Le rouge et le jaune

Kazami répondit cela parce qu'elle n'avait aucune idée du temps qu'il fallait pour y aller. La notion du temps était floue pour elle, parce qu'en général elle s'occupait pendant les voyages, du coup elle ne regardait pas le temps passer. Niveau distance tout paraissait grand pour la petite fillette.
Soudain, la petite fille tourna à droite dans une rue. Elle prit la main de Nakatsu pour qu'il la suive bien et se mis à courir. Elle adorait courir. Elle lui fit un grand sourire pour le rassurer et continua ainsi à le guider dans la ville d'Ame. Ils sortirent rapidement de la ville pour se trouver dans les champs aux alentours. Là elle bifurqua sur la gauche et continua encre quelques centaines de mètres. C'est à ce moment là que Kazami repris le pas, un peu essoufflée.



Ils avancèrent encore un peu et Kazami reconnu le champs. Pleins de petits arbres tristes avec au milieu un très grand arbre. D'ici on pouvait voir les gros fruits rouge du malheurs. Kazami tapa dans les mains, toutes contente d'avoir réussis, elle regarda Nakatsu avec un grand sourire, en espérant en voir un aussi sur son visage.

Il courait, courait, suivant Kazami comme son ombre, marchant dans ses pas, les souffles saccadés par sa course. Et il était content. Content de ne plus s'ennuyer, content de retrouver bientôt son équipe, mais surtout content d'être avec elle. Pour lui, l'ennui de l'auberge avait mué en un jeu avec la jeune fille ; la course de deux enfants dans les rues d'un village. Il lui arrivait presque d'oublier pourquoi il courait, si ce n'est pour essayer de la rattraper.
Et puis finalement, peut-être était-il trop lent ou le chemin trop ardu... Toujours est-il qu'elle se mit à attraper sa main et à la serrer de ses petits muscles d'enfants, les cheveux toujours au vent.
Main dans la main, les deux enfants traversèrent le village, les sentiers, les prairies jusqu'à cette espèce de verger où des dizaines d'arbres se tenaient droits, surplombés par un immense pommier dont les fruits en attiraient certainement plus d'un. Les yeux rivés sur cette vue nouvelle pour lui, Nakatsu entrouvrit la bouche, fasciné par le tableau qui se tenait devant lui.



Un murmure d'enfant ébahi par ce monde qu'il découvrait petit à petit. L'effet de stupeur fut alors remplacé par de la joie et un énième sourire vint illuminer le visage du chérubin.



Et hop, voilà qu'il se remettait en course pour explorer les lieux, forçant Kazami à le suivre en la tirant délicatement par le poignet. Un rire chaleureux s'échappa de sa bouche alors qu'il se rapprochait un peu plus de ces arbres féeriques.

Kazami aussi aimait se champs. Mais elle s'en méfiait, parce qu'une fois son père l'avait réprimander à cet endroit. A cause des pommes qu'elle avait voulut manger. Mais elle suivit quand même Nakatsu en appréciant que son ami soit heureux d'avoir retrouvé son chemin.



L'herbe faisait la moitié de la hauteur de la fillette, alors elle était bien content que ce soit lui qui guide la danse. Puis finalement ils s'arrêtèrent devant le grand pommier du malheur, et Kazami lui demanda, un peu inquiète :



Peu de temps allait s'écouler avant que son père ne remarque son absence. Elle savait très bien ce qu'il allait se passer ensuite. Elle espérait donc que les amis de Nakatsu ne soient pas trop loin, pour que ce dernier n'assiste pas à la scène de réprimande.

À l'entente de cette question, Nakatsu tourna sur lui-même à la recherche de son équipe. Pendant un moment, il les avait vraiment oublié. Quel mauvais coéquipier il fait, tout de même !
Malgré quelques coups d'oeil insistants et inquiets, il ne trouva personne. En revanche, des voix qui ne lui étaient pas inconnues s'élevaient et résonnaient, le laissant penser qu'ils n'étaient pas loin.



Oui, il était sûr que c'étaient eux. Ça ne pouvait être qu'eux. Il dévala alors le terrain à grandes enjambées, espérant réellement trouver ses amis en contrebas. Il faillit trébucher une fois, puis deux, et lançait quelques regards en arrière pour voir si Kazami suivait ou non. Il s'arrêta un moment, comme pour l'attendre. Il voulait rejoindre ses amis mais se refusait à la laisser seule pour autant. Aussi, il commença à rebrousser un peu chemin pour essayer de savoir quelle était sa réaction. Allait-elle le suivre ou partir ? Ou même rester là..

Nakatsu était devenu intenable. Il courrait partout, pas étonnant qu'il se soit perdu la première fois ! Croyant entendre ses amis, il se remis à courir. Kazami fit un premier pas pour le suivre, mais elle s'arrêta nette. Une douleur venait de lui traverser le bras. Elle ouvrit un peu son gilet pour regarder son épaule. Le symbole habituellement noir était devenu bleu. Oups, son père commençait à s'inquiéter. Il allait pas tarder à arriver.
Pas de temps à perdre, Kazami se rhabilla et s'élança à la poursuite du blondinet. Il l'avait attendue quelques mètres plus bas, après un petit fossé. Elle lui fit un sourire pour le rassurer, et une fois à sa hauteur elle fit :



Elle mis d'abord un doigt sur ses lèvres pour lui dire de se taire puis elle prit ses deux mains dans les siennes et ferma les yeux. Ecouter, il fallait écouter. D'abord, elle entendit les arbres, le bruissement des feuilles. Puis elle distingua une voix. Une voix de femme, plutôt jeune. D'où venait-elle ?



