... La Lutte des autres

Je n’eus comme réponse qu’une barrière de flammes qui s’érigea autour de nous. Je restas d’abord surpris par la couleur singulière de ces dernières. À moins que mes yeux ne me jouent des tours, celles-ci étaient blanches, mais une fois encore je n’eus ni le temps de m’extasier ni de poser une quelconque question. La jeune Kitto nous expliqua son « plan », du moins ce qui y ressemblait car « je fais une ouverture et on fonce dans le tas » n’était pas le plus poussé des stratagèmes.



J’étais loin d’être serein. Nous aurions largement eu le temps de nous enfuir et il était maintenant trop tard. Je ne peux même pas compter combien de ces choses se trouvent tout autour de nous. Quoique prépare la déserteuse, j’espère sincèrement qu’elle savait ce qu’elle faisait.
En fait, il ne fallut pas beaucoup de temps avant qu’elle ne me montre de quoi elle était capable. Son jutsu était déjà impressionnant, j’étais certain qu’il s’agissait d’une technique liée au katon, mais la propriété de ces flammes rendaient la chose d’autant plus intimidante. J’étais tellement fixé sur la créature qu’elle avait créée que je ne réagis pas immédiatement à son signal. Le serpent désintégra très rapidement ces choses, je ne pouvais que regarder et apprécier le spectacle.

Ce n’est que lorsque deux d’entre eux s’approchèrent dangereusement de moi que je réagis enfin. Les coupant dans leur élan à l’aide de mon mokuton, je tâche de rester non loin des deux femmes, j’étais bien incapable de faire face à ces bestioles par moi même. Tandis que Kyoko optait pour une approche plus agressive, Saori et moi faisions l’inverse. Nous couvrant mutuellement durant ces quelques minutes qui me paraissaient interminables. J’usais de mes flammes de temps à autre pour en maintenir un maximum à distance tandis qu’elle s’occupait de ceux un peu trop proche. L’écume qu’elle avait produite était quelque peu dérangeante pour moi, mais tout autant pour les Minashigo qui perdaient ainsi un peu de vitesse.

Ce fut fastidieux, mais nous en voyions enfin le bout. Du moins, c’est ce que l’on croyait. J’observais la Kitto achever le « dernier » d’entre eux et c’est à cet instant qu’un cri que je qualifierais volontiers de « monstrueux » retentit. Sans que nous n’ayons le temps de comprendre quoique ce soit, une énorme silhouette apparue derrière la Kitto.



Il était déjà trop tard, Saori et moi ne pûmes que l’observer se faire projeter à une vitesse folle. J’espérais qu’elle était assez solide pour résister à cela, mais je ne me faisais pas trop d’illusion. Reculant de quelques pas devant la créature qui tournait son regard vers nous, je dis à Saori :



Je remarquais d’ailleurs les flammes qui subsistaient sur le poing de la créature. Non contente d’être surpuissante, la Kitto lui avait offert involontairement une véritable amélioration en usant de son arme enflammée pour se protéger. Sans rire, avait-on besoin de ça ? Je n’étais même pas sûr que la bête ressente quoique ce soit avec une carcasse pareille.

Saori finit par vaincre les nombreuses créatures au prix d'un effort colossal, elle n'avait fait que les repousser en attendant de pouvoir les tuer mais ses bras avaient pâti des efforts faits pour s'en débarrasser. Une fois les combats finis, la déserteuse se tourna vers ses coéquipiers qui eux non plus n'avaient pas l'air d'avoir lésiné sur les ressources que cela prenait de battre toutes ces ordures. Une pulsion de douleur se fit ressentir, son bras la languissait. Kyoko les avait sacrément sauvés sur ce coup là, elle en avait tué la majeure partie sans hésiter, elle était réellement très forte, plus encore que Saori aurait pu le penser.

Elle avait complètement déréalisé durant le combat, ne se concentrant que sur elle-même et les actions qu'elle avait à faire. Certes comme ça Saori avait survécu mais elle devait maintenant pâtir de la fatigue énorme qu'elle ressentait, aussi bien physique que mentale.

C'est à ce moment-là, quand les anciens konohajins pensaient que c'était fini, que l'un d'entre eux, plus rapide et plus grand, largement plus grand, largement plus fort, arriva dans le dos de Kyoko. Avant que Saori ou leur dernier compagnon aient le temps de la prévenir, Kyoko avait déjà passé le mur de la grange en bois quelques mètres plus loin. Par réflexe, Saori avait fait un saut vers l'arrière qui lui avait permis de ne pas être emportée non plus par le coup de cette horrible chose.

