuses questions, elle était heureuse de revoir ce visage familier.

Il avait marché pendant les dernières heures là où son esprit l'avait guidé, il n'avait pas prêté attention aux endroits dans lesquels il était passé ni même où il se trouvait. Il était simplement dans ses pensées depuis la sortie de son service. Il faisait bon et cette nuit calme était la soirée idéale pour ne rien faire et ne se soucier de rien, ça faisait un moment que le Kitto ne l'avait pas fait. Mais il fut sorti de ses pensées, le temps de se reconnecter avec le monde réel il vit une personne avec laquelle il serait ravi de passer au moins un peu de temps.



Il se tourna vers elle, Daiki ne l'avait pas vu depuis des lustres, depuis la mission en fait. Et jusqu'à maintenant il ne savait pas si c'était censé le soulager ou non, mais il était heureux de la voir en tout cas. Il ne voulait même pas la questionner sur ce qu'il s'était passé ce jour là, juste prendre de ses nouvelles. D'ailleurs, avec tout ça il n'avait clairement pas pris le temps de manger quelque chose.



Quelque chose n'allait pas ? Elle avait un air interrogateur, le Chûnin ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait, mais il n'allait pas se prendre la tête à réfléchir ce soir, il voulait simplement prendre du repos et si il pouvait en passer avec une..? amie, ce serait mieux !

Daiki apparaissait finalement plus séduisant que dans les souvenirs d'Akiko. Serait-ce simplement parce qu'il dégageait une assurance palpable ? Pourtant, il semblait ignorer la dernière grosse erreur de la jeune femme, ce qui la rassurait tout en éveillant une légère suspicion en elle. Se ressaisissant, Akiko se leva timidement, réalisant qu'elle était légèrement plus petite que son interlocuteur. Dans la nuit obscure, elle prit la parole d'une voix hésitante :


Akiko se sentait observée et si elle éprouvait de la crainte, elle savait qu'un garde viendrait à sa rencontre au moindre impair. Bien qu'elle ait du mal à marcher, elle se rendait compte qu'elle n'était pas aussi gravement blessée qu'elle aurait pu le penser. Ce constat n'était pas surprenant, elle avait été capable de maîtriser des hordes de squelettes par centaines, même si elle doutait que ce fût vraiment de son fait. Soudain, un éclair de souvenir traversa son esprit, celui de sa mère, la gorge transpercée.

Daiki semblait si épanoui dans sa vie, ce qui intrigua Akiko. Il était certes un peu plus âgé, mais il semblait improbable de devenir aussi sage en si peu de temps. Elle fit un léger geste de la main droite et ajouta d'un ton résolu :


Malgré son visage angélique, il était évident que derrière son apparence, Akiko dissimulait sa tristesse et ses pensées sombres. Tout en marchant à droite de son camarade de mission, elle ne savait nullement où poser ses yeux. Elle ajouta alors :

Qu'elle ait accepté son invitation le rendait joyeux, il avait beaucoup pensé à Akiko dans les précédents mois et qu'ils se rencontrent en cette nuit paisible était probablement un signe du destin. En revanche, le blondinet sentait que quelque chose n'était pas normal, son air interrogateur n'était pas dans ses souvenirs d'elle. Enfin bon, à son âge on change beaucoup, pas de quoi s'inquiéter non plus. Il était plutôt bien placé pour le savoir surtout que ce qu'elle avait vécu n'a probablement pas été facile à vivre, encore moins pour un cerveau encore en construction.



Il ne savait pas si c'était ses yeux qui lui jouaient des tours, mais il lui semblait bien que la jeune Gaikotsu boitait. Tout d'un coup il se reprit : il n'allait tout de même pas la scanner toute la soirée non plus ! Quoi qu'il en soit, ils se dirigèrent vers le restaurant de nouille, pas forcément le plus proche mais le premier qui leur tombait sous la main en fait. Ils n'allaient pas marcher des lustres, surtout si Akiko était peinée à le faire. Au fur et à mesure que la nuit avançait, la Lune était toujours aussi belle et lumineuse, et cela suffisait sûrement à l'apaiser de bonheur.



