Une vie si courte

Avec calme, j'observais cette scène clownesque. Rabbit... Bien que les temps changent, tu ne sembles pas m'en vouloir. J'ai longtemps pensé que tu cachais une certaine haine. Mais, j'ai de plus en plus l'impression que tu aimerais être normal, tu l'aimerais vraiment.. Les choses doivent évoluer mais, les origines restent intactes et les tiennes sont fâcheuses. Bien trop. La jeune femme semblait s'énerver, enfin ! Elle manquait cruellement de naturel, elle ressemblait enfin à une humaine. J'ai toujours préféré ça qu'aux masques que les humains se fabriquent afin de vivre en contact des autres.
J'ai ce manque de sentiment qui fait qu'il me manque toujours quelque chose. Je ne sais vivre que par ce que je n'ai déjà. Cependant, c'est quelque chose que je sais reprocher, c'est assez ironique finalement.



L'ordre semblant s'adresser à un clébard calma le lapin. Il sait que je décide de ce qu'il est, il sait qu'il doit m'obéir. Bien évidemment, je ne peux pas craindre une once de rébellion en lui. Il n'a rien d'autre finalement...

Elle s'était énervée et elle était persuadée qu'elle allait le regretter. Pourtant, personne ne semblait choqué ou offusqué, ce qui la laissait dubitative et remettait en question certains points fondamentaux de son éducation. Même cet homme à l'accoutrement étrange ne semblait pas outré pour son comportement peu honorable. Elle jeta un petit regard peu assuré à la matriarche du clan Miwaku avant de finalement inspirer longuement.
Les paroles du Raikage la ramenèrent sur terre. Il fallait qu'elle se calme, qu'elle se concentre un peu.



À ces mots, elle tendit un petit baluchon qui semblait réellement intéresser l'homme-lapin et approcha de quelques pas timides le chef du village.



Son petit coeur palpitait un peu plus à chaque nouveau pas. Ces simples Hoppang avaient constitué le programme de toute sa soirée de la veille, aussi impressionnant cela soit-il.

Réagir à une telle sympathie reste assez difficile. Il faut tout d'abord estimer la chose mais, de suite la rediriger dans un contexte. Mon regard restant toujours aussi froid, j'observa la demoiselle sans même prononcer un mot. De suite, je sentis le regard de Chihiro. Cette femme est terrible, elle venait d'orchestrer un coup bien à l'avance.
Bien que mon rang m'en empêche, j'approcha la jeune Miwaku. L'habitude me faisant défaut, je déshabilla le baluchon pour saisir un Hoppang et exprimer à basse voix :



Bien que présente au rendez-vous, l'ambiance froid laissa place à un sourire peu perfectible. Me retournant pour prendre de la distance, je plaça une partie du gâteau en bouche. Quelques secondes après, je m'arrêta pour prononcer :



Le prénom fut difficile à prononcer. Je pointa du doigt la Oka-san et j'observa l'homme lapin.



De suite, je pris la direction de la sortie. Cette jeune femme semble avoir une chance en tant que nouvelle dirigeante.. Bien qu'un peu naïve, elle pourrait bien avoir la possibilité d'intégrer une équipe. La vieille Oka-San rêvait d'une unicité entre les deux, chose que je refuse. Mais, l'intégration des Miwaku dans les équipes nous permettrait peut-être enfin de comprendre ce pouvoir si hasardeux. Et puis, ils représentent une certaine forme de passivité...

Derrière ce masque, le lapin souriait. Il aimait le rôle de l'idiot, oh que oui il aimait ça ! Cela lui permettait d'enfin pouvoir vivre pleinement. Car, quoi de plus vivant qu'un fou ? Bien évidemment, il ne craignait pas le fait d'être ridicule, il l'est depuis sa naissance. Ainsi, "Rabbit" reprit la direction de la petite Miwaku avec cette envie de goûter à ce fruit interdit.
Ahhh qu'il est bon de ne pas craindre l'ordre d'un homme strict et froid, d'enfin pouvoir s'amuser sans penser à découper des cadavres encore chauds ! Reniflant de plus en plus bruyamment, il n'espérait vraiment plus que ça tout en gardant en tête son rôle...

