La revanche est un plat qui se pisse froid

Tout part d’un jet mal placé qui a éclaboussé le mauvais type. L’affaire aurait pu s’arrêter là… mais l’ego trempé réclame vengeance. Une croisade grotesque s’annonce, où l’urine devient prétexte à carnage.

Deux jours plus tôt, alors qu’il pissait du haut d’une falaise, Manjiro observait la crique en contrebas. L’endroit ressemblait à une entaille dans la côte : des parois sombres, rongées par le sel, se repliaient autour d’une petite plage de sable grossier où s’échouaient des épaves de barques oubliées. Le ressac cognait paresseusement contre les rochers, produisant une rumeur grave, et une odeur d’algues mêlée à celle du goudron humide flottait dans l’air.

C’est là qu’il surprit une discussion entre quelques silhouettes attroupées près d’un esquif prêt à prendre la mer. Elles parlaient d’un convoi à destination de l’ancienne capitale de Kiri, désormais baptisée Shinkiri-jima. Mais lorsque le mot « Tensai » fut lâché, le blond en perdit son calme… et le fil de son jet, qui alla s’écraser en plein sur le visage de l’homme en train de parler. Celui-ci beugla aussitôt, furieux et surpris.

Ne souhaitant pas attirer l’attention sur lui (du moins, c’était l’idée) Manjiro s’écria :

Dialogue de personnage
« Ohhh ! C’est quoi cette histoire de Tensai ? Qu’est-ce qu’il vient foutre ici ? »

Le contrebandier, trempé et rageur, n’eut d’autre réponse qu’une série d’insultes, avant de rejoindre son équipage. Bientôt, la voile grinça, l’esquif se détacha du rivage, et le groupe disparut au large, laissant la crique retomber dans sa torpeur salée.

Manjiro resta pensif un instant. Il se souvenait qu’il avait promis une virée à Yu ce soir-là, un petit flirt pour détendre l’esprit. Mais Emi étant loin, c’était peut-être l’occasion rêvée : sinon, elle lui aurait encore servi son numéro du « c’est à toi de voir », suivi d’une liste interminable de risques et de dangers qui aurait suffi à lui couper toute envie. À croire qu’elle avait le don de rendre la survie plus ennuyeuse qu’elle ne l’était déjà.

Il haussa les épaules. Tant pis pour Yu, leur rendez-vous serait reporté. Après tout, s’il revenait entier de Shinkiri-jima, ça ferait une belle histoire à lui raconter… et si jamais il ne revenait pas, eh bien, ça lui éviterait de s’excuser pour l’avoir plantée.

Sur cette pensée qui se voulait légère (quoique teintée de réalisme) il se dirigea vers le petit voilier qui lui servait d’ordinaire à pêcher. Avec un peu de chance, ce tas de planches flottantes tiendrait suffisamment longtemps pour rejoindre la ville.

Il y a 3 mois


Après plusieurs heures éprouvantes en mer, où il dut abandonner son voilier pour poursuivre à la nage quelques pêcheurs qui avaient levé l’ancre sans ménagement, Manjiro finit par apercevoir les contours d’une petite île à l’horizon. Le soleil déjà bas faisait miroiter la surface ondulante de l’eau, tandis que les vagues, plus douces près du rivage, venaient lécher un sable clair parsemé de coquillages et de débris marins.

L’île elle-même semblait surgie d’un conte ancien : des falaises basses mais abruptes enserraient un petit golfe caché, dont la mer verte et profonde reflétait les teintes orangées du ciel couchant. Des pins rabougris et tordus, au tronc noirci par le vent et le sel, poussaient çà et là, mêlés à des buissons aux baies rouges vives, comme si la nature avait décidé de jouer les couleurs malgré l’austérité des roches.

Un léger brouillard flottait dans les creux de terrain, donnant aux chemins de pierre et aux rares sentiers un aspect incertain, presque mystérieux. Quelques maisons de pêcheurs, en bois grisé par le sel et le temps, se tenaient en retrait, leurs toits de tôle ondulée grinçant doucement sous la brise marine. De minuscules barques de pêche, échouées ou attachées par des cordages fripés, parsemaient la plage, témoins silencieux de l’activité quotidienne de l’île.

