« Je dirais Tsuyo, mais je pense que c’était surtout parce que j’avais tout à porté de main. Le luxe, l’alcool, les hommes et les femmes… beaucoup de choses pour combler une femme comme moi. Pour être honnête, c’est surtout mon entourage qui me faisais rester à chaque fois. »
Yue, Shinsuke, Miwa, Kyoko et même Kohana… Elles avaient été des amies, parfois même un peu plus que cela, mais le résultat était toujours le même, un côté finissait par partir que ce soit le mien ou non. Je n’étais pas faite pour vivre avec des attaches, j’avais toujours la sensation d’être bloquée et je voulais à tout prix garder ce sentiment de liberté. Un caprice, mais c’était ainsi que je vivais depuis longtemps et je ne m’imaginais pas encore que j’allais rester avec les rebelles pour un long moment…
« Bon, je t’excuse pour cette fois ! Mais que je ne te reprennes plus à me traiter de vieille ! »
Je n’allais pas étendre le sujet, j’étais déjà suffisamment vexée comme ça ! Qui plus est, le sujet dévia vers quelque chose de bien plus sérieux. Je comprenais qu’il ne suivait Kimino car ils partageaient tout deux un but commun, mais comprenait-il simplement que s’il aidait ce groupe à grandir, il deviendrait lui aussi responsable de ses actes futurs ? Je n’étais probablement personne pour juger l’opportunisme des gens, mais ils ne valaient décidément pas mieux les uns que les autres. Les circonstances créaient les alliances après tout.
« On pourrait aussi laisser mourir ceux qui s’entre-tuent, ça résoudrait le problème. S’il n’y a plus de pions, il n’y a plus de jeu auquel jouer. Mais j’imagine que c’est une vision trop égoïste des choses. »
Peut-être était-je un poil trop radicale, mais le fond de ma pensée n’était pas si mauvais quand on y pense. Si moi même je n’avais pas utilisé mon pouvoir pour sauver la vie de Kyoko à de multiples reprises, le cheminement aurait-il été le même ? Peut-être que laisser mourir les gens ambitieux était la meilleure solution, j’imagine bien sûr que d’autres finiraient par prendre leur place… Il n’y avait peut-être pas de fin à tout cela finalement.
Nous allions de discussion en discussion et nous avalions les kilomètres au passage. Cela avait été suffisant pour lui occuper l’esprit un bon moment, mais il commençait à se rendre compte de quelque chose. J’affichais alors une mine gênée, puis passant répétitivement ma main à l’arrière de ma tête je lui répondis :
« Aaaaah oui, hmm à ce sujet… Bon j’ai peut-être un peeeeeeeeeeeeeu menti, mais un tout petit peu hein ! »
« Pour ce que je veux faire, un petit village lambda ne suffira pas. Il faut un endroit avec du passage, et dans l’idéal une taverne bien remplie ! Nous allons donc à Minami. Ça va, ne fait pas cette tête, on en a que pour quelques heures de marche ! »