Retour à la réalité

Cette nuit fût tout autant agitée que celles des trois dernières années. C’était encore et toujours le même cauchemar. Je n’y échappais plus depuis la mort de cette rouquine et l’emprisonnement de Kyoko. Les yeux fermés, je ressentais encore la chaleur ardente du soleil, le moindre grain de sable, mais encore pire, l’odeur du sang qui gisait sur celui-ci. Ce cauchemar ne dure jamais plus de quelques secondes, mais suffisamment pour constater l’échec de mon nindo. J’ai ôté la vie à cette fille et je n’ai pas su résonner celle qui l’accompagnait. Pardonne-moi Oni. Je n’ai pas été à la hauteur. Je n’ai pas su guider cette génération qui te tenait tant à coeur.

Allongé sur le sol herbeux et sous un arbre, j'ai définitivement ouvert les yeux dans la nuit noire. La sueur froide inondée mon visage et me voilà dans une nouvelle insomnie. Une nuit à ressasser ces évènements sans pouvoir m'en détacher. Pourtant, mes nouvelles responsabilités au sein de l'Anbu ne me laisse que très peu de temps à ma vie personnelle. J'ai parcouru le monde pendant trois années, de mission en mission pour servir notre Hokage. Cela n'a fait que renforcer ma nouvelle solitude comme si la vie s'amusait à anéantir tout ce que je tentais de construire. Oni, Hikaru, Wattan, Kyoko et cette rouquine… tous ces gens m'ont abandonné et même pas les beaux discours d'Oni n'ont su les protéger. Cette nuit est la dernière. Ma mission est terminée. Suis-je réellement prêt à revenir auprès des miens ?

***

Exténué par mes nuits sans sommeil, je peine à marcher dans la forêt dangereuse de Konoha. J’ai manqué de chuter à plusieurs reprises. Mes pieds ne se levaient plus assez pour éviter la moindre racine, le moindre caillou.

Dans un énième effort, l’un de mes pieds percute une racine au bord d’une butte. Je chute sans même prendre la peine de me rattraper comme si tout espoir m’avait abandonné. Les buissons et les branches sur mon passage me lassèrent le visage et déchirent ce qu’il me reste de vêtement. De nouvelles coupures se joignent à celles qui cicatrisent. Le sang neuf rencontre celui qui a coagulé.



Soupirai-je désespérément.

J’en avais sûrement trop fait. J’ai très clairement surestimé mes capacités à travailler sans me reposer. Je suis tellement absent de Konoha que je n’ai aucune idée de ce qu’il devient, de ce que sont ses shinobis aujourd’hui. Je n’en sais que ce que l’Hokage ou mes chefs veulent bien me dire. A l’heure de mon retour, je n’avais même pas connaissance de la dissolution de l’Anbu portant encore mon masque à moitié brisé.

Je réussis à me relever et à quitter cette vaste forêt. A l’approche du village, je vois s’agrandir l’emblème de la feuille. Dans un long soupire, je m’arrête face aux grandes portes pour faire signe aux nombreux gardes qui s’y trouvaient. Personne ne m’a reconnu malgré ma chevelure dorée, mais le masque je portais et mon bandeau de shinobi ne laissait aucun doute planer. Sans même décrocher un mot, sans un remerciement, je traverse ces géantes portes le coeur lourd.

Les mains dans les poches, je laissais une piteuse image de moi. Mon kimono rouge est devenu noir et ne présentait que des trous et déchirures. La moitié de mon visage découvert arbore des traces noires et du sang séché. Mon masque d’Anbu ne laissait plus aucune chance pour découvrir quel animal il représentait. Un état lamentable qui en disait long sur les années vécues.

Fallait-il que je continue à me lamenter sur mon sort ? Bien sûr que non. Il était temps pour moi de revenir et de mettre à profit toutes ces années de solitude.

