Le poids de l’encre

Chizue croisa les bras, un sourire à peine perceptible étirant ses lèvres, mais qui n’avait rien d’avenant.


Un rire bref, sec, lui échappa, mais ses yeux restaient aussi froids que la pierre.


Elle balaya la pièce du regard, observant les murs branlants comme si le lieu lui-même se moquait de lui.


Elle se souvenait que les archives entourant Hattori Masashi regorgeaient de récits glorieux, mais pour elle, le Kakusei n’avait été qu’un lancement pathétique. Borodari avait échoué : le chakra circulait encore, même affaibli, et le clan Hattori respirait toujours, quoique exsangue. Quant à Chizue… elle n’avait cure de pacifier ou d’envahir le monde. Elle comptait bien s’emparer du Yuukan autrement : sans épée, sans bataille, mais avec une main invisible qui étouffe lentement.

Pour Masashi, il était presque rassurant de constater qu’Hattori Chizue ne ressemblait ni à sa mère ni à son père. Elle avait le mordant d’une lame fraîchement aiguisée, et si elle était désagréable, au moins elle n’était pas molle. Ni manipulable, ni encline à fuir ses obligations, ce qui, en soi, la rendait plus dangereuse que bien des alliés.

Il savait que cette force de caractère n’était pas née d’un sens du devoir, mais d’une ambition glaciale, pure, qui ne se nourrissait ni d’idéaux ni de loyauté. Chizue ne croyait pas aux causes : elle croyait aux résultats. Et dans un monde où les promesses s’évaporaient comme la brume du matin, c’était peut-être la seule philosophie qui garantissait de survivre.

Masashi baissa légèrement les yeux, observant ses mains calleuses, vestiges d’une époque où il maniait le sabre et déployait le ninjutsu avec plus d’ardeur que les mots. Aujourd’hui, il devait composer avec des héritiers comme elle : des esprits tranchants mais indomptables, dont l’aide se gagnait à coups de concessions et non d’ordres.


Elle croisa les bras, un sourire glacé aux lèvres :


Un silence s’installa, dense, comme si les murs branlants de la pièce retenaient leur souffle. La petite fille capricieuse était dorénavant une femme forte et perdue dans ses propres désirs. Après une longue minute, Masashi décida de retenter.

Chizue laissa échapper un léger rire, amer et moqueur, ses yeux brillant d’une ironie froide.


Un grincement se fit entendre derrière eux, discret au début, puis plus net. Des pas lourds montaient les escaliers. Chizue redressa légèrement la tête, fronçant les sourcils. Elle sentit la tension changer dans la pièce.

L’Empereur apparut alors, sa stature imposante et son maintien parfait contrastant avec la fragilité apparente des murs autour d’eux. Son regard passa de Chizue à Masashi, et sa voix, mesurée mais ferme, résonna dans l’espace clos.


Chizue, attentive, suivait ses mots, ses yeux fixés sur son père. L’Empereur poursuivit :


Chizue resta immobile un instant, observant son père. Puis elle murmura :


Le silence s’épaissit, interrompu seulement par les craquements des planches sous les pas prudents des autres arrivants. Chizue le savait, il était peu probable ne puisse survivre après cela... Avec un tel antécédent et un tel crime, il risquait d'éveiller de nombreux mouvements révolutionnaires... Le concernant, Hattori Masashi espérait qu'une demande formulée à une certaine personne lui permettrait de rencontrer, une dernière fois, Miwaku Kazuko...

Tandis que l’Empereur fit le premier pas vers la sortie, son geste était clair : il invitait Chizue à en faire autant. Le lourd silence de la salle ne dura cependant pas. Masashi, malgré la lassitude visible dans ses traits, trouva la force de s’exprimer avec un élan inattendu.


Chizue ne cilla pas. Son sourcil s’arqua légèrement, signe d’une lucidité froide. Les rumeurs sur les attentats contre le Yuukan lui revenaient à l’esprit. Elle savait que les anciens Shinobi ne se contentaient pas d’actes de rébellion isolés… Il y avait plus, quelque chose de souterrain, de plus sombre.

Soudain, la voix de l’Empereur s’éleva, coupant court à tout écho, sans même qu’il daigne se retourner.


Il marqua une pause. Ses doigts se crispèrent brièvement sur le pan de sa manche. Les images revenaient, insoutenables.
Il se souvenait des siens, balayés par le monde Shinobi. Ses parents, prétendument tués par Kumo. Un mensonge d’État. La vérité avait éclaté plus tard : c’était cette prêtresse perfide qui avait tranché leurs vies.

Sa voix reprit, plus dure, plus lourde.


Ses pas reprirent, lents mais assurés, faisant vibrer l’air comme une sentence.

Quelques minutes plus tard, dans la salle du dessous, l’Empereur rompit le silence. Sa voix, plus mesurée que tout à l’heure, se voulait réparatrice.


La jeune femme inclina légèrement la tête, sans montrer la moindre rancune.


Un bref silence passa. L’homme plissa les yeux, comme intrigué par son empressement.



La soirée d’aujourd’hui est dédiée à la fête. Toute la ville s’y prépare dans le silence de l’attente. Il ajouta, avec une pointe d’autorité douce :


Chizue haussa imperceptiblement un sourcil. Bien sûr, elle connaissait l’existence de ces festivités. Mais elle s’était préparée à repartir dès la cérémonie terminée.


L’Empereur eut un léger sourire en coin.