Enfin une mission de mon niveau !

La rencontre avec l’être solitaire avait bien refroidi le genin. Il avait senti en lui le même genre d’aura que Masaru, une aura meurtrière. Cependant, lui ne semblait pas maléfique, il avait même prétendu les aider. Le genin resta quand même sur ses gardes un moment, scrutant chaque ombre, recherchant un signe de l’homme aux aiguilles ou de l’être solitaire.

Ils marchèrent un moment dans la direction que leur avait indiqué l’être sordide jusqu’à ce que Seiji remarque quelque chose d’intéressant : une tente sombre camouflée dans un grotte. Ça avait tout l’air de sentir bon ! Les deux genins se planquèrent derrière un gros rocher. Son compagnon se tourna vers lui, Matsuo comprit qu’il attendait ses ordres.

Il examina la situation. Il n’y avait pas trop d’obstacles entre lui et la tente. Engoncé dans Hamaki il se mit en position de tir vers la tente, prêt à faire exploser la caverne pour se débarrasser de son ennemi. Il allait tirer quand au dernier moment il entendit un bruit étouffé venant de la tente : la voix d’Ikki. Le pauvre était toujours retenu prisonnier et Matsuo l’avait oublié. Un peu plus et il serait mort avec l’homme aux aiguilles.

Finalement, le bombardement de la place n’était pas une si bonne idée. Il pensa à autre chose :


Seiji obéit promptement et se mit à patrouiller. Matsuo se mit en position de tir, attendant le bon moment pour tirer …

Il regarda Matsuo se mettre en position. En position pour quoi ? On aurait dit qu'il allait envoyer quelque chose vers la grotte, et Seiji songea que la marionnette dans laquelle son chef de mission était dissimulé avait peut-être deux ou trois petits "accessoires" que pourrait tester en personne l'homme aux aiguilles. Mais que voulait-il envoyer ? Un fumigène ? Un gaz soporifique ? La voix étouffé d'Ikki leur parvint alors. Au moins il était vivant, et Seiji espéra silencieusement qu'il aille bien. Du coin de l’œil, il vit Matsuo reprendre sa position d'origine.

Ils savaient maintenant que leur compagnon se trouvait à l'intérieur. L'homme aux aiguilles y était sûrement aussi. Il écouta attentivement Matsuo, hocha la tête et s'éloigna un peu, alors que le chef de mission reprenait sa position de tir. Petite ronde. Il ne s'écartait pas trop du marionnettiste. Il lui fallait rester à portée, pouvoir appeler Matsuo si il y avait un problème, et réciproquement quand l'homme aux aiguilles se retrouverait immobilisé. Il portait une occasion toute particulière aux endroits où il mettait les pieds. Il ne savait pas si l'homme aux aiguilles avait tout de même placé quelque pièges, mais il préférait ne pas le découvrir par lui même.

Il se déplaçait le plus discrètement possible et se tournait vivement au moindre bruit, jetant régulièrement un coup d’œil au chef de mission qui ne lâchait pas un instant la l'entrée de la tente du regard. Il croyait parfois percevoir à nouveau la voix d'Ikki, mais peut-être était ce seulement son imagination. Toujours est-il que tout ça semblait durer une éternité.
Alors qu'il observait les lieux, il perçut un mouvement du côté de la tente, de son chef de mission, et fit volte-face. L'homme était-il sorti, Matsuo avait-il, pour une raison ou pour une autre, bougé ou était ce simplement son imagination ou un bruit sans importance ?

Matsuo attendait le bon moment. Il ne voulait pas faire tomber dans son piège un quelconque complice de l'homme au aiguilles ou encore Ikki. Non, il voulait le prendre lui : l'homme aux aiguilles, celui qui avait enlevé Ikki et qui leur mettait des bâtons dans les roues depuis qu'ils étaient arrivés. Il n'était pas nerveux, il était bien déterminé à capturer son ennemi et à libérer son ami. Sa main ne tremblait pas.

Soudain, un pan de tente vola et un homme en sortit. Il portait un espèce de tablier, avait une espèce de pince dans la main et était maculé de sang. Furtivement il put apercevoir Ikki attaché au poteau qui maintenait la tente. Il était en mauvais état, en très mauvais état. Il n'était pas compliqué de comprendre le sort que lui avaient réservé les bandits. Le cri étouffé, l'homme plein de sang et le piteux état du genin laissaient fortement penser qu'il avait été torturé par les brigands afin qu'ils en apprennent plus sur le village des bûcherons.

Matsuo jura silencieusement. Il ignorait la valeur véritable du bois produit par les bûcherons mais au vu de l'acharnement dont les brigands faisaient preuve et de l'état de son compagnon de mission il se doutait qu'elle devait être immense. Il fit un signe à Seiji, tous deux avaient reçu une éducation militaire et son compagnon sut qu'il devait se cacher momentanément. Le genin laissa passer le bourreau et continua à attendre, guettant la bonne opportunité.