J'étais comme à mon habitude de sortie, je profitais des derniers rayons de soleil qui étaient marqués par les feuilles des arbres qui devenaient rouges ou oranges. J'adorais cette période de l'année et il y'avait une ambiance si particulière, en plus pour les fleurs c'était parfait ! Je n'avais pas de but précis, simplement j'errais dans le village, à force de faire ça je commençais à connaître un tas de monde. C'était toujours très sympa de discuter avec tout le monde !

Là maintenant je passais devant les portes du village, c'était un endroit plutôt impressionnant, il y'avait toujours des départs de mission ou bien des gens qui revenaient, parfois ce n'était d'ailleurs vraiment pas beau à voir. Oh mais d'ailleurs ! Quelqu'un était en train d'arriver. Il avait une grande chevelure blonde qui sortait de par delà un masque qui semblait représenter... une chèvre ? Un hibou ??? Aaah, peut-être une vache ! Quoique... Bon en tout cas c'était un masque de l'anbu. Son kimono avait l'air complètement sali par l'usure et était rempli de divers trous. Brrr c'était pas beau à voir. Mais tout ce que je retenais c'était que c'était un membre... ou plutôt un ancien membre de l'anbu ! C'était une section qui m'intéressait beaucoup en fait, je trouvais tous ces ninjas fascinants !

Je rassembla alors mon courage et je m'approcha de l'homme blond.



Je partais du principe que, au vue de ses vêtements , cela devait faire un moment qu'il était en mission, et donc il ne savait peut-être pas que l'anbu avait été dissoute, ni même pour tous ce qui c'était passé au village pendant... quelques années. Et si ce n'était pas le cas, j'adorais dans tous les cas mettre mon nez dans les affaires des autres.



Je ne savais pas du tout si il accepterait ou non car je trouvais dans le fond ces ninjas imprévisibles et je ne savais jamais ce qu'ils allaient faire, et cette personne devait être très fatiguée et aurait sans doute envie de retrouver sa famille ! Mais si je pouvais savoir ce qu'il avait fait et mettre mon nez un peu partout, je n'étais pas contre.. Ma curiosité excessive me tuera de toute façon, un jour.

Je m'enivrais de ces derniers rayons de soleil de l'année, le regard levé vers le soleil et statique. Il m'aura fallu quelques minutes avant de sortir de mes rêves. J'ai parfois rêvé de ce jour comme je l'ai souvent redouté. J'ai connu la solitude tout au long de ma vie et cela malgré de nombreuses rencontres. Le village est rempli de shinobis, mais sortirais-je vraiment de celle-ci ?

Je remarque très rapidement cette petite fille s'approchait de moi sans même imaginer qu'elle oserait prendre contact avec moi. Pourtant, tout porte à croire que cette nouvelle génération se montre tout autant courageuse que la précédente. Rare sont les enfants qui ne se montrent pas effrayés par mon masque. Peut-être qu'il s'agit d'un cas isolé ou peut-être ai-je une trop grande estime de l'organisation que je sers. Une chose est sûr, c'est que je continuerais à suivre les préceptes de mon ancien sensei. Je n'ai pas eu de cesse de croire en la nouvelle génération et celle-ci ne fera pas exception. Jamais je n'ai voulu une telle scission entre le clan Uzumaki et Chikara. Mon devoir de Kitto restera d'être le clan de la neutralité, celui de l'unité. Tout portait à croire qu'il s'agissait de notre destin et j'en ai toujours l'intime conviction. Tout ne s'arrête pas à eux, mais mes longues absences me gardent dans le passé.

Avec beaucoup de chaleur humaine, je souris à la jeune fille pour ôter toute méfiance s'il en subsistait. Je restais étonné par son langage et sa manière de parler de l'Anbu par le passé.



Aucun message ne m'était parvenu en ce sens et je n'arrive pas à croire qu'il en soit ainsi. Mes missions ont été tantôt anodine, tantôt d'une importance capitale. J'ai eu écho de l'attache des Minishagos sans avoir pu apporter de renseignement crucial. Peut-être que je m'étais trop longtemps absenté et que cette dernière mission excluait de me transmettre toutes informations pouvant la compromettre.

