Clinique de maternité [libre]

Une bâtisse discrète, incrustée entre deux restaurants, où les effluves s'engouffrent par l'entrée et accompagnent les femmes jusque dans la pièce du fond. Les clientes de la clinique sont peu nombreuses, mais très bien suivies par les différentes iryô-nin. Les parturientes y sont traités aux petits oignons.



Le cri de la plus jeune recrue ninja, Ibuki, traverse la pièce. Son sourire éternel ne tari jamais de sa radiance, malgré les pertes qu'elles subissent parfois. Encore en apprentissage, la Chikara supporte du mieux qu'elle peut ses senpais ; son débordement d'énergie lui permet d'accomplir une dizaine de tâches en même temps.

Ibuki pénètre la salle d'accouchement principale. La directrice de la clinique, installée entre les jambes d'une femme en labeur, laisse filtrer son chakra. Elle demande des serviettes propres, qu'Ibuki lui tend avec enthousiasme.



Elle fit volte-face.

        Ce jour-là, Seitô partit à son habitude à l’entraînement. Et que dire ? Il était toujours fidèle à lui-même. Pour résumé, voilà un an qu’il était Genin du village de la feuille, 14 ans qu’il était le « membre tornade » du clan Uzumaki, et 14 ans que ses parents essayaient de le calmer et de lui inculquer le sens du mot prudence. Mais comment calmer la fougue de la jeunesse ? Une vraie mission de rang triple S, digne du plus grand des Shinobi ! Voir d’un nouveau film « Mission impossible 4 : Sauvez Kiri » !

Mais pendant un an, sa marge de progression fut plutôt… Stagnante. Malheureusement pour lui, son Sensei officiel d’un temps avait abandonné la prise en charge de sa formation. Et la suite ? Manque d’effectif, urgences imprévues, voir abandon précoce avait jonché sa première année en tant que Ninja, le coltinant aux missions de sauvetage de chat et de chasse aux mauvaises herbes.

« Mais tout ces événements auraient dû entacher sa motivation et son désir de devenir Shinobi ? » Que nenni ! Rien ne pourrait venir à bout de ce monstre de bonne volonté. Rien, ni personne ! Et c’est bien ce qui inquiétait sa mère, qui n’avait pas de cesse de le rappeler à l’ordre à coup de poêle et d’hurlement plein de tendresse… Enfin, presque.

Et cette fois-ci encore, il s’était entraîné. Et cette fois-ci encore, il s’était blessé. Et cette fois-ci encore, il atterrissait à vitesse grand V à l’hôpital de Konoha, service d’urgence pédiatrique. C’était si habituel que l’hôpital avait établi un protocole spécial lors des blessures du Genin : faire intervenir les jeunes recrues. Après tout, c’était un bon « entraînement ». Même s’il paraissait frêle, son corps faisait preuve d’une vitalité et d’une vigueur exceptionnelle, même pour un Uzumaki.

C’est ainsi que le médecin frappa à la porte pour interpeller une jeune Kunoichi débutante, une certaine…

« Excusez-moi, on demande Chikara Ibuki aux services des Urgences Pédiatriques… Code SU14A. »

Code SU14A soit le code « Seitô Uzumaki 14 Ans » sous-entendu « Il est encore là, expédie-le vite avant qu’il ne casse quelque chose » était la dénomination du fameux protocole… Accompagnant la Chikara, l’infirmier lui explicita la situation.

« Bon, Seitô Uzumaki, 14 ans, blessure à cause d’une grenade ninja… Encore. Il c’est déboité le bras, au niveau du coude et des épaules. Bonne chance. »

Avant de s’éclipser à travers un couloir. En arrivant, le jeune Uzumaki leva la tête et afficha un beau sourire.



En prenant sa pose fanfaronne, avant que sa blessure ne le ramène à la dure réalité…



Ce n'était pas gagné.

Il n'est pas rare de voir débarqué toute sorte de cas à la Clinique qui n'ont rien à voir avec la maternité, car malgré sa spécialisation, toutes les femmes y travaillant se sont jurés d'aider ceux qui le demandent. Les cas pédiatriques sont les plus fréquents, car il faut croire que dans l'imaginaire collectif, les dames gravides et les mioches qui saignent du nez, c'est semblable. La plupart du temps, Ibuki répond présente ; moins habituée à utiliser son chakra médical que ses senpais, elle possède aussi la fougue pour calmer les petits énervés. À l'annonce du cas qui s'est présenté, Ibuki rit. Elle s'informe quand même si elle peut quitter, un pied vers la sortie et on lui donne le feu vert. Son petit patient l'attend.



