Professeur d'un jour

Partir en mission… L’entendre en parler te donnait soudainement hâte de faire la même chose. Même si tu savais que tu étais encore très loin d’avoir les qualités requises pour avoir ta place dans une équipe de terrain. À l’heure actuelle tu serais plus un poids qu’autre chose en vérité. Te rendre en mission demandait un certain talent pour le combat, chose qui te faisait cruellement défaut. Ce n’était pas de ta faute, tu n’appréciais tout simplement pas te battre. Tout ce que tu souhaitais c’était être utile, au moins un minimum.



Ton regard se baissa au moment de conclure ta phrase. Cela te rappelait tout bonnement tes années à l’académie. Tu avais entendu de nombreuses fois des phrases du genre « ceux spécialisés en iroujutsu ce sont de futurs faibles ! ». Souvent car les enfants ne réalisaient pas à quel point c’était indispensable. Elle en vint à te demander pourquoi tu te posais la question, et si devenir eisenin était ton premier choix. Tu hochas rapidement la tête en affichant un sourire, comme toujours.



Affichant toujours ce faux sourire, votre discussion fut finalement interrompue par du bruit venant de l’accueil. Forcément, c’était bien trop calme aujourd’hui pour qu’il n’arrive pas une quelconque catastrophe ! Toutefois tu ne t’attendais pas à ce que cette catastrophe soit liée à ta propre sœur. Tu l’avais reconnue très vite, et tout de suite tu te précipitas dans sa direction.



Elle était plutôt pâle, et l’on pouvait voir sa fatigue à ses yeux qui peinaient à te reconnaître. Aussitôt tu tournas la tête vers la rouquine qui l’accompagnait et de sa voix paniquée elle s’empressa de lui demander des explications.

La route avait été longue mais tu étais finalement de retour à Konoha, non sans peine. Tu t’étais réveillée quelques temps après que les Rihatsu ne soient partis. Tu étais complètement exténuée. Ton chakra était quasiment épuisé et le sang que tu avais perdus à cause de la morsure n’avait rien arrangé. Il avait fallut t’aider à marcher pour rentrer, tu en étais bien incapable. Tu n’avais même pas remarqué que ton sabre t’avait été dérobé par ce maudit Rihatsu. Les deux shinobis envoyés par Takumi t’aidèrent jusqu’à l’hôpital.
Une fois arrivées là-bas, Tetsuko prit le relais, bien qu’elle avait besoin de soin elle aussi. Tu commençais à faire d’elle une habituée de l’hôpital ! Enfin ce n’était pas le moment de plaisanter, il allait te falloir un moment pour te remettre sur pied. Comble de la journée, tu étais accueillie ni plus ni moins que par ta jeune sœur. Tu m’y quelques secondes à la reconnaître alors qu’elle agressait Tetsuko avec ses questions, mais trop fatiguée pour réellement comprendre ce qui se passait autour de toi, tu ne dis faiblement que quelques mots, le visage orné d'un très léger sourire :



Très vite ton regard se plongea à nouveau dans le vide, rien que le fait de parler te demandait beaucoup d’énergie. Le coup que tu avais reçue à la tête – celui qui t’avait fait perdre connaissance – devait avoir causé de sacrés dégâts lui aussi. En plus des nombreuses contusions que tu devais avoir un peu partout sur le corps, il ne fallait pas oublier que tes tibias commençaient à être extrêmement fragile à force de les utiliser pour frapper, un doux souvenir de ton entraînement avec Kimino qui ne s’était pas arrangé après ce combat. En somme, tu étais chanceuse d’être toujours consciente. Tu ne ressentais pas vraiment la douleur, du moins quand on ne te touchait pas l’épaule, tu étais trop « ailleurs » pour ressentir l’effet des autres blessures.

Enfin, ils arrivaient à l'hôpital. Ce n'était pas la douleur qui la rendait aussi impatiente. Comme d'habitude, elle se fichait éperdument de son propre état de santé. Ses blessures étaient beaucoup moins graves que celles de Kyoko : couvertes de bleus, l'épaule en sang, bien que ce dernier ait plus ou moins cessé de couler. Sans compter qu'elle était à moitié dans le potage. Tetsuko s'en sortait avec beaucoup d'ecchymoses, une grosse entaille sur le haut de son bras gauche, et les quelques petits trous qu'avaient laissés les aiguilles dans son dos. Malgré leur protestations que c'était à un médecin de le faire, elle les avait supplié de retirer les dernières qu'elle ne pouvaient pas atteindre. Arrivées à l'hôpital - qu'elle voyait sûrement plus souvent que sa mère, à ce rythme - elle se mit à soutenir sa camarade elle-même.