L'invitation de cette fille fût pleine de surprise et je devrais refuser vu mes responsabilités. L'Hokage m'en porterait-il préjudice après ces années d'absences ? Je vais prendre le risque. Après tout, la vie continue depuis mon absence et j'ai sûrement failli à ma mission. Je préfère retarder cet entretien.



Je souris et je reste rêveur une fraction de seconde.

Je connais un petit chalet non loin des portes. J'avais l'habitude de m'y rendre. Si rien n'a changé, nous pourrons peut-être manger à l'oeil.

Très rapidement, nous nous sommes rendus près de ce chalet. Le gérant n'avait pas changé et c'est avec plaisir que celui-ci nous offre deux bols bouillant de ramen. Nous étions assis à l'extérieur profitant ainsi du soleil encore présent. La clientèle était quasi absente, mais les passants se chargeaient de me fixer du regard par mon état. Je n'avais toujours pas ôté mon masque considérant que mon identité devait encore demeurer un secret.

Ah oui, donc l'homme aux cheveux blonds était vraiment déconnecté depuis un bon bout de temps, comme je le pensais. En même temps, au vu de ses vêtements, cela devait faire un sacré moment qu'il était parti de ce village, donc ce n'était pas très étonnant qu'il ne soit au courant de rien. En soit le village n'avait pas tant changé que ça non ? Enfin je pensais ça surtout parce que j'avais encore un esprit vif et malléable, ce n'était pas forcément le cas de tout le monde et j'avais l'impression que plus les gens vieillissaient, plus ils devenaient bêtes.



L'homme lui parla d'un endroit qu'il connaissait, dont il avait l'habitude de se rendre, et bien pourquoi pas après tout ! Je l'aurais volontiers accueilli chez moi ce qui aurait fait d'une pierre deux coups pour les vêtements et la nourriture, il y'avait encore ma maman normalement, OH peut-être qu'ils se connaissaient !! Il faudra que je pense à lui demander, enfin déjà que je vais l'assaillir de questions...

Nous marchions quelques minutes avant de tomber sur ce fameux chalet, le blondinet salua le gérant. Je savais pas trop comment ce dernier avait fait pour reconnaître le shinobi, j'espere qu'il était pas dans cet état là tous les jours parce que là..... Si je rentrais un jour de l'école dans un tel état, j'aurais des soucis avec mon papa hein. Nous nous posions alors finalement sur une table avec nos bols de ramen. Il n'y avait quasiment personne et c'était plutôt une bonne nouvelle car je pourrais lui poser toutes les questions que je voudrais sans risquer d'attirer l'attention !!



Si je devais faire un pari, au vu de ses affaires et de son état de manière générale, en plus de l'odeur que j'essayais de ne pas trop renifler, je dirais tout de même plusieurs années. Cela m'aiderait pour savoir depuis quand je devais reprendre l'histoire qu'il avait dû arrêter là.



Je pris une petite pause, pensive



J'étais véritablement admirative de cette femme, elle était devenue Hokage à seulement... bon je savais pas combien d'années, mais elle était très jeune ça je le savais c'était mon père qui l'avait dit. Désolée de pas avoir retenu un âge précis !!! Bon soit, maintenant, passons au sujet qui fâche.



Je me souvenais plus vraiment pourquoi elle avait pris cette décision, je me souviens en avoir parlé avec mes parents mais je me souviens de pas grand chose dans cette discussion à vrai dire. Je lui raconterais la suite en temps voulu peut-être qu'il pourrait me raconter sa mission entre temps. Je ne vais pas le harceler non plus, déjà qu'il doit être très fatigué et en plus de ça il va devoir gérer beaucoup d'informations. Je me mis donc simplement à entamer mon bol maintenant qu'il avait un peu refroidi, je sens que j'allais bien m'amuser.