Faut dire qu'elle a le tour avec les gamins. Après avoir remplacé le rôle de mère du foyer familiale, elle connaît quelques trucs pour les amadouer et Uzumaki Seitō est du style qu'elle préfère. Son sourire aux lèvres, Ibuki le regarde faire le pitre. Elle aurait eu beau lui dire de ne pas bouger, il ne ferait qu'à sa tête. Ibuki retient un rire moqueur lorsque le bras blessé calme les ardeurs du rouquin.



Elle s'avance, douce. Elle sait que les reproches ne l'affecteront pas, car comme elle, Seitō est un marginal : si tous les chemins mènent à Konoha, Ibuki préfère tracer sa propre route.
Ibuki prend le bras de Seitō et de ses mains habiles, le palpe rapidement. Elle comprend assez bien le problème.



*CRAC*

D'un geste habile, elle vient de lui replacer l'épaule.



*Re-CRAC*

Sans lui laisser la chance de répondre, Ibuki s'est occupée du coude. Souvent avec les enfants, la surprise reste le meilleur moyen d'opérer. Elle s'en veut quand même un peu de lui avoir fait le coup deux fois plutôt qu'une, mais Ibuki cache tout derrière son masque jovial. Elle se tire un banc, pour être finalement à hauteur du petit homme.



Elle l'aurait bien pris dans ses bras pour le consoler, mais son jeune cousin lui a dit d'éviter avec les enfants de plus de dix ans. Elle se demande pourquoi...

        Le médecin qui se présenta à lui était une jeune femme dans la vingtaine. Brune, une queue-de-cheval, yeux marron. Rien de bien mémorable par rapport à la flamboyance Uzumakienne vous direz ? haha… Douce est l’innocence, violente est la clairvoyance. Notre jeune protagoniste allait en faire les frais.

« Jouer au ninja » ? Avait-il bien entendu ? Seitô devint rouge tomate de colère ! Il ne jouait pas lui, Madame ! Bobo de rien du tout ? Cette foi, s’en était trop ! Et même si cette dame était douce et habile dans sa manipulation du bras déboîté, le jeune effronté devait défendre son honneur.



Le craquement qui c’était fait entendre avait fait hurler l’Uzumaki si fort que même l’hokage aurait pu être témoin de la puissance de ses cordes vocales. « Au voleur ? Au meurtrier ?» Aurait pu se demander les commerçants du coin « Code SU14A, t’inquiète ! » Auraient sûrement répondu les différents acteurs de la clinique.



Ah ! Le coude y était passé à son tour, arrachant une larme et un autre hurlement à l’Uzumaki. Médecin, on a besoin d’un sirop pour la gorge maintenant.

Sautillant de douleur, l’Uzumaki retira vivement son bras lorsqu’il sentit la poigne de la tortionnaire faiblir. Sans même remarquer qu’elle se plaça ensuite à sa hauteur, il continua.



Une phrase étonnement lucide venant d’un gamin qui détournait les yeux, retenant de fondre en larmes à cause de la douleur. Malgré ça, il murmura d’une voix à peine audible… « Chocolat… »

Cette douceur et cette violence se côtoyant… Ça lui rappelait quelqu’un. Cette pensée lui fit froid dans le dos : sa mère !! Il s’empressa de conclure avec un timide « siouplait m’dame. ».

Il récupéra le chocolat de son bras gauche, qu’il ne pouvait même pas bouger sans hurler de douleur il y a 5 minutes à peine. Après un petit temps de latence, il se rendit compte de l’amélioration spectaculaire de son état. Tout en bougeant son bras, il afficha de nouveau un sourire enjoué.



Heureux comme tout, l’Uzumaki mimait des mouvements d’escrimes avec enthousiasme. Fanfaronant à son habitude, il annonça fièrement :



De fatigue, où simplement endormis… Mais c’était une information qu’il comptait garder pour lui.



Euh… Rappelez moi qui était l’enfant déjà ?

La récompense bravement acquise, le jeune rouquin recommence ses mimiques de pourfendeur imaginaire. Ibuki l'observe, en retrait et tente de mieux comprendre son petit patient. Elle n'a qu'une envie : marquer son front d'imbécile heureux de la chiquenaude secrète de l'art des soeurettes.
Tout-sourire, l'iryô-nin réplique :


Ibuki, malgré ses airs de gaie luronne, peut être assez punitive. Elle a beau être calme et particulièrement douce en apparence, il vaut mieux ne pas la contrarier.



