L'ignorance du médecin semblait transcender non seulement les rituels de prière, mais également les croyances profondes de l'Hokage actuel. Le vieillard haussa les épaules avec une indifférence recueillie, ne voyant pas la nécessité de poursuivre l'interrogatoire. Après tout, il avait déjà une idée préconçue de la réponse. Si sa démence lui avait peut-être voilé certains aspects de la réalité, il n'était pas aveugle quant à sa propre singularité en tant que pratiquant fervent au sein du village. Cependant, il nourrissait encore l'espoir, bien que quelque peu naïf, que d'autres pourraient embrasser sa foi, jusqu'à ce que, d'un geste délibéré, le médecin esquive habilement la paume encore humide de salive tendue par le vieillard .
« Tss... Il n'existe pas de technique définie pour la prière... »
marmonna-t-il avec un mélange de désillusion et de résignation, avant de s'agenouiller péniblement.
Les années pesaient sur son dos courbé alors qu'il se positionnait devant l'autel, où gisaient des statuettes grossièrement sculptées. D'un mouvement de menton, il indiqua à son apprenti de s'asseoir près de lui, là où la saleté et la poussière s'entremêlaient sur le sol délaissé. En vérité, le vieillard ne se souciait guère de l'entretien ménager ; après tout, un balai ne ramènerait pas la prêtresse disparue.
« Vois-tu ces statuettes ? »
continua-t-il d'une voix rauque, désignant les objets de culte d'un geste ample.
« Ce sont elles qui nous permettent d'établir une connexion en temps réel avec la prêtresse. »
Cette certitude, nourrie par des années de dévotion et d'expérience mystique, était inébranlable dans l'esprit de Zaruko. Il était convaincu que chaque geste de vénération, chaque prière murmurée à l'oreille des statuettes, déclenchait une réponse céleste, une connexion tangible avec la prêtresse.
Cependant, alors que Zaruko se plongeait dans ses explications, il sentit une autre quinte de toux le secouer, brisant momentanément le sérieux de la scène. Il toussa une dernière fois et s'éclaircit la gorge avant de poursuivre, espérant que cette perturbation passagère ne perturberait pas davantage l'apprentissage du nouvel initié.
D'une main encore tremblante, comme marquée par sa récente quinte de toux, le vieillard saisit délicatement une des statuettes, ses doigts côtoyant avec précaution les contours grossièrement sculptés.
« Peu importe où réside la prêtresse, son écoute est inébranlable, sa présence omniprésente »
murmura-t-il avec une solennité grave, ses paroles teintées de conviction.
« C'est elle qui éclaire les ténèbres de l'incertitude, révélant la véritable nature de la réalité à ceux qui se tournent vers elle dans la foi. »
Puis, dans un souffle, il entama une supplique à voix basse, ses mots remplis d'une ferveur mêlée de désespoir.^
« Ô Prêtresse, c'est encore moi... »
articula-t-il avec une émotion palpable, comme si chaque syllabe était chargée de son désir ardent de communiquer avec la divinité
Soudain, un éclat de panique traversa son regard fané alors qu'il collait la statuette contre son front, comme pour intensifier le lien mystique entre lui et son objet de dévotion.
« Non... Non, je vous en prie, pardonnez ma présence indigne ! Je ne voulais point vous déranger, je ne suis qu'un humble serviteur ! »
S'exclama-t-il avec une voix étrangement aiguë, laissant transparaître un mélange de terreur et de soumission. Dans un geste presque frénétique, il saisit brusquement la nuque du médecin, tournant son visage vers la statuette avec une urgence presque désespérée.
« Voyez ! Voyez ! Un nouvel acolyte se présente à nous ! Peut-être est-il l'élu tant attendu, le digne successeur de notre sainte mission ! »
proclama-t-il avec une exaltation presque délirante, ses yeux brillant d'une lueur fanatique tandis qu'il scrutait le médecin avec une intensité fiévreuse.
D'un regard féroce, presque menaçant, qui avait perdu toute trace de la sagesse du vieillard qu'il était, il s'adressa d'un ton impérieux à son compagnon d'infortune.
« DEPECHE-TOI ! PREND UNE STATUE ET REPOND LUI ! N'ATTENDS PAS ! LA PRÊTRESSE NE SAURAIT ÊTRE IMPATIENTE ! »
rugit-il, sa voix éclatant dans la pièce comme un commandement divin.
La folie et l'obsession brillaient dans ses yeux, révélant une détermination farouche à faire participer le malheureux médecin à ce rituel absurde, comme s'il croyait véritablement que le sort du monde dépendait de la réponse de leur nouvelle recrue.