Chikara Manjiro

Sans Grade | Civil

Manjiro impose sa présence dès qu’il apparaît, mais cette force brute se mêle à des traits d’une étonnante innocence, rappelant un garçon encore partiellement enfant. Sa carrure affirmée et ses cheveux blonds, longs et légèrement ondulés, encadrent un visage dur, aux traits volontairement fermes, accentués par des sourcils épais qui lui donnent une expression fermée et presque méprisante. Et pourtant, dans certains éclairs de son regard sombre, on devine une malice juvénile, un émerveillement fugitif ou un rire franc et inattendu, qui trahissent la part d’enfant encore vivante derrière la façade de défi.

La veste en cuir sombre et la chaîne métallique qu’il porte, la cigarette pendue négligemment à ses lèvres, renforcent son aura rebelle et insolente, mais chaque geste brutal ou posture de domination est contrebalancé par cette étincelle de spontanéité, ce côté espiègle et vif qui surgit sans prévenir. Marqué par les manipulations de Tensai, il nourrit une haine viscérale et un orgueil féroce, utilisant rancune et colère comme moteur pour se surpasser. Il aime dominer, non pour guider, mais pour écraser, tout en canalisant sa violence avec une maîtrise qui rend ses affrontements redoutables.

Ambivalent par nature, il méprise les autres tout en cherchant à se dépasser, rejette l’autorité mais s’appuie sur des maîtres pour progresser, hait ses faiblesses tout en les transformant en force. Dans le combat, il trouve son équilibre : adrénaline, douleur, affrontement deviennent une preuve d’existence, mais ces moments n’effacent jamais la vivacité et la curiosité qui subsistent en lui.

Manjiro est ainsi une lame instable, tranchante et dangereuse, forgée par les coups du destin, mais traversée par des éclats d’innocence et de malice. Il attire le regard autant par son intensité et sa violence que par la part d’enfant encore intacte qui se glisse dans ses gestes, ses sourires et ses yeux.

Depuis son enfance, Manjiro avait toujours eu ce sentiment étrange : celui de marcher dans des pas qui n’étaient pas les siens. À l’époque, il n’avait pas les mots pour l’expliquer, mais il suivait Tensai sans jamais comprendre pourquoi. Ce dernier lui imposait une vision du monde, une direction, une « vérité » à laquelle il devait se conformer. Et Manjiro, trop jeune, trop brut, avait pris cela pour sa propre volonté.

Mais dans le fond, il l’avait toujours détesté. Bien avant le Kakusei, un dégoût sourd l’habitait déjà. Chaque ordre de Tensai résonnait comme une gifle à son orgueil, chaque manipulation comme une entrave à sa liberté. Il voulait croire qu’il choisissait de haïr les autres, de mépriser ses pairs, de frapper plus fort que tous… mais une voix intime lui soufflait qu’il n’était que l’outil d’un autre. Et cette idée l’empoisonnait.

Ce n’est qu’avec Kitto Nami que les doutes prirent forme. Leurs échanges, parfois violents, parfois étrangement lucides, eurent l’effet d’une lame qui tranche un voile. Kitto, sans même le vouloir, sema des vérités dans son esprit : Tensai n’était pas un guide, mais un geôlier. Ses choix n’étaient pas libres, mais calculés. Sa haine n’était pas née de lui seul… elle avait été entretenue, cultivée.
Ce fut comme un éclat de verre enfoncé dans son cœur : douloureux, mais impossible à ignorer.

Alors, la rancune devint obsession. Manjiro comprit qu’il ne se battait pas seulement pour dominer les autres… il se battait aussi pour se libérer. Chaque entraînement, chaque mission, chaque combat était un pas de plus vers une vengeance sourde : faire plier Tensai, détruire celui qui l’avait modelé comme une marionnette.

Lorsque survint le Kakusei, le monde entier bascula. Les règles s’effondrèrent, et Manjiro trouva dans ce chaos un miroir à sa propre rage. Mais plutôt que de s’y perdre, il se renforça. Sous l’œil sévère d’Emi Kaguya, il accepta enfin d’affronter ses faiblesses, d’apprendre ce qu’il avait toujours rejeté : la discipline, la maîtrise de son chakra, la patience dans la violence.

Pour Emi, ce n’était qu’un entraînement. Pour Manjiro, c’était bien plus : chaque goutte de sueur, chaque douleur endurée, chaque chute suivie d’un nouvel essai était un serment silencieux.
Il n’était plus seulement un garçon arrogant et brutal, pas même seulement un shinobi. Il était une arme qui s’affûtait jour après jour...