Cela doit être quand même plaisant d'être aussi passionné par un art, Seitō-chan en a de la chance... Ah ! mais c'est vrai ! Ibuki aussi est une passionnée. Des fois, elle l'oublie.

Le gamin afficha une rare mine mêlant désespoir, panique intense, et dégoût le plus profond. Privé de Ninjutsu pendant quelques mois ?! Comment, c’était possible ?! Il ne pouvait pas se permettre de prendre un tel retard. C’était inadmissible, impensable ! Et surtout, qu’est-ce qu’il allait faire de ces journées ? Elle était devenue folle, sénile, démentielle en quelques secondes ? Ou est-ce qu’elle l’était déjà depuis le début ? Peut-être qu’elle a justement manipulé pour le priver de son destin ?!

La tension au sein de Seitô était à son comble.

Mais non, petit être nucléaire (euh je voulais dire de lumière /PAF/), tu as juste, une fois encore, mal écouté ton interlocuteur. Ou mal compris. Ou peut-être un peu des deux.



Son regard était tantôt sérieux, tantôt paniqué. Il était venu pour une petite blessure de rien du tout, ça n’allait pas quand même stopper sa carrière de ninja ? Enfin… Pour les prochains mois. Si ? Enfin, elle continua sur un diagnostic qui semblait plutôt rassurant.



Disait-il en prenant sa légendaire pose fanfaronne. Mais ouais… Enfin, comment dire… Notre jeune protagoniste était une vraie brelle dans le domaine du camouflage. Puis, il s’assit et tenta cette expérience étrange.

Un exploit. Il tenu 8… Quart de seconde. Avant que sa jambe ne commence à décider de se balancer devant et derrière le banc.

« Concentration » se murmurait l’Uzumaki. Il bougea une nouvelle fois la tête malgré lui, son regard se déplaçant vers l’horloge. Même pas 10 secondes ?! Ça lui semblait une éternité. Et cette distraction avait offert à son autre jambe la bougeotte.



Explosant de colère, l’Uzumaki se prit les cheveux avec ces bras. Et merrrrrde.



Disait-il en parlant à soi-même. Bien que dans cette position, on aurait pu croire qu’il parlait à la sympathique plante verte de la pièce.

Il laissa tomber de nouveau ses fesses sur le banc. Et quelques secondes plus tard, une idée de génie lui vint en tête.



C’est ainsi que l’Uzumaki commença à répéter sa chorégraphie d’estoc avec son bras valide. Ce qu’il n’avait pas prévu, c’est d’être pris dans l’action, et briser le bocaux à bonbon présent sur le bureau.



Et surtout qu’Ibuki décide pile de ce moment pour revenir.



Une excuse, et vite. Il lui fallait une excuse. Il tourna la tête, vit une fenêtre. Bingo !



Bien essayé.

Seitō-chan comprend tout de travers et Ibuki le comprend : si elle aussi on lui annonçait qu'elle doit prendre un congé forcé de la médecine, peut-être se sentirait-elle choquée. L'inquiétude qui siège sur les traits du jeune Uzumaki amuse toutefois Ibuki.



Sourire, se lève, quitte. Elle traverse la clinique, passe dans la salle d'attente et accroche sa senpai. Rapidement, elles font le tour des tâches prioritaires et Ibuki a tout juste le temps de poser retirer des draps d'un lit que le bruit du verre cassé résonne à ses oreilles. Petit maladroit va...



Sourire, pivote, quitte. Ibuki traverse à nouveau la clinique, d'un pas plus soutenu cette fois et pénètre la chambre du garçon. Brusque, elle tire le rideau, entre, retire derrière elle pour les isoler. Son regard alterne entre les bonbons au sol et l'Uzumaki pantois.



Ibuki tire à nouveau son banc et s'y installe avec un soupir. Ce n'est pas de l'épuisement mais du découragement. Ibuki n'est jamais épuisée.



Elle respire une fois, deux fois, puis se lance. Les bonbons roulent encore à ses pieds.



Gros yeux, sourire, c'est le visage de la grande soeur que toutes les petites boules d'énergie déteste. Celui qui annonce qu'on ne rigole pas avec Ibuki.



Ibuki roule des yeux et clignote. Nyah ?



Elle reprend de sa contenance.

Aïe. Tel un archer aguerri vidant l’air de ses poumons et tirant une flèche parfaite au cœur de sa cible, la remarque d'Ibuki avait fait mouche. Double critique confirmé, comme diraient certains maîtres du jeu du légendaire jeu Donjon et Nukenin. Alors qu’il allait se justifier, le garçon flamboyant perdit de sa superbe, déjà pourtant très faible, et y préféra le silence.