J’écoutais très attentivement ce que me racontait la jeune fille aux cheveux roses. Je n’étais pas surpris par la nomination de Nami puisque j’ai régulièrement correspondu avec cette dernière. Il n’était pas rare de lui rendre compte du moindre de mes faits et gestes, mais impossible de ne pas recracher ma soupe dans son bol lorsque vient la dissolution de l’Anbu. Partagé entre l’incompréhension et la trahison, j’étais stupéfait d’entendre que certains de mes camarades avaient pu commettre des crimes suffisamment odieux pour qu’une telle décision soit prise.

J’ôte soudainement mon masque cassé pour dévoiler mon visage. Dans un soupire de soulagement et de dépit, j’imaginais bien que certains membres de mon unité auraient pu profiter de leurs anonymats pour outrepasser leurs droits. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher que mes actions auraient pu être considéré comme un crime. Avions-nous vraiment fait le bon choix en assassinant cette Uzumaki ? Avions-nous réellement eu les bons mots pour Kyoko ?



Je souris alors pour cacher ma tristesse.



Nous pouvions ne pas être d'accord, mais sur ce plan, c'est à elle d'avoir le dernier mot.



Je parlais en connaissance de cause. Tout cela ne faisait que ressasser le passé. La guerre, Oni, Hikaru, Wattan… tant de nom que je n'oublierais jamais.

Alors que je tentais de me débarrasser de ce sujet d'un revers de la main, un homme apparaît tout d'un coup à côté de moi. Aaah… je ne me ferais jamais à ce genre de comportement. Il transportait un message qui m'était destiné. L'Hokage serait dans l'incapacité de me recevoir et elle me demande de lui rédiger un rapport détaillé sur l'entièreté de ma mission. Un joli pot de pue qui me prendra des heures. Le shinobi s'empresse de quitter les lieux aussi vite qu'il était magiquement apparu.



Lui dis-je faisant comme si rien n'était arrivé.



Je m'esclaffais comme à mon habitude, j'ai toujours agi ainsi.



La questionnais-je, curieux d'en apprendre plus sur cette génération.



Poussais-je encore plus mon questionnement pour l'inciter à parler ouvertement.

Il ôta finalement son masque, tant mieux, ça allait faire une vraie discussion entre humains ! Discuter avec un masque qui avait vécu ce n'était clairement pas ce que je préférais malheureusement, ça mettait quand même un sacré coup aux relations humaines hein !! Par contre cet homme avait l'air d'être vraiment déçu de la fin de l'anbu. Personnellement je n'en pensais rien car je n'étais pas concernée, et à la limite j'aimais bien cette unité parce qu'elle avait du style. Mais si il y'avait des trucs pas bien baaaah... Surtout qu'en plus faire des missions derrière des masques c'était un truc de lâche mais ce n'était que mon avis !!



En fait je me disais qu'une section comme ça pouvait attirer des gros lourds avec des idéaux suprémacistes et qui pouvaient donc agir sans avoir peur du retour de bâton. Enfin j'essayais de tourner le problème dans tous les sens et je ne voyais pas trop comment il n'y avait pas des meurtres pour rien ou pour le simple plaisir de certaines personnes, trop avides de pouvoir. Enfin, j'espérais tout de même me tromper.



Je pensais sincèrement qu'ils n'avaient pas élu quelqu'un au hasard, et j'en étais presque sûre, la vie de trop de personnes était en jeu pour tirer à la courte paille. Je partais donc du principe que Nami était la bonne candidate. En soit, je n'étais pas Kitto et je pouvais pas vraiment savoir ce qu'elle donnait, mais tout de même ! J'avais confiance !!



Je venais de renverser un peu de mon bol, c'était malin tiens ! Heureusement il n'y avait rien sur moi et tout avait été à côté. Un homme venait d'apparaître d'un coup. Il m'avait complètement prise au dépourvu. C'était normal ? Ils ne pouvaient pas faire comme tout le monde et marcher normalement ?? Tsss toujours à devoir gagner quelques minutes...



