« Jugo attendra que tu ais fais le ménage à Koya pour envoyer ses hommes faire une reconnaissance des lieux. Je te suggère de prendre de l’avance sur lui et de revendiquer les mines au plus tôt. Une fois installée, Jugo ne pourra rien faire. Je suis prête à t’offrir cette carte pour y parvenir. »
C’était une proposition alléchante, si l’on occultait le fait que je devais doubler l’un des dirigeants de mon clan, qui, à peine quelques heures avant, m’offrait sa confiance pour diriger notre commerce à Tekunoroji. Néanmoins, les mines, quel que soit ce qu’elles renferment, étaient toujours intéressantes, et surtout rentables. Il restait un détail qu’il me restait à découvrir, qu’attendait-elle en retour ? Chez nous, rien n’était jamais gratuit et tout était marchandable.
« C’est une idée qui se tient… Mais j’imagine que vous ne m’offrez pas cela gratuitement ? »
« Évidemment, je souhaite la moitié des bénéfices engrangés. C’est le moins que tu puises faire pour me remercier de t’avoir offert Tekunoroji sur un plateau. »
La vieille mégère… Elle avait bien prévu son coup. Toutefois, j’étais assez clairvoyante pour voir que je me faisais enfler. Quoi que puisse contenir ces mines, je devais d’abord y investir main d’œuvre et argent afin qu’elles ne soient réellement productives. C’était sans compter que je n’avais pas encore la main-mise sur Koya, et rien n’assurait que mes confrères présents là-bas me laisserait faire sans essayer de me voler.
« La moitié ? Avec une telle perte d’entrée je vais prendre des mois voir des années à optimiser la production. Trente-cinq pourcents, cela vous conviendrait tout autant ? »
« Cinquante, et je te laisse six mois d’avance pour te permettre de développer les lieux et le commerce. »
Elle n’allait donc rien lâcher pas vrai ? Je savais très bien pourquoi elle cherchait à grappiller autant de bénéfices à mes dépends. La mine qu’elle m’avait offerte s’était révélée bien plus rentable que prévu. Nous étions parvenus à tripler les estimations et elle s’en voulait amèrement de s’être assise sur une telle fortune. Elle cherchait aujourd’hui à se rembourser indirectement, toutefois, je n’étais pas du genre à me laisser faire, même s’il s’agissait originalement de ma supérieure et que je lui devais bon nombre de chose.
« Vous êtes dure en affaire Dame Nora. Ce sont mes hommes qui prendront tout les risques une fois la production et les convois lancés. Et c’est également après moi que maître Jugo en aura. La moitié c’est trop me demander et vous le savez pertinemment. »
« Bien bien… J’espérais que tu te montres un peu redevable, Howari.
Quarante pourcents et c’est mon dernier mot. Si tu refuses, je peux toujours offrir cette carte à Jugo. »
J’étais dans un cruel dilemme. Mon instinct me disait d’acheter cette carte, car je sentais que ces mines pouvaient me rendre encore plus riche que je ne l’étais. D’un autre côté, c’était un paris risqué. Je n’avais pas encore pris en main la situation à Tekunoroji, et je n’avais aucune idée de l’état des affaires. Je pris alors ma décision en comptant sur un seul fait : Mariko était une femme d’affaire réputée et je n’avais que peu de doutes quant aux bénéfices que j’allais générer ici.
Ainsi me retrouvais-je en possession de ce qui ressemblait vaguement à une carte. Disons que celle-ci n’était pas très précise et que son auteur n’était vraiment pas très doué avec un crayon. Je distinguais ce qui devait être Koya, un cercle vaguement gribouillé qui lui devait être un oasis, du moins c’est ainsi que je le comprenais. Les autres indications n’étaient pas plus claire et j’avais l’impression d’effectuer une chasse au trésor fabriquée par un enfant en bas âge. Il y avait une seule phrase inscrite sur le morceau de papier « Attention aux Baaki ». Je n’avais aucune idée de ce qu’était un Baaki et curieusement je n’avais pas envie de le découvrir…
« Parfait, je m’attends donc à voir l’un de tes hommes devant ma porte dans disons… trois mois ? »
Trois pauvres mois ? Une fois encore, elle savait pertinemment que c’était trop court. Trois mois serait sans doute le temps qu’il me faudrait pour soit retrouver cette Miwa et la convaincre d’une manière ou d’une autre, ou bien de remettre de l’ordre à Koya par moi même. Je poussais un long soupir, je n’avais pas envie de négocier d’avantage avec elle. Elle voulait jouer avec moi, soit. Je trouverais bien un autre moyen de lui fournir cet argent et de retourner le jeu en ma faveur.
« Je ferais le nécessaire, y a t’il autre chose ? »
« Ce sera tout Howari, je suis ravie de déjà faire affaire avec toi. Tu mérites amplement notre confiance, je ferais ce qu’il faut pour que tu ais ta place au conseil, n’ait aucune crainte quant à Jugo. »