Pour lui, le village de Konoha était un système, chaque personne a sa part du travail à faire, et chaque personne la fait admirablement. Il ne voyait pas vraiment de différence entre lui et n'importe qui d'autre au sein de ce village !

Au fur et à mesure que la conversation avançait, ils arrivèrent enfin au lieu où ils pourraient se rassasier, maintenant qu'il y pensait ça faisait un sacré moment qu'il n'avait pas mangé. Et également, plus il y pensait, plus il voulait demander à Akiko comme elle allait sincèrement, hors du cadre de la médecine ou de n'importe quoi d'institutionnel. Peut-être qu'il tenait à elle malgré tout.



Il ne s'attendait pas à une réponse honnête forcément. Après tout, il n'était personne pour elle. Si elle voulait lui mentir, qu'elle le fasse, ça ne le dérangeait pas le moins du monde. Mais il voulait peut-être sincèrement aider une Gaikotsu qui a dû subir et faire des choses horribles, peut-être encore plus depuis la dernière fois, c'est ce qui le tracassait depuis un moment en tout cas.

La présence soudaine de Daiki apporta à Gaikotsu Akiko un réconfort inattendu, rompant la solitude de ses nuits habituelles. Rarement avait-elle eu l'opportunité de partager un moment aussi intime avec quelqu'un en dehors de ses supérieurs ou de ses collègues. Pourtant, malgré sa gratitude envers lui, une méfiance persistait dans son esprit tourmenté. Elle avait appris à se méfier des apparences, à se demander toujours quelles étaient les véritables intentions des personnes qui l'entouraient.

À la remarque de Daiki sur sa démarche boiteuse, Gaikotsu Akiko se figea brièvement. Elle avait espéré que personne ne remarquerait son malaise physique, mais visiblement, Daiki avait l'œil affûté. Elle se sentit vulnérable, exposée, comme si une partie de son intimité avait été dévoilée. Malgré tout, elle se força à sourire, à dissimuler son inconfort derrière un masque d'indifférence. Elle décida de mentir avec une assurance feinte :


Elle se rendit compte que le mensonge était un fardeau lourd à porter, surtout devant quelqu'un comme Daiki, probablement capable de déceler la vérité avec aisance. Mais par politesse, il resterait sans doute silencieux quant à ce mensonge.

Ils se dirigèrent vers un restaurant de nouilles à proximité, où l'atmosphère animée contrastait avec le calme de la nuit. Gaikotsu Akiko appréciait la compagnie de Daiki, bien qu'une partie d'elle-même se demandât pourquoi il avait choisi de passer du temps avec elle ce soir-là.

Lorsque Daiki lui demanda comment elle allait vraiment, Gaikotsu Akiko sentit un poids s'abattre sur ses épaules. Elle savait qu'elle devait faire preuve de prudence dans sa réponse, mais en même temps, une part d'elle-même désirait se confier à quelqu'un, à Daiki en particulier. Pourtant, elle garda ses pensées sombres pour elle-même, se contentant de répondre d'une voix douce :


Elle s'interrompit soudainement, des larmes coulant instantanément sur ses joues. Elle murmura en tentant de sécher ses larmes avec sa manche déjà mouillée par ses précédentes émotions :


Elle ajouta en mimant un sourire peu convaincant :

Le Kitto ne souhaitait probablement pas prêter attention aux moindres petits détails, mais on dirait que c'était devenu plus fort que lui. Un tas de signe semblait lui montrer que Akiko lui cachait au moins une partie de la vérité. Après tout, elle avait le droit. Si elle ne voulait pas lui dire quelque chose ou ne pas dire quelque chose, c'était normal et il n'avait pas à s'en mêler. Par contre, s'il pouvait faire quelque chose pour cette blessure qui avait l'air douloureuse, il le ferait.