Il est vrai que l'anbu m'attirait beaucoup, en fait c'était surtout une question de style encore une fois. Mais forcément, là c'était l'occasion rêvée d'avoir cette discussion, de tout façon j'étais plutôt à l'aise pour parler avec tout le monde et je ne pouvais pas avoir une meilleure opportunité, je l'avais donc logiquement saisi, et je ne regrettais rien !



C'était plus compliqué que ça en fait et mon père avait mis son nez dedans encore une fois, ça m'aurait étonnée si il ne l'avait pas fait. Mais aussi je me disais que j'avais réussi l'examen sur de la chance et que je n'avais pas encore acquis tout ce que je voulais acquérir à l'académie. Alors j'étais repartie pour une année, cela ne me faisait pas de mal car j'en profitais pour apprendre un tas de choses et ce n'était vraiment pas plus mal !!



J'étais complètement indiscrète et beaucoup trop curieuse, mais si il ne voulait pas me répondre ou seulement en surface, il avait tout le loisir de le faire et ça m'irait très bien !

Comment lui affirmer que mes actions n'ont jamais été répréhensibles ? J'ai tué. J'ai échoué. Pourtant, je continue à croire que mes actions ont toujours été pour la sécurité de notre village. Peut-être que je n'ai pas toujours fait les bons choix, mais je garde à l'esprit que chacune de mes décisions ont été prises pour la bonne cause.



Commettre un crime n'est pas forcément un choix délibéré. La vie des shinobis ne tient qu'à un fil et il faut parfois se défendre jusqu'au sang. Je n'irais bien entendu pas jusqu'au bout de mes propos, rien ne m'oblige à délivrer tous les secrets de l'Anbu.



Je connaissais très peu Nami même si elle fût la dirigeante de mon clan pendant un moment. J'ai pleinement confiance aux personnes qui l'ont élu alors je serais prêt à la servir les yeux fermés.

Nous avions été coupés par ce shinobi à l'arrivée furtive et j'avais bien remarqué que la jeune fille n'avait pas plus apprécié que moi ce déconvenue. Je m'en amusais un peu.



C'était agréable d'entendre une fille parlait ainsi de mon ancienne faction. Elle m'expliquait son parcours et je sentais une grande motivation. J'ai été surpris qu'elle refuse de monter en grade. Il est bon de se remettre en question, mais si ses professeurs la jugeait apte, elle aurait dû accepter. Vivre au sein d'une équipe sous l'aile d'un mentor lui aurait sûrement apporté l'expérience qu'elle recherche.



Les cours de l'académie sont souvent génériques et rien ne nous dirige vraiment vers nos spécialités. On découvre, on apprend, on essaie, mais jamais je n'aurais pas développé ce pouvoir sans Oni et Hikaru.

Très vite, la jeune Uzumaki se montre une nouvelle fois curieuse sur mes actions.



Je soupire puis souris.



Mais au fond de moi, je savais qu'il me restait la mission la plus importante de ma vie : résoudre l'énigme de la Prêtresse. Cette maudite femme responsable de mes maux depuis la guerre contre les vampires.



Affirmais-je avec un grand sourire.

La discussion prenait une tournure intéressante, encore plus qu'au début alors qu'elle avait déjà tout pour l'être. En un sens, il était "normal" de commettre des crimes pour en éviter d'autres. C'était un fameux dilemme connu, si on ne fait rien, 5 personnes innocentes meurent, si on tue une personne innocente, les 5 autres survivent, mais on aura sur nos épaules le poids de la responsabilité. Des fois ça servait d'avoir un père qui avait ses côtés chiants.



Nous étions d'accord sur la confiance que nous mettions en Nami. Et finalement c'était une réaction plutôt contre intuitive, on aurait pu penser qu'une jeune Hokage aurait peu d'appui de la part des ninjas de son village, mais des personnes à qui j'avais parlé toutes étaient plutôt pour. Elle savait bien parler, c'était sans doute pour ça.

Il lui confirma que c'était quelque chose qu'il n'aimait pas non plus, d'apparaître brusquement derrière les gens. C'était la première fois que je voyais ça et c'était carrément flippant !! Normalement il y'avait toutes sortes d'invocations ou d'oiseaux pour délivrer des messages !



