Devenir Genin [FB an-6] P2

Après ce discours plutôt explicite, je regardais Etsu d'un air grave, sérieux.



Je me demandais combien pouvaient-ils être. Pourrais-je seulement faire quelque chose pour eux ? Je serrais le poing. Je comprenais bien qu'ils avaient grand besoin d'aide. J'avais envie de les aider. Je pouvais sans doute réussir. Je devais juste suivre les enseignements de mon sensei.

Il se tournait alors vers Bakura et prenait un regard rempli de responsabilités. Le scientifique voulait qu'elle comprenne qu'elle ne devait pas faire de caprice, que si elle avait les moyens d'aider, alors elle devait aider. Ils marchaient tous les deux en direction de la grande tente. A l'intérieur, se trouvaient sept blessés, dont trois mineurs et quatre pour lesquels le pronostic vital était engagé. Etsu retroussait ses manches et commençait à déballer ses outils tout en disant calmement à Bakura :

Je prenais mes responsabilités. Je serrais le poing et approuvais de la tête les directives de mon sensei. J'allais ensuite chercher le monsieur. Il n'avait pas de problème pour marcher ni rien, et il me suivait sans broncher, même s'il trouvait ça assez étrange de ne pas rester avec les autres... Quelques instants plus tard, j'étais dans une chambre de l'auberge. L'homme s'asseyait sur une chaise et me regardait. Je le regardais en retour.



Je concentrais du chakra dans mes paumes et venais les placer au-dessus de sa blessure. Presque aussitôt l'homme eu un geste brusque et me bouscula en poussant des cris.



J'effectuais une nouvelle tentative et il continuait de se débattre. Il disait « lâchez-moi, lâchez-moi. » Il n'avait vraiment pas confiance. Mais je savais que j'en étais capable. Et j'avais promis à Etsu... Je lui bloquais le passage et exerçait une clé de bras sur lui pour le contraindre à retourner s'asseoir. Ensuite je l'allongeais et l'attachais au lit. Maintenant, il ne bougerait plus. Je lui mettais aussi un bandeau dans la bouche pour l'empêcher de crier. Il devait me laisser travailler, je faisais ça pour lui !

Bakura avait écouté ses instructions. Etsu était sûre des capacités de son élève. Elle savait ce qu'elle avait à faire. Il aurait aimé assister à tout ça, mais une lourde charge de travail l'attendait. Il avait eu raison d'isoler Bakura, les spectateurs n'auraient fait qu'augmenter son stress. Alors qu'il procurait des soins au troisième blessé, Etsu commençait à estimer que Bakura se faisait longue... Mais il n'osait pas aller voir où elle en était de peur de la vexer. Elle pouvait prendre son temps, l'important était que le travail soit réalisé correctement. Et puis même si l'envie le piquait, il avait bien trop de travail... Il allait chercher son quatrième patient :



Après expertise, Etsu avait encore une mauvaise nouvelle à annoncer à cet homme. Il allait devoir procéder à une amputation. Il prenait une large respiration et se plongeait à nouveau dans le travail. Il n'aimait pas vraiment ce genre de mission, mais il trouvait important d'y conduire Bakura. Kiri manquait de vrais médecins.

Je relançais le jutsu et disposais mes mains au-dessus de l'un de ses reins. Au bout de deux secondes, l'homme recommençait à s'agiter. Il tendait ses muscles, essayant de résister à la douleur. Ce type avait vraiment l'air fragile... Je n'étais pas une experte, mais il devait lui aussi faire des efforts pour que ça passe. Il bougeait tellement que la plaie semblait s'être agrandie, provoquant une hémorragie. Je commençais à paniquer mais j'essayais toujours de donner le meilleurs de moi-même...



J'avais été un peu sèche. Un peu trop. Mais j'avais peur de ne pas réussir, je me sentais oppressée. Je continuais d'essayer de le soigner, et lui continuait de s'agiter toujours plus. Heureusement, il était solidement attaché. La peau avait commencé à se reformer par-dessus sa plaie. J'estimais que c'était plutôt bon signe et reportais mon attention sur son avant-bras qui avait été traversé par la lame d'une épée. L'homme essayait de défaire ses liens, ça ne m'aidait pas. Et puis par inadvertance de ma part, sa plaie s'était ouverte d'un coup et c'est alors que je m'étais aperçue que ça plaie était réellement infectée. C'était probablement pour cela qu'il souffrait le martyre. Il fallait l'amputer. Je ne voyais pas d'autres solutions et j'imaginais qu'Etsu aurait prit la même décision.



Je transformais mes mains en scalpel et commençait à découper son avant-bras. Il fallait couper au niveau de l'articulation. J'avais déjà vu Etsu faire cela... C'était sur un animal mais ce n'était probablement pas très différent. J'essayais ensuite de refermer sa peau sur son moignon mais je n'y parvenais pas. Je prenais mon mal en patience. J'étais concentrée. J'arrivais presque à oublier complètement les cris étouffés de l'homme que je tenais entre mes mains.

L'après-midi avait été long. Etsu était en train de finir de s'occuper des blessés. Il essuyait alors son front de sueur et nettoyait ses outils. Bakura n'était pas revenue mais il pensait qu'elle avait préféré prendre l'air ou aller se ballader. Il n'imaginait pas que l'opération était toujours en cours. Il passa à l'auberge pour se renseigner sur son élève.



Et l'aubergiste lui répondait naturellement :



Etsu était surpris de cette annonce. Qu'avait-il pu se passer pour qu'elle y soit encore ? Le scientifique ne s'imaginait pas que sa tâche serait si longue. Il avait plus d'expérience qu'elle mais tout de même.

Les choses ne s'arrangeaient pas, et soudain sa plaie au rein refaisait apparition en pire encore. Je commençais à ne plus savoir contrôler ma panique. Je commençais à baigner dans son sang. Mes bras entiers en étaient recouvert. Les draps en étaient complètement imprégnés. Pouvais-je seulement le sauver ? Je devais continuer d'y croire. Je devais y arriver ! Je m'obstinais, relançais à maintes reprises mais jutsu de soin mais rien ne semblait pouvoir venir à bout de tout ce carnage. Et soudain, mon patient se trouvait tendu dans l'ensemble de son corps. Et puis il commença à trembler beaucoup. Et l'instant d'après, son coeur avait cessé de battre. Il était mort ?! Comment j'avais pu faire ça ? Les larmes commençaient à couler sur mes joues tandis que je me rendais compte de l'étendue des dégâts. J'avais vraiment tué cet homme de mes mains. Je tentais de lui faire un massage cardiaque mais rien n'y changeait. Il était déjà trop tard. Beaucoup trop tard. Je m'asseyais parterre près du lit, dans une marre de sang. Je me sentais tellement réduite, tellement démunie. Tout ça était de ma faute, je me sentais si seule... Je tremblais. J'avais peur. Je ne pouvais pas retourner voir Etsu. Ce que j'avais fait était simplement horrible. Je posais ma tête sur mes genoux et enlaçais mes jambes. Je me sentais perdue. Cet homme souffrait et j'avais ignoré à tord sa douleur. Il s'était débattu jusqu'au bout et moi... Et moi.... Je serrais le poing et continuais de verser des larmes. Plus jamais je ne soignerais quelqu'un.

Etsu avait toqué deux fois à la porte avant de décider de la pousser sans avoir obtenu de réponse. Il découvrait alors le carnage et restait bouche-bée. Il y avait une marre de sang. L'homme se précipitait jusqu'au lit, même si son intuition lui mentionnait qu'il était déjà trop tard pour intervenir. Qu'est ce que Bakura avait bien pu faire à ce type pour que ça en arrive là ? Est-ce qu'il s'était attaqué à elle ? Le mal était fait. Etsu devait bien s'y résoudre. Il était trop tard pour blâmer Bakura qui se trouvait déjà dans un état pitoyable. En plus, c'était une gamine et il craignait que ses reproches puissent amener la jeune fille à faire des choses stupides. Des insultes, une fugue... Des trucs d'ados quoi. Et il ne voulait surtout pas être responsable de sa disparition. Mais il comptait bien lui reparler de cet événement suite à leur retour à Kiri. En attendant, il fallait prendre son mal en patience et nettoyer la pièce. Mais ça, ce n'était rien à côté du moment où il allait devoir donner les explications à la famille de cet homme... Il n'avait pas adressé la parole à Bakura, il l'avait simplement laissé se morfondre. Il essayait de se contenir, mais il ne pouvait pas s'empêcher de lui en vouloir. Pourquoi n'était-elle pas venue le trouver ? Et il s'en voulait également à lui-même : qu'il était bête de l'avoir laissé faire alors qu'il ne l'avait pas suffisamment entraînée.

Etsu nettoyait mes bêtises. Il ne m'adressait pas la parole. C'était comme si je n'étais pas là. Comme si j'étais invisible. Alors, comme pour tester le fait que je sois vraiment présente, que j'existe, je disais simplement :



Mes excuses étaient sincères. Je n'avais jamais voulu tuer cet homme. Et je restais ainsi bloquée. Les choses ne s'étaient pas déroulées comme je les avais imaginées et moi j'étais incapable de rebondir. Je ne savais pas quoi faire... Tout était de ma faute. Je serrais un peu plus fort mes jambes contre moi. J'essayais de me consoler toute seule, de prendre sur moi. Car j'avais bien compris que mon sensei n'allait pas le faire... Je sentais qu'il m'en voulait beaucoup et que notre relation allait profondément changer. Pourtant, je lui avais dit que je ne me sentais pas capable...

Après les explications d'Etsu, les deux Kirijins furent presque jetés du village par les riverains. Le trajet du retour se faisait dans le silence le plus complet, d'un pas plutôt lent. Si bien qu'Etsu se sentait presque gêné, lorsqu'il marchait par mégarde sur une brindille qui craquait. Le scientifique était responsable de Bakura au cours de cette mission, et par conséquent, le tragique événement était en partie de sa faute. Comment allait-il expliquer ça au Mizukage ? Devait-il seulement le faire ? Autant dire que l'homme retournait à Kiri en marchant à reculons. Il refusait de comprendre cette logique qui visait à accuser celui qui n'avait rien fait juste parce qu'il avait un devoir de surveillance. C'était pourtant évident qu'on ne puisse pas toujours être derrière les plus jeunes. Et puis Etsu n'avait pas chômé... Il s'était démené à soigner des blessés tout un après-midi. L'homme aux lunettes trouvaient déjà son potentiel futur sermon injuste.

Les portes de Kiri se dessinaient finalement à l'horizon. C'était le moment...