Il essaya de prononcer cette phrase de son air le plus doux et bienveillant possible, il ne voulait ni son mal ni la forcer à quelque chose. Il avait travaillé avec énormément de gens et lu un tas de livres. Face à une personne qui ne dit pas tout, ça ne servait à rien de partir en confrontation directe, il avait juste à se tenir à ses côtés et l'aider au besoin, après tout, le Kitto avait probablement une part de responsabilité dans la tournure qu'avait pris les événement ce jour-là.

Une fois arrivés dans l'ambiance du restaurant, les deux ninjas se posèrent mais ne prirent encore rien pour l'instant.

Il sentait que sa question avait fait réfléchir Akiko. Bien plus qu'il ne le voulait à vrai dire. La fille aux cheveux blancs allait mal, ça lui sautait aux yeux, il ne croyait pas du tout à sa fatigue, même si elle était sûrement fatiguée de surcroît. Quand elle lui signifia sa volonté de partir, il acquiesça, un peu surpris, mais c'était d'accord. Ils s'enfoncèrent de nouveau dans la nuit paisible, il ajouta simplement en la regardant dans les yeux.



Il ajouta un petit sourire probablement peu perceptible dans le noir de la nuit, mais il avait tout de même garder un ton calme et doux. Il ne voulait vraiment pas la brusquer. Il se comportait un peu comme ses aînés se comportait avec lui quand il était un peu plus jeune qu'eux, et étonnement, ce constat ne lui fit aucun effet.

Son cœur se serra à la proposition de Daiki. Elle savait qu'elle devait se montrer forte, mais l'idée d'accepter de l'aide lui procurait un sentiment de soulagement inattendu. Pourtant, une partie d'elle-même résistait encore, terrifiée à l'idée de se livrer complètement. Elle répondit alors avec un sourire factice :


Bien sûr, ce n'était pas vrai. Bien évidemment, elle se mentait. Elle sentait ses larmes menacer de refaire surface, mais elle les refoula avec force. Elle ne voulait pas être une source de préoccupation pour lui ou pour quiconque. Elle en avait déjà trop fait. Elle devait se faire oublier et n'être personne.

Une fois installés dans la rue chaleureuse où de nombreux restaurants semblaient se partager la clientèle, Gaikotsu Akiko sentit le poids de son cœur s'alourdir légèrement. Pourtant, la question de Daiki continuait de tourner dans son esprit, l'obligeant à faire face à des vérités qu'elle préférait ignorer.

Les mots doux et rassurants qui suivirent la firent vaciller. Elle se sentit submergée par un mélange de gratitude et de peur. Devait-elle lui accorder sa confiance ? Devait-elle lui révéler la vérité sur ce qui la tourmentait ? Ses pensées tourbillonnaient dans sa tête, mais une part d'elle-même savait qu'elle ne pouvait plus porter ce fardeau seule. Elle avoua d'une voix tremblante tout en profitant de l'odeur des gyozas :


Les larmes qu'elle retenait avec tant de difficulté finirent par s'échapper, trahissant sa détresse intérieure.


Elle baissa les yeux, honteuse de sa propre vulnérabilité. Mais en même temps, elle se sentait soulagée d'avoir enfin partagé une partie de son fardeau avec quelqu'un en qui elle avait étrangement confiance, était-ce lié à sa position professionnelle ? Elle ne pouvait guère le dire. Elle renifla en baissant son visage.



Les nombreux blessés... Hinae... Mai... Jiken... Etc... La liste était si longue qu'il était difficile d'énumérer les noms. Pire encore, plusieurs Konohajins étaient morts... Entre cet incident et la disparition de deux Konohajins en pleine mission, le village ne semblait, une fois de plus, pas au meilleur de sa forme. Debout dans cette ruelle mal éclairée, la jeune femme fixait par honte le sol. Elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de parler de sa culpabilité. Elle ne pouvait pas le regarder dans les yeux, elle était bien trop honteuse... Bien trop faible.