Elle prit le temps d'observer un peu plus en profondeur la créature qu'elle avait face à elle. Cette chose était rapide, très puissante, avait maintenant des poings en feu et semblait avoir une sorte de peau que nul ne semblait pouvoir percer. Sachant qu'en plus de ça, Saori et le Kirishitan venaient de sortir d'un combat qui fut rude pour elle et probablement pour lui aussi. Sachant que sans Kyoko, ils seraient en train de se faire dévorer dans la mare de cadavre qui était au milieu de ce petit hameau.



Saori avait pas mal d'avantage dans les combats singuliers, mais la plupart du temps cela résidait dans sa vitesse. Là, elle n'avait même pas l'effet de surprise, et même si elle l'avait elle ne saurait pas comment s'y prendre pour buter ce truc.



Dans tous les cas, ils devaient faire vite car ils ne pourraient pas rester à une distance raisonnable très longtemps, Saori était à l'affût du moindre mouvement de la bête, mais il fallait se dépêcher. Ils pourraient tenter peut-être de sauver Kyoko plus tard, mais maintenant c'était un peu tendu. Tant que cette chose était dans le coin, il n'y avait rien à faire. Maintenant il fallait juste prier pour qu'elle s'en aille.

Je m’y attendais, la femme n’avait aucune idée de comment nous sortir de ce pétrin. Nos espoirs reposaient surtout sur la Kitto, quel plan foireux je vous jure ! Je n’étais franchement pas motivé à l’idée de jouer les héros en attaquant frontalement cette chose. Quel autre solution avions nous que de fuir pour l’instant ?



La créature se jeta sur nous, montrant justement la raison pour laquelle je doutais que fuir soit un plan valable. Nous étions tout deux bien moins forts que cette chose, mais également moins rapide. En d’autres mots, nous n’étions que de simples moustiques à ses yeux. Des insectes qu’il fallait écraser. Alors que je venais d’esquiver son coup de justesse, j’ajoutais au moment de ma réception :



Laisser la Kitto ici était un paris risqué, mais la bestiole était visiblement plus accaparé par notre cas en ce moment. Sans plus attendre, nous nous hâtions vers l’orée de la forêt et le monstre s’empressa de nous suivre. Celle-ci entourait la totalité du hameau, mais restait relativement limitée. Les arbres constitueraient de bon abris contre ses attaques en attendant que l’on trouve une solution pour en venir à bout, mais les plaines situées juste derrière étaient littéralement l’endroit où on ne voulait PAS aller. Là-bas, il n’aurait qu’à nous charger pour nous réduire en charpie.

Pendant plusieurs minutes, Saori et moi tachions d’esquiver les attaques du Minashigo. Non content d’être fort et rapide, celui-ci disposait d’une bonne agilité compte tenu de sa taille. Malgré cela, les branches qu’il utilisait pour nous atteindre se brisaient rapidement sous son poids, et il en allait de même pour les arbres ayant la malchance de se trouver sur son chemin lorsqu’il tentait une attaque. Étant peu enclin à me reconvertir dans l’exploitation forestière, je profite d’un -léger- moment de calme pour dire à Saori :



Et tandis que je regarde en contrebas, je remarque que la créature n’est plus là. Elle avait disparue en un battement de cil, comment était-ce possible ? Je demandais alors à Saori, la voix légèrement paniquée :



Subitement, j’aperçois une silhouette du coin de l’œil, c'est malheureusement la seule chose qu’il me sera donné de voir car je sens un violent coup m’atteindre au niveau des hanches. De la même manière que la Kitto quelques minutes auparavant, je me fais projeter à travers la forêt avant d’aller heurter un arbre qui se brise au moment de mon impact contre celui-ci. Bien que je garde connaissance, je suis incapable de bouger, la douleur est trop grande et me paralyse complètement. Bien que ma vision soit légèrement floue, j’aperçois la créature, mais elle était… différente.

