Ce n'est qu'un au revoir

C'est le cœur serré que je me retrouve à embrasser ma mère sur le front. Cette vieille petite dame qui a toujours pris soin de moi sans rechigner. Cette femme forte qui joue à la fois le rôle de mère, mais également de celui de mon défunt père. Je sentais ses rides se plissaient sous mon baiser, je reconnaissais là sa manière de sourire. Mon baiser précède une accolade des plus affectueuses. J'étais honteux de la laisser seule dans cette maison, sans aucune aide. Ce n'est pas ce qu'elle méritait.





L'heure n'était plus question aux doutes. Si je regrettais de quitter ma mère, j'étais déjà en possession de mon laissé-passé soigneusement rangé dans mon sac à dos. Rien n'était oublié, mon sac n'était pas rangé au hasard. Chaque poche, chaque emplacement étaient utilisés de manière réfléchi pour mon voyage.

Le sac sur le dos, je quitte enfin le domicile familiale pour rejoindre une veille connaissance. Une amie avec qui j'ai traversé les océans pour rejoindre le Yuukan. Une amie que je me dois de saluer sans exception ! Traversant les quartiers Kirishitan entièrement enneigé, je pestiférais contre moi-même pour avoir choisi l'hiver comme point de départ. Le froid était insoutenable et bien différent de l'Au-delà-des-Océans. Très rapidement, j'atteignais la maison de l'intéresser : Utsuro.

Machinalement, sans réfléchir, je frappe à deux reprises la porte. J'ai si souvent foulé le sol de cette maison qu'Utsuro reconnaîtra ma manière de frapper sans aucun doute. Cette fois-ci, se sera différent. Il s'agissait de notre dernière visite amicale avant un long moment.

Nous décidions de faire un tour en ce bon matin d'hiver, car nous n'aimions pas rester enfermer entre notre quatre murs. Nous nous baladions pour essayer de nous faire de nouvelles connaissances, mais le regard des quelques lèves tôt en disait déjà bien assez. En fait, ca ne pouvait se voir de l'extérieur, nous avions le morale au plus bas. Notre unique ami partait aujourd'hui et nous tentions de penser à autre chose en faisant cette petite excurssion dans les rues de Konoha. Nous nous doutions que cette même personne ne tarderait pas à frapper à la porte derrière laquelle nous n'étions pas. C'était d'un pas pressé que nous nous hâtions vers notre propre chez nous pour le retrouver, si l'heure de son départ sonnait déjà. Vêtues de notre grande cape noire, d'un pull dans les teintes beige et d'un cargo marron foncé, nous nous perchions sur le de toit de la maison se situant à côté de celle que nous louions. Pour le moment, il n'était pas encore arrivé.

Bientôt nous l'apercevions au loin et le laissions frapper, ainsi que sonner à notre porte. D'un salto avant nous finissions par attérir juste dérrière lui. Nous restions comme à notre habitude statique et la seule expression qui se dessinait sur notre visage: la neutralité. Ni la joie, la colère ou même la tristesse pouvaient être apparente et de notre voix monotone nous entamions cette douloureuse conversation.


C'était toujours la même intonnation qui sortait de notre bouche et il nous était impossible de faire autrement depuis tous les évènements passés. Aucun sentiment quelconque ne se faisait ressentir en général et cela pouvait devenir très vite embarrassant, voire même étouffant. C'était l'une des raisons pour lesquelles nous n'avions pas beaucoup d'amis à part lui jusqu'à maintenant. Le fait de savoir qu'il allait partir seul à la recherche de l'Eden ne nous rassurait pas, mais nous ne pouvions pas faire autrement à part accepter son choix.

Utsuro est une femme très étrange lorsque nous ne la connaissons pas. Son attitude et sa façon de parler n'est pas anodine et en rebute plus d'un. Pourtant, c'est une différence sur laquelle je ne me suis jamais attardé. Nous nous connaissons depuis notre jeune âge. Elle et moi, avons traversé les océans pour rejoindre le Yuukan. Ces contrées d'Au-delà-Les-Océans, nous les avons côtoyés. Nous nous y sommes connus et nous voilà aujourd'hui sur les terres du Yuukan à chercher notre nouvelle Eden. Une partie de notre peuple considère ce village comme notre nouvelle maison, mais ça n'était pas encore mon cas. Le Yuukan est vaste et rien n'indique que Konoha EST et restera notre nouvel univers. Leurs bras nous sont grands ouverts, mais le vice persiste au sein des villageois. La guerre politique ont pris place et la peur d'être écarté voir même tué me noue l'estomac. Ce voyage est à la fois une manière de découvrir à la fois le destin de mon peuple et le mien.