Quand elle commençait à se confier, le médecin pouvait en déduire pas mal de choses, déjà que ça lui pesait très lourd sur le cœur. Ensuite, qu'elle ne l'avait dit à personne ou quasiment personne, c'était une des premières fois que la fille aux cheveux blancs en parlait à quelqu'un. Il essayait au plus possible de rester hors de l'analyse médicale au sens propre, il n'était pas dans le cadre de ses fonctions. Une amie se confiait à lui, voilà tout.

Il ne voulait pas la couper. Il savait à quel point se livrer était quelque chose de compliqué, et si elle avait commencé, l'interrompre n'était pas une bonne idée, simplement la laisser vider son sac, et il avait l'air sacrément rempli. La Gaikotsu ne parla pas longtemps non plus, mais elle fit une révélation qui le fit frémir. Il espérait ne pas l'avoir montré, la nuit devait être de son côté pour ce coup là. Il ne comprenait pas comment les blessés et les cadavres qui lui étaient passés sous les yeux ce jour-là pouvaient être de sa faute. Il la regarda, elle fixait le sol, elle devait se sentir très coupable. Il devait essayer d'avoir les mots les plus justes possibles, quoique d'abord il voulait comprendre ce qu'elle entendait par là, il était presque sûr qu'elle surinterprétait les choses, ou alors c'était peut-être ce qu'il espérait.



Il gardait toujours une voix calme et bienveillante, il n'était pas non plus paniqué, mais il devait reconnaître qu'il ne s'attendait pas à ça. Il se rappelait très bien de ce jour où il a vu passer beaucoup de blessés et de cadavres, ça ne l'avait pas choqué, mais ils avaient été nombreux ce jour-là. Il voudrait donner à Akiko les mots qu'elle avait besoin d'entendre. Il ne connaissait que trop bien cette période de la vie. Elle est indécemment cruelle avec l'humain qui la traverse, surtout qu'Akiko, à sa différence est très active en mission, des missions dangereuses qui ne doivent rien arranger à ce qu'elle traverse déjà. Il voudrait l'aider, pas comme un médecin, comme un ami, comme un confrère, comme un camarade, comme quelqu'un qui pourrait sûrement la comprendre.

Akiko releva lentement les yeux vers Daiki, sentant le poids écrasant de ses secrets sur ses épaules. Ses pensées se bousculaient dans son esprit, lui faisant douter de sa propre santé mentale.


Elle marqua une pause, cherchant les mots pour exprimer les tourments intérieurs qui la tourmentaient.


Son regard se perdit dans le vide, replongeant dans les souvenirs troublants de cette journée fatidique.


Elle baissa la voix, la culpabilité la nouant dans un étau invisible.


Elle s'interrompit, un frisson parcourant son échine. L'idée même que Masaru puisse être réel lui semblait absurde, mais en même temps, elle ne pouvait ignorer les changements étranges qui avaient bouleversé sa vie. Elle ne se souvenait pas précisément de cette nuit fatigue où le monstre avait tenté un Ninjutsu étrange sur elle, mais elle avait l'impression de le connaître.


Elle se tut, les yeux emplis d'une détresse indicible. La vérité était plus difficile à admettre qu'elle ne l'avait jamais imaginé, et pourtant, elle devait partager son fardeau avec quelqu'un. Elle avala sa salive et repensa à ce qu'elle venait de dire... Hinae avait-elle raison ? Akiko lui permettait-il de survivre en pensant que ce dernier était toujours là ? Ou Kanashisa disait-elle vraie et l'énergie du monstre était encore présente, détachée de sa carcasse ? Akiko ne le savait guère, mais il était fort probable que Konoha connaisse la raison de tout cela...

Au fur et à mesure qu'Akiko parlait, il n'en croyait pas ses oreilles, il avait déjà eu affaire à toutes sortes de cas, mais là, le médecin ne comprenait pas du tout. Tout ce qu'il avait rencontré jusqu'à maintenant, plus ou moins, il en avait déjà étudié la théorie. Il connaissait les ressorts de telle ou telle maladie, ou blessure. Mais là, rien à quoi il pouvait se raccrocher. Il avait envie de la bombarder de questions, mais Akiko n'était pas forcément en mesure de répondre à cette éventuelle avalanche. Non, il devait l'écouter.