Il avait déçu quelqu’un. Et c’était probablement le commentaire le plus blessant qu’on pouvait lui faire. Lui qui aspirait à devenir un héros aux yeux de tous, d’être digne du sacrifice de son père, il avait inspiré la déception. C’était une des raisons de pourquoi il travaillait aussi dur. Pourquoi il s’acharnait à devenir chaque jour un peu meilleur que la veille. Parce qu’il ne voulait pas décevoir son prochain. Il ne voulait pas faire honte à son père.



Il resta silencieux, écoutant la Chikara. Faire attention ? Il ne pouvait pas se le permettre. Il avait trop perdu de temps. Cela faisait déjà un an qu’il était diplômé. Et de nombreux Genin de sa promotion l’avait déjà surclassé. Avec un sensei absent, il n’avait qu’accès à des missions de rang E, qui consistaient principalement à aider le voisinage : porter les courses, retrouver le chat perdu dans l’arbre, porter les courses des vieilles dames.

Non pas qu’il n’aimait pas aider son prochain, loin de là, mais il fallait avouer qu’il aurait aimé ne pas passer un an en tant que Shinobi sans qu’on ne lui donne une mission avec de vraies responsabilités, un réel enjeu. Mais sans professeur, difficile de progresser en autodidacte complet. Et en l’absence de situation réelle, pour progresser, il lui fallait pousser son entraînement toujours plus loin, toujours plus fort.

Alors oui, ce que disais son médecin du jour, qui semblait presque faire partie de la famille tant sa posture évoquait plutôt celle d’une grande sœur aimante que celle d’un médecin, avait du sens.Un sens qu’il pouvait comprendre, mais qui lui était impossible à respecter. Parce que s’il l’écoutait, il ne progresserait plus du tout.



La tornade était passée, laissant à la place une légère brise. L’attitude fraternelle du médecin lui permis de lever toutes ses barrières. Elle n’était peut-être pas l’Eiseinin la plus douée, mais elle avait en elle l’art et la manière de soigner les gens. C’était inscrit dans son essence.



Il serra le poing, et grimaça. Sa blessure lui faisait encore mal.



Il frappa du poing sur le banc, avec son autre bras.



Tel un volcan entrant en éruption, il se leva brusquement du banc. Cette situation éveillait en lui une blessure si profonde, celle qui lui donnait la rage de vaincre, celle qui lui donnait la rage de vivre.



À la mort d’un proche, certains enfants se réfugiaient dans l’ombre, et devenaient des êtres emplis de vengeance. D’autres encore, s’éteignait tout simplement. Et malgré son jeune âge et son apparente bonne humeur, Seitô était un jeune garçon plein de rage, n’ayant pas encore fait le deuil d’un père partie bien trop tôt. À la mort, il répondait par des pulsions inarrêtable de vie. C’était sa manière de la combattre : faire vivre le souvenir de son père en marchant sur ses traces. Consciemment ou inconsciemment, c’était ça qui l’avait mené à devenir Shinobi. Ce qui rendait ces missions et cette absence de progrès encore plus frustrant que jamais. Puis il se rassit. Après être entré en éruption, l’heure des larmes était venue.



La force du désespoir.

Ibuki écoute sans broncher le petit être bouleversé. C’est normal de se sentir impuissant devant l’adversité et il n’existe pas plus grande adversité que la mort elle-même. Ces pleurs, Ibuki les reconnaît : elle aussi a perdu un membre de sa famille, elle aussi a souhaité devenir meilleur pour ne plus jamais être laissée derrière.
Les larmes laissent des traces sur les joues du jeune Uzumaki. Ibuki fait rouler son banc jusqu’à lui et du pouce, en assèchent quelques-unes.



La femme sent sa gorge se nouée. L’empathie est une qualité des bons médecins.



Pour une fois, les pensées d’Ibuki ne vrillent pas dans tous les sens. Son esprit est clair et serein, malgré la grande peine qu’elle perçoit chez l’enfant. Son corps agit par lui-meme, sans toutefois qu’elle ne tente de le retenir : ses bras enlacent le rouquin et pose sa tête sur son cœur. Son cœur au rythme lent, rassurant.



Ibuki respire profondément, calmement. Elle laisse au garçon un moment pour calmer sa colère.



Elle fait une pause, se demandant si elle fait bien d’avouer tout ça au garçon. Elle réalise aussi sa propre rage, qu’elle enfouie bien trop souvent sous sa bonne humeur.



A ces mots, le cœur de l’Eiseinin s’emballe. Ibuki défait gentiment le garçon de son étreinte et plonge son regard dans le sien.

        Un torrent de larmes. Cela faisait longtemps que l’Uzumaki n’avait pas pleuré sur son sort. En vérité, ce n’était pas trop son genre. Lui, il préférait se battre, combattre son destin, nager à contre-courant. Il ne méprisait pas ceux qui se posait sur le côté pour pleurer un temps, au contraire, il voulait se battre pour eux. À cet âge-là, il voulait transporter le poids du monde sur ses épaules. Il voulait être fort pour tous ceux qui ne l’étaient pas assez pour eux.

Mais pas cette fois. Cette fois, c’est lui qui avait besoin d’aide, qui avait besoin de réconfort. Ce que l’Eisenin essayait de lui apporter en l’enlaçant. Une douce étreinte apportant la chaleur dans un monde qui ne laisse pas de place à l’innocence. Mais malgré les larmes, l’Uzumaki écoutait avec une attention presque sans faille.

Quoi ? Avait-il bien entendu ? Son père la frappait ? Une émotion étrange, et pourtant si familière envahit l’Uzumaki. Cette émotion qui le poussait toujours plus loin dans ses retranchements : la rage. Pourquoi diable se laissait-elle faire ? Pourquoi elle n’en parlait pas ? La tristesse fit de nouveau place à la rage. Le torrent de larmes fut troqué par un torrent de colère.

Seitô essuya ses larmes, écoutant le reste du discours de la Chikara. Puis, lorsqu’elle eu fini, il annonça simplement.



Il comprenait. Mais à quelques nuances près.



Étonnamment lucide, mais c’était surtout comme ça que le jeune Seitô avait évolué. Malgré un environnement militariste, malgré les affres des conflits politiques et des intrigues inter-claniques, il avait vécu dans un environnement aimant, bienveillant et lucide. Ce qu’il disait n’était que le reflet de ce qu’il croyait au fond de lui. De ce qu’on lui avait transmis comme Vision du Monde.

C’était un adulte à en devenir. Bien sûr, il avait déjà son caractère, et il fallait dire qu’il était bien trempé ce salopiaud ! Mais il devait mûrir, évoluer, et passer à l’âge adulte. C’est ce qu’il faisait avec Kano. C’est ce qu’il faisait maintenant avec Ibuki.



Il lâcha un petit rire, essayant de reprendre sa bonne humeur habituelle.



Non, elle ne s’appelait pas Raiponce, et elle n’était ni blond, ni accompagné d’un caméléon. C’était juste Mako Uzumaki, la veuve qui répandait la terreur dans le quartier Uzumaki, et au coup de poêle dont la douleur et la réputation n’était plus à prouver. Entre ces mains, c’était presque aussi redoutable qu’une arme shinobi. Non, en fait, ça l’était, la létalité en moins.

L’Uzumaki se risqua…

Un grand sourire marque les traits de l'eiseinin. Puis Papa revient dans la discussion. Définitivement, elle n'aurait pas dû lui en parler.



Papa a un jour été aimant, Ibuki le sait. Cet amour, il se cache dans les bouteilles vides du soir, car lui aussi souffre du départ de Maman. Ibuki a-t-elle le droit de juger sa peine ?



Ibuki connaît toutes les leçons sur le chakra, mais ne parvient pas encore à le matérialiser. Elle n'a cependant pas honte de ce fait.

        Trop tard. Seitô s’inquiétait déjà du sort de son médecin du jour. Il avait du mal à accepter si facilement cette situation. C’était un gamin, il ne m’était pas beaucoup de temps à s’accrocher et s’inquiéter du bien être des gens qu’il rencontrait, et avec qui il faisait plus connaissance. Et savoir que son ami se faisait frapper, même si elle disait qu’elle n’avait pas peur, ne le rassurait pas.



Pendant les deux prochaines minutes, Seitô passa par de nombreuses émotions. Il était un tantôt soucieux, tantôt en colère. Ensuite, il était tantôt fier, tantôt dérangé par l’idée de trahir Kano, un ami qui lui était très cher.



Puis il fit un sourire et continua.



La méthode Seitô était une méthode de traitement radical, mais extrêmement dangereuse. Kano en avait fait les frais. Dégageant son bras de la glace, le jeune Uzumaki conclu.



Et alla seul comme un grand chercher la balayette. Après un rapide tri, séparant le verre des bonbons emballés, il s’avança vers la fenêtre.



Et il sauta… Drôle de sortie quand même.