Un lieu neuf, un « Paradis » comme l’appelait le Kumojin. Était-ce à cela que votre continent ressemblait il y a des centaines et des centaines d’années ? Un endroit dénué du passage humain, dont tu réalisais d’autant plus à quel point ce dernier pouvait être destructeur. Tu restas silencieuse un moment, prenant ton temps pour constater encore une fois toute la beauté de cet endroit, en venant même à te demander si tu n’étais finalement pas en train de rêver.
Sur les mots de l’Hattori, tu tentas de te concentrer, suffisamment pour ressentir l’énergie qui se trouvait en abondance tout autour de vous. Tu fermas les yeux, et bien que tu ne savais pas à quoi t’attendre, tu remarquas très vite la présence de cette « aura ». C’était fort, pure, en étant à la fois magique et terrifiant. Très loin de ta propre énergie que tu avais l’habitude de ressentir. Légèrement décontenancée, tu dis alors :
« C’est donc ça que j’ai ressentie tout à l’heure, lorsque j’utilisais mon propre chakra. C’était… aisé, comme si je disposais d’une source infinie d’énergie. »
Cette expérience était intrigante, était-ce similaire à la manière dont les senseurs percevaient le monde ? Ta propre mère avait autrefois tentée de te l’enseigner, de t’offrir ce savoir qu’elle possédait elle même, mais sans succès. Tu ne te jugeais pas comme une femme intelligente, et finalement tu remarquais d’autant plus que tu maniais cette énergie sans réellement la comprendre, de manière brute et brouillonne.
Le Hattori poursuivit ses explications, ces lieux normalement inaccessibles le devenaient car le monde était en train de changer, sans qu’il ne puisse comprendre pourquoi. Tu étais bien la dernière personne en mesure de lui fournir la moindre piste, tout cela était bien au-delà de ta propre compréhension du monde. Il enchaîna et te demanda alors la raison de ta présence ici, et indirectement celle de ta désertion.
« C’est… Une très bonne question. »
Dis-tu alors que tu observais ton reflet dans l’eau la plus claire que tu n’avais jamais vu. Qu’étais-tu devenue ? Qu’est-ce que fuir Konoha t’avait réellement apporté après tout ? Tu avais fais la rencontre de quelques Rihatsu et Abura à Koya, et découvrit un mode de vie complètement différent du monde ninja. Ces quelques années en leur compagnie firent que tu remis alors grandement en question la manière de fonctionner de ton village. Pourquoi, sous prétexte que tu possédais et manipulais du chakra, devrais-tu être vouée à servir aveuglément Konoha jusqu’à la mort ? Cette gratitude factice que le village créait envers lui, forçant ses jeunes recrues à croire qu’il n’y avait pas d’autres options que de mourir pour la cause. Tu refusais ce cycle sans fin, tu voulais que la prochaine génération puisse avoir le choix, sans réellement penser aux conséquences que cela pouvait engendrer. Mais tu étais surtout naïve et peut-être un peu utopiste…
« Au départ, je voulais simplement découvrir notre monde… Au fond de moi, je voulais croire que de tels lieux existaient, car il est fait mention d’endroits étrangement similaires dans un très vieil ouvrage que je lisais étant plus jeune. Même s’il était dit que ce n’était que des mythes et des légendes, je voulais le vérifier par mes propres yeux. »
101 endroits à voir sur le Yuukan, un très vieux livre que l’on t’avait léguée, provenant lui même d’un héritage. Tu te souviens encore de cette odeur décrépite et de ces pages plus fragiles les unes que les autres. Bien que celui-ci était considéré comme un recueil fictif sortit tout droit de l’imagination d’un voyageur, cela berça ton enfance et resta en tête toute ta vie, jusqu’à aujourd’hui.
Partir était alors une intention assez égoïste et stupide pour quiconque était un peu patriote. Bien que tu n’étais alors qu’une simple genin de moindre importance, te laisser quitter le village pour simplement te laisser aller te balader sur le Yuukan était apparemment inimaginable. Malheureusement pour eux, tu étais têtue, et surtout, Rihatsu Tsuyoshi avait d’ores et déjà placé le doute quant à la vérité sur ton village au fond de toi. Il ne te fut pas difficile de venir à la conclusion que tu n’avais pas d’autres choix que de déserter si tu voulais avoir la chance de vivre comme tu l’entendais. Tu espérais naïvement pouvoir revenir un jour, que ta simple désertion ne serait pas un crime trop grave, mais les choses avaient mal tournées…
« Mais… Konoha m’a trahie, et ils m’ont prit par deux fois une personne qui m’était chère, parce qu’ils pensent que ma vie et mon avenir leur appartiennent. J’ai aussi vécu auprès d’autres cultures, qui m’ont fait réaliser à quel point les Konohajins vivent dans leur petite bulle… »
Bien sûr, tu réduisais quelque peu ta propre part de responsabilité. Tout cela n’était arrivé qu’à cause de ta désertion, mais tu n’avais pas imaginée une seule seconde que Konoha puisse réagir de cette manière. Kimino avait prétendu que lui et les autres dirigeants se souciaient de vos vies malgré les mensonges et ce système bancal, le village te prouva cependant très rapidement le contraire. Tu te rinçais alors le visage, te débarrassant des quelques projections de sang que tu avais reçu un peu plus tôt. Alors que celui-ci disparaissait peu à peu dans la rivière, tu poursuivis :
« Maintenant, je souhaitais trouver un moyen de changer Konoha… Qu’ils cessent d’être des lâches et des menteurs… Que la prochaine génération puisse trouver dans l’avenir la voie qu’elle souhaite au lieu d’obéir et de mourir bêtement simplement parce-qu’on leur a demandé. Mais… »
Tu disais cela ne réalisant pas vraiment que le Kumojin vivait certainement dans un environnement similaire. Lui comme ses congénères devaient servir leur Empire, et d’une manière bien plus stricte selon les rumeurs. Ils naissaient pour servir et mourraient en le faisant, était-ce là le seul but de la vie ? Qui étais-tu pour croire que ta seule vision devait primer sur celle des autres et d’un monde bien établi ? Et surtout, qui étais-tu pour songer un seul instant que tu serais capable de parvenir à changer cela seule ? Absolument personne.
« Ce que vous m’avez montré aujourd’hui, que ce soit cet endroit ou votre maîtrise du chakra aussi bien pratique que théorique… Je réalises d’autant plus à quel degré je ne suis qu’une ignorante sur tout les points… Le chakra, notre monde. Peut-être aurais-je du me contenter de la vie que l’on avait décidé pour moi. »