Le Kitto avait bon nombre de théories, son cerveau allait dans tous les sens. Déjà si elle avait toujours eu cette impression, c'était soit quelque chose comme un seau, un Genjutsu ou quelque chose qu'il ne connaissait pas, un Kinjutsu par exemple. Il avait assez vite exclu la piste de quelque chose de propre au Gaikotsu, on aurait des informations dessus sinon.. enfin c'est ce qu'il en pensait en tout cas. Ensuite, est-ce que Kanashisa était responsable de tout ça, qui était Kanashisa même ?

Il avait vraiment une tonne de questions mais il devait largement se limiter, il ne voulait pas lui compliquer la tâche déjà difficile qu'elle avait à faire. Il les choisirait donc avec parcimonie.



Il savait que ses mots pouvaient éventuellement lui faire du bien. Il garda un ton doux et bienveillant et ajouta alors



Le blond partait du principe que si Kanashisa était une ninja du village, il pourrait en apprendre plus via des registres à l'hôpital, pas la peine d'embêter Akiko avec ça. Par contre, il avait un mal fou à croire que cette fille qui exprimait tant de culpabilité ait pu blesser sa mère volontairement et en pleine possession de son libre arbitre. Il ne l'avait pas beaucoup côtoyé, mais il avait beaucoup côtoyé des gens qui faisaient du mal autour d'eux, volontairement. Et Akiko était très, très loin du profil qu'il poserait sur des cas comme ça.

Akiko écouta attentivement les paroles réconfortantes de Daiki, sentant un léger soulagement envahir son cœur tourmenté. Elle appréciait sa présence calme et rassurante, même si elle savait qu'elle lui exposait des vérités qui semblaient irréelles.


Sa voix tremblait légèrement, trahissant son état émotionnel instable. Elle se concentra sur les questions de Daiki, essayant de se rappeler les détails troublants de ces moments sombres.


Elle déglutit, se remémorant les sensations désagréables qui l'avaient envahie lors de ces incidents. Pourtant, malgré ses efforts pour contrôler son ninjutsu, elle avait échoué lamentablement, causant des blessures et de la souffrance autour d'elle.


Elle baissa les yeux, se sentant submergée par la confusion et la culpabilité. Elle savait que Daiki cherchait des réponses, mais elle se sentait dépassée par la complexité de sa propre situation. Pourtant, elle était reconnaissante d'avoir quelqu'un à qui se confier, même si cela signifiait affronter des vérités troublantes sur elle-même.


Elle sembla soudainement inspirée par une idée, son visage s'illumina d'un sourire.


Elle évoqua son frère, rappelant les moments joyeux de son enfance passée avec lui. Cependant, il avait disparu depuis plusieurs années, et elle ne savait pas où le trouver.

Dans un rêve récent, Akiko se retrouva transportée dans les souvenirs chaleureux de son enfance. Elle se voyait, petite fille, jouer joyeusement avec son grand frère, dont la présence réconfortante enveloppait chaque instant de bonheur. Alors qu'ils se chassaient dans les ruelles étroites du village, le frère d'Akiko se pencha vers elle avec un sourire radieux et lui murmura des paroles qui résonnaient encore dans son esprit : "Je serai toujours là pour te protéger, petite sœur."

Ce simple souvenir était comme une bouffée d'air frais dans l'obscurité de ses pensées tourmentées. Dans ce rêve, elle se sentait en sécurité, aimée, et elle savoura chaque instant passé aux côtés de son frère. Même si la réalité était bien différente aujourd'hui, avec son frère disparu depuis des années, ce rêve lui rappelait qu'elle n'était pas seule. Une lueur d'espoir naquit dans son cœur, lui insufflant un regain de détermination à retrouver son frère, à le ramener dans sa vie pour qu'il puisse tenir sa promesse de protection.