Comme à son habitude, la jeune femme parle d'elle-même avec toute la particularité qui la définie. J'y suis tellement habitué que je n'y fais plus attention. Je me retourne doucement et lui lance un sourire. Si son visage ne laisse transparaître aucune expression, je sais qu'intérieurement, il me sera rendu.



Je soupire comme pour évacuer mon stress lorsqu'elle mentionne mon voyage.



La guerre contre les Kenketsus avaient rendu notre peuple faible et encore plus divisé depuis notre voyage au côté de Salomon. Aujourd'hui, nous sommes une poignée à vivre sans lui, considérant qu'il est nécessaire de faire nos propres choix. Pour autant, nous sommes toujours aussi soudé. J'espère que cela restera inchangé et que, la décision de quitter ces terres, sera prise ensemble. J'étais loin de me douter de l'hémorragie Kirishitan que va subir Konoha suite à la régence de la shinobi aux cheveux roux...



Je me suis battu corps et âme pour obtenir son aide lors de mon voyage. Malheureusement, sa place était ici et aucun argument ne m'a permis de lui faire changer d'avis. Alors c'est matériellement qu'elle m'a porté assistance. La quasi-totalité de ce que je transporte m'a été trouvé, fourni et conseillé par Utsuro.



Je n'étais pas habitué à passer ce genre de « temps » en sa compagnie, mais à événement exceptionnelle, une situation exceptionnelle.

Nous prenons alors route vers l'un des restaurants les plus proches de nos quartiers. Assis à l'intérieur, je m'inquiète de ce qu'elle pourrait devenir.

Nous ésperions qu'il nous le pardonnera, mais pour le moment nous ne pouvions quitter ces lieux. Même si nous n'étions pas les plus apprécier nous souhaitions quand même rester pour veiller sur les autres membres du clan.


Sans dire un mot de plus nous le suivions comme un petit chien partout où il allait. Ce qui nous surpprenait c'est que nous n'avions pas l'habitude de passer du temps ainsi. Prendre un verre était quelque chose peu commune pour nous et ca nous faisait bizarre, mais là encore notre façade nous empêchait d'exprimer nos émotions. Nous arrivions à un petit restaurant dans lequel nous n'avions jamais mis les pieds. CE sentiment de malaise que nous parvenions pas à extérioriser nous donnait la boule au ventre. Nous nous joignions à la table de notre ami avant que celui-ci poursuivre sur notre avenir.


Ca nous rendait vraiment triste de savoir qu'il partait aussi longtemps, d'ailleurs...


Il ne fallait pas nous en vouloir, mais nous n'avions pas notre langue dans notre poche. Pour nous, c'était du tac au tac ou rien du tout lorsque nous discutions avec les gens en général.

C'est sans surprise que j'essuyais un nouveau refus d'Utsuro. Je ne lui en voulais pas, tout le monde n'était pas désireux de voyager une énième fois et je me trouvais rassurer de la savoir auprès de notre peuple pendant mon absence. Je ne suis pas l'élite de notre peuple, mais j'ai à cœur de protéger quiconque porte notre nom. Nous sommes des frères, nous nous devons de ne faire qu'un. Si seulement tout le monde avait pu penser de cette manière... peut-être qu'Iwa existerait toujours.

Ma vieille amie avait pris place en ma compagnie sur cette terrasse du restaurant. Sans un mot, elle s'était installée comme si elle attendait que j'entame la conversation. Peut-être pas. À vrai dire, il m'arrivait parfois de me demander encore ce qu'elle pensait ou ressentait. Outrepassant mon désir de comprendre son regarde vide d'expression, je l'interroge sur son devenir. Ce qu'elle me racontait m'intriguait au plus haut point.



Je me faisais certainement des films. Après tout, elle avait été très succincte. Peut-être s'agissait-il tout simple d'un « concurrent » ni plus ni moins. Pour autant, je ne pouvais pas m'empêcher de l'avertir ni même de vouloir en savoir plus.