Son envergure avait été divisée par trois et l’immense Minashigo était devenue une version bien minuscule de celle que nous fuyions jusque là. Il était d’une rapidité que je n’avais jamais vu jusqu’ici, j’étais complètement dépassé. Quel genre de capacité était-ce ? Tout ces monstres étaient-ils capables de la même chose ? Ce n’est hélas pas le moment pour moi de me poser la question, car je vois la créature reprendre sa forme originale et se diriger cette fois en direction de Saori alors que je tente de me relever de toutes mes forces…

L'idée que venait d'avoir le Kirishitan ne semblait pas mauvaise, après tout pour déplacer un tel poids en ayant une vitesse pareille, cette créature devrait vite se fatiguer. Et effectivement elle semblait peser son poids au vu des ravages qu'elle faisait dans cette forêt. Saori n'était pas sûre de l'efficacité du plan en laissant Kyoko sans défense, mais cette chose semblait être bien plus préoccupée par les deux ex-Konohajins que par la troisième.

La forêt entourant le hameau était l'endroit ou il était le plus simple d'esquiver les attaques de la créatures, son poids ne lui permettant pas de bénéficier de la même agilité - bien que l'agilité de cette bête ne soit pas négligeable non plus - dans les airs. Cependant cette foret n'était pas très grande et ce qu'il y'avait autour n'était que des plaines, et donc l'endroit ou sa vitesse surpasserait largement les moyens des deux ninjas.

Cependant, plus les minutes passaient, moins il y'avait d'arbres, pour autant la créature gigantesque ne semblait pas montrer de signe de fatigue particulier. Quand tout à coup, plus rien. Pendant 10 secondes, 20 peut-être. Saori était contente de voir que son compère partageait le même constat qu'elle, elle était également contente d'avoir un peu de répits, car elle, contrairement à la créature, fatiguait. Cela dit, elle approuva la demande d'un signe de tête, elle avait eu le temps d'observer un peu la créature et de voir ce qu'elle pouvait en faire... surtout de comment s'en défaire, bon en vérité pas grand chose.



Elle n'avait pas eu le temps de l'avertir, une sorte de minuscule version de la bête l'avait frappé sur le flanc, bien plus petite que celle d'avant, mais vu la puissance de ce coup, sa taille n'avait pas forcément d'incidence sur sa force. En revanche, Saori suspectait que cela aurait un impact sur sa vitesse et son agilité, notamment en réduisant son poids, il lui serait possible de grimper aux arbres. Rien que le temps de penser à ça, la créature avait déjà disparu, sa vitesse était vraiment impressionnante.

Saori mis un coup de faux dans le vide, avec cette vitesse, elle ne pourrait réagir à aucune de ces attaques. Le Kirishitan semblait complètement hors de combat, maintenant c'était elle face au Minashigo.



En mettant encore des coups de faux dans le vide, Saori n'avait que ses oreilles pour l'avertir et lui donner une idée de la direction, mais cette créature était plus rapide, plus agile, plus forte, le combat semblait bien déséquilibré.

Alors, elle tenta le tout pour le tout, se déplaçant de quelques mètres à travers les arbres ravagés par la créature, elle prit discrètement le couteau dans sa main gauche. Saori entendit un bruit juste derrière elle et déversa son écume, espérant ralentir cette bête en la faisant suivre d'un coup de couteau qu'elle espérait imprévisible. Mais l'écume ayant réduit son champ de vision, elle n'avait aucune idée de si cela avait marché ou non.

De toute façon, elle aurait perdu ce combat à l'endurance, alors elle avait joué sa dernière carte. Espérant un coup de chance ou bien un habile coup placé pendant la fatigue de la créature. Saori avait donné toute la force de son instinct de survie dans ce coup de couteau, peut-être n’y avait-il même personne derrière elle, qu’en savait-elle…

Après quelques minutes passées inconsciente, tu parvins finalement à reprendre tes esprits. Tu te relèves très lentement, libérant ton corps des quelques débris de bois qui le recouvraient. Tu es encore légèrement sonnée, ce coup avait été d’une puissance phénoménale. Tu étais peut-être solide, mais tu devais ta survie uniquement à la chance cette fois. Tu n’avais pas reçue l’impact directement, ton sabre en avait amortie une grande partie. Après un léger dépoussiérage et une rapide vérification de ton état, tu marchas en direction du lieu où tu avais reçue le coup. Tu ramassas ton sabre que tu avais perdue durant ton trajet dans les airs et regarda autour de toi. Il n’y avait pas la moindre trace de Tomohiko et Saori, ni de la créature. Rangeant ton sabre à ta ceinture, tu guettes les alentours tandis que tu te malaxes la nuque avec l’une de tes mains.

