Manjirō ne lui avait pas laissé finir sa phrase. Déjà, le kunai brillait entre ses doigts et, d’un mouvement sec, il fondit sur son adversaire avec une violence sans détour. La lame courte visa directement la gorge, promesse d’un meurtre rapide.
Byakuren, imperturbable, fit basculer d’un coup sec le manche de son katana encore au fourreau. L’impact fut net, le kunai décrivit un arc étincelant avant de s’éparpiller plus loin sur le sol.
Le blondinet, loin de reculer, pivota aussitôt sur sa hanche et lança son pied droit en un coup de taille, fulgurant, destiné à briser ses côtes.
Cette fois, Byakuren ne recula pas. Il relâcha une demi-inspiration, pencha l’épaule, et d’un geste vif, leva son avant-bras gauche pour bloquer la jambe. Le choc fit vibrer ses os, mais il encaissa sans faiblir. Dans le même mouvement, il fit glisser son coude contre le tibia de l’assaillant pour le repousser sèchement, comme un mur de chair et d’acier.
Le samouraï ne frappait pas encore. Il jaugeait. Il laissait parler le corps, tester la force brute de son adversaire, comme on mesure la lame d’un couteau avant de croiser le fer.
Le pied de Manjirō fut repoussé avec une précision glaciale. Mais le blondinet, loin d’abandonner, se remit immédiatement en mouvement. Il pivota sur son appui gauche et enchaîna une série de coups secs : poing direct, puis crochet, puis un second coup de pied fouetté, chaque attaque surgissant avec la rage et l’instinct d’un combattant formé à tuer vite.
Byakuren accueillit ces assauts sans vaciller. Ses avant-bras se levèrent tour à tour, solides comme des remparts, détournant les coups au dernier instant. À chaque contact, ses mouvements étaient sobres, mesurés. Il n’opposait pas la force brute à la fougue, mais un contrôle absolu.
Un crochet frôla sa tempe : il se pencha juste assez pour laisser filer la frappe, puis projeta son épaule en avant pour heurter la poitrine de son adversaire, le forçant à céder un pas. Manjirō grinça des dents, mais repartit aussitôt. Cette fois, il lança un balayage bas, visant les appuis du samouraï.
Byakuren, d’un simple déplacement du pied arrière, esquiva la trajectoire, puis laissa tomber tout le poids de son genou pour heurter la cuisse du shinobi dans un choc sourd. Pas assez pour le briser, mais bien pour lui rappeler que chaque offensive trouvait une riposte.
Le rythme s’accélérait. Les poings et les jambes du ninja fusaient avec une brutalité féline ; les blocages et contre-impulsions du samouraï répondaient comme une respiration implacable. Chacun testait l’autre ; l’un par la violence, l’autre par la constance.
« Tu veux jouer, hein ? »
Manjirō décocha un mouvement sec : d’un vif geste du pied droit, il décrocha le poids métallique fixé à sa cheville et le projeta avec une violence brute en direction de son adversaire. L’objet fendit l’air comme une masse meurtrière, mais Byakuren pivota d’un pas latéral, laissant le projectile s’écraser contre le mur de la résidence. Les planches craquèrent sous l’impact, creusant un éclat de bois et de poussière.
Sans reprendre son souffle, le shinobi se rua de nouveau, cette fois plus violemment encore. Ses coups perdirent toute subtilité : il frappait avec toute la puissance de son corps, des poings et des pieds chargés d’une rage aveugle, cherchant à submerger la défense du sabreur par la force brute.