Sa mère n’avait pas l’air d’être très douée en ce qui concerne la gestion de sa famille, elle n’avait pas l’air mauvaise pour autant, les enfants n’étaient pas à plaindre selon toi. Mais il est clair qu’elle avait plus l’air de les gérer comme s’il s’agissait d’un groupe de mini adulte et non d’enfants. Le fait d’en savoir presque plus qu’elle sur sa mère était pour le moins étrange à tes yeux, tu te demandais tout de même s’il était normal de se parler si peu dans une famille. Bien que tu ne sois pas le modèle même, tu es du genre à esquiver les discussions, et cela, même avec les membres de ton propre clan pour être le plus indépendant possible, mais tu n’avais pas vraiment eu de contexte familial classique. Mais pour toi, les interrogations de Kyoko semblaient pour le moins simples à répondre.
« C’est normal de ne pas partir en mission quand on a une famille à charge. Elle semble prête à reprendre le travail quand toi, tu es en âge de pouvoir prendre charge de tes frères et sœur. Si jamais il venait à lui arriver malheur, tu seras là pour eux. Du moins, c’est la logique qui me vient en tête. Prendre le risque de disparaître en mission en vous laissant seuls n’était pas son objectif. C’est sa manière peu franche de vous dire qu’elle tient à vous, je suppose ! »
Pour toi, il s’agissait presque d’une évidence, mais tu lui laisses le plaisir de voir sa propre lecture du problème en question. Le sujet des discriminations était encore sur le tapis, tu ne l’appréciais pas plus que ça, mais tu ne voulais pas pour autant le mettre de côté, car tu y étais confronté plus qu’il n’y fallait à ton sens. Les plaintes officielles ne montrant pas vraiment d’effets, tu te contentes d’en parler comme si de rien était en espérant tout de même trouver quelqu’un de suffisamment dégourdie pour prendre le relais. Il semblerait que Kyoko et sa mère soient ces personnes. Un avantage si jamais un membre de la police de Konoha met son nez là-dedans.
« Je suis né dans cette atmosphère, j’ai l’habitude. Mais le fait de voir Konoha nous promettre un avenir meilleur et les voir nous regarder de haut quand il est l’heure de mettre en place leurs idées… C’est plus frustrant qu’autre chose.
»
Tu la regardes du coin de l’œil avant de reposer ton attention sur la route et ne pas rentrer dans quelqu’un.
« Sans façon ! C’était une manière de parler. Si je suis contraint de chasser le félin. Je pense ne jamais monter en grade de ma vie par simple refus. C’est ridicule de vous voir courir après des chats alors que des guerres sont probablement à venir. »
« L’intégration est en cours… Encore et toujours. Enfin… Vous n’aurez pas d’autre choix que de compter sur nous si un incendie prend place. »
Tu soupires après un cours instant à la question de Kyoko. Tu n’avais pas la réponse et tu ne savais pas si tu l’aurais donné si tu la connaissais de toute manière. Tu vois un petit bâtiment où ton appartement et celui de Mai se trouvaient. Tu marches silencieusement pendant quelques secondes qui n’en finissent pas et t’arrêtes devant ta porte. Tu restes debout et regardes platement l’entrée de chez-toi.
« Je ne sais pas… Je n’ai plus rien à perdre de toute manière. J’ai grandi dans le but d’être un outil et aujourd’hui on me demande de choisir ma vie. Konoha ne me voit pas comme un membre du village, Kiri est détruit… Je n’ai plus de famille à proprement parler. Nous ne sommes liés que parce que le sort en aura décidé ainsi. J’ai envie de partir parfois, mais pour aller où ? Ma chevelure fera de moi une cible vivante dans le Yuukan. Quitte à me faire jeter des pierres et me prendre des coups, autant rester là. J’ai une demeure et l’occasion de leur faire regretter un jour au moins. »
Tu te retournes pour faire face à Kyoko et fais un grand sourire malgré les derniers mots pesant qui venaient de sortir.
« On est chez moi sinon. Enfin, c’est ici qu’on m’autorise à rester en tout cas. »