« Où sont-ils passés ? » te demandas-tu alors. Une question à laquelle tu eus rapidement une réponse en entendant tout à coup de nombreux fracas provenant de la forêt. Au loin, tu pus apercevoir un arbre tomber, puis un second… Peu de doute, ils devaient se trouver là-bas. Tu ne perdis pas de temps pour récupérer, tu étais loin d’être en forme mais il en fallait bien plus que cela pour te faire jeter l’éponge. Tu ne comptais pas abandonner tes deux partenaires à leur triste sort après les avoir forcés à se battre. Qui plus est, la créature devait être abattue, quoiqu’elle soit. Elle était rapide et fortes, mais cela, tu pouvais l’être aussi.

Alors qu’un voile de foudre recouvrit ton corps, puisant dans le peu de ressources dont tu disposais, tu fonças en direction des bruits. Sur place, tu vis Saori se débattre comme elle le pouvait, mais tu n’avais aucune idée d’où pouvait se trouver le Kirishitan. Le Chikara s’apprêtait à se faire attaquer à son tour, c’est alors que tu intervins. De nombreux piliers apparurent derrière Saori, là où le Minashigo se trouvait alors. Empêchant celui-ci d’attaquer depuis ta position, tu étais là te trouvant la tête en bas sur l’une des branches des environs, tu t’adressas alors directement à la créature :





Sa « réponse » te fit lever un sourcil. Alors il était l’un de ceux capables de s’exprimer, ou presque ? Cela ne changeait rien à la situation, déterminé à te faire la peau, la bête se jeta sur toi. Profitant de la vitesse que t’octroyait le raiton, tu te jouas d’elle pendant un moment. Tu tentais par la même occasion de trouver un point faible à l’aide de la lame qu’il te restait, mais il n’y avait rien à faire, celle-ci ne faisait que glisser sur sa carapace. Tu cherchas alors un moyen de détruire celle-ci mais la créature, voyant qu’elle ne pouvait t’atteindre, décida de changer de stratégie. C’est alors que tu compris qu’elle était capable de changer de forme.

Quoiqu’il soit, ce Minashigo était extraordinaire, bien différent de ceux que tu avais eu l’occasion de croiser jusqu’à aujourd’hui. Il était un adversaire dangereux, mais également rusé avec une profonde soif de meurtre. Tu eus du mal à suivre la cadence de ses attaques, sa vitesse dépassait désormais de loin la tienne malgré l’usage du raiton et tu ne comptais que sur ton environnement pour te défendre. Après de longues minutes passées à jouer au chat et à la souris, tu remarquas qu’il ne disposait plus de la même protection sous cette forme. Certaines parties de son corps, comme sa gorge, étaient à découverts. Manœuvrant finement à travers les arbres, tu parvins alors finalement à le prendre par surprise. Lui assénant un violent coup, tu fis chuter la créature jusqu’au sol. Elle s’y écrasa dans un violent vacarme et mit quelques secondes avant de se relever. Tu descendis alors jusqu’à son niveau pour lui faire face, l’adrénaline t’avait toujours rendue différente, mais là tu avais surtout l’occasion d’abattre un puissant adversaire. Frisant l’arrogance, tu dis au Minashigo :



En guise de réponse, celui-ci hurla à plein poumons. Était-ce un cri de détresse ? Un cri de ralliement ? Tu n’en avais aucune idée, mais cette chose avait compris qu’elle ne s’en sortirait pas aussi facilement et cela la rendait d’autant plus furieuse. Une fois encore, elle changea de forme, recouvrant cette apparence gigantesque. Tu esquissas alors un léger sourire avant de foncer dans sa direction. Sautant par dessus lui pour esquiver son coup, tu t’appliques à effectuer quelques mudras tandis que tu es en plein air. Une fois derrière lui, tu envoies ta jambe atteindre le haut de son dos. La violence du choc entre ta jambe et sa carapace produisit une légère onde, l’on pu alors distinctement entendre un puissant craquement.

