Manjirō, silhouette fulgurante, jaillissait de l’intérieur. Dans sa paume, un orbe tourbillonnant hurlait d’énergie...
Après une série de mudras, le Chikara avait condensé son chakra en une sphère dense, instable, dont les volutes tournaient à une vitesse effroyable. L’orbe vibrait, prêt à tout déchirer sur son passage.
Mais ce n’était pas tout. La vitesse avec laquelle il avait traversé la cabane défiait la logique. Son corps avait littéralement bondi d’un point à l’autre, comme happé par l’air. Par une micro-propulsion de chakra libérée à ses pieds, Manjirō s’était projeté en avant avec une brutalité saisissante. Une technique brève, mais terriblement efficace, donnant l’illusion d’une téléportation.
À présent, il fonçait sur Byakuren, Rasengan en main, visant directement son visage.
L’orbe hurlant illuminait la scène d’une lueur spectrale. Trop proche, trop soudain : Byakuren n’avait plus d’échappatoire. La diversion était parfaite.
Du moins, c’est ce que croyait Manjirō.
L’instant d’après, tout bascula. Le samouraï ne recula pas, ne se déroba pas. Son bras jaillit avec une précision implacable, et sa main s’abattit comme une pince d’acier sur l’avant-bras du Chikara, juste derrière la sphère de chakra tourbillonnante. Le Rasengan vibra, trembla, mais resta prisonnier de sa paume, sans jamais atteindre sa cible.
Puis, dans un mouvement sec et implacable, Byakuren fit pivoter tout son corps. Son épaule roula, ses hanches s’abaissèrent, et, utilisant son propre poids comme un marteau, il fit basculer Manjirō.
Le sol accueillit l’impact avec un bruit sourd et brutal.
Les os du Chikara heurtèrent la terre battue comme s’ils allaient s’y enfoncer. L’air se coupa net dans sa poitrine.
À quelques centimètres du visage du blond, la lame de Byakuren était plantée dans la terre.
Il n’avait pas pu la rattraper en pleine offensive ; l’acier avait dû se fendre contre la dureté du sol, ou du moins en sortir salement abîmé. Mais cela n’avait guère d’importance : le combat, lui, était déjà scellé.
Deux silhouettes surgirent bientôt de l’ombre. Des hommes de confiance, armés, au regard froid. Ils ne daignèrent même pas poser les yeux sur Manjirō, étendu, le souffle court. Leur attention entière était tournée vers Byakuren. L'un annonça d'une voix ferme :
« Un supérieur exige votre présence »
Le samouraï laissa échapper un soupir, presque las. Son regard glissa une dernière fois vers le corps du jeune Chikara.
« Occupez-vous de lui. Trouvez une vieille barque… et laissez les courants décider. »
Un silence. Puis, comme un constat sobre, presque respectueux :
« Il s’est bien battu. Les outils doivent devenir des membres. »
Il ne tarda pas à s'en aller, sans oublier de récupérer son arme au préalable.