L'esprit vague, encore passablement endormi et ennuyé par cette situation branlante dans laquelle il devait s'épanouir en tant qu'être vivant...
Comment ? Comment voulez-vous avoir des générations saintes ou sensées quand vous voyez des adultes se crêper le chignon pour un différent minable ? Un parent déteint toujours sur les plus jeunes, les esprits plus faibles. Les plus manipulables.
Le Kitto aimait bien manipuler, certes. Il aimait trifouiller dans les esprits, énerver, faire réagir ses interlocuteurs ou même les passants mais jamais il n'essayait d'imposer son point de vue ou son avis à un innocent. Encore moins s'il s'agit d'un état d'esprit plein de haine et de discrimination.
Il était même plutôt pacifiste lui, psychologiquement parlant. La guerre n'apportait rien d'autre qu'une succession de problèmes qui en engendraient inévitablement d'autres. Ni plus, ni moins. Il se demandait bien ce quel était l'intérêt des Kitto à rester ici, dans un pareil champ de mines...
Une voix l'extirpa de ses songes. Il avait marché jusqu'aux quartiers claniques et se retrouvait désormais à quelques mètres d'un homme qui lui était vaguement familier. Il lui fallut quelques secondes pour identifier son visage et quelques-unes de plus pour retrouver son nom. Kasu, professeur à l'académie. Il sourit en repensant brièvement à cette belle époque, quand il était encore innocent, naïf...
« Je ne m'attendais pas à vous croiser ici, Kasu-sensei ! »
Il était assez surpris, mais pas déçu. Il rajouta un « ni qui que ce soit » mais ce murmure fut emporté par le vent. Il alla alors rejoindre son ancien professeur sur le banc.