Le Minashigo fut alors propulsé à quelques mètres vers l’avant, s’écrasant de tout son poids sur le sol. Plus important encore, l’armure qui le protégeait semblait avoir partiellement implosée, laissant la chair putride de son dos exposée. C’était le moment d’en finir, mais tu en avais visiblement trop fait. Alors que tu commençais à t’empresser d’aller dans sa direction, tu t’écroulas soudainement sur tes genoux. Tu étais exténuée, haletante et dégoulinante de sueur, tout les signes d’un usage excessif de ton chakra.
Peu à peu, la créature tentait de se relever tant bien que mal à cause de son poids. Sa carapace quant à elle commençait à se régénérer petit à petit… L’opportunité d’en finir aller vous échapper…

Quand Saori pouvait de nouveau voir devant elle, elle se rendit compte que son attaque avait échoué, elle cru alors que c'était fini, qu'elle avait lancé sa dernière carte dans le vent, mais se rendit compte qu'en fait, il y'avait de nombreux piliers. Ceux-ci empechaient tout mouvement de la créature vers Saori, mais qui les avait mis là ? Une seconde après, elle eut la réponse, c'était en fait sûrement Kyoko, qui avait pris le relais dans le combat contre cette immondice. Les genoux de la Chikara flanchaient, mais peu importe le talent de la Kitto, elle aurait sûrement du mal à en venir à bout toute seule. Alors haletante, Saori se releva, avec sa faux et son couteau, et s'avança de la zone du combat.

Tout ceci était trop rapide pour les yeux de la deserteuse, mais elle pouvait uniquement voir que Kyoko se débattait comme à armes égales, non en fait, elle était clairement à bout de force, mais elle jouait parfaitement avec son environnement pour ne pas se faire avoir. C'était impressionant, mais il ne fallait pas se laisser distraire, se rapprocher du lieu du combat le plus rapidement possible était la priorité.

Saori pris la décision de garder une distance de sécurité, elle n'avait pas la même habileté pour esquiver les attaques du Minashigo, en tout cas plus maintenant, pas à bout de souffle. Cependant elle guettait pour une opportunité de venir attaquer la vîle bestiole et d'aider Kyoko. Tout ce dont la Chikara avait besoin, c'était une ouverture.

D'un coup, après une manœuvre splendide et rapide entre les arbres, Kyoko finit par lui mettre un violent coup, faisant tomber la créature au sol, le nuage de poussière créé était assez massif et bruyant, ainsi que le cri émit par la créature. Saori se précipita alors de courir dans la direction de la bête, elle n'avait aucune idée de ce qu'était ce cri, mais elle n'était pas rassurée, de toute évidence.

Kyoko en rajouta une couche avec un coup de pied au niveau de son dos, laissant alors apparaitre la chair de son dos. Alors à une vingtaine de mètres, Saori souffla, se rendant compte que c'était fini. Quand soudain sa comparse s'effondra au sol. Saori réagit alors en une seconde et se précipita vers le trou dans la carapace du Minashigo, il était d'ors et déjà en train de se refermer.

La Chikara ne voulait pas trop s'approcher, au risque de se faire tuer dans la seconde. Mais elle n'allait pas avoir trop le choix. Alors, en fin de course, elle se jeta vers l'avant, faux en main, elle faisait en sorte que le coup qu'elle porte ait le maximum de vitesse. C'était son ultime carte, la réussite de cette attaque était la carte de survie des 3 ex konohajins, sinon, il n'y aurait sûrement plus d'autres occasions...

Alors que le raffut du combat s’était peu à peu calmé, le Kirishitan reprenait ses esprits. Bien que blessé, il s’empressa d’aller rejoindre ses partenaires. L’un était à genoux, tandis que l’autre se tenait non loin du corps de la bête. Ainsi avaient-elles réussir à s’en défaire ? Se demanda-t-il. S’approchant de la Kitto et passant le bras de cette dernière par dessus son épaule pour l’aider à se relever, il leur demanda :



Mais la Kitto ne donna point de réponse. Elle avait les yeux rivés sur la bête qui avait poussée son dernier cri, quelque chose était en train de se produire. Peu à peu, l’épaisse carapace qui recouvrait la créature commençait à disparaître. Jusqu’à ne laisser au sol que le corps d’un enfant inerte. Celui-ci n’avait pas plus d’une dizaine d’années, il était bien difficile que croire qu’il soit le véritable hôte d’une créature aussi monstrueuse. La Kitto avait apprit à ne pas se fier aux apparences, mais cela ? Peut-être était-ce un peu trop. Il semblait toujours en vie, la chair de son corps n’avait pas été atteinte par la faux de Saori, mais les blessures infligées lorsqu’il était sous son autre forme avaient visiblement été suffisante pour le rendre inconscient.



