Nous ne tardions pas à mettre ce sujet de côté et à terminer le repas. Après tout, sans doute avait-elle raison sur ce dernier point. Hegi avait décidée de me faire confiance et elle connaissait suffisamment ma personnalité pour comprendre ma manière de penser. Je savais que ce poste de Hokage finirait par me faire changer un jour ou l’autre, ne serait-ce qu’un petit peu. Mais pour l’heure, je voulais croire en ma vision et je ne pouvais pas me résoudre à agir de manière aussi virulente qu’elle le souhaiterait.
Tandis que nous débarrassions et commencions à tout nettoyer, je ne pouvais m’empêcher de notifier l’heure déjà très tardive. Voyant Eiko encore en pleine forme alors que je peine à garder les yeux ouverts, je lui demande :
« Par simple curiosité, tu travailles combien d’heures par jour ? »
Elle se mit à réfléchir un instant, utilisant ses doigts comme pour s’aider à compter, elle me répondit alors sereinement :
« Hmm, voyons, en temps normal je commence généralement ma journée à l’hôpital sur les coups de 6h. J’y suis jusqu’à environ 18h, ensuite je me rends chez Takehiko-san et j’y reste facilement deux à quatre bonnes heures. Cela peut varier, maaaaais, je dirais dans les alentours de 16h. Dis comme ça, ça paraît beaucoup mais je ne vois jamais le temps passer ! »
Des journées plus que complètes… elle était travailleuse, je ne pouvais le nier, même si cela suscitait une certaine inquiétude de ma part. Ma foi, étais-je mieux placée pour parler ? Ma place de Kittodôno et le travail à l’hôpital me prenait un temps considérable autrefois, et aujourd’hui j’ai bien peur que ce ne soit guère mieux. J’ai même du abandonner mon travail là-bas pour me consacrer uniquement au poste d’Hokage, car je me doutais que je n’allais pas avoir une minute à moi dans les prochains temps. Je restais toutefois étonnée, car malgré ses journées bien remplies, Eiko semblait toujours déborder d’énergie.
« Eh bien… Même comme ça tu arrives à trouver le temps de venir faire le ménage et préparer à manger ? J’aimerai avoir ton énergie. »
« Ahah, j’imagine que je rattrape le temps que j’ai perdu étant enfant. Cela me plaît d’être constamment occupée, cela m’évite de penser à d’autres choses. Je ne vois pas vraiment tout cela comme du travail à vrai dire. »
Cela à l’air de la faire rire, sa santé n’a pas l’air de l’inquiéter outre mesure. C’était pourtant important pour un médecin de rester en bonne santé, le contraire était un peu un comble. J’avais confiance en elle pour connaître ses limites, mais j’espérais simplement que la fatigue ne vienne pas la rattraper au moment où elle s’y attend le moins. D’autant que j’avais cru comprendre qu’elle avait eu une enfance plutôt mouvementée à ce sujet. Je n’avais jamais cherché à creuser, je me disais que si elle souhaitait en parler cela se ferait naturellement, mais j’étais curieuse et c’était là l’occasion rêvée d’aborder ça !
« C’est vrai, tu ne m’as jamais vraiment parlé de ce qui t’est arrivée, si ? Je sais que ta vie à l’académie était assez compliquée et irrégulière, mais tu ne m’as jamais réellement expliqué pourquoi. »
Lui dis-je alors avec calme tandis que je continuais d’essuyer tranquillement les plats.
« Hmm, sans doute car je ne sais pas réellement moi même qu’en dire. Autrefois, lorsque je n’avais pas la maîtrise de mon chakra, celui-ci avait tendance à s’évacuer naturellement de mon corps, ce qui est plutôt dangereux. Ce faisant, j’étais très souvent fatiguée, et je tombais assez vite malade pour un oui ou pour un non. Enfin ça, c’était surtout du à ma faible constitution plus qu’au chakra en lui même, je pense. »
« Et cela ne t’inquiète pas plus que ça aujourd’hui ? Je veux dire, c’est plutôt anormal comme cas, tu n’as pas peur que cela puisse recommencer ? »
Je ne voulais aucunement la plonger dans le doute, loin de là, mais il fallait bien avouer que cela m’intriguait. Surtout que cette « maladie » n’avait pas de nom particulier et que c’était la première fois que j’en entendais parler. S’agirait-il d’un dérèglement de son corps ou de son chakra ? Cela aurait mérité une véritable étude, mais je voyais qu’elle n’appréciait pas réellement aborder le sujet.
« Si bien sûr, ce serait même catastrophique. Mais j’ai été suivie par Takumi-san presque toute ma vie, s’il estime que tout va bien, je pense que nous pouvons lui faire confiance. »