Vous accompagnèrent toutes deux la jeune enfant, qui se présenta d’ailleurs sous le nom d’Akko. Cette dernière vous offrit un bol de ce qui ressemblait vaguement à un ragoût. L’odeur était alléchante mais la vision qui s’offrait à toi depuis ton arrivée te coupait l’appétit. D’un simple geste de la main tu refusas alors.
« Merci Akko, mais offre le à quelqu’un d’autre, j’ai déjà mangé aujourd’hui ne t’en fais pas. »
Tu ne précisais pas quand, l’idée que ton dernier repas remonte à plus d’une douzaine d’heure n’avait rien de rassurant mais tu avais encore quelques provisions de côté. D’un air quelque peu sceptique mais avec le sourire malgré tout, la gamine repartit de son côté. Ton regard se fixa et pendant quelques secondes tu eus l’esprit ailleurs. Tu n’écoutas qu’à peine Saori et ne répondis que par politesse. Tu n’étais pas même certaine d’avoir compris l’entièreté de sa phrase.
« Hmm ? Oui, j’imagine qu’ils sont courageux. »
Courageux ou dos au mur, tout dépendait la définition que l’on en avait après tout. Mais ils n’étaient que des civils, ce n’est pas comme si ils avaient la possibilité de réagir dans la plupart des cas. Cela te faisait te demander comment aurait été ta vie si tu n’avais pas suivi tout cet enseignement. Le chakra mis à part, savoir se défendre soi-même et manier un sabre étaient des éléments plus qu’utiles en ce monde. Tu t’apprêtais à poser une question à Saori, mais tu fus interrompu alors tu prenais ton souffle. Un vieil homme arriva devant vous, accompagné de la jeune Akko et d’une femme quelque peu plus âgée. Celui-ci s’adressa d’abord à Saori :
« J’espère que vous appréciez le repas. C’est une recette de ma défunte femme, très utile en cas de famine, on pourrait nourrir tout un village avec pas grand-chose ! »
Cela n’indiquait en rien ce qui se trouvait dans ce fameux ragoût, mais cela ne devait pas être bien néfaste quoi qu’il en soit. Sûrement des ingrédients facile à trouver et à cuisiner. Il faut bien l’avouer, c’était loin d’être ton domaine d’expertise. L’homme ajouta quelques mots, qui cette fois t’étaient destinés.
« Vous n’avez pas à refuser parce que vous ne faites pas partie des réfugiés. Nous ne faisons pas de distinction ici vous savez. »
Tu restas muette un instant. Tu ne trouvais pas tes mots. Cela faisait longtemps que tu n’avais pas été en compagnie de genre aussi « simples ». L’époque de Koya remonte à loin aujourd’hui. Cette même époque où tu étais encore une jeune femme souriante et serviable. Désormais, tu étais plus froide, du moins en apparence. Tu cachais tes sentiments parce que tu savais que c’était ta principale faiblesse et il n’y avait pas de place pour cela dans ta quête. Mais te retrouver ici, au milieu de tout ces gens innocents, ces gens que tu tentes de sauver à ta manière en mettant de côté ta propre vie. Peux-tu seulement te comporter comme une vulgaire mercenaire sans âme en leur présence ? D’une voix à peine assurée qui ne ressemblait point à ta manière de parler à Saori, tu lui répondis :
« Cela ira, vraiment, je vous remercie, votre hospitalité est très touchante. »
Allais-tu simplement leur tenir compagnie pour un soir et les laisser à la merci du monde extérieur sans rien faire ? Tu avais une mission à accomplir et rien ne devait t’en détourner, et pourtant… Une partie de toi avait envie d’en savoir plus. Tu repris alors un air et un ton plus sérieux, comme si deux personnalités parlaient tour à tour, mais c’était juste toi, la nukenin tiraillée entre ce que lui dicte sa tête et son cœur.
« Si vous le permettez, j’ai une question assez directe à vous poser. J’ai cru comprendre que vous viviez au nord d’ici. Pourquoi avoir fuit si loin si ce n’était qu’une attaque ponctuelle ? »
Le trio vint s’asseoir à vos côtés. Il était facile de deviner que l’homme était accompagné de sa fille, ainsi que sa petite fille, Akko, et que le reste de la famille s’il y en avait n’était pas parvenu jusqu’ici. Les mains sur son bâton, l’homme semblait touché à l’idée d’aborder le sujet, mais il le fit quand même :
« Ce n’était pas une simple attaque ! Nous sommes restés cachés quelques jours, puis ma fille est allée vérifier si les lieux étaient sûrs, ces choses y avaient littéralement élu domicile. »
Cette dernière prit alors la parole à son tour :
« D’abord, nous sommes partis en direction de Tekunoroji, mais c’est alors que nous avons croisé un second groupe dans la même situation que nous. Se rendre à la cité était bien trop dangereux, alors nous avons préféré voyager au sud. »
À nouveau, le vieil homme reprit la parole :
« Pour être exact, nous cherchons à nous rendre au sein des frontières Konohajin. Seuls les ninjas sont capables d’affronter ce genre de créatures immondes ! »
« Vous avez déjà été à Konoha vous ? Comment c’est là-bas dites ? »
Demanda cette fois Akko. Tu n’osas pas répondre, et comme si tu prétendais ne rien savoir, tu tournas ton regard vers Saori. Cette dernière avait sans doute beaucoup voyagé, et Konoha n’était généralement pas hostile envers les individus n’ayant pas de mauvaises intentions, il était probable qu’elle ait déjà mit les pieds là-bas au moins une fois. Néanmoins, ton accoutrement te trahirait peut-être. Tu n’avais rien d’une mercenaire civile, et seuls les ninjas avaient tendances à se balader sans armure. Ces dernières étaient de toute façon généralement inefficaces face à des jutsus, tandis que les êtres dénués de chakra demeuraient une faible menace pour vous autres. Quoiqu’il en soit, cela ne laissait que peu de place quant à tes origines. Mais ça, seul une personne avisée serait en mesure de le comprendre d’un seul coup œil.