Rejoindre le nord !

À l'instant même que Akaname avait effectué des mudras et usé de ton sang, tu t'étais senti abusé. Non pas que tu tenais particulièrement à ce vampire, car finalement, tu ne le connaissais que depuis la veille. Mais car celui-ci avait osé douté de toi, douter de ta force, douter que tu serais capable de le tuer pour s'être joué de toi. C'était donc cela l'image que tu lui renvoyais ? Quelqu'un avec qui on pouvait jouer ? En agissant de la sorte, tu n'étais pas le seul humilié, c'était Kumo lui-même qui était insulté. Pour autant, tu avais gardé ton calme, tu avais gardé ton visage neutre, comme Hidemi te l'avait tant enseigné, ne jamais rien laisser paraître qui pouvait indiquer tes attentions. Alors, en conséquence de son action, tu lui avais toi-même proposé de lui infliger une marque, tout comme lui avait semblé bon de vouloir garder une trace de toi. Au moins, avais-tu eu l'obligeance de lui demander, chose que lui n'avait pas prit soin de faire.
Jusqu'à ce moment, tu avais pour simple idée en tête que lui demander davantage d'explication et par la suite, lui proposer un défi afin de rétablir ta dignité. Mais sa réponse te déçut drôlement. n'oublie jamais qui aura été le premier à obtenir celle-ci. Tu prit cette remarque comme une tentative de domination. Il voulait prendre l'ascendant sur toi. Et alors, tu compris... Tu compris que tu n'avais plus le choix... En prenant une trace de toi, tu t'exposais, tu exposais ton plan, et dans la finalité, tu fragilisais Kumo. Et cela, tu ne pouvais le concevoir... Tu ne pouvais imaginer une telle chose. C'était tout bonnement inacceptable pour toi... Tu n'avais nullement idée de ce que signifiait prendre une trace de toi pour un Kenketsu, toujours était-il que tu ne voyais rien de bon là-dedans...



Tu ne te trouvais qu'à un simple pas d'Akaname, lui semblant prêt à accepter la marque.



Tu effectuas quelques mudras à seulement quelques centimètre de son torse et tu vins apposer ton index contre le pectoral gauche d'Akaname alors qu'un rayon lumineux, hautement perçant sortait de celui-ci... Tu visais une zone bien précise... Le cœur...

Tu le regardais effectuer ces mudras. Ceux-ci tu étais loin de te douter que c'était les derniers que tu verrais. Tu avais visiblement été trop loin pour cet homme, sans une once de méfiance, tu lui laisses approcher sa main, près de ton torse. L'odeur, la chaleur, le bruit. Tu entendais tout ça une dernière fois sans même le savoir. Pourtant, l'espace d'un instant, un centième de seconde, tu compris. Tu compris que l'heure était arrivée. Et bien que tu n'avais pas atteints ton objectif, tu étais certains que d'autres l'accompliraient à ta place. Finalement, c'est presque que le sourire aux lèvre que tu sens ton cœur s'arrêter d'un coup sec, une lumière intense emplie tes yeux. Une seule seconde et c'est terminé.

Ton corps s'écroule au sol, le cœur perforé. Tu gis sans vie dans la poussière de la route, laissant s'échapper ton sang qui s'écoule sur le sol. Tu étais libéré de tout fardeau, libre de cette vie de monstre. Tu ne manquerais à personne, personne ne remarquerait ta misérable disparition, tu n'étais qu'une énième goutte d'eau dans ce lac géant qu'est le monde.
Ta vie aurait pu se passer autrement, si tu avais accepté ton devoir, si tu avais su être un homme, alors peut-être ce soir là tu ne te serais pas rendu dans cette taverne, et ta vie ne serait pas devenu un enfer. Mais tu avais faillis à ta tâche, tu n'avais pas su être un bon père de famille, tu avais été risible dans tout ce que tu avais entrepris finalement. Tu crevais là, sans savoir ce qu'étais devenu ta famille à l'autre bout du continent, tu ne te souvenais même pas d'eux, tu n'aurais jamais mérité le titre de père. Même ta vie en tant que vampire n'avait été qu'une piètre histoire, tu as passé la majorité de ton temps enchaîné, traité comme un chien, condamné à servir de repas pour le restant de tes jours. Et même lorsque tu as eu l'opportunité de t'en sortir, tu as gâché cette occasion. Il n'y avait rien à faire de toi, les faibles meurent, les forts survivent, c'était la loi dans ce monde.

Tu avais plongé tes yeux dans les siens, conscient que cela représenterait la dernière chose qu'il verrait. Conscient que ton unique attaque allait lui être fatale. Tu n'appréciais pas sa mort. Tu aurais davantage préféré que celui-ci rejoigne ton plan. Pour autant, lui semblait avoir voulu prendre l'ascendant sur toi, mais pire que ça, il avait désiré gardé une trace de toi. Cela, tu ne pouvais l'accepter, c'était un risque à prendre bien trop grand...
Pour la première fois, tu avais ressentit une similitude entre toi et une autre personne. Et finalement, cette ressemblance était totale. Toi aussi tu aurais probablement tenté le coup, toi aussi, tu aurais voulu mettre à profit ce pacte, et toi aussi, tu aurais probablement fini par le trahir pour aboutir à tes plans. C'était la seule raison pour laquelle tu lui avais offert une mort rapide et ... digne. Il était comme toi.
Tu étais un shinobi de Kumo. Un guerrier entraîné rudement pour l'art qu'était la guerre. Tu avais toujours pris cette mission très à cœur, peut-être même trop. Et cela avait de toi l'arme redoutable que tu étais. Pour autant, tu savais que tes entraînements et ton conditionnement n'était pas la seule raison à ta manière d'être. Tu étais jeune et pourtant, tu avais déjà participé à trois guerres, dont deux d'entre elle pour tu jouais un des rôles les plus importants. Tu avais failli mourir. Finalement, tout cela t'avait marqué inconsciemment, laissant chaque fois une place de plus pour la violence dans ton âme. Et cette violence extrême, mélangée à ton amour pour Kumo avait offert la mort à Akaname...
Lorsque le rayon transpercé son corps, tu n'avais nullement attendu les gouttelettes de sang typique de la peau déchiqueter. Tu connais ta capacité à la perfection et tu avais pleinement conscience que la chaleur du rayon ferait coaguler le sang instantanément. Alors, tu avais gardé les yeux ouvert, fixant ta victime, l'accompagnant dans sa mort jusqu'à ce que son corps s'effondre à même le sol.



Tu effectuas quelques mudras, et vint apposer la paume de ta main sur le corps inanimé d'Akaname. Et rapidement, ne resta que de lui une fine poussière blanchâtre que le vent viendrait rapidement balayer. Voilà en quoi se résumerait sa vie. Une mort "simple" au milieu d'un chemin désert. SI jamais celui-ci possédait de la famille ou des amis, aucun doute qu'ils resteraient sans nouvelle de lui à jamais, loin de s'imaginer qu'il fut transpercé par une lumière artificielle...

Tu te redressas et repris ton chemin avec la seule pensée que cet inconnu te ressemblait drôlement. Une vague sensation de tristesse t'envahit, conscient de ce que vous deux auriez pu accomplir ensemble. Mais surtout, cela te servait désormais de leçon, tu ne pouvais exposer ton plan de manière si directe, tu devais utiliser des subterfuges et la ruse pour atteindre ton objectif...