C'était quelque chose que par moment je regrettais, par moment non. C'était parfois très bien de pouvoir prendre plus le temps et ne pas se précipiter. Mais je savais que j'avais les capacités, et ce qui me manquera sera forcément l'expérience du combat. Je le remettais donc en question chaque jour, j'avais cependant convenu avec mes professeurs que si j'en avais réellement besoin, je pourrais passer genin. Je notais quand même ce qu'il disait sur le mentor, il est vrai qu'il serait très intéressant pour moi d'en avoir un, j'en avais bien envie en tout cas.



Je pris alors une pause, pour protéger l'avenir de Konoha ? Si il entrait dans l'académie il serait bien déçu, il n'y aurait pas la moitié des étudiants qui mériteraient d'être protégés. Je ne comprenais décemment pas comment, quand dans quelques années tu vas servir la défense d'un village ninja, tu peux être aussi immature ? C'était ridicule et la plupart me sortait par les trous de nez.



Je l'avais peut-être dit sur un ton un peu sec, mais pour certain je suis prête à le jurer que c'était mérité ! M'enfin...



Dans ma curiosité maladive j'avais complètement oublié sa question, des fois ce défaut avait du bon, des fois moins. Mais c'était ainsi que je me composais. J'ai toujours eu une éducation basée sur l'acceptation, de l'autre même, mais de soi même surtout. De son corps, de ses particularités, de ses défauts, de ses tics. Et au final j'étais très heureuse comme ça !



C'était bien dit !! Voilà ce qui décrivait parfaitement mes deux parents à la fois, la bonté d'un côté et la littérature de l'autre, toujours se pousser à être meilleure. Là étaient les deux faces d'une même pièce : moi ! Je finis mon bol de ramen avant de reprendre.



Autant mon objectif de vie était bien dit, mais il y'avait des rêves bien plus classes que ça ! Même si j'avais mes qualités, je n'étais pas très ambitieuse, contrairement à comment mon père aimerait me modéliser. Heureusement que je n'étais pas lui !

J'étais plutôt amusé par la réaction de cette jeune fille face à mon voyage. C'est vrai que nous avons très peu l'occasion de quitter le village pendant notre jeunesse. Je comprenais parfaitement sa curiosité.



Dis-je avec le sourire.



Notre conversation s'éloignait petit à petit de mon voyage alors que la jeune fille rebondissait sur mes mots concernant ses camarades. Quelle surprise que de l'entendre les dénigrer aussi facilement. Elle paraissait froide lorsqu'elle les mentionnait. Peut-être que cela cachait un autre problème ?

Je continuais à l'écouter jusqu'à ce qu'elle se présente sans donner aucun avis. De cette façon, j'apprenais qu'une Uzumaki pouvait sortir des traits si caractéristiques à leur clan. Une Uzumaki aux cheveux roses… et bien !



Même si je pouvais m'arrêter là, il fallait que je lui demande les raisons de tenir ces propos.



Puis je tente de la rassurer pour son avenir.



Lui dis-je calmement et sérieux.

Je me mets à rire lorsqu'elle m'interroge sur mon futur. C'était plutôt amusant et inhabituel pour moi de voir autant d'engouement à mon égard. Je ne me voyais pas comme un être surpuissant ou charismatique. J'ai toujours choisi ma voie en fonction de ce que je vivais et jamais pour la notoriété. C'était peut-être la rançon de la gloire d'avoir fait partie d'une unité aussi prestigieuse.



Bien évidemment, j'ambitionnais à bien plus depuis que j'avais traversé ces portes. Il me restait une mission pour enfin faire table rase de mon passé. La Prêtresse. Cette démone responsable de la chute de mon clan, de ma propre chute. Sûrement pas aujourd'hui, ni demain, mais je partirais à sa recherche et je trouverais les réponses à ma question. Si elle est bien la criminelle dont tout le monde parle, je la tuerais de mes propres mains. Si je dois mourir, qu'il en soit ainsi…



Je sais que ces mots attiseront sûrement sa curiosité, mais je ne lui dirais jamais clairement que je veux la peau de la Prêtresse. Si elle est assez maligne, elle se doutera peut-être de quoi je parle, sans jamais en être réellement certaine.

