Jaloux ? C'est ce qu'il pensait donc. Cela fit bien rire le blondinet. D'ailleurs, il le faisait beaucoup rire tout court, dans chacune de ses réparties. Les deux garçons se parlaient comme s'ils se connaissaient depuis toujours, et c'était très agréable. Il ne pensait pas se rapprocher autant de quelqu'un comme lui un jour, et pourtant il ne le regrettait absolument pas. Bien au contraire !
« Jaloux de quoi ? De toi qui boîte jusqu'à l'hôpital, et qui revient tout couvert de bandages ? Non merci ! »
Ils continuaient de discuter tout en mangeant, répondant à ses quelques questions, et inversement. Chacun se moquant de l'un ou de l'autre, pour diverses raisons, et se régalant en dégustant les mets qu'il avait préparé.
« Bien sûr, ta vocation de ninja passe en priorité sur ce projet ! »
Bien évidemment. Peut-être que après plusieurs années de dur service, tenir un restaurant juste à eux deux pourraient leur permettre de se ressourcer, et vivre une vie un peu plus normale, entre deux missions. Et lorsqu'ils seront vieux et retraités de leurs fonctions de shinobi, ils pourront ainsi s'y consacrer à temps plein ! Cela ne ressemblait pas du tout à Kano de prévoir des projets comme ça, surtout sur le long terme, mais il fallait bien admettre que cette petite idée lui plaisait plutôt bien.
Cependant, Seitô ne trouvait lui non plus pas de surnom réellement bien pour lui.
« Stylé tu dis ? Tu te moques de moi là... »
Après quoi, il riait lorsqu'il l'entendit rire à son tour. Ce n'était pas bien grave.
La suite de leur conversation était bien moins joyeuse néanmoins, puisque cela faisait suite à la question de l'Uzumaki, concernant sa mère, ce à quoi le Chikara lui avait répondu de manière tout à fait franche et directe. Ce n'est qu'après que le garçon réalisait qu'il n'avait jamais parlé de ça aussi ouvertement. Généralement, il s'arrête à la mort de sa mère, c'est à dire au bout de trois mots. Il avait néanmoins ressenti ce besoin de lui expliquer un peu plus tout en détail les tenants et las aboutissants de cette affaire. S'ils venaient à être si proches, il se devait d'être honnête avec lui.
À vrai dire, le garçon au bonnet était légèrement anxieux, ne savant pas vraiment ce qu'allait lui répondre Seitô. Et lorsque sa réponse se fit entendre, il ressentit un bouleversement au sein de son être. Ils se ressemblaient beaucoup, au fond ; ils sont passés par la même peine, dans la même période, et pour les mêmes raisons. Lui, c'était son père qu'il avait perdu. Le garçon repensait alors aux paroles qu'il avait tenu un peu plus tôt dans la journée, lorsqu'il jurait à une personne de ne jamais abandonner. Avec ça, et la suite de son discours, il comprit bien assez vite que tout à l'heure, c'était à son père qu'il s'adressait. Cela lui paraissait maintenant évident.
« De même... Je suis désolé pour toi Seitô. Nous avons tous les deux vécu cette même peine, au même moment, et suite au même problème... »
Néanmoins, ils avaient tous les deux réagi différemment. Et c'était ça aujourd'hui qui les rendaient si différents. Ils étaient à la fois similaires, et à la fois opposés. Ce tout formait tout de même une certaine complémentarité, qui s'expliquait de plus en plus.
Et la suite de son discours confirmait bien cela. Malgré leurs différences, leur intention profonde était la même : rendre ce monde meilleur. Et à eux deux, ils représentaient l'espoir. Deux enfants qui ont souffert de la guerre et du conflit, qui se retrouvent maintenant unis malgré le nom de leurs clans respectifs. Cela avait un côté poétique, et tragique, mais pour autant c'était tout à fait réel. Ils étaient sur la même longueur d'onde, et le blondinet affichait une petite mine gênée, d'autant plus lorsqu'il affirma que leurs parents pouvaient être fiers d'eux.
« ... Tu as raison. J'espère qu'ils seront fiers de nous. Et puis, toi tu es déjà fort, et tu protèges déjà ceux dans le besoin. Je l'ai vu aujourd'hui. Il peut d'ores et déjà être fier de toi. »
Le ninja au bonnet lui adressait un léger sourire, puis le vit poser son coude sur la table, et lui tendre son petit doigt. Bien qu'il ne soit pas très sociable d'ordinaire, il reconnaissait ce que symbolisait ce qu'il était en train de faire. C'était un moyen de se promettre quelque chose, et de ne jamais le rompre, sous aucun prétexte. Une grande preuve de confiance accordée à l'autre, en somme. Lui promettre qu'ils ne briseront jamais leur amitié ? Ce qu'il disait était réellement prenant et inspirant, et il partageait son idéal. Quant au surnom...
« Kano aux doigts d'or... ? »
Il ne saurait expliquer réellement pourquoi, mais ce surnom le faisait tressaillir. Plus que ça même, il était ému. Le garçon le regardait d'un air béat et niais, puis il hochait négativement la tête aux autres propositions de son ami.
« Non, c'est super ! Ne t'inquiètes pas. Kano aux doigts d'or, c'est super comme surnom. »
Le blondinet le regardait dans les yeux, puis serrait son petit doigt autour du sien, d'un geste un peu timide, mais tout de même franc. Il lui souriait, et il pouvait même y voir une petite larme couler le long de sa joue.
« Aight ! Moi Kano, je m'engage à ne jamais rompre cette promesse ! Notre amitié survivra et persistera quoiqu'il advienne. Et rien ni personne ne pourra nous séparer. Et lorsque les gens le réaliseront, ils seront forcés d'admettre que leur petite guerre n'a plus lieu d'être, et qu'ils doivent maintenant tourner la page, pour aller vers un monde meilleur. C'est donc un grand jour aujourd'hui ! »
Le destin du garçon venait de prendre une toute autre directive, du moins, de ce qu'il s'imaginait. Quoique, avec l'existence d'un Uzumaki comme lui, il était évident que leurs routes étaient vouées à se croiser un jour ou l'autre.
L'adolescent réfléchissait ensuite, serrant le petit doigt de son ami avec le sien, puis lorsque la promesse était donnée, il eut une idée.
« Dis... Tu vas peut-être trouver ça stupide, mais... J'aimerais bien qu'on fasse quelque chose, après manger. »
Il soupirait un instant, avant de lui expliquer.
« Tu as vu la photo de ma mère dans ma chambre, tu m'as dit ? Eh bien... J'aimerais bien qu'on en prenne une, tous les deux. Comme ça je pourrais la mettre à côté... »
Le blondinet rougissait légèrement, gêné par cette demande. Pour lui, c'était quelque chose de symbolique, ce n'était pas que pour le plaisir.
« Comme ça d'une certaine manière, chaque matin je pourrais me réveiller auprès de ma mère, et de mon meilleur ami. »
Leur relation avait réellement beaucoup évolué en si peu de temps. Et pourtant, il le pensait sincèrement.