Ce jour était important. Quelques semaines après la regrettée disparition de Rihatsu Mariko, qui était non seulement la doyenne du clan, mais aussi l’une des principales artisanes de notre prospérité aujourd’hui, le conseil Rihatsu décida de se réunir au sein même de Tekunoroji. Ces réunions étaient rares, en partie car Mariko se passait bien de prévenir ses confrères de ses plans plus mystérieux les uns que les autres. Si sa mort paraissait être un désastre pour les membres les plus ordinaires du clan, ceux présents au conseil n’étaient certainement pas de cet avis. Ils n’avaient plus rien pour les empêcher d’étendre leur influence et de viser un contrôle total du clan, sauf peut-être la peur de se voir déposséder de tout ce qu’ils avaient en cas d’échec…
Qu’est-ce que je faisais au milieu de toute cette histoire ? Rien de particulier au départ. J’accompagnais juste Dame Nora à cette fameuse réunion. Elle était, à l’instar de Mariko, l’une des chefs du clan. Son activité se concentrait néanmoins au nord du continent, au sein des villes d’Aisu et de Kozan. Je savais qu’elle avait longtemps lorgné sur Tekunoroji. Il faut dire que cette ville était riche et bien réputée, le commerce y était florissant. Étant originaire de cette cité, j’étais particulièrement bien placée pour le savoir. Elle détestait d’ailleurs Mariko, qu’elle comparait à, je cite : « une vieille truie desséchée ». Moi, je n’avais pas d’avis, juste un profond respect pour ce qu’elle avait accomplie. Puis après tout, elle n’était autre que la sœur de Rihatsu Sasuke en personne. À mes yeux, c’était suffisant pour que je la respecte, ce qu’avait bâtit son aîné était incomparable.
La réunion durait depuis plusieurs heures déjà, c’était interminable, je me retenais de bailler toutes les cinq minutes. Il faut dire que tout cela ne m’intéressait pas vraiment. Qu’elle soit morte de vieillesse ou assassinée par une Konohajin, cela ne changeait pas grand-chose. Qu’allions-nous faire ? Leur déclarer la guerre ? Nous n’étions pas ce genre de clan, et le harcèlement constant des Rihatsu de Koya suffisait amplement à nous venger. À ma connaissance, Konoha était au bord du gouffre économiquement depuis quelques temps… à leur place, j’aurais profité de l’occasion pour nous enrichir à leurs dépends. M’enfin, ce n’était pas moi qui était en charge de ce genre de décision.
Du moins jusqu’à cet instant où ils commencèrent à parler de remplacer Mariko à la tête de la succursale de Tekunoroji. Je m’attendais à ce que Dame Nora et le vieux Jugo ne se battent bec et ongle pour en obtenir le marché, mais au lieu de cela, Dame Nora proposa un compromis. Et ce compromis, ce fut moi. Alors, je vous dirais bien que j’étais surprise à cet instant, mais ce serait vous mentir. Ce n’était que la rançon d’un travail acharné depuis des années, je n’avais pas honte de dire que je le méritais amplement.
« Tss… Je ne peux pas dire que je suis surpris de vous voir placer vos pions, Nora. Mais je préfère encore une personne en qui nous avons confiance. J’accepte. »
« Howari. En reconnaissance de tes services pour notre clan, nous t’octroyons la responsabilité de veiller à nos intérêts au sein de Tekunoroji et ses environs. Par la présente, nous t’autorisons à porter le nom de Rihatsu et à nous représenter officiellement. Ne gâche pas cet honneur que nous te faisons. »
« Vous n’avez pas à vous en faire, Maître Jugo. Je m’en montrerai digne. »
« Pour l’heure, considère que ceci n’est qu’un essai. En fonction de tes résultats, nous te laisserons nous rejoindre au sein du conseil. Et il y a justement un problème que tu vas devoir régler pour nous prouver ta valeur. »
N’avais-je pas encore débutée qu’un problème frappait déjà ma porte. Je ne peux dire que j’étais réellement étonnée. Tekunoroji avait une valeur importante, voir primordiale pour nous. Garder la cité et son commerce sous le contrôle du conseil était donc impératif. Quelle que soit la tâche qui m’attendais, j’étais prête à l’accomplir, peu importe les moyens nécessaires.