Plus j'en saurais et plus il me sera facile de l'aider à mon retour si nécessaire. Espérons que côtoyer ce groupe ne soit pas aussi périlleux que je le pense. Faisant suite à notre conversation sur cet étrange groupuscule, Utsuro avoue sa tristesse de me voir partir. Ses mots me touchent. Elle qui n'aborde que très rarement ses émotions. Tentant de cacher les miennes, je lui réponds très clairement.



En effet, je ne comptais pas traverser le Yuukan tout entier, mais bien les alentours de Konoha. C'était en tout cas l'idée de cette première escapade.



Utsuro est comme une sœur pour moi. C'est en tout cas ce que je pensais aujourd'hui. Nous ne nous sommes jamais plus rapproché. C'est en tout cas cette relation particulière qui avait pour conséquence de me laisser submerger par mes émotions. Contrôlant au mieux les larmes qui s'apprêtaient à couler, je refusais de montrer la moindre faiblesse face à elle. Je suis un fier Kirishitan et je ne pleurais pas. Mes yeux brillaient, mais c'est tout ce qu'elle pouvait apercevoir.

Il semblait plus qu'inquiet et posait quelques questions. Charmante attention de la part de notre ami, mais ce n'était pas la peine de montrer tant d'angoisse pour ça.


Il réponndait à notre question de savoir combien de temps. De ce que nous comprenions il partait pour une année entière dans le Yuukan.


Il nous remerciait de lui avoir trouver et fournit du matériel que nous avions dument gagner. Ce n'était pas grand chose et même si nous pouvions l'exprimer, ca nous rendait joyeuses de pouvoir aider notre prochain.


Bientôt la serveuse pointait le bout de son nez et nous demandait ce que nous sohaitions prendre. Nous ne savions pas quoi répondre et n'avions aucunement l'habitude de ce genre de lieu. Nous préférions largement la forêt à la ville, mais pour veiller sur le reste du clan il fallait savoir faire des sacrifices.

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas tenté de déceler une pointe d'expression dans son regard ou le ton de sa voix. La situation était différente, ses plans m'inquiétaient et une telle annonce allait certainement agité mes nuits en dehors de ces murs. Je devais lui faire confiance et croire en sa bonne conscience. C'est une femme forte et réfléchit.



Il fallait qu'elle sache que je serais toujours présente pour elle, alors après quelques secondes d'hésitation je lui dis :



J'espérais que ces mots résonneraient dans sa tête à tel point qu'elle ne les oubliera jamais. Mon départ n'est pas un adieu, mais un au revoir. Je serais toujours présent pour elle, comme elle l'a été pour moi. Espérons que nos liens restent inchangés.

Très vite, la serveuse vint m'extirper de mes pensées. Comme je m'en doutais, Utsuro n'était pas à l'aise avec ce genre de loisir. D'un signe de la main, j'indique que ma commande concerne Utsuro et moi-même.



Je n'étais pas venu ici par hasard. Ce lieu, aux décors authentiques de notre clan, m'était familier. En effet, j'y passais énormément de temps à savourer leurs exceptionnels thés.



Le thé arriva rapidement sur notre table.

C'était donc du thé que commendait Sankei pour nous faire découvrir qu'il était bien meilleur qu'ailleurs.


Pour notre part, nous buvions en général que de l'eau ou parfois du café sans rien ajouter afin de ressentir ce goût amer. Nous cherchions quelque chose de semblable à notre image et nous l'avions de trouver. Au moins, nous nous sentions moins seul à ne pouvoir transmettre nos émotions. L'heure du thé sonnait et la serveuse posait les tasses sur la table. Bientôt une question particulèrement intéressante parvenait à nos oreilles.




C'était sur ces mots que nous prenions la tasse et délections la première gorgée.

Je sirotais mon thé pendant que j'écoutais mon ami se lancer dans un monologue très intéressant. C'était une femme pleine de sens et elle me le prouvait une nouvelle fois. Nous n'avions jamais eu cette conversation et mon départ m'obligeait à connaître ses idées. Je suis soulagé de découvrir que nos avis ne diverge pas. Notre amitié ne pâtira pas d'un éventuel désaccord. En effet, Konoha est bien loin de nos cultes, de nos traditions et de nos arts de vie. Sans le vouloir, nous étions bridés de peur d'être écarté et de perdre une nouvelle terre d'accueil. Finalement, la seconde partie de notre peuple n'avait-elle pas raison de fuir ce village ? Konoha était rempli de bataille aussi bien interne que sur les terres du Yuukan. Le génocide Chikara n'avait fait qu'amplifier la haine réciproque entre les clans.