Demanda le Kirishitan, choqué par ce qu’il était en train de voir. Bien qu’abattue de fatigue, tu redressais la tête, ton regard en disait long sur le fond de ta pensée. Faiblement, tu ajoutas alors :



Dis-tu alors à tes deux camarades. Tuer un autre être humain était une chose, mais le Kirishitan et la Chikara étaient-ils capables d’écourter la vie de ce jeune garçon ? Saurait-ils accomplir un tel acte sans se laisser ronger par le poids de la culpabilité ? Pour le Kirishitan, c’était tout vu.



Tu secouas la tête pour dire non, à tes yeux il n’était pas envisageable de le laisser s’en sortir. Si Tomohiko n’en avait pas le courage, alors peut-être la Chikara était peut-être en mesure de comprendre…



Un choix cornélien se présentait donc à Saori. Elle pouvait t’écouter et mettre un terme aux massacres dès maintenant. Ou bien, elle pouvait écouter le Kirishitan… Mais la situation du garçon était-elle seulement curable ? Qui saurait s’occuper d’une telle chose ? Et surtout, qui va le maîtriser s’il se transforme à nouveau ?

Saori était complétement subjuguée par la situation. Autant elle n'aurait probablement pas de mal à abattre qui que ce soit, mais un enfant... Cela touchait un peu son affect. Pendant une seconde elle restait bouche bée, encore complétement épuisée du combat.

Puis elle se rappelait pourquoi elle était ici, elle se rappelait les visages des gens qui avaient fuit ces villages et perdus des proches. Puis tout le long du combat, elle avait failli mourir, et ce n'était d'ailleurs pas la seule.







Elle prit une courte pause en essayant de ne pas repenser à cette expérience marquante.



Elle prit une pause, parler après avoir mis autant d'énérgie à combattre n'était pas dans ses plans. Surtout qu'elle devait se concentrer pour savoir si d'autres Minashigo n'approchait pas. Ce cri aurait pu être une sorte de ralliement, mais pour l'instant, pour le plus grand bonheur de la Chikara, ça allait.



Elle s'allongea. Non seulement cette chose avait détruit des centaines de vies, mais elle était également passée proche de les tuer, tous les 3 qui n'étaient pas des ninjas débutants. C'était clairement la chose la plus dangereuse que Saori avait vu depuis belle lurette.

Je ne comprenais pas que l’on puisse un instant penser à retirer la vie d’un enfant, aussi dangereuse soit la créature qu’il abrite. De « simples » Konohajins en était venues à bout, il ne devait pas être si compliqué de le garder en isolement. Konoha en serait sûrement capable, et j’étais prêt à prendre le risque de l’y emmener moi même s’il le fallait. Je devais retourner auprès des miens quoiqu’il arrive, et le cas de cet enfant pouvait tout aussi bien être mon ticket d’entrée au village…



Étant moi même blessé, devoir supporter son poids sur mon épaule relevait d’un certain effort. Je déposais alors la Kitto contre un arbre afin qu’elle se repose avant de poursuivre :



À bas le pragmatisme, je refusais de salir ma conscience en lui retirant la vie. Et je ne pouvais décemment pas les laisser faire non plus. Je n’étais pas ouvert au débat, l’enfant allait venir avec moi quoiqu’elles en pense.

Alors que Tomohiko et Saori commençaient à débattre, le Kirishitan te déposa contre un arbre. Quelque soit la décision que vous preniez, ni l’un ni l’autre ne semblait déterminer à porter le coup de grâce. Y avait-il seulement le temps d’en discuter ? Chaque seconde qui passait était une chance que ce monstre se réveille. Le Kirishitan pouvait se bercer d’illusion, tu savais ce qu’étaient les créatures de ce genre et pourquoi elles existaient. Rien ne pouvait guérir un tel mal si ce n’était que de le supprimer à la racine. Cet enfant ? Il n’était un dommage collatéral de la triste histoire qu’était celle des Shinobis.