Sur place, elle furent accueillis par une infirmière, puis une jeune femme à l'allure colorée accompagnée d'une fille, sûrement à peine plus jeune qu'elle. Pourtant, elle lui paraissait étrangement familière. Elle reconnut Kyoko, et se mit à la bombarder de questions. A côté d'elle, elle entendit la Kitto l'appeler "petite sœur".



La femme aux cheveux roses accourra pour venir voir ce qu'il en était. Tetsuko avait bien pris le soin de mettre Kyoko en avant, pour qu'elle soit prise en charge en premier.



Elle essayait d'établir un résumé de ce qui n'allait pas pour faciliter le travail des médecins. On lui retira Kyoko des bras, et elle chancela. Elle reprit du mieux qu'elle put. Elle allait mal, mais pas autant que son amie.

Tsubomi n'eut pas le temps de développer plus. Les nouveaux venus s'avéraient être des patients, à qui il fallait prodiguer des soins au plus vite. Eiko fit une drôle de tête en voyant celle qui avait l'air le plus mal en point. Rapidement, elle remarqua que celle-ci aussi, devait être une fille de Hegi.
L'autre jeune fille, sûrement une Uzumaki vu ses cheveux rouges, tenta de la mettre au courant de l'état de son amie. Ce n'était pas du vocabulaire très précis, mais ça lui permettait d'avoir une idée de la situation.



Toutes les quatre, elles se dirigèrent vers la salle de soins la plus proche, claudiquant pour aider à soutenir la Kitto. Au premier coup d'œil, elle vit que la rousse avait aussi une entaille sur le bras, pas aussi grave que celle de sa camarade, mais tout de même assez profonde. Avec Eiko qui ne connaissait pas encore assez bien le chakra, elle allait avoir besoin d'une paire de bras supplémentaire.



Elle ajouta, pour rassurer tout le monde dans la pièce, y compris Eiko qui devait être morte d'inquiétude pour sa sœur :

Tu venais d’accompagner les trois sans une salle annexe réservée aux soins. Tu avais l’estomac noué. « Dans quels ennuis t’es tu encore fourrée Kyoko ? » te demandas-tu alors que Tsubomi sollicita ton aide pour aller chercher des bandages ainsi qu’un un autre médecin pour lui venir en aide. Tu avais l’habitude la voir dans des sales états, mais aujourd’hui c’était bien pire que d’habitude, c’est à peine si tu la reconnaissais tant elle manquait d’énergie, elle qui était toujours si active habituellement. Tu ramènes rapidement tout le nécessaire auprès de Tsubomi avant de t’empresser d’aller chercher un autre médecin.



Tu te mis à courir dans les couloirs à la recherche d’un éventuel médecin. Ce n’était pas ce qui manquait dans un hôpital, mais mettre la main dessus pouvait demander un certain temps. Toutefois Eiko pensa à une solution bien plus rapide : aller chercher un médecin à la salle de repos. Là-bas elle était certaine d’en trouver un. Et ça ne manqua pas ! Elle lui expliqua très brièvement la situation avant d’accompagner celui-ci jusqu’à la salle de soins. Une fois là-bas il ne tarda pas à se mettre au travail.



Aussi talentueuse qu’elle pouvait être, il aurait été difficile pour Tsubomi de gérer les deux cas à la fois. Le médecin, un peu plus âgé qu’elle, prit sur lui de s’occuper de la plus blessée des deux. Tu aurais préférée être là pour t’occuper de ta propre sœur, néanmoins tu préféras ne rien dire et faire simplement ce que l’on te demandait. Tu avais appris à garder le contrôle de tes émotions à l’académie, aujourd’hui tu devais montrer que tu étais capable de faire abstraction de ce genre d’évènement. Mais tu voulus continuer à te rendre utile, et pas seulement observer. Sous le regard attentif de Tsubomi, tu t’approchas alors doucement de l’Uzumaki.