À l’intérieur, une végétation plus dense se faisait sentir : lierre rampant, fougères épaisses et herbes hautes bordaient des sentiers étroits, où les traces de pas semblaient guider quiconque voulait s’aventurer au cœur du petit territoire. L’air était saturé d’odeurs de sel, d’algues et d’humus, et ponctué par le cri des mouettes et le clapotis régulier des vagues contre les rochers.

Manjiro, épuisé mais alerte, posa un pied sur le sable humide et inspira profondément. L’endroit était à la fois paisible et étrange, comme si l’île, isolée du monde, vivait encore dans son passé tumultueux. Il jeta un coup d’œil aux pins tordus et murmura, mi-sérieux, mi-amusé :

Dialogue de personnage
« Eh bien, où vais-je trouver ce connard ? En ville, sûrement... »

Manjiro marchait donc vers la petite ville environnante, les mains dans les poches et l’œil rivé sur les silhouettes obscures des maisons. La nuit approchait à grands pas, et le froid automnal mordait sa peau comme un chien affamé. Il regretta amèrement de ne pas avoir emporté le strict nécessaire : une couverture, un peu de nourriture, peut-être même des gants. Mais qu’importe, se dit-il, survivre est un art qu’il fallait improviser…

Après un tour rapide des rues quasi désertes, il repéra une vieille grange abandonnée à la lisière d’un champ. L’endroit était sombre et poussiéreux, mais suffisamment abrité pour lui offrir un minimum de confort. S’installant à même le sol dur, il enroula sa veste autour de lui et laissa ses paupières tomber, surveillant toutefois les éventuels intrus… ou les chèvres du voisinage, sait-on jamais.

La faim commença à se faire sentir, et Manjiro se résolut à fouiner un peu plus loin. Ses pas le menèrent jusqu’à une maison aux volets entrouverts. Une fenêtre semblait offrir une occasion parfaite : discrète et à hauteur de main. Il pénétra silencieusement à l’intérieur et déroba quelques denrées oubliées sur la table de la cuisine.

Le goût lui sembla d’abord étrange, presque chimique, mais le ventre vide apprécia la trouvaille. Manjiro grimaça en mastiquant, puis haussa les épaules :

Dialogue de personnage
« Pas le meilleur repas de ma vie, mais bon… »

Repu, il retourna dans sa grange, s’installant plus confortablement sur la paille usée. Il se dit qu’au moins, personne ne pourrait l’embêter ce soir, et qu’il aurait la force de continuer sa petite chasse au connard demain. Enfin, si son estomac décidait de rester sage et de ne pas réclamer un deuxième vol…

Il y a 3 mois


L’aube pointait à peine quand un vacarme tonitruant réveilla Manjiro. À moitié endormi, les cheveux ébouriffés et les yeux encore collés, il entendit une voix rugir :

Dialogue de personnage
« Hay
garçon ! Hey ! Faut pas manger l'bidul sur la table hein ! C'est la nourriture pour les méchantes bêtes ! Oblabla tu es tout blanc, blondinet ! »

Manjiro cligna des yeux, grogna et tenta de se redresser, mais un malaise soudain le cloua au sol. La soupe suspecte, les biscuits douteux et ce petit morceau de fromage… tout son organisme se rebellait en chœur. Il serra les dents et pesta entre deux hauts-le-cœur :

Dialogue de personnage
« J’aurais dû savoir que ça sentait la mort… »

Le fermier, furieux et gesticulant, ne comprit pas tout de suite que le blondinet ne se moquait pas de lui, mais se tordait de douleur sur la paille. Manjiro, lui, se sentit subitement très humble devant l’idée que la survie pouvait parfois tenir à… un mauvais bout de nourriture.

