Avec assurance, sans montrée une once d’hésitation, Kioko s’était emparé de la lotion que je lui avais tendue. Bien que seulement à moitié remplie, elle avait pris ce soin pour cheveux comme paiement pour cet entrainement. Elle n’avait respecté qu’à moitié les termes de notre accord, il était donc normal qu’elle ne reçoive que la moitié du paiement.
Malheureusement, en acceptant ce liquide pour cheveux qui semblait lui tenir tant à cœur, elle me privait d’échange de coup avec elle. Il ne me serait pas possible d’en apprendre plus sur elle, sur ses mécanismes instinctifs et ses réflexes aujourd’hui. J’allais devoir, une fois de plus, devoir user de ma nouvelle position et surtout de mes talents pour parvenir à mes fins et obtenir un nouvel entretien avec elle. Cependant, cette journée n’avait pas été dépourvu d’intérêt. J’avais appris certaine chose la concernant, tant sur le plan psychologique que de son histoire. Peut-être pourrais-je un jour faire plier son esprit et faire d’elle une alliée de choix.
Pour le moment, elle refusait de continuer à me combattre, préférant conserver son capital beauté qui, à cause de son emprisonnement, se dégradait de jour en jour. Elle souhaitait peut-être garder un peu d’énergies en réserve, pour autre chose.
Peut-être pour une activité nocturne plus attrayante mais plus certainement pour un entrainement en solitaire ou pour un combat futur.
Soudain, Kioko s’exprima à cœur ouvert, comme dans une confidence désintéressé. Cette phrase, simple, semblait être vraie et sans arrière-pensée calculé, contrairement à nombre de celle que nous nous étions échangés jusqu’alors. Méfiant, sur mes gardes, je pris néanmoins la parole.
« Je comprends votre lassitude, mademoiselle. Il n’est pas aisé d’être dans votre position. »
Mais il n’était pas aisé d’être dans ma position non plus. Je ne devais pas apporter une aide trop visible à la jeune femme de peur d’une personne plus puissante et plus influente n’en aperçoit et comprenne mes plans. Mon ambition. Après tout, avant de faire de Kioko mon alliée, j’allais faire d’elle mon cheval gagnant. Plus elle serait forte et paraitrait faible, plus je gagnerais ;
« Malheureusement, vous apporter une aide trop visible est également dangereux. Même pour un Hattori tel que moi. Il y a toujours plus puissant que soit et le risque ne vient pas toujours d’en haut. »
Il était encore trop tôt pour révéler à l’ancienne Kiri-jin ce que je voulais faire. Je ne pouvais me permettre de lui accorder une confiance aveugle, même si elle semblait sincère actuellement. L’information c’est le pouvoir. Et je me devais de garder le pouvoir.