Une heure passa encore sans que le Chikara n'ait d'ouverture suffisante. L'homme aux aiguilles était toujours trop loin ou alors dans un angle impossible. Il n'était pas très grand, semblait être de constitution assez faible et portait un masque. A eux deux Seiji et Matsuo auraient pu lui tomber dessus au corps à corps et ainsi la battre sans aucun doute. Seulement, avec l'efficacité dont l'homme aux aiguilles maniait ces dernières, Matsuo avait peur de rater son assaut en se faisant repérer. Seiji et lui seraient alors tués ou fais prisonniers. La prudence était donc de mise avec cet adversaire et le genin jugeait que sa stratégie d'embuscade à distance serait suffisante.

Bientôt la nuit tomberait. Une nouvelle stratégie vit le jour dans l'esprit du chef de mission. Si leur adversaire venait à s'endormir alors ils pourraient agir en prenant encore moins de risques. Toutefois, l'homme aux aiguilles lui laissa une ouverture avant qu'il ne puisse mettre cet éventuel plan B à exécution. Il agit alors à la vitesse de l'éclair, projetant une quarantaine de petite boules verdâtres sur lui. L'homme au aiguilles qui n'était pas sur ses gardes fut pris au dépourvu et n'eut d'autre choix que de se faire engluer par le vert liquide visqueux.

Totalement immobilisé il essayait tant bien que mal de se tortiller mais seul sa tête masquée dépassait du tas de gélatine verte. Matsuo, bientôt rejoint par Seiji se rapprocha toujours dans son pantin et avec sa voix étouffée déclara :


La main de bois d'Hamaki se rapprocha ostensiblement de la tête masquée alors que l'homme aux aiguilles se débattait. Enfin le masque tomba, révélant une réalité horrible : l'homme aux aiguilles n'était pas un homme mais une femme !!!

L'homme aux aiguilles venait de sortir. Seiji n'était pas, lui, placé de manière à voir l'intérieur de la tente, et donc l'état d'Ikki. Mais l'étrange instrument qu'il tenait à la main et le tablier maculé de sang suffisaient a le faire soupçonner que son coéquipier ne venait pas de vivre un séjour cinq étoiles à l'intérieur de la tente. Merde. Dans un coin de sa tête, il avait espéré qu'on se contente de garder Ikki otage sans lui faire trop de mal, qu'on ne le torture pas.

Il se cacha aussitôt avec toute la discrétion et la rapidité dont il était capable. Foncer maintenant aurait signifié attaquer de front un ennemi qui avait un maniement expert des aiguilles, et qui, même s'ils ne s'étaient pas retrouvé avec le projectile dans la cervelle, avait peut-être encore quelque tours dans son sac, lui permettant de fuir par exemple. De toute façon, le fait que Matsuo n'ait pas encore tiré était en soi un ordre de ne pas informer l'homme aux aiguilles de leurs présences. Bien caché, il attendit patiemment.

Même maintenant qu'il le voyait, le temps semblait passer si lentement.... Il resta immobile longtemps et, finalement, le chef de mission couvrit leur ennemi d'un liquide verdâtre. Il se leva d'un coup et rattrapa Matsuo, s'approchant de l'homme. Enfin. Il ignora le rire un brin... original de Matsuo, ne quittant pas le masque des yeux. Il fut retiré, révélant un visage... étrangement féminin. Ah. Bon et bien ça ne changeait pas grand chose, mais c'était une surprise. Il s'écoula un temps, sans que personne ne parle, puis Seiji tourna la tête. À présent, il pouvait voir l'intérieur de la tente. Il y jeta un coup d’œil et aperçu Ikki. Ce n'était vraiment pas bon.

Il se tourna vers le chef de mission, l'air interrogateur mais quelque peu secoué par ce qu'il venait de voir.

Il avait envie, il fallait l'avouer, de se débarrasser en vitesse de l'homme... la femme aux aiguilles sans perdre plus de temps et de ramener en vitesse Ikki au village des bûcherons, où il pourrait recevoir des soins. Mais il y avait un problème. Les bandits. Si pendant qu'ils rentraient en soutenant leur coéquipier, ils les attaquaient, alors ils seraient vulnérables. Et donc, ils devaient logiquement écouter ce que leur prisonnière voudrait bien leur dire.... ou au moins trouver une stratégie pour rentrer sans trop subir de dégâts.