Dialogue de personnage
« Putaaiiiin ! Mais on stocke pas de la nourriture invariée sur une putain de table ! T'es un putain de con !!! »

Après plusieurs minutes de ce calvaire comique, Manjiro se redressa avec peine. Il courut se précipiter dans un coin et vomit, laissant échapper un râle de douleur mêlé à un soupir de soulagement. Tandis qu’il s’éloignait de la grange, il entendit le vieux beugler à pleins poumons :

Dialogue de personnage
« Cette grange… ça pue la mort ! »

Manjiro se mit à rire, une lueur d’ironie dans les yeux, et murmura pour lui-même :

Dialogue de personnage
« Vieux con… ça t’apprendra à empoisonner tes pauvres bêtes. »

Il reprit sa marche, titubant un peu, le ventre encore protestant, mais le sourire aux lèvres. Quelques heures plus tard, il aperçut enfin les premières silhouettes de l’ancienne ville de Kiri

Il y a 3 mois


Tôt le matin, Manjiro débarqua dans la ville, veillant à ne pas attirer l’attention des patrouilles impériales. Il le savait : un pas de travers et c’en serait fini de sa petite excursion en toute liberté. Une fois le périmètre sécurisé, il respira enfin l’air de la ville. La liberté avait un goût particulier… et sucré.

Il en profita pour chaparder quelques friandises, admirer les étals à sa façon, grimacer devant certaines architectures douteuses et surtout, scruter les passants à la recherche d’informations. Son flair l’emmena finalement vers un petit bar dont l’enseigne grinçante annonçait : « Hone-zake ». Il s’y engouffra et s’approcha du comptoir. Il dit d'une vois assurée :

Dialogue de personnage
« Des mouvements dans l’Empire… des rumeurs… vous savez quelque chose ? »

Le barman se tut et s’écarta, méfiant, laissant place à un vieil homme assis au comptoir. Celui-ci le dévisagea, un sourcil levé :

Dialogue de personnage
« Oula… t’es pas d’ici, toi ! On ne demande pas ça comme ça, t’sais ! C’est dangereux ! »

Manjiro soupira. Il avait été chanceux : personne n’avait entendu. Le vieillard ajouta d’un ton mi-autoritaire mi-amusé :

Dialogue de personnage
« On demande pas une info sans pépètte, t’sais ! »

Au même moment, un autre homme s’approcha du bar et posa un verre vide. Ses pupilles jaunes brillaient d’un éclat froid : Hattori. Il jaugea Manjiro de haut en bas, un sourire en coin :

Dialogue de personnage
« Encore un blondinet ? L’Empire vous adore, vous… Décidément. »

Manjiro observa l’homme aux pupilles jaunes, un frisson d’intrigue mêlé de prudence le parcourant. Un autre blondinet… pensa-t-il. Sûrement un membre de mon clan… ou… Tensai. L’idée seule le fit hésiter. Il savait qu’en creusant davantage, il risquait gros, peut-être plus qu’il ne l’imaginait. Il soupira, laissant retomber son excitation.

Le vieillard, comme pour lui changer les idées, lui tendit un verre :

Dialogue de personnage
« Allez, va ! On peut tout oublier avec un peu d’alcool, t’sais ! Ça t’fera du bien ! »

Manjiro prit le verre avec un sourire en coin, appréciant la simplicité de ce geste.

Il y a 3 mois


Hattori Shinigoroshi, ancien chef de la forteresse de Ta, jouissait d’une réputation paradoxale : cruel et impitoyable, mais admiré par ses hommes pour son génie stratégique et scientifique. Depuis le Kakusei, il prospérait dans l’ombre, créant des poisons de plus en plus complexes et dangereux. On le disait détenteur du plus grand savoir sur le sujet, pompant des enfants pour créer des générations capables de reproduire ses élixirs mortels, dans le but de recréer la puissance toxique du roi fou.

Tandis que Manjiro se levait après deux verres, ses yeux croisèrent involontairement ceux du Hattori. L’homme éclata d’un rire bref, glacial et provocateur, ce qui fit froncer les sourcils de Manjiro. L’irritation monta d’un cran.