L'entendre parler d'un monde aussi vaste et rempli de diversité me remplissait de bonheur. Je n'avais jamais eu l'occasion de sortir et pourtant je suis sûre que j'aimerais énormément le dehors. J'aimerais d'ailleurs sortir, malheureusement ce n'était pas spécialement possible. Mais je le ferai, un jour. J'irais prendre du temps pour moi. Même si le blond avait priorisé sa mission, je pense que je m'attarderais plus que ça sur la nature.



Ce n'est pas exactement ce que j'avais voulu dire, mais le cœur y était.



Je voulais pas plus d'avantages ou quoi car je réussissais mieux que les autres, je ne veux pas non plus des malus pour ceux qui ratent. Mais il y'avait tout de même une attitude à avoir. Évidemment on était jeune, on ne devait pas être parfait non plus, mais nous ne pouvions pas nous comporter à l'infini tel des enfants, surtout au vu de notre position.

J'écoutais Seika, ça avait l'air d'être quelqu'un de bien, sincèrement. Il avait l'air de donner sa vie au village et était capable de donner des conseils qui avaient l'air bons. Au fur et à mesure j'avais de plus en plus de respect pour la personne qu'il était.



Il avait l'air d'avoir une certaine expérience de vie, pourtant il n'avait pas l'air si vieux ? Grandir avait l'air passionnant, bien plus que beaucoup de choses que je pouvais faire de mon temps. La vie me réservera des surprises, et je serai là pour les accueillir.



Je ne connaissais que peu l'histoire du clan Kitto. Enfin de manière générale j'essayais de ne pas trop m'attarder sur les histoires et passé des clans. C'était mes parents qui voulaient cela. Quand j'étais plus jeune j'avais découvert ce qu'il c'était passé cette nuit-là, depuis, ils ne veulent plus que je m'intéresse à l'histoire. Évidemment j'ai le droit au strict minimum pour l'académie, mais mes connaissances dans le sujet étaient de fait assez réduites.

Peut-être qu'elle regrettait d'avoir été aussi dur avec ses camarades. Il arrive que certains enfants soient plus matures que leur camarade. Grandir plus vite que les autres peut parfois amener à des comportements nocifs ou encore à une difficulté de savoir où se situer.



Après tout, tout le monde n'est pas fait pour partir au combat. Notre vie ne se résume pas à cela et nous avons besoin des autres pour vivre décemment.



Je souris tout en parlant pour me rendre le plus agréable possible.



J'étais décidé à trouver des jeunes shinobis pour les amener à devenir les meilleures et leur apporter le plus de bagage technique. Je me retrouve parfois à imaginer l'un d'entre eux acquérir mon nouveau pouvoir.

Je me montrais moins enjoué face à la question du passé du clan Kitto, mon passé. Ce n'était pas quelque chose que j'aimais me remémorer et pourtant, cette réalité me frappait au visage tous les jours. À l'heure où j'échange avec cette jeune Uzumaki, je sens la douleur de cette guerre parcourir mon bras comme un courant électrique. Je m'efforçais de ne pas grimacer, mais la douleur était si vive que le coin de mes lèvres montraient un signe de faiblesse.



Je racontais cette histoire comme dans les livres, je ne voulais pas trop éveiller sa curiosité et prendre le risque de devoir lui expliquer à quel point il serait dangereux de me suivre dans ma quête de réponse. Très vite, je change de sujet, toujours intrigué par sa couleur de cheveux.



Dis-je en lui désignant ses cheveux de mon index.



Il était temps de devenir l'homme que j'aurais toujours dû être. Un guide, un père. Il est temps de montrer la réalité à notre jeunesse et même si cela doit les mener vers des missions extérieures de plus en plus dangereux au fil de leurs expériences.