Tu écoutais attentivement les explications de ton compagnon, tout en observant avec plus de détails, et à bonne distance, le corps inconscient de la bête. La problématique était plutôt simple, et pourtant extrêmement complexe à résoudre. C’était la deuxième fois de ta vie que tu étais confronté à un cas pareil, et cette maladie avait un nom « Minashigo ». Maladie que tu doutais orpheline, pour autant, tu en avais croisé deux en peu de temps. Un caractère transmissible ? Epidémique ? Tu n’en savais que trop rien. Il y avait encore trop d’inconnue. Par contre, ce que tu savais…
« Oui. Cela me parle. J’ai rencontré un être similaire atteint de la même… Modification génétique ? Maladie du chakra ? Je ne sais pas très bien, la chose m’est totalement inédite. Mais je crains que le fait d’en croiser deux dans un espace si proche n’est pas anodin. »
Une influence de facteurs environnementaux ? Peut-être. Il aurait fallu comparer le milieu d’évolution lors de la grosse, ou précédent l’apparition des symptômes. Il y avait, à l’heure actuelle, trop de variable, trop d’inconnue. Il fallait rétrécir le champ de recherche et des possibles à ce que tu connaissais de cette pathologie.
« Les champignons de chakra sont des champignons plutôt rare, recherchés pour leur propriété amnésiante, c’est-à-dire la capacité qu’ils ont à altérer la mémoire. Mais également car il change la nature du chakra, mais cette altération est momentanée. C’est un peu comme si tu lançais une pierre dans une eau calme, tu auras réussi à la troubler, mais elle reviendra tôt ou tard à son état originel. »
Tu t’approchas de l’homme, prudemment, effectuant une courte série de mûdras et posant ta main sur sa peau. Le jutsu d’analyse confirmerai ou infirmerai le fait qu’il s’agissait bien d’un Minashigo. Quelques secondes plus tard, tu repris ta place, et le verdict était formel : il avait des caractéristiques génétiques commune avec Aïko.
« Malheureusement, à l’heure actuelle, je n’ai pas les connaissances pour soigner cette maladie… Et en admettant que les Champignons de chakra puisse le soulager, ils sont trop rares, et la dose est trop champignon-dépendant pour envisager cela comme un traitement à long terme. Et puis qu'est-ce qui soulage ? La perturbation ? L'amnésie ? Les deux à la fois ? En qu'elle proportion ? Toutes ces questions sont sans réponse. »
Tu entrais dans les explications techniques, comme un mémo personnel.
« Je pourrais tenter de trouver un agoniste au champignon de chakra, et le doser spécifiquement en fonction des besoins de… Ce « monsieur » ? Mais cela questionne des points méthodologiques concernant l’évaluation de l’efficacité du traitement, et ne changerai pas de fait qu’il me faut du temps, son effet sur son trouble de la personnalité multiple, son corps, ses mutations, ses mécanismes psychiques… »
Tu fixais Kitaï. Il semblait perdu. Il fallait simplifier.
« Ce que je veux dire, c’est que même si je trouve un traitement à vitesse grand V, et que j’arrive à reproduire l’effet du champignon de chakra, rien ne me dit que cet effet se maintiendra sur le temps, et que cela va suffisamment le stabiliser pour qu’il ne soit pas une menace sur autrui. »
Tu croisais les bras.
« Et puis, il est différent de mon autre patient. Elle, l’événement déclencheur de son agressivité était son anxiété. Stabilisée, l’anxiété avec un traitement est une chose. À ma connaissance, rien ne peut « détruire » une personnalité, dans le cadre d’un trouble dissociatif de l’identité. Puis cela reste… Assez discutable, sur le plan médical, comme diagnostic… »
Tu regardais Kitai, l’air désolé.
« Même avec un traitement adapté, et dans l’hypothèse qu’on inhibe sa personnalité… Sans assistance médicale, sans surveillance, ni suivis, rien ne nous dit que cela sera éternel, et il pourra récidiver, et s’en prendre à des innocents. Il est… Dangereux, quoi qu’on face, on n’aura jamais la certitude de « tuer » cette personnalité. »
Ton air était plus grave.
« On peut tenter le coup, mais c’est risqué. À toi de voir Kitai. Soit on le tue par sécurité, soit on tente de le stabiliser, sans assurance d’y arriver. Et peut-être qu’il tuera d’autres innocents sans qu'on puisse le prédire ou y faire quoi que ce soit... »
Il y avait définitivement trop d'inconnues. Aucune certitudes.