D'un geste droit, le Raikage s'empara de son présent avant de réinstaurer son périmètre vital. Chose tout à fait compréhensible, d'ailleurs. Elle eut tout de même un remerciement et même une approbation. Comme quoi, sa soirée passée en cuisine n'avait pas été inutile. Il faudra qu'elle le note sur son carnet, ça, tiens. Pour ne pas l'oublier. Bien que le jour où elle reverra le leader de Kumo lors d'une entrevue est assurément très lointain, pour ne pas dire inexistant.
Après quoi il s'éclipsa pour raisons militaires, laissant une Asae perturbée en compagnie de l'Oka-Sân et du prénommé Rabbit qui, peu découragé, réclamait à nouveau à manger entre deux prescriptions pharmaceutiques. C'était un personnage bien étonnant, doté d'une énergie débordante. Il lui parut un peu comme un enfant curieux de tout et bourré de malices. Mais à la différence d'un enfant, lui était bien adulte et ce point noir rendait la scène beaucoup moins attendrissante.
Asae regarda l'objet de ces tentations, là, dans sa main. Que devait-elle faire ? Une nouvelle fois, elle envoya un regard gêné à sa tutrice qui ne réagit pas. Elle attendait surement à ce qu'elle réagisse d'elle-même, c'était un test. Oui, voilà. Un test.
Mais son cœur lui criait de lui faire plaisir, à cet enfant impoli et bruyant. Parce qu'au fond, il n'avait pas l'air bien méchant. Se mordant la lèvre le temps d'une réflexion, elle lâcha enfin.



Sa voix était douce. D'une main un peu tremblante, elle tendit la part restante à ce qui se rapprochait en quelque sorte d'un médecin.

"Rabbit" remonta légèrement l'énorme masque. Ainsi, seul sa bouche fut visible. Il plaça l'élément en son intégralité dans sa bouche. Bien évidemment, le type était grotesque. Décidément, il aimait vraiment le regard des autres. Oui, ça lui était agréable. Finalement, le moins humain se relevait l'être le plus, il désirait le contact avec les autres, il en rêvait depuis bien longtemps. Bien sûr, son étrangeté fait qu'il semble différent mais, un coeur est un coeur, non ?



Après avoir annoncé son départ, le lapin fit une petite courbette pour de suite partir en sautillant. Drôle de type.

La vieille femme resta pensive après le départ des deux Hattori. Depuis déjà quelques minutes, elle observe le dénommé "Rabbit". Son teint, sa façon de parler et surtout, son tic à allonger les mots. Il ne pouvait qu'être Usagi. Pourquoi cacher son visage ainsi ? Sa présence dans le palais était pourtant chose lambda par le passé. Qu'est-ce qu'est en train de faire Masashi ? Pourquoi être si froid tout en restant abordable avec cet être ? Je ne dois pas y penser, je n'ai pas mon mot à dire, je ne l'ai jamais.
J'observa la jeune Asae pour ensuite me rapprocher d'elle avec un air assez grave.



Je pris la direction de la sortie avec calme. Quelques personnes dans le couloir et tout en descendant les escaliers de la demeure, je repris :



Devant le pouce, j'annonça mon départ. Je devais préparer le reste. Masashi va vouloir me remplacer et il n'a pas toujours été un enfant facile...

Vous ne pouvez imaginer le soulagement que ressenti Asae lorsque tout redevint enfin calme. Après s'être jeté sur le gâteau, l'homme lapin la remercia et disparut aussi vite qu'il était arrivé. Vraiment étrange. Elle ne pouvait s'empêcher de se questionner sur l'identité de cet homme et les raisons le poussant à porter cet énorme masque.
Et elle n'était pas la seule à se poser des questions. L'Oka-Sân reprit parole calmement, la félicitant -à sa façon. À moins que ce ne soit pas du tout des félicitations, juste une affirmation. Enfin, Asae le perçut comme tel et ne put retenir un sourire. L'entrevue était finie . Bien finie ? Le départ de la matriarche en direction de la porte lui confirma que oui, c'était fini. Le poids de la pression s'envola presque instantanément, lui conférant alors un sentiment de légèreté des plus agréables. D'un petit trot, elle rattrapa l'avance de l'Oka-Sân et l'accompagna jusqu'à son pousse-pousse, écoutant ses conseils sur la marche à suivre. Elle ne savait pas vraiment qui était Haïko mais son aide sera surement précieuse.



La voyant monter dans le pousse-pousse, elle mourrait d'envie de la questionner sur cet homme masqué, cette histoire de Chakrasme et les conseils qui lui avaient prodigué. Mais déjà, le pousse-pousse démarrait, la laissant là, persécutée par son esprit trop curieux.