Tandis que Tomohiko s’évertuait à faire entendre raison à Saori, tu t’étais lentement et discrètement dirigée vers le corps du jeune garçon. En t’approchant, tu pus même apercevoir le souffle de sa respiration, faible, mais encore bien présente. Il était alors conscient, et réagit même au bruit distinctif que fit ta lame lorsque tu la sortie de son étui. Ton regard croisa celui du jeune homme, il avait compris que c’était sa fin et qu’il n’y avait pas d’autres alternatives possible pour lui. Ton cœur fut éprit d’un pincement, c’était un acte difficile, mais tu devais le faire.



Dis-tu à tes deux compagnons. Demeurant imperturbable, tu redressais lentement le jeune garçon, et ta lame alla soudainement se planter à travers sa poitrine, directement dans son cœur. Une mort rapide et quasiment indolore. Très vite, le souffle de la vie quittait ses yeux, et le poids de son corps s’écrasa sur toi. Alors que tu caressais doucement les cheveux du garçon, les larmes aux yeux, tu t’adressas à tes deux congénères sans te retourner :



Puis, doucement, tu déposas son corps à côté de toi tandis que tu te redressais difficilement. Tu laissas tomber la lame dont tu t’étais servie au sol et commença à partir en direction du village dévasté. Tomohiko, qui était resté muet jusque là, t’interrompit :



Tu t’arrêtas et resta silencieuse un instant. Il ne pouvait pas comprendre, personne ne le pouvait réellement. Ce monstre n’était que la partie visible de quelque chose de bien plus gros. Avais-tu un quelconque intérêt à tenter de t’expliquer auprès de lui ? Cela en valait-il la peine ? Et quand bien même, accepterais-ils de comprendre ? Alors, toujours sans te retourner vers eux, tu répondis :

La conversation ne semblait mener nulle part et Tomohiko n'arrivait visiblement à convaincre personne. Saori n'en démordait pas, elle n'avait aucune envie de devoir affronter de nouveau cette chose. Cependant, si Tomohiko voulait la prendre avec lui, soit. S'épargner l'assassinat d'un enfant plaisait bien à la Chikara, puis il y'avait des chances qu'elle ne le recroise jamais, alors pourquoi pas.



Kyoko venait de tuer le gamin, cette scène avait crée un gouffre dans le coeur de Saori, mais elle ne pouvait qu'approuver l'acte de la Kitto.



Saori ne savait pas trop comment expliquer tout cela, mais elle se doutait que la pureté du cœur d'un enfant n'aurait pu faire apparaître une telle chose. Alors il méritait le repos, sous le sol de cette Terre.

La Chikara avait une idée de où l'enterrer, elle ne voulait pas que cela soit trop proche du village pour ne pas nuire à la mémoire des habitants, mais elle ne voulait pas trop se déplacer non plus, alors elle s'arrêta devant un arbre pour lui creuser sa tombe.



Il n'y avait pas grande surprise dans mes yeux de la Chikara, ses ancêtres avaient fait toutes sortes de choses horribles et elle était la première à le reconnaître, cela a d'ailleurs été essentiel dans le développement de la jeune fille. Cependant, elle n'arrivait pas à relier les deux situations, quelque chose lui échappait. Elle espérait avoir une réponse, mais vu le personnage qu'était Kyoko, elle n'en aurait probablement jamais.

Alors que je m’efforçais de présenter mes arguments à Saori, la Kitto profita de cet instant pour se rapprocher de l’enfant. Il n’était pas question pour elle de débattre, sa décision était déjà prise. Ce n’est que lorsque j’entends le son de sa lame que je réagis.



Criais-je en tendant le bras. Il était déjà trop tard, la Kitto avait déjà exécuté le gamin. Je ressens un profond déchirement au fond de mon coeur, et surtout de la haine envers cette femme qui ne cesse d’essayer de me convaincre du bien-fondé de son action. Elle déblatérais, mentionnant leurs ancêtres pour une raison qui m’échappe totalement. Quel était le rapport entre eux et ce qu’il venait de se passer ? Essayait-elle de me faire croire qu’elle était autre chose qu’une vulgaire meurtrière ? La Chikara fut aussi interloquée que moi, elle non plus n’avait visiblement pas la moindre idée de ce que racontait Kyoko. J’ajoutais alors :



Quoiqu’elle puisse dire, je savais déjà que je n’étais pas capable de l’excuser. Il n’y avait aucune raison, pas une seule, qui justifiait de lui retirer la vie ainsi. Ses potentiels victimes n’étaient même pas de son fait, il n’était probablement lui même que l’une d’entre elles ! Toujours sur un ton furieux, je poursuivis :