D’un geste de la main droite, Hattori fit écarter l’homme qui lui faisait face et s’adressa directement au blondinet après avoir bu une énième corgée :

Dialogue de personnage
« Tu veux en savoir plus sur le dernier convoi, c’est ça ? Je vais t’en dire plus. »

Manjiro le fixa un instant, haussant un sourcil et affichant un air hautain. D’un ton délibérément arrogant, il répondit :

Dialogue de personnage
« J’te demande rien, à toi. »

Le rire d’Hattori résonna dans le bar, sec et cruel :

Dialogue de personnage
« Oh… je vois que tu as de l’audace, blondinet. Et c’est justement pour ça que tu m’intéresses. »

L’homme, derrière ses pupilles jaunes, n’attendait qu’une chose : se faire une place dans le nouvel Empire. Son objectif secret était Chizue, une jeune fille encore pas majeure, qu’il ambitionnait d’épouser pour intégrer la famille royale. Dans ce dessein, il avait méticuleusement éliminé tous les autres candidats potentiels, avec la froide précision d’un maître poisonneur.

Manjiro, conscient du danger mais gardant son ironie, esquissa un léger sourire. Même face à cet homme capable de manipuler la vie comme un jeu, il ne perdait pas son audace. L’air dans le bar était chargé de tension, ponctué du cliquetis des verres et du souffle du vent contre les volets grinçants. L'Hattori, amusé par l’insolence inattendue, pencha légèrement la tête, jaugeant son interlocuteur :

Dialogue de personnage
« Très bien… Je vais t’en dire plus... »

Manjiro ne broncha pas. Au fond, il savait qu’il venait d’entrer dans une partie beaucoup plus dangereuse...

Dialogue de personnage
« Ils sont là pour un lieu sur l'île... Ils repartent ce soir. Il y a un blond, comme toi. Actuellement, ils sont dans un bâtiment avec de nombreux signes de l'empire, face au port... Il y a un jardin arrière, passes par là... »

Il y a 3 mois


Manjiro le savait : tout cela avait l’air d’un piège, ou pire, d’un jeu sordide. Mais pouvait-on vraiment tendre un piège à quelqu’un sans qu’aucun soupçon ne pèse sur lui ? Ça vaut le coup d’essayer, pensa-t-il, avec ce mélange d’arrogance et d’imprudence qui lui servait souvent de moteur.

Shinigoroshi, lui, n’était pas là pour s’amuser. Pourtant, une frustration cuisait encore en lui : celle de n’avoir jamais pu éliminer la femme qui avait humilié sa forteresse lors de l’attaque de Kumo. Le poison de l’échec ne s’effaçait pas si facilement. Quant à ce blondinet insolent… il doutait qu’il ait la moindre chance contre l’homme qui détenait aujourd’hui le poste qu’il convoitait au sein de l’Empire. Mais, sait-on jamais… le hasard offrait parfois des opportunités inattendues.

Le Chikara tiqua, puis décida de ne plus perdre de temps. Le convoi n’allait pas tarder à reprendre la mer. L’alcool flottait encore dans ses veines, pas assez pour lui donner une force nouvelle, mais bien assez pour brouiller ses réflexes. Qu’importe. Il escalada le petit mur du jardin extérieur avec l’agilité qu’on lui connaissait.

Derrière le muret, s’étendait un jardin hybride : des pierres rondes et moussues disposées avec l’harmonie stricte d’un jardin japonais, des lanternes de pierre et un petit étang où glissaient paresseusement des carpes. Mais ce décor ancestral était parasité par la touche occidentale de l’Empire : un parterre de roses importées, des bancs de fer forgé noir, et même une serre vitrée où l’on distinguait les silhouettes de plantes exotiques. L’ensemble avait un charme étrange, à la fois discipliné et artificiel, comme si la tradition et la modernité s’étaient affrontées dans une même cour.

Alors qu’il observait les lieux, son regard s’accrocha à une silhouette au travers d’une fenêtre. Une queue-de-cheval blonde, reconnaissable entre mille : Chikara Tensai, montant un escalier, lentement, comme hors d’atteinte. C’était maintenant.

Le sang de Manjiro pulsa, ses mâchoires se crispèrent. Il sauta du mur et fila vers une porte latérale, probablement celle des cuisines. Mais au moment d’y poser la main, une ombre se dessina dans son champ de vision.

Un homme droit, campé de toute sa stature, la chevelure brune parfaitement tirée en arrière, lui barra la route. Ses yeux sombres fixaient Manjiro sans ciller, froids et calculés.