Toujours à moitié dans les vapes, tu ne comprends pas vraiment ce qui se passe autour de toi. Tu ne sais même plus qui est en train de t’aider à marcher. Tu souhaiterais juste… dormir. Tu reconnais les murs blancs de l’hôpital, mais ta vision reste trouble, tu te sers du mur pour poser ta tête et ne tarde pas à fermer les yeux. Quelques minutes plus tard tu entends une voix grave, tu ne parviens pas tout de suite à comprendre que celle-ci s’adresse à toi.



Tu ne réagis même pas alors que cet homme passe ton bras autour de son cou pour t’aider à marcher. Tu ouvres à peine les yeux, tu distingues un visage que tu crois connaître, alors juste avant de partir, tu lui adresses un léger sourire et lui dit quelques mots :



Tu divaguais complètement. Bon, il faut bien admettre que dans ton état tu n’avais reconnus que ses cheveux rosés, à l’heure actuelle, que ce soit Tsubomi ou Heiwa cela ne faisait pas grande différence pour toi.

La femme aux paroles rassurantes les emmena dans une salle de soins non loin de là. Tetsuko remarqua son coup d'œil rapide sur ses blessures. Maintenant que l'adrénaline et l'inquiétude commençait à se dissiper, elle sentait un peu plus la douleur dans son épaule gauche. Le reste de son corps était comme un énorme bleu, mais elle supporterait. Finalement, elle ne s'en sortait pas trop mal, par rapport à la dernière fois. On ne pouvait pas en dire autant de Kyoko. Sa petite sœur alla chercher ce dont avait besoin la médecin et un autre docteur.

En revenant, la jeune fille voulut venir s'occuper d'elle, et lui posa une question. Pour être honnête, elle n'entendit même pas tout de suite. Tetsuko avait les yeux rivés sur son amie, qui avait encore besoin d'aide pour marcher. Elle l'entendit s'adresser à la médecin aux cheveux roses, et l'appeler par le nom de la Hokage. Heiwa-sama était importante pour Kyoko, qu'elle s'imagine la voir maintenant ne la rassurait pas vraiment. Finalement, elle sortit de la pièce avec l'autre médecin. A ce moment-là, l'Uzumaki s'aperçut qu'on lui avait parlé.



Qu'est-ce qu'elle avait le droit de dire ? On ne leur avait rien communiquer sur ce qui devait être secret ou non.



Ses propos n'étaient pas des plus clairs. Elle ferma les yeux une seconde et repensa encore à tout ça. La première fois, elle était à la place de Kyoko. C'était elle qui avait été le plus mal en point. Aujourd'hui, elle en réchappait avec quelques blessures superficielles. Mais encore une fois, elle n'en avait pas fait assez. Elle avait essayé de se rendre plus utile, cette fois. Mais pas assez pour éviter à son amie de se retrouver dans l'état où elle était. Tsuyoshi… La prochaine fois, elle se jura que ce sera différent. Si il y avait une prochaine fois… Après avoir fait le mur comme elles l'avaient fait, et avoir menti à un Jônin, elle n'était même pas sûre de revoir son bandeau un jour…

Eiko s'exécuta, et revint avec ce qu'elle avait demandé. Tsubomi connaissait ce médecin, et lui faisait confiance pour la suite. La Kitto quitta la pièce, en l'appelant par le nom de sa sœur. Elle devait délirer. Mais elle ne la contredit pas et lui fait le plus beau sourire qu'elle puisse. Un peu de confiance, même subliminale, ne ferait pas de mieux. La guérison passait par la tête, après tout.



Quand il fut sorti, elle se reconcentra sur la patiente qu'il restait ici. Eiko prenait sur elle pour ne pas s'éparpiller, elle aussi. Ce devait être terrible pour elle de voir sa sœur dans cet état, sans pouvoir l'aider. Tsubomi décida d'approuver son initiative, ne serait-ce que pour lui occuper l'esprit un temps. Et puis, de toute manière, c'était dans ses cordes.



Elle l'écouta répondre à la question de la jeune Kitto. Elle était encore complètement ailleurs, et ne se rendait pas compte que ce qu'elle racontait était à peine compréhensible. Ses yeux verts étaient perdus dans le vague, sûrement encore en train de cogiter. Elle lui posa une main sur l'épaule.