Le chemin vers le Nord

Rétorquais-je. Petite ingrate va ! Mais c’était dans son caractère, je ne l’appelais pas princesse pour rien après tout. Il y avait un autre point sur lequel elle n’avait pas changé, c’était son impulsivité. Je ne pus qu’à peine comprendre ce qu’elle s’apprêtait à faire, et lorsque je l’eus enfin compris, je lui hurlais :



Mais il était déjà trop tard, en un clin d’œil sa lance vint transpercer le crâne de son pauvre compagnon de cellule. Quelle plaie, son cas aurait sûrement intéressé la Kitto qui m’avait demandé de mettre la main sur des cas similaires aux Minashigo. J’avais du mal à comprendre son acte, et je ne tardais pas à lui faire savoir :



Disais-je sans attendre de réponse de sa part. Nous remontions alors l’escalier pour rejoindre la salle principale. Là-bas, mon regard ne parvint pas à trouver la jeune Miwaku. Je pestais intérieurement, je ne voulais pas traîner ici au cas où d’autres surprises nous attendaient. Je devais interroger Yue, mais je ne partirais évidement pas d’ici sans la petite sauvage.



Criais-je à travers le château dans l’espoir qu’elle ne m’entende. C’était désespérant, j’avais l’impression d’être ce genre de mère de famille qui n’avait aucun contrôle sur son enfant. Bien que les goules semblaient avoir disparues, je me méfiais de Yue. En dépit de mon amitié avec elle, je ne doutais pas qu’elle comprendrait bien vite que j’avais mentis au sujet de la gamine. Alors que nous attendions Kohana, je lui demandais :

Quelle déception. Il n'y avait vraiment plus personne d'autre là-haut ? Impossible d'imaginez un tel schéma après la baston du sous-sol pour Kohana ! L'adolescente se mit à courir à l'extérieur, mais rien. C'est une mine triste et dépitée qui se dessinait subitement sur le visage de cette peste. Elle entrait à nouveau à l'intérieur, à peine cinq minutes après avoir laisser les deux femmes derrière elle, en entendant que la rousse l'appelait.





Mais alors que Kohana était arrivée dans la pièce et que les deux femmes échangeaient quelques mots qui n'étaient pas arrivés aux oreilles de la sale peste, un cri strident et bien grave retentissait en provenance du sous-sol.

Le passé était le passé, et j’avais appris à mes dépends qu’il valait mieux le laisser derrière soi. Bien que je vouais toujours une certaine haine envers ce clan, ils étaient loin de m’obnubiler comme autrefois. Bien qu’agaçante au possible, la Kitto m’avait offert un nouveau but, un nouvel espoir de voir ma vie changer et devenir plus « normale ». J’étais fatiguée de toujours devoir être sur mes gardes, d’essayer d’estimer si ma couleur de cheveux allait devenir un problème une fois de plus ou si j’allais pouvoir passer une nuit tranquille. Je vieillis, à mon grand regret, et j’aimerai profiter le plus possible des jours me séparant de ma fin.
Son plan était plus qu’utopiste, il reposait sur des légendes dont je doutais fermement de l’existence. Mais pourtant, elle était la personne la plus déterminée que j’avais rencontré dans ma vie. Ce n’était pas une femme mauvaise, ni cruelle, mais il était clair qu’elle ne laisserait rien ni personne se mettre en travers de son chemin, et je respectais cela. Peut-être Yue pourrait-elle se joindre à nous, j’avais des doutes quant à ses nouvelles ambitions bien qu’elle me disait avoir changé de plan, mais je sais que ses connaissances, notamment à propos de Kumo, pouvaient nous être utiles.



C’était… plus que curieux. Je n’étais pas une passionnée d’histoire, encore moins lorsqu’il s’agissait de clan de sauvages comme ceux des Kirijins. Mais voyager avec Shinsuke nous avait offert la possibilité d’en savoir un peu plus sur eux. Ce fut d’ailleurs ainsi que l’existence des Kenketsu passa du mythe à la réalité pour moi. Ces derniers et les Gaikotsu semblaient avoir une rivalité séculaire. Et compte tenu de la proximité des Kaguya avec leurs homologues, j’étais surprise d’apprendre que cette femme eut oser se ranger du côté des suceurs de sang.
En revanche, j’étais inquiète, inquiète à l’idée de savoir comment la Kitto en savait autant sur eux et sur elle. Elle me parlait de rumeurs, mais c’était trop précis pour n’être que de simples on dit. Je soupçonnais qu’elle ne travaille pour quelqu’un de très influent sur le continent, mais jusqu’ici je n’étais pas parvenue à découvrir son identité. C’était très certainement un individu de Tsuyo, mais qui parmi eux oserait se servir des ninjas qu’ils détestent tant ? Je n’eus le temps d’y réfléchir d’avantage, car Kohana débarqua à nouveau.