Le silence du jardin se brisa dans ce face-à-face, comme si même les grillons retenaient leur chant.

Dialogue de personnage
« Tu veux quoi, looser ? »

Il y a 3 mois


Byakuren n’avait pas la moindre hésitation : l’ombre qu’il avait perçue ne pouvait être que l’œuvre d’un shinobi. Mais celui-ci… il se démarquait. Ce n’était pas le prédateur silencieux qui se glisse sans bruit dans les interstices d’une bâtisse, mais un guerrier à la démarche assumée, presque provocatrice. Un ninja, certes, mais sans le masque de discrétion qui caractérisait les siens. Peut-être un héritier mal dégrossi de l’ancien village de la Feuille, de ces lignées brisées qui, depuis le Kakusei, n’avaient plus trouvé leur place.

Byakuren resta tapi, ses yeux fixant chaque mouvement du Chikara, jusqu’à ce qu’un premier geste trahisse ses intentions. Alors seulement, il choisit de parler :

Dialogue de personnage
« Tu ne rentreras pas. »

Ce n’était pas une menace, mais un verdict.

Pour le samouraï, ce moment n’avait rien d’agréable. Derrière ces murs vivaient des hommes qu’il exécrait, des voix arrogantes, des visages qui l’avaient humilié ou méprisé. Dans d’autres circonstances, il aurait presque laissé passer l’intrus, savourant la perspective d’un règlement de comptes indirect. Mais le bushidō était clair : son devoir surpassait ses rancunes. Servir, protéger, maintenir l’ordre... même au prix de ses désirs personnels.

Dialogue de personnage
« Tu peux… »

Il n’eut pas le temps d’achever sa phrase. L’ennemi s’élança, lame en avant, avec une rapidité fulgurante, comme une bourrasque d’acier. Byakuren serra les dents et, dans un réflexe instinctif, dévia l’attaque en frappant sèchement du manche de son sabre, la garde craquant sous l’impact. Le choc résonna dans ses bras, brutal, mais il tint bon. Le duel avait commencé.

Il y a 3 mois


Manjirō ne lui avait pas laissé finir sa phrase. Déjà, le kunai brillait entre ses doigts et, d’un mouvement sec, il fondit sur son adversaire avec une violence sans détour. La lame courte visa directement la gorge, promesse d’un meurtre rapide.

Byakuren, imperturbable, fit basculer d’un coup sec le manche de son katana encore au fourreau. L’impact fut net, le kunai décrivit un arc étincelant avant de s’éparpiller plus loin sur le sol.

Le blondinet, loin de reculer, pivota aussitôt sur sa hanche et lança son pied droit en un coup de taille, fulgurant, destiné à briser ses côtes.

Cette fois, Byakuren ne recula pas. Il relâcha une demi-inspiration, pencha l’épaule, et d’un geste vif, leva son avant-bras gauche pour bloquer la jambe. Le choc fit vibrer ses os, mais il encaissa sans faiblir. Dans le même mouvement, il fit glisser son coude contre le tibia de l’assaillant pour le repousser sèchement, comme un mur de chair et d’acier.

Le samouraï ne frappait pas encore. Il jaugeait. Il laissait parler le corps, tester la force brute de son adversaire, comme on mesure la lame d’un couteau avant de croiser le fer.

Le pied de Manjirō fut repoussé avec une précision glaciale. Mais le blondinet, loin d’abandonner, se remit immédiatement en mouvement. Il pivota sur son appui gauche et enchaîna une série de coups secs : poing direct, puis crochet, puis un second coup de pied fouetté, chaque attaque surgissant avec la rage et l’instinct d’un combattant formé à tuer vite.

Byakuren accueillit ces assauts sans vaciller. Ses avant-bras se levèrent tour à tour, solides comme des remparts, détournant les coups au dernier instant. À chaque contact, ses mouvements étaient sobres, mesurés. Il n’opposait pas la force brute à la fougue, mais un contrôle absolu.

Un crochet frôla sa tempe : il se pencha juste assez pour laisser filer la frappe, puis projeta son épaule en avant pour heurter la poitrine de son adversaire, le forçant à céder un pas. Manjirō grinça des dents, mais repartit aussitôt. Cette fois, il lança un balayage bas, visant les appuis du samouraï.

