Elle l'entendait. L'orage, au loin, grondait. Elle l'entendait et elle frissonnait.
Aohime était devenue femme. La guerre Kumo-Kiri l'avait fait éclore telle une vierge fleur. Elle s'était jetée dans la bataille pour y planter ses racines couvertes de sang. Son corps avait tremblé, comme il n'avait alors jamais tremblé. Sous les coups et les blessures qu'elle ne ressentait plus, elle était tombée, un regard jouissif. Mais pourtant, elle n'avait pas été rassasiée et elle demandait plus. Elle souhaitait vaincre à nouveau, sentir chaque parcelle de son corps s'illuminer de plaisir ; sentir ce feu vrombissant qui lui remontait des entrailles jusqu'à la tête. Aussi, malgré le voile obscur qui lui avait barré la vue, Aohime s'était accrochée à la vie et avait été faîte prisonnière. Malgré le temps passé à lécher ses blessures et aiguiser ses os, Aohime avait étonnement bien maîtrisée sa fougue, isolée au fond de sa cellule humide. Kaguya jusqu'à la moelle, elle savait qu'elle devait respecter le vainqueur de la guerre, se plier à ses lois. Mais ses bonnes moeurs n'étaient pas tout : au loin, l'orage grondait.
Menée vers l'arène, Aohime se délecta du soleil. Instinctivement, sans réellement pouvoir y ajouter une pensée claire, ses sens s'éveillèrent et elle sentie montée la frénésie du combat. L'odeur du sang lui emplissait les narines, le bruit de la foule lui bourdonnait aux oreilles. À l'instar d'un nourrisson qui sait comment téter, Aohime s'abreuvait déjà du massacre à venir. Silencieuse malgré l'excitation, un petit rire monta de sa gorge tandis que son corps frémissait.
Puis elle croisa le regard de son adversaire.
Béate, la Princesse Kaguya contemplait son adversaire du jour. Interdite, son instinct semblait avoir plongé dans le plus profond de sa mémoire pour...
NON ! Il revint, plus sombre encore et plus vorace qu'à l'accoutumée ! À la simple vue de son ancienne équipière, Aohime comprit. Elle comprit qu'elle devait protéger ses acquis, qu'elle devait s'imposer ! Telle une bête sauvage, elle se dressa de toute sa petite taille et bomba sa poitrine voluptueuse.
« Je vais t'écraser, toi et tes petits seins. »