Je ne dis rien quant à l’autre individu, Kohana finirait par comprendre d’elle même… du moins, je croyais. Un cri strident provenait de là d’où nous venions. Soit nous avions donc oublié quelques goules… soit Yue s’était ratée. Dans un cas comme dans l’autre, cela n’annonçait rien de bon.

Que cherche-t-elle à faire ? Pourquoi souhaite-t-elle me convaincre de laisser toutes ces histoires de côté ? Pourquoi effacer ceux à quoi je voue ma vie depuis mon départ précipité de Kumo ?


Mon regard s'alourdit par la frustration, mais aussi par la fatigue. Tenir aussi longtemps entre ces geôles n'étaient pas une partie de plaisir... J'ai grandement besoin d'un bon bain et d'un repas pour me remettre sur pieds. C'est alors que la jeune fille montrait à nouveau le bout de son nez.


Je n'eus pas le temps de finir ma phrase qu'un cri strident retentissait du bas du sous-sol. Et merde... Le seul individu qui restait en bas et que je pensais mort n'est autre que...


Dans un lourd fracas, l'abomination brisa la porte qui séparait les escaliers à la pièce principale. La porte fut réduit en milles morceaux laissant apparaître la montagne de muscles et ses yeux aniridie laissant leur teinture jaunâtre se démarquer de l'obscurité des escaliers.


Le bougre, comment avait-il fait pour échapper à la mort ?!

Où sa rancune l’avait-elle menée finalement ? J’avais toujours préféré garder mon avis pour moi, mais je ne croyais pas un instant en la réussite de ses anciens projets. S’en prendre à Kumo était du suicide pur et dur, elle devait pourtant en être consciente au fond d’elle, à mon instar avec le clan Chikara, il n’y avait rien qui puisse être fait, nous étions impuissants, il fallait être réaliste.
Mais nous n’eûmes pas le temps de poursuivre notre conversation. Le bruit strident s’avéra être bel et bien le type qu’elle avait « tué » précédemment. Un miracle sans doute, quoiqu’il en soit, il avait de bonnes raisons d’être en colère actuellement.



Dis-je calmement à Yue tandis que je m’approchais de quelques pas de celui qui semblait être un autre Hattori. Mon regard croisa ses yeux jaunes, me donnant l’opportunité de calmer les choses avant que la situation n’empire. Après de simples mudras, l’homme ou la chose, allait se penser paralyser. J’étais néanmoins au courant que ce genre de genjutsu n’avait qu’une courte durée, surtout sur un individu dans son état. Les illusions étaient très dépendantes de la conscience de l’individu visé, il était fort probable que celui-ci n’en ait plus du tout et qu’il comprenne malgré lui qu’il était capable de bouger, et potentiellement de nous tuer. Je levais alors mes deux mains et tandis que j’avançais lentement vers lui, je dis :



Je ne me reconnaissais pas je l’avoue. Je n’avais que faire de la vie de ce type, et dans d’autres circonstances nous l’aurions probablement tué à nouveau. Mais, la Kitto m’avait parlé de son désir de comprendre certains détails concernant le fonctionnement du chakra, notamment pour les cas particuliers qu’étaient les Minashigo et les Kenketsu. Lui… ? Je ne savais pas trop ce qu’il était, il n’était définitivement plus humain mais nul doute que la Kitto voudrait mettre la main dessus. Tss… J’avais du mal à croire que je me mettais dans un tel pétrin juste pour elle.



Il n’avait pas été capable de parler jusque là, mais j’espérais qu’il soit au moins capable de faire un grognement un peu moins agressif que les précédents. Difficile de communiquer avec ce genre de bestiau, mais s’il m’attaquait, je serais alors au moins très vite fixée quant à sa réponse.