Byakuren, d’un simple déplacement du pied arrière, esquiva la trajectoire, puis laissa tomber tout le poids de son genou pour heurter la cuisse du shinobi dans un choc sourd. Pas assez pour le briser, mais bien pour lui rappeler que chaque offensive trouvait une riposte.

Le rythme s’accélérait. Les poings et les jambes du ninja fusaient avec une brutalité féline ; les blocages et contre-impulsions du samouraï répondaient comme une respiration implacable. Chacun testait l’autre ; l’un par la violence, l’autre par la constance.

Dialogue de personnage
« Tu veux jouer, hein ? »

Manjirō décocha un mouvement sec : d’un vif geste du pied droit, il décrocha le poids métallique fixé à sa cheville et le projeta avec une violence brute en direction de son adversaire. L’objet fendit l’air comme une masse meurtrière, mais Byakuren pivota d’un pas latéral, laissant le projectile s’écraser contre le mur de la résidence. Les planches craquèrent sous l’impact, creusant un éclat de bois et de poussière.

Sans reprendre son souffle, le shinobi se rua de nouveau, cette fois plus violemment encore. Ses coups perdirent toute subtilité : il frappait avec toute la puissance de son corps, des poings et des pieds chargés d’une rage aveugle, cherchant à submerger la défense du sabreur par la force brute.

Il y a 3 mois


Les coups pleuvaient désormais comme des marteaux sur l’enclume. Poings, pieds, genoux — chaque frappe de Manjirō gagnait en vitesse et en intensité. Byakuren bloquait encore, mais chaque parage se faisait plus lourd, chaque contact plus douloureux. Le bois du fourreau vibrait, ses avant-bras commençaient à s’emplir de cette brûlure sourde qui annonce l’usure.

Il comprit vite qu’il perdait un pas d’avance. À ce rythme, sa défense finirait par se fissurer. Un samouraï ne devait jamais s’entêter là où sa voie dictait l’adaptation. Alors il prit une décision claire : ne plus être la muraille, mais le vent qui glisse entre les pierres.

Le changement fut immédiat. Là où il encaissait encore un instant plus tôt, il se mit à se dérober. Un poing visant sa tempe ne rencontra que le vide : Byakuren s’était déjà incliné sur le côté, le souffle du coup caressant sa joue. Un pied latéral fut esquivé d’un pivot du buste, si serré qu’un pli de son kimono s’arracha dans la trajectoire.

Les coups s’étaient multipliés au point de n’être plus qu’un flot aveugle. Manjirō frappait à s’en briser les jointures, incapable de comprendre comment son adversaire lui échappait toujours. Ses poings, ses pieds, ses genoux ne rencontraient qu’air et silence. La rage commençait à lui brouiller les sens.

Dialogue de personnage
« Bordel ! »

Dans un geste brutal, il décrocha le second poids fixé à sa cheville et le projeta comme une masse meurtrière, cherchant à briser l’équilibre du samouraï.

Byakuren, cette fois, ne se contenta pas d’esquiver. Dans le souffle même du projectile, sa main se posa sur la garde. En un instant, le chuintement froid de l’acier fendit le vacarme : le sabre jaillit de son fourreau. La lame vibra sous l’impact, mais ne se brisa pas. Elle tint bon, solide, fidèle. Byakuren savait. Il connaissait ses faiblesses, ses limites, et jamais il ne la pousserait au-delà.

Manjirō, haletant, le front couvert de sueur, se figea une fraction de seconde.

Byakuren, lui, inspira longuement, puis relâcha son souffle avec une sérénité glaciale. Sa voix claqua, implacable :

Dialogue de personnage
« Une imprévisibilité amateuriste en devient prévisible. »

Il leva son sabre en forme haute, la pointe vers le ciel, le corps ancré, l’esprit concentré. Puis il avança.

