« Idiote... Crois tu vraiment avoir le pouvoir de me convoquer ? Je suis ici parce que je voulais te voir... »
A ces mots, la colère se transforma en gêne, et ces pommettes ne put faire autrement que de rougir... Elle se sentait bête d'avoir haussé la voix et injurié son ex-compagnon. Il était bien le seul à pouvoir la recadrer sans que cela ne passe pour du manque d'autorité vis-à-vis de sa place de Cheffe, il était le seul à qui elle pouvait laisser passer ceci. Puis la gêne laissa place à une petite euphorie, il l'avait dit, oui, il était ici parce qu'IL avait envie de venir la voir. Cela faisait un bien fou d'exister, même si cela n'était qu'infime, aux yeux de la personne que l'on aimait.
Puis Salomon vint s'agenouiller devant Risako, le visage à quelques centimètres du sien. Surprise, elle s'enfonça au plus profond du fauteuil, tentant de fusionner avec le bois pour gagner quelques centimètres. En réalité, elle n'avait réussi à s'éloigner de seulement un demi-centimètre. Il était si proche qu'elle pouvait sentir la respiration chaude du pasteur sur son visage. Elle distinguait tous les traits de sa figure, trait qu'elle connaissait par cœur, trait qu'elle avait envie de caresser du bout de ses doigts, comme auparavant. Leurs deux regards étaient plongés l'un en l'autre. Son regard si mystérieux la pourfendait, son cœur battait à la chamade, elle était persuadée que même Salomon pouvait entendre les battements de ceux-ci tellement ils se voulaient fort..
« Je te regarde là ! Dis moi ce que tu as envie de me dire. »
Tout d'un coup, elle qui normalement se devait d'être la Cheffe des Kirishitan, une femme forte, sans faille, se sentit si faible devant la puissance de cet homme, si intimidée par une telle prestance. Ces pommettes se remirent à rougir , en plusieurs mois elle avait oublié la sensation qu'elle pouvait ressentir en étant si proche de Salomon. Mais sa fierté féminine ne pouvait le laisser gagner aussi simplement, alors elle reprit son regard sombre, tant bien que mal, avec un sourire malicieux aux lèvres et lui chuchota :
« Tu m'impressionne Salomon... »
Alors extériorisa un petit rire nerveux avant de reprendre avec un peu plus de sérieux...
« J'ai essayé de te haïr Salomon, vraiment, du plus profond de mon âme, j'ai souhaité te détesté, t'oublier, te voir disparaître... Mais impossible... Tu étais partout, tout me faisait penser à toi... »
Elle marqua une pause, puis reprit, les larmes au yeux.
« Je ne peux me resigner à te perdre Salomon ! »
Risako n'avait généralement pas la larme facile, mais chaque fois que cela concernait Salomon, elle n'arrivait pas à contrôler ces émotions, ils avaient réussi à tisser un lien si puissant, qu'il était devenu une nécessité pour la jeune femme de l'avoir auprès d'elle. Plusieurs mois sans lui, se révélait déjà être un miracle...