Elle ouvrit brutalement les yeux et désigna du doigt la direction à suivre. Elle pris son élan et courut. Ceci ne dura pas longtemps car ils tombèrent immédiatement sur un petit groupe de ninja de Konoha. Kazami sourit, ils avaient trouvé !

Comme toujours, Nakatsu avait le sang chaud et n'obéissait qu'à ces pulsions. Réfléchir, ce n'est vraiment pas pour lui. Et quand Kazami arriva à sa hauteur, elle lui fit remarquer et le força à se calmer. Il inspira longuement, comme le conseillait souvent sa maman lorsqu'il avait besoin de se ressourcer, laissant alors la rouquine faire un peu ce qu'elle veut. Cette dernière lui saisit les mains et tenta de localiser le reste de l'équipe. On pouvait faire ça . Nakatsui l'ignorait ! Naïvement, il tenta de l'imiter et se concentra du mieux qu'il put. Si elle y arrivait, il le pourrait aussi !
Elle repéra des voix, lui pas. Elle lui indiqua la route, lui n'avait rien pressenti. Pourquoi ? Pourquoi avec lui ça ne marchait pas ?



Elle était déjà parti et Nakatsu du se précipiter pour ne pas se faire semer. Et peu de temps après, il les vit. Tous, là. L'un avait les genoux à terre, cueillant les plantes nécessaires, l'autre -moins professionnel- essayait de suivre des traces de pattes d'un petit rongeur et le sensei, adossé à un arbre, observait cette scène d'un air paternel.



Il accompagna ses paroles de grands signes de main pour bien montrer sa présence. Ce dernier releva les yeux et fut surpris de le voir ici, comme ça, tout simplement. Il se rapprocha et le questionna.



Nakatsu baissa les yeux, honteux, avant d'avouer qu'il s'était perdu et que c'est Kazami qui l'avait raccompagné.

Ca y est, Nakatsu avait retrouvé son équipe ! Kazami les salua respectueusement. Ils avaient tous un bandeau de Konoha. Un jour, Kazami aussi en aura un. Elle aura aussi une équipe qui la cherchera partout si elle se perd !



Avant qu'elle ne puisse finir sa phrase, un symbole au sol d'un mètre de diamètre apparut. Un instant après, le père de Kazami se tenait devant elle.



Furibond, le père de Kazami hurla sur elle. La fillette ne put que baisser les yeux au sol. Elle avait l'habitude d'être réprimander. A force de partir en cavale, son père avait posé un sceau sur sa propre fille, de sorte à pouvoir se téléporter immédiatement près d'elle. Kazami savait qu'en partant de l'auberge, cette histoire allait finir comme cela. Mais ça en valait la peine, elle avait put aider Nakatsu en contre partie.



Son père regarda enfin autour de lui et vit effectivement la petite équipe de Konoha qui regardait la scène avec de grands yeux.

Ils étaient là, ils lui souriaient, ils étaient heureux de le voir. Tout sourire, il alla à leur rencontre avant de s'immobiliser à l'entente d'une grosse voix qui lui glaça le sang un instant. Il se retourna et aperçut l'homme de la taverne, le père de Kazami. Ces yeux lui sortaient de la tête et il disputait sa fille pour s'être absentée. Comme si elle était sa prisonnière. Son regard dur se posa sur toutes les personnes présentes et Nakatsu sentit la main de son sensei sur son épaule, comme pour le rassurer.



Il s'excusait. Cet homme lui faisait peur et Kazami était en mauvaise posture par sa faute. Il aurait voulu être un héros et s'interposer de manière plus courageuse mais c'était impossible. Il n'était qu'un gamin maladroit et tête en l'air. Et pour ça, il s'en voulait. Il aurait tant voulu être plus fort, plus grand, plus courageux. Il aurait voulu effacer à jamais cette mine triste du visage de Kazami. La voir sourire comme tout à l'heure pour toujours. Cette image, il voulait la graver dans sa mémoire. Jamais il n'oublierait Kazami, il en était certain.

Son sensei lui fit comprendre que l'heure tournait d'une petite tape sur l'épaule avant de partir, suivi des autres élèves. Nakatsu se mordit légèrement la lèvre, déçu de ne pas pouvoir rester plus longtemps.



Oui, il n'allait pas perdre espoir. Un jour, ils se reverraient. Il reprit la route, à contre-cœur, mais son but avait évolué.

« Quand je serai grand, je serai un ninja et je protégerai Kazami !»

Kazami savait bien que c'était parce que son père était inquiet qu'il la réprimandait comme cela. La fillette savait que la meilleure technique pour s'en tirer (à force, elle connaissait), c'était de ne rien dire et d'écouter son père.
Ce dernier, après un instant de calme, pris la main de sa fille dans sa grosse main de colosse et fit :



Il fit également un signe de tête à l'équipe, une sorte de "au revoir" très viril tandis que la petite rouquine agita la main par dessus son épaule et fit :



Le père eut un petit sourire en coin. L'amour qu'il portait pour sa fille était indestructible. Elle était ce qui lui restait de sa famille, c'était la chose la plus précieuse qu'il avait. La voir ainsi se faire des amis était troublant.
Il prit alors le pas et la fillette ne put que le suivre. Elle regarda encore une fois par dessus son épaule pour voir le groupe de genin une dernière fois.