Le choc des lames, cette fois, remplaça le martèlement des poings. Chaque frappe du samouraï était nette, contrôlée, guidée par l’expérience. Manjirō répliquait avec la hargne d’une bête acculée, kunai en main, muscles bandés, mais il reculait pas à pas. Le bois craquait sous leurs pas, les étincelles fusaient à chaque rencontre de métal.

Enfin, dans un battement, Byakuren glissa son sabre le long du kunai adverse, détourna l’arme et, d’un mouvement sec, fit jaillir une ligne écarlate sur la joue du blond. Une simple égratignure, mais qui sonnait comme un avertissement.

Il dit alors :

Dialogue de personnage
« Ton arme n’est qu’un bâton sans âme. Montre-moi plutôt ce que vaut le shinobi derrière. »

Il y a 3 mois


Manjiro le savait, il était en train de perdre l'affrontement et l'offensif ne semblait plus fonctionner. Pire encore, il venait de perdre le premier sang. Il lui fallait du temps supplémentaire. Pour cela, il devait comprendre son adversaire et donc passer en défensif.

L’ennemi attaquait avec un sabre, chaque mouvement fluide et précis, anticipant presque tous les gestes que Manjiro pouvait faire. Pour l’instant, le jeune shinobi ne pouvait que parer et observer. Il usa de ses pieds, chaussés de ses geta renforcés, pour détourner les frappes et rebondir sur le sol. Ces geta n’étaient pas de simples sandales : la semelle renforcée et la rigidité du bois lui permettaient de bloquer des coups avec les pieds, d’amortir les impacts et même d’utiliser le talon ou la bordure pour frapper avec force.

D’un geste vif, il décrocha ses tonfa de son bas du dos. L’arme classique, maniée comme une extension de ses bras, devint son nouveau moyen de lecture : chaque frappe, chaque blocage lui donnait des indications sur le rythme et la stratégie de son adversaire. Il tenta d’asséner plusieurs coups rapides, frappant les bras et le torse de l’ennemi, mais à chaque tentative, le sabre parvenait à intercepter ou détourner le tonfa.

Alors, Manjiro fit un mouvement audacieux : il sauta sur le sabre de son adversaire, utilisant ses geta renforcés pour amortir le contact et maintenir son équilibre. Mais l’ennemi, habile et attentif, stabilisa la lame, forçant Manjiro à abandonner le geste et à retomber sur le sol avec souplesse.

En se redressant, il profita d’un battement infime dans le rythme du combat. Sa main gauche, dissimulée derrière le tonfa, forma rapidement un signe incantatoire discret. Le chakra s’insinua dans l’air, invisible aux yeux d’un spectateur non averti, prêt à engendrer des images mouvantes de son corps. Une diversion, un double, une promesse d’ombre.

Chaque rebond sur ses geta renforcés, chaque coup de talon ou de bordure servait à détourner, à déséquilibrer ou à créer un espace. Mais désormais, derrière cette danse défensive, une autre bataille se préparait, silencieuse et trompeuse.

Il recula, observa, analysa. Le combat n’était plus seulement physique : il était mental et stratégique.

Dialogue de personnage
« J'en ai aussi, mon vieux ! »

Le Samurai se contenta de répondre :

Dialogue de personnage
« Je ne vois que des outils.. »

Il y a 3 mois


Byakuren sentit la vibration dans l’air avant même de voir le changement. Jusqu’alors, chaque mouvement de Manjiro avait une logique claire : parer, esquiver, répliquer. Mais soudain, une infime variation, un battement trop fluide pour n’être qu’un simple déplacement. Son œil aguerri perçut le décalage, mais son sabre rencontra… du vide.

Un claquement sec résonna : les geta de Manjiro frappèrent le sol à gauche. Pourtant, son tonfa surgit à droite, menaçant la tempe. Byakuren pivota, sabre en garde, et réalisa trop tard qu’ils étaient deux. Non… trois.

Leurs silhouettes se superposaient, se divisaient, se fondaient l’une dans l’autre dans une danse d’ombres mouvantes. Chaque clone mimait un souffle, un pas, un geste. Et si l’œil perçait l’illusion un instant, le suivant venait troubler la certitude.

Byakuren bloqua sèchement un coup de tonfa, mais l’impact manqua de consistance. Un double. Une feinte. L’instant d’après, le vrai Manjiro bondissait déjà, geta levée pour frapper comme un marteau.

Un rictus étira les lèvres de Byakuren. La diversion était ingénieuse. Mais l’ombre d’un sourire cachait aussi la lucidité glaciale : plus que les clones, ce qui l’inquiétait était la manière dont Manjiro commençait à tisser le combat, à le modeler selon son propre rythme.

Le talon ferré s’abattit avec la force d’un marteau de forge, visant sa tempe. Byakuren n’eut pas le temps de lever son sabre pour parer correctement ; il choisit l’unique solution possible : rompre la distance.

Dans un mouvement brusque, il tordit son buste et se projeta en arrière, les sandales glissant sur la poussière tassée. Le geta de Manjiro frôla son front, arrachant une mèche de cheveux et laissant derrière lui le souffle coupant du choc manqué.

Mais cette retraite improvisée eut un prix : son appui céda. Le talon de sa jambe arrière heurta une pierre disjointe, et son équilibre bascula un instant. Son sabre, levé trop haut, s’ouvrit dans un angle vulnérable.

Il retomba sur ses pieds, certes indemne, mais contraint de corriger sa garde dans la précipitation. Et ce court instant de déséquilibre, si rare chez lui, alluma une étincelle dans son esprit : Manjiro venait de lui forcer une erreur.

Il y a 3 mois


Manjirō activa le Gouketsu no Jutsu au moment opportun, recouvrant ses poings d'une énergie spirituelle bleuâtre. Profitant de l’ouverture, il fondit sur sa cible, poings levés, décidé à en finir d’un seul impact au thorax. Mais soudain, Byakuren, encore en train de rétablir sa garde, lâcha son sabre et le projeta vers le ciel. Le Chikara hésita un instant. Pourquoi viser le vide ainsi, sans même lever les yeux ? Était-ce un simple contrepoids pour retrouver l’équilibre… ou une diversion ?

Impossible de reculer : Manjirō fonça, prêt à porter son coup décisif. Pourtant, quelque chose changea. Un détail infime, imperceptible pour un novice, mais évident aux yeux d’un expert en taijutsu : Byakuren venait de hausser sa maîtrise d’un cran.

Il s’abaissa avec une souplesse féline et tenta un croche-pied latéral. Manjirō réagit d’instinct, bondissant pour l’éviter. Mais dans les airs, il se livra sans défense. Byakuren redressa sa posture en une fraction de seconde et décocha un coup de pied ascendant. Sa jambe heurta Manjirō en plein estomac, le projetant dans une vrille incontrôlable. Le corps s’écrasa violemment contre la cabane branlante qui servait d’entrepôt à de vieux outils.

Le souffle quitta Manjiro dans un hoquet brutal. La cabane ploya sous l’impact de son corps, les planches éclatant en une pluie d’échardes. L’air vibra un instant, empli du fracas du bois brisé et du choc sourd de son atterrissage.

Il resta plié en deux, le souffle court, le goût du fer dans la bouche. Ses doigts serraient encore ses tonfa, mais ses bras tremblaient. Les outils rouillés et abandonnés autour de lui tintaient légèrement, bousculés par le choc, comme un écho ironique à la voix intérieure qui résonnait dans son crâne :

Dialogue de personnage
« Des outils. Comme ton ninjutsu, comme tes armes. »

En face, Byakuren n’avait pas bougé. Il avait simplement repris son équilibre, son corps parfaitement droit, les mains vides. Son sabre, lancé plus tôt, décrivait encore son arc silencieux dans le ciel, prêt à retomber dans sa paume comme si le monde entier avait été orchestré pour ce moment.

Un regard froid, une respiration maîtrisée. Byakuren avait démontré ce que Manjiro redoutait : il n’était pas seulement un sabreur, mais un combattant complet, capable d’improviser et d’élever son art à chaque échange.

Manjiro cracha sur le côté, se redressa malgré la douleur et releva ses tonfa. Ses geta martelèrent le sol, cherchant à retrouver un rythme, à imposer encore une fois son tempo. Mais déjà, l’ombre du sabre retombait vers son maître.

Il y a 3 mois