Sans quitter des yeux la femme engluée au sol, il recula pour se rapprocher de l'entrée de la tente. Il était maintenant à égale distance de leur prisonnière et de leur coéquipier. Nouveau coup d’œil à Ikki. Le blond semble inconscient, mais il peut voir sa poitrine se soulever régulièrement. Il est faible, blessé mais vivant. Mais pour les soins, le plus tôt sera le mieux. La femme aux aiguilles semble être totalement immobilisée, mais il préfère écouter Matsuo avant de lui tourner complètement le dos, même s'il essaie de se rapprocher en même temps le plus possible du blond.

Il juta un coup d’œil à l’homme … Enfin, à la femme aux aiguilles et vit que le liquide gluant qui la retenait était en train de se dissiper. Entendant Seiji demander la marche à suivre il réagit en un éclair. Il fit bouger ses doigts avec maîtrise et actionna son tout nouveau mécanisme. La bouche d’Hamaki s’ouvrit découvrant une seringue étrange. Il continua à faire jouer ses doigts et le pantin planta la seringue dans le cou de la femme sans qu’elle ne puisse réellement se défendre. Il y avait là un puissant somnifère qu’il avait mis au point lui-même.



Un puissant somnifère. Un jour il y en aurait un dans cette seringue, quand il serait au point à l’an 9 peut-être mais là à l’an 8 … C’était bel et bien un somnifère qu’il y avait dans la bouche d’Hamaki mais il n’était pas très puissant. Il était lent, très lent à agir. A l’inverse, la femme aux aiguilles elle, était très rapide et quand elle avait vu que le liquide gluant commençait à devenir inefficace elle avait préparé sa contre-attaque.

Elle envoya tout d’abord trois aiguilles dans le flanc de Matsuo. Celui-ci n’étant pas sur la défensive il n’eut d’autre choix que de se les prendre de plein fouet. Il regarda tour à tour la femme échappée de son piège et son flanc percé, horrifié. Il avait baissé sa garde et à présent il était dans un sale situation. La femme fit deux ou trois pirouettes en arrière, dégaina des aiguilles dans chacune de ses mains et se mit en position défensive.


Il envoya sa marionnette récupérer Ikki pendant que Seiji le couvrait, devant assurer le combat seul quelques instants …

Il avait vu avec une horreur non cachée les aiguilles s'enfoncer dans le flanc de Matsuo, mais la seule chose qu'il regardait à présent, c'était la femme aux aiguilles qui venait de se libérer. Il fixait avec attention, essayant même d'arrêter de cligner des yeux, les mains, qui tenaient toutes les deux les projectiles mortels si bien lancés. Et, pas de chance, elle savait les lançait. Alors que son regard se posait alternativement sur les deux genins, il entendit son chef de mission :

Avant même de commencer à avancer, il avait entamé les mudras nécessaires à sa barrière clanique. S'il attendait de la voir bouger les doigts, il allait se faire percer de toutes parts. Il s'était positionné devant Matsuo, le bouclier invisible les protégerait donc tout les deux.
Elle lança les aiguilles qu'elle avait dans la main gauche et qui rebondirent sur l'obstacle. Elle envoya une nouvelle salve qui eut tout autant d'efficacité que la première. Rester ainsi pouvait être très bien après tout. La faire patienter juste le temps que Matsuo fasse ce qu'il a à faire. Elle court soudainement vers la droite. Sans doute pour le contourner et atteindre son chef de mission.

Il se replace vite devant elle, encore plus près cette fois. Sa barrière se reforme juste à temps et les aiguilles ricochent à nouveau, avant qu'il ne bondisse. Pas question de la laisser s'échapper. Il avait pensé à bloquer ses attaques autant de temps qu'il le faudrait, mais s'il la laissait fuir dans la forêt... Il se rapproche et prend, au dernier moment, une impulsion pour sauter avant de, toujours en l'air, donner un coup de pied. La femme esquive, il dégaine son sabre fin et lui donne un coup dans l'épaule. Pas assez profonde à son goût, l'entaille ne la gênera pas pour tirer. Il se prend trois aiguilles parfaitement alignés dans la jambe.

Elle recule et il espère, silencieusement, que Matsuo fasse vite. Son attaque aura au moins le mérite d'avoir maintenant la pleine et entière attention de leur ex-prisonnière, qui n'en accorde plus aucune à son chef de mission. Et il confirme, même si elle peut tirer des aiguilles à bout portant, au combat pur et simple, elle ne fait pas le poids. Il faut juste faire attention à ses mains.... et à ses jambes pour qu'elle ne court pas se planquer dans les arbres.

Une fois Ikki en sureté dans la marionnette lourde, Mastuo jeta un rapide coup d’œil à l’affrontement entre celui qui était devenu son bras droit durant cette mission et leur plus forte ennemie. Celle-ci lançait sans s’arrêter ses aiguilles salves après salves. Seiji résistait du mieux qu’il pouvait, la contrant avec des barrières de chakra et l’acculant pour la forcer à reculer. Le combat était tendu, s’il ne rejoignait pas son camarade rapidement le combat pouvait tourner à son désavantage.

Il déconnecta ses fils de marionnettiste invisibles. Puisque ceux-ci étaient nécessaires à la manipulation du pantin qu’était Hamaki, celui-ci devint totalement inerte. Il avait utilisé tout l’arsenal de bombes gluantes qu’il avait pour piéger cette femme, et s’il se servait de ses autres bombes, bien plus destructrices alors il risquait de blesser Seiji. En effet, comme il se battait au corps à corps avec l’autre, si Matsuo envoyait une bombe sur elle alors lui aussi serait blessé et il ne voulait absolument pas de ça.

Laissant Ikki dans Hamaki, il se précipita vers l’affrontement, composant des mudras en même temps qu’il courrait. Une stratégie lui était venue en tête : puisque Seiji était très fort au corps à corps et que lui se débrouillait bien à distance alors il laisserait l’Uzumaki continuer son offensive pendant qu’il le couvrait à distance.

Le combat dura encore une dizaine de minutes ainsi. La femme reculant sous les assauts de Seiji, empêchée de toute riposte par Matsuo qui veillait au loin, projetant des boules de feu katon ou des aiguilles Chikara vers elle en fonction de ce que la circonstance imposait. Finalement, seule face à deux adversaires de son niveau, forcée de combattre dans des circonstances désavantageuses et à bout de chakra la femme fit par s’avouer vaincue.

Seiji aida Matsuo à sortir Ikki de la marionnette, le rouquin prenant le Chikara inconscient sur son dos pour le transporter jusqu’au village tandis que Matsuo enfermait la femme dans le ventre d’Hamaki. Blessés et ayant des réserves de chakra bien diminuées, les deux genins rentrèrent avec grande prudence au village. Prenant bien soin d’éviter la cabane du type glauque qui les avait aiguillés plus tôt.

Une fois de retour au village, les habitant les voyant revenir les accueillirent du mieux qu’ils purent, aidant Seiji à porter Ikki ou soutenant Matsuo pour l’aider à marcher, son flanc étant toujours aussi percé. Ikki fut confié aux bons soins de l’apothicaire du village, cette dernière leur dit de venir la voir plus tard puisqu’Ikki concentrerait toute son attention, elle voulait être sûre de pouvoir le sortir d’affaire avant de s’occuper de leurs blessures superficielles.

Finalement l’apothicaire parvint à sauver la vie d’Ikki et le reste de la mission fut beaucoup plus commode. En effet, en capturant la femme aux aiguilles ils s’étaient débarrassés du seul shinobi présent dans les rangs adverses. Les attaques furent moins nombreuses et bien moins puissantes. Ils n’eurent plus aucune perte à déplorer. Enfin, deux semaines après l’escarmouche les bûcherons partirent vendre leur bois si précieux. Les bandits tentèrent une dernière attaque éclair mais les trois ninjas furent capables de les repousser facilement. La transaction se passa sans aucun mal avec un riche marchand et ainsi les trois genins furent libérés de leur mission.

Seiji pouvait se battre bien plus librement maintenant qu'il était couvert. Il ne prenait pas non plus de risques inutiles, mais c'était beaucoup plus facile ainsi, sans trop se préoccuper de se prendre une aiguille dans la cervelle. Le combat se prolongea encore une petite dizaine de minutes. Plus sa fin se rapprochait, plus la femme aux aiguilles faisait d'erreurs, que les deux genins lui faisaient à chaque fois payer. Elle, contrairement à eux, n'étant pas habituée à des batailles pareilles, fatiguait bien plus vite que les deux genins. Elle s'épuisa petit à petit, ses esquives et attaques devenant moins précises avant de finalement abandonner.

Une fois la bataille gagnée, il alla délier Ikki avec prudence avant de le prendre sur son dos. Ils n'allaient pas se faire prier pour filer d'ici. Le retour se fit avec autant de prudence, voire plus, que l'aller, et ils finirent par arriver au village. Akira, comme beaucoup, ne semblait pas s'être attendu à les voir revenir, encore moins avec leur compagnon, et ne leur parla pas de Shun. Ikki survécut grâce aux longs soins apportés par l'apothicaire du village auquel ils l'avaient confié.

La suite se déroula sans accrocs. Seiji et Matsuo se chargèrent, les quelque jours juste après l'évènement, d'éviter toute perte supplémentaire, Ikki ayant besoin de se remettre. Quand ils furent à nouveau trois, les attaques des brigands se firent encore moins nombreuses et, trois semaines plus tard, ils protégèrent avec succès les bûcherons de la dernière attaque surprise que les bandits avaient tenté lors de la vente du bois . La transaction enfin exécutée, ils reprirent la route du village et confièrent tous les trois le rapport de mission au Hokage.