Savourant encore mon thé pendant que je l'écoutais me parler d'une éventuelle conquête d'une terre plus propice à notre renouveau. Elle touchait du doigt pile où je voulais en venir avec mon voyage. Oui, moi-même je considérais que Konoha n'était pas notre terre ni même ce qui nous était destiné. Ne nous sommes-nous pas engagé vers une voie qui vaudra notre perte ?

Je dépose ma tasse sur la table très délicatement puis rebondit sur les propos d'Utsuro.



Je m'arrête quelques secondes en regardant autour de moi. Mes paroles pourraient être mal interprétées, il serait regrettable d'être considéré comme extrémiste et un ennemi du village. Une fois rassuré, je reprends.



Nos aveux terminés, j'étais heureux de la voir apprécier le thé. Je terminais mon verre puis me resservit une tasse avant d'en proposer une nouvelle à mon ami.

Une question me brûlait les lèvres.



Puis une nouvelle me vint à l'esprit.

Au moins nous étions tous sur la même longueur d'onde. Notre point de vue semblait identique à notre ami. C'était déjà ça en commun avec quelqu'un. Après son petit monologue explicatif, il nous posait une question intéressante et sans hésitation.


Toujours vide d'expression:


Nous buvions une gorgée du thé avant qu'il nous en posait une seconde concernant la "Racine".


Si nous pouvions sourire pour le féliciter de deviner notre intention, nous l'aurions fait.

C'est la première fois que j'avouais une telle chose à son égard. Encore une fois, la situation provoquée des gestes très inhabituels. Malheureusement, Utsuro restait inchangé, mais je ne lui en voulais pas. Son passé provoquait son attitude et personne ne peut lui jeter la pierre. Je n'attendais rien de plus de cet échange si ce n'est de la sincérité. Je ne lui tirais pas les verres du nez, ses émotions, elle nous les fera parvenir lorsqu'elle sera prête.

Je me doutais que son intérêt pour la Racine n'était pas juste de la curiosité. J'espérais seulement qu'elle resterait inchangé malgré cette étrange fréquentation. Néanmoins, je décidais de clore le sujet. Utsuro me connaît suffisamment bien pour venir à moi en cas de besoin.



Ces entretiens me seront nécessaires, mais j'ai bien peur qu'il ne m'apporte pas autant de satisfaction que je le voudrais. Certains d'entre nous se contente de ce qu'offre Konoha et tente de préserver cet acquis coûte que coûte. J'ai bien peur de me faire quelques ennemis au sein de mon peuple. J'étais loin d'imaginer la désertion qui allait arriver lors de la guerre politique provoquée par cette horrible rousse... un événement qui pèsera dans ma balance et celle d'Utsuro.



J'ai toujours eu vocation à aider, sauver et guider mon peuple. Peut-être pourrais-je un jour devenir ce nouveau Salomon. Celui qui mènera le clan à l'Éden. Si je dois mourir, se sera en martyr pour mes frères et sœurs. Quel que soit l'ennemi, je me battrais avec ferveur. Qu'il s'agisse de Konoha ou non.



Je termine mon deuxième verre de thé puis ajoute :



La fixant dans les yeux, je ne savais pas vraiment ce que je recherchais ni même quoi lui envoyer comme message. J'étais profondément malheureux de la laisser seule, elle qui a si peu d'amis.

Nous apprécions toute sa gentillesse et sa vaillance à vouloir le mieux pour tout les Kirishitan. Il n'était pas si différent de nous et nous comprenions tout l'intérêt de sa démarche. D'ailleurs, c'était pour cela que nous ne l'empéchions pas de partir et de rester à nos côtés. Il fallait qu'il vive sa grande expérience et nous prirons "Mère" chaque jour qui passera pour que rien de facheux ne lui arrivera. De ces yeux assurés, il nous fixait l'air triste. Il connaissait notre difficulté à nous intégrer et nous encourageait à aller vers les autres ou du moins de les laisser venir à nous.


Puis, nous buvions et finissions notre tasse.


Nous l'apprécions grandement et sa bienveillance à notre égard nous touchait profondément. Beaucoup trop pour que lui même pouvait le voir. Si nous n'étions pas coincées dans notre corps sans vie, peut-être que nous aurions pu mieux exprimer notre ressenti. C'était tellement difficile de vivre avec cette malédiction en